
61
Rien de tel, parfois, que l'auteur lui-même pour répondre à certaines questions...
Voici donc ce que pense Guy Gavriel Kay des échos de Fionavar à travers ses différentes œuvres : "Tard dans la carrière de nombreux écrivains — Isaac Asimov est un exemple manifeste — on trouve de grandioses tentatives de synthèse des livres qui avaient été écrits sans véritable intention de les relier à l'intérieur d'un vaste cosmos. Puis, à la fin de sa vie, l'écrivain jette un coup d'œil à tous ces morceaux et il se dit : « Si je suis assez malin, si je m'y attaque comme à un casse-tête, je peux peut-être écrire un ou deux livres qui les réuniront au sein d'un unique ensemble.» Je trouve que c'est fort triste, parce que je pense que c'est une tentative d'imposer un arrangement post hoc à des morceaux individuels. Je ne crois pas, du moins j'espère — abattez-moi si je le fais — que je n'essaierai pas de créer une grandiose synthèse. J'ai fait quelque chose de plus — si je peux risquer le mot — poétique, c'est-à-dire que j'ai introduit des allusions et des références obliques à Fionavar dans les livres suivants. Je regrette presque de l'avoir fait, parce que certains lecteurs se sont emparés de ces références en passant, dans des comptines enfantines ou des bribes de folklore que j'ai insérés dans les trois derniers livres, et les ont interprétées comme une indication que je prépare un grand rassemblement de tous ces mondes dans un seul vaste cosmos. Et ce n'est pas vrai. Mon esprit fonctionne plutôt sur le plan des associations et des métaphores. J'ai découvert qu'en établissant la notion de Fionavar comme le Premier Monde, une belle occasion s'offrait à moi d'insérer une note d'ornement, comme on dit en anglais, une petite note qui pourrait faire sourire le lecteur ayant lu les livres précédents ou lui faire entendre comme un écho lointain. Je n'ai jamais eu l'intention de laisser prévoir ou de m'en servir pour construire une vaste création cosmique." Ces propos sont extraits d'une entrevue accordée à Jean-Louis Trudel, en 1995, pour la revue francophone Solaris, publiée au Québec. On peut la lire sur l'excellent site officiel consacré à G.G. Kay, à cette adresse : www.brightweavings.com/gg...french.htm
