A nouveau, tout dépend de ce que tu recherches dans un livre. Et non, tout ne dépend pas forcément de l'imprévu (l'exemple des détails non connus d'une histoire connue n'étant qu'une autre forme d'imprévu au final). D'ailleurs, il me semble que les séries basées sur l'imprévu sont probablement celles qui offrent le moins de potentiel de relecture (puisqu'une fois les révélations passées, l'histoire perd tout intérêt si la surprise est la seule qualité intrinsèque du récit).Pour prendre un exemple célèbre : le seigneur des anneaux. Manichéen et prévisible, son intérêt majeur ne se trouve pas dans son insoutenable suspense. On sait bien que les gentils gagnent à la fin. En revanche, l'intérêt se trouve dans la construction du récit et la richesse de l'univers de Tolkien (qu'on aime ou pas, par ailleurs).Autre exemple (déjà cité) : un monde sans dieux, de Brian Ruckley, dont l'intérêt tient davantage à sa construction qu'à son suspense, à mes yeux.Le cycle d'Ea va dans cette direction aussi, mêlant philosphie et découverte d'un monde sur fond de lutte manichéenne.Encore un autre exemple (qui m'est plus personnel) : le cycle de l'épée des Ombres, de JV.Jones, que j'apprécie davantage pour sa plume, son ambiance et les cultures qu'elle a créées que pour le suspense de son intrigue.
Enfin, il est possible que ces nuances soit une mode, mais je mettrais plus le compte sur la part toujours plus importante de la psychologie et du (qu'aurions nous fait à sa place) dans la société, et aussi le fait qu'on vive dans un monde désabusé qui produit donc des livres désillusionnés (paradoxal pour des livres fantastique happy).
Et c'est bien ce qu'est une mode, à mon sens : quelque chose qui plaira dans une culture donnée dans un contexte donné, précisément parce qu'elles en sont le produit. Ca et les phénomènes cycliques de changements par réaction par rapport au passé : ce qui était neuf et révolutionnaire deviendra forcément une norme, puis un poncif, qui sera à son tour combattu par un autre mouvement neuf et révolutionnaire, et ce jusqu'à ce que la boucle fasse en sorte qu'on revienne au mouvement initial. Ainsi, cela ne m'étonnerait pas que dans un futur plus ou moins lointain, les visions grises et désabusée des choses soient finalement perçues comme des poncifs éculés à remplacer par un mouvement neuf, peut-être plus positif et manichéen, justement par réaction à un trop-plein de cette "mode" qui finira par lasser.Pour en revenir à la jeunesse, je ne pense pas qu'il faille faire du manichéisme une marque de simplisme, ni catégoriser un livre en jeunesse ou en adulte sur ce seul axe. D'ailleurs, à ce compte-là, la quasi-totalité des oeuvres de fantasy "à papa" des années 80-90 devraient probablement être catégorisées en jeunesse (avec tout le mépris qu'une telle catégorisation suppose)...