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par Atanaheim
Elbakinien d'Or
Allez, je m'y mets moi aussi. Depuis le temps que je dois le rédiger cet avis... Je vais commencer par les trolls, comme ça, ce sera fait et je pourrai être à peu près objectif par la suite (oui vraiment à peu près, un avis n’est par essence pas hyper objectif). Troll 1.J’ai lu Le Village après m’être enquillé consécutivement les douze volumes de La Compagnie Noire. Bon bah… Comme prévu la comparaison tourne court. Un auteur sait écrire, l’autre a juste de bonnes idées. C’est vrai quoi, Glen Cook est hyper confus, son style est désagréable à lire. Dommage il a deux trois idées potables. Troll 2Le village hérite d’un 8 dans les colonnes (numériques) d’Elbakin… Alors je n’ai pas encore donné de note à ma lecture (ça vient ça vient) mais 8… c’est autant que Féerie Pour les Ténèbres (pour prendre une de mes notes histoire d’avoir une référence) et plus que Porcelaine, prix Elbakin 2013 (pour prendre une œuvre d’Estelle Faye qui a écrit un très joli commentaire sur la quatrième de couverture Du Village) Bref, je vous spoile, je vais mettre moins ????Bien ! Maintenant que mes mauvais penchants ont été assouvis, passons au cœur du sujet. Je vais faire ça pseudo chronologiquement… ou pas… on verra. Première chose que j’ai remarqué c’est l’utilisation de “rythmes binaires “ à la fin des phrases descriptives. C’est vraiment flagrant sur une grosse première moitié du livre. Presque une manie, un toc (oui cette phrase est un bon exemple de ce que j’essaye de dire. “Une sorte de démonstration, un cas pratique”????). Amusant au début, un peu moins ensuite, on tient sans doute un des premiers éléments du style Chastellière. Quand il y prêtera plus attention et qu’il saura doser ça précisément, ce sera parfait ! Là, c’est un peu trop présent, ça altère un poil le goût (et un poil dans un plat, on n’aime pas ça) Le deuxième ingrédient, c’est cette belle capacité à poser une ambiance. Sombre en l’occurrence; et désespérée dans les interludes ! Ces interludes justement, quelle bonne idée ! L’alternance présent / interlude était bien sentie. Quand les deux époques se répondent, on touche au génie. Sauf que… et oui, il y a toujours un “sauf” (sauf quand…????) Sauf que cette alternance aurait mérité d’être maintenue jusqu'au bout. Au dernier interlude, je me suis dit : “la vache je suis loin de la fin et j’ai l’impression qu’il m’a livré tous les secrets du passé du village”. J’ai donc feuilleté pour en avoir le cœur net, pour savoir combien de trucs il avait encore sous le coude ce bougre d’auteur. Et… déception. Ces interludes si bien ciselés ne vont pas m’accompagner jusqu'au bout. Un petit problème de timeline, de timing, ou de tout autre mot anglais relatif à la temporalité qu'il vous plaira d’ajouter. C’est dommage, vraiment. Notamment parce que ces passages sont réellement les meilleurs du livre. À tel point que je me demande s’ils ont été conçus et/ou écrits en même temps que le reste du roman. Je suis prêt à parier que non. Comme ça, ça donnera une bonne raison de se moquer de cette critique si cette perception est fausse ????. Le style est plus sobre mais plus efficace, les personnages y sont plus profonds.Pourtant, on nous en dit moins à leur sujet que sur “les enfants perdus” (on revient là dessus après, promis). C’est peut-être une première bribe d’explication. Less is more? Le méchant de l’histoire est d’ailleurs très intéressant. Sur le coup, j’étais perplexe quant au fait de ne pas connaître ses motivations. Mais finalement, c’est justement très bien comme ça. C’est le Mal ! Pourquoi essayer de le comprendre quand on n’est pas maléfique soi même ? (là, j’ai aussi eu une révélation sur ma personnalité et une autre déception : je ne suis donc pas vraiment maléfique. Dommage ça me plaisait bien comme paradigme. Je vais devoir m’en trouver un autre, donc) Comme promis, revenons aux jeunes… L’insistance de la comparaison avec Peter Pan et ses comparses est mal venue. Si le clin d’œil ou la référence sont sympa, j’ai eu une impression bizarre à cause de cette répétition: il va y avoir un rebondissent, un élément d’intrigue, un truc, qui rappelle un événement important du conte de J. M. Barrie. Mais soit ça m’a échappé, soit il n’y avait effectivement rien de tout cela. D'ailleurs les Peter et Wendy locaux bénéficient d’un traitement de faveur concernant l’approfondissement de leur personnalité. Malheureusement, ça n’a pas pris sur moi. Le dosage (oui encore) n’était pas bon. Soit c’était trop, soit pas assez, en tout cas les personnages ne m’ont pas spécialement touché. Je n’avais pas la place d’imaginer leurs pensées et motivations et pas assez d’information pour parfaitement comprendre leur psychologie. Cela dit, Le Village est quand même un livre dont je suis un peu (beaucoup ?) jaloux (oui ! le côté obscur s’empare à nouveau de moi ! J’ai eu peur tout à l’heure quand j’ai cru que j’étais fondamentalement bon). J’aimerais vraiment être capable d’écrire un tel premier roman. L’ambiance est bonne (je l’ai déjà dit) et l’action bien emmenée. Le crescendo final, la précipitation des événements à mesure que le dénouement approche sont très bien rendus. Sachant que ce rythme bien construit sert bien une histoire solide et intéressante, décidément, j’aimerais avoir ce talent là, celui d’Emmanuel. Cette lecture était quand même bien agréable et si jamais un jour j’écrivais un livre j’aimerais procurer à mes éventuels lecteurs ne serait-ce qu’une fraction du plaisir que Le Village m’a procuré (là j’hésitais à mettre le nom de l’auteur à la place du titre du roman mais, je ne sais pas pourquoi, je trouvais que ça sonnait bizarrement) et je serais déjà immensément satisfait. Avant de mettre mon 6,5/10, remettons nous bien en mémoire que si ce n’est pas le livre parfait pour moi, cela ne présage en aucun cas que ce ne sera pas idéal pour vous. (si et seulement si, réciproquement et vice versa) Bon, la note donc… suspens… 6,5! (ha mince… satanés spoilers…)