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Un point de vue original sur la question du worldbuilding:arrow: http://www.elbakin.net/fantasy/news/233 ... n-dunivers
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C'est Tchekhov, je crois (mais si ça se trouve, c'est pas lui du tout) qui est à l'origine de la fameuse maxime selon laquelle, en fiction, si une scène ne fait progresser ni l'intrigue ni les personnages, elle doit être coupée. En écrivant dans le domaine de la fantasy, j'ai l'impression qu'un auteur se rend compte que ce principe peut être suivi avec davantage de souplesse, dans la mesure où il existe une attente de la part du lecteur d'en découvrir davantage sur le monde - le worldbuilding viendrait donc s'ajouter à l'intrigue et aux personnages en tant qu'élément essentiel du genre. Il est vrai que si l'on appliquait le principe de Tchekhov au Seigneur des Anneaux, on pourrait amputer le texte d'un bon tiers, à vue de nez.
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Les thrillers/policiers, se passent souvent dans un lieu connu, pas besoin de trente pages pour décrire le monde, deux lignes pour dire que c'est à New York et tout le monde à les images en tête.Un peu plus compliqué d'être dans ce cas avec la fantasy où la plupart des histoires se passent dans un monde qui n'as rien à voir avec le notre.
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Tout à fait d'accord avec Taraise et Nariel. Quand je lis de la fantasy (et je pense que c'est encore plus vrai dans la High fantasy), je m'attends à trouver un univers détaillé. Dans ce type de romans, l'univers me semble être un élément aussi important que les personnages ou l'histoire elle-même, je dirais même que ça m'est essentiel pour plonger dans le roman et m'intéresser au reste. Si je sens que l'univers créé ne l'est qu'en surface, qu'absolument tout n'a été créé que pour servir directement l'intrigue, ça ne sert à rien, je n'accroche pas. Je préfère lire 2 pages de descriptions sur les coutumes vestimentaires (amis lecteurs de la Roue du Temps, je vous salue
) plutôt que de lire un roman sans aucune "digression" (d'où le fait que j'affectionne particulièrement les "Beaucoulogies"). En résumé, le monde dans lequel se déroule l'histoire devient un personnage à part entière, et donc doit avoir une certaine substance, d'où des scènes à priori pas utiles dans l'immédiat, mais qui participent à cette substance. C'est comme ça que je le vois, en tout cas^^Par contre, on ne lit pas forcément de la fantasy pour la même raison que des thrillers. Quand on lit un thriller, on veut du frisson, pas forcément du "voyage", donc le world building ne me paraît pas nécessaire ici.

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Amen.Symphonie a écrit :Quand je lis de la fantasy (et je pense que c'est encore plus vrai dans la High fantasy), je m'attends à trouver un univers détaillé. Dans ce type de romans, l'univers me semble être un élément aussi important que les personnages ou l'histoire elle-même, je dirais même que ça m'est essentiel pour plonger dans le roman et m'intéresser au reste. Si je sens que l'univers créé ne l'est qu'en surface, qu'absolument tout n'a été créé que pour servir directement l'intrigue, ça ne sert à rien, je n'accroche pas. Je préfère lire 2 pages de descriptions sur les coutumes vestimentaires (amis lecteurs de la Roue du Temps, je vous salue) plutôt que de lire un roman sans aucune "digression" (d'où le fait que j'affectionne particulièrement les "Beaucoulogies").
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Je ne partage pas l'avis général. Selon moi, le worldbuilding existe, sous une forme ou sous une autre, dans toute forme de littérature. Un polar qui se situe en Islande, en Sardaigne ou dans le Paris de la Révolution contiendra à coup sûr du worldbuilding, même s'il n'est pas nécessairement complètement issu de l'imagination de son auteur. J'observe malgré tout que les auteurs de polars le font généralement avec davantage d'économie de moyens que les auteurs de fantasy, pas parce qu'ils sont plus doués, mais parce que les attentes de leurs lecteurs sont différentes.Même dans ce que j'appelle la fantasy "en kit" (celle avec des elfes, des nains, des magiciens, des dragons et des prophéties), les romans seront assez, voire très chargés en worldbuilding, parce que c'est ce que réclament une partie des lecteurs. C'est aussi, je pense, un héritage du père fondateur Tolkien. Catholique et amateurs de sagas nordiques, il était naturellement enclin à inclure des listes, des cartes, des chronologies et des détails en tous genres, et c'est ce qu'ont fait tout naturellement celles et ceux qui s'en sont inspirés. Dans un monde parallèle ou Howard ou Dunsany auraient eu davantage d'influence que Tolkien sur le genre, je pense que cette tendance à inclure beaucoup de worldbuilding "qui se voit" aurait été moins prononcée. Il est vrai aussi selon moi que parfois, si l'on n'y prend pas garde, cette surcharge d'informations anecdotiques risque de déboucher sur de grosses pièces montées indigestes qui n'ont plus grand chose à voir avec la littérature.
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Faudra que tu nous explique le succès des romans de Simenon avec le commissaire Maigret. :)Parce que la spécificité des enquêtes de Maigret c'est la découverte du milieu social où est apparu le crime, connaître les mœurs, le langage, les habitudes des gens , etc...Enfin, je vais chercher un peu loin pour te contredire, mais c'est le plaisir de débattreMangesonge a écrit :Apparemment, les amateurs de romans policiers ne réclament pas des centaines de pages de détails pour s'immerger dans l'histoire.

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Ah c'est sûr, tu as raison. Ton exemple est bien trouvé - tu aurais aussi pu citer Millenium, ou mieux: le DaVinci Code. Tout cela confirme que le worldbuilding n'est pas une spécificité de la fantasy... Je maintiens que les lecteurs de fantasy en sont en moyenne plus friands que les autres, mais c'est un aspect de la littérature qui existe partout. Cela dit, je pense que personne ne contestera qu'un roman policier, une romance ou une étude de moeurs qui s'étale sur sept tomes, avec des cartes, des arbres généalogiques et de longues descriptions d'éperons et de boutons de manchettes, ça parait difficilement concevable. 

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Hello! Je me suis présenté dans le forum adéquat et je le refais très brièvement : je suis un vieux (36) passionné de Fantastique, de Fantasy et de SF. En gros, j'ai toujours du mal a accrocher à une histoire réaliste, et encore plus lorsqu'elle est contemporaine. J'en écris moi même et je m'intéresse énormément au concept de WorldBuilding. Ici, d'après ce que je vois, il y a des gens qui aiment créer des mondes imaginaires. Et voilà mes questions : - comment vous y prenez vous ? - Attachez vous une importance particulière à la cohérence du monde ? - quelles sont vos influences ? Vos centre d'intérêts ? L'Histoire ? La géologie ? - A quel point et comment vous documentez vous ? - Seriez vous intéressé par le fait de confronter votre monde à celui d'autres ? De bénéficier ou de donner des conseils ? De mon côté, j'ai écris une longue histoire de type "science fantasy", mais qui n'avait ni queue ni tête. Cela m'avait permis d'acquérir quelques compétences narratives et c'était le but. Mais l'histoire en elle même, quelle horreur ! Deux frères qui avaient des pouvoirs liés à des nanotechnologies, qui devaient se former dans une école-ville au sommet d'une montagne, unique pour le monde entier. Ce monde souffraient de gigantesque disparitions massives des gens etc.. Plein d'idées, plein d'idées, mais aucune cohérence. Des personnages disparaissaient littéralement de l'histoire sans aucune raison (je ne pensais plus à eux), les différents lieux changeaient au fur à mesure de l'histoire ...sans aucune raison ! Bref, une 600e de page de brouillon auquel je n'ai jamais retouché. C'était il y a plus de 13 ans. Depuis, j'ai repris le socle de mon monde et je l'ai transformé, transformé encore et il n'a très vite plus rien eu a voir avec ce brouillon. Et depuis 2 ans, j'ai beaucoup accéléré et j'ai créé toute une planète, avec une longue histoire, des dizaines de civilisations qui se croisent et s'affrontent sur des milliers d'années. J'avais d'abord pour objectif de pouvoir y inclure n'importe quelle sorte d'histoire, dont les miennes, mais aussi tous les sujets possibles (politiques, économiques, sociaux), et ce, quelque soit la période. Mais j'ai fait des choix, car je tiens à produire quelque chose et je ne veux pas passer ma vie à construire ce monde. J'ai mis de côté la géologie car je n'y vois pas d'importance narrative majeure. Si une montagne est là contre toute logique, et bien tant pis. J'ai aussi grossi certains traits des peuples qui vivent ou ont vécu sur la planète. Je n'ai pas pris la peine de m'intéresser aux dérèglements climatiques, etc. Je trouve mon monde imaginaire passionnant mais je ne suis pas dupe, d'autres y verront probablement beaucoup de faiblesses et d'approximations. Dans tous les cas, je me suis vraiment passionné par ce travail. Et aujourd'hui, lorsque j'écris ou imagine une histoire, tout me vient si simplement à l'esprit que j'ai l'impression d'être moi même un spectateur de mon propre monde imaginaire. Et vous, avez vous des expériences similaires ?(Edit : je n'avais pas franchement grand chose a modifier, mais ma définition du Wb me paraissait de trop.
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