Je ne suis pas forcément étonné par ton retour, Guigz. C'est un tome qui divise, clairement, comme quelques autres (le 4, mais aussi le 8, enfin surtout ces deux-là). Pour l'avoir relu tout récemment (en français !), j'avoue que je l'ai nettement préféré à ma seconde lecture.
En fait il a les défauts de ses qualités, si je puis dire. Il monte lentement, très lentement en puissance. Mais quelle puissance ! Le dénouement est pour moi parmi les plus réussis de la série.
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Ce final à Letheras avec l'invasion des Brûleurs de Ponts sur fond d'émeutes, la menace Icarium, le destin de Tehol, la charge de Silchas Ruin et bien sûr l'affrontement Karsa - Rhulad, c'est juste brillant.
Avoir réussi à mêler toutes ces trames sans se prendre une seule fois les pieds dans le tapis, malgré le nombre incalculable d'individus présents, c'est assez ahurissant. Chapeau Erikson, il n'y a que cet auteur qui peut nous faire tourner la tête comme ça.
Autre réussite, certains moments parmi les plus poignants et émouvants du cycle.
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Bec, bien sûr, quelle tragédie. J'avoue que je n'avais pas vraiment accroché au bonhomme en première lecture. Cette fois-là, c'était juste bouleversant. Dommage, vraiment, qu'Erikson n'ait pas introduit ce personnage dans le tome 6, il nous l'aurait rendu encore plus attachant. Et puis l'horreur absolue de la mort de Trull Sengar et le sort qui s'acharne sur la pauvre Seren Pedac, c'est atroce, au bas mot. J'ai une profonde affection pour ces deux personnages, et ce que leur inflige SE, c'est juste... argh !!! A ce titre, les dernières lignes du chapitre 24 sont émouvantes à souhait
Et bien sûr quel plaisir de retrouver nos Malazéens, même si j'avoue que leur introduction dans l'intrigue est un tantinet frustrante.
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Attendre la moitié du roman avant de les faire apparaître sur Letheras, c'est gonflé comme méthode ! L'attente est insoutenable. Après, c'est du petit lait. Avec des persos qui commencent enfin à nous toucher, le duo Koryk - Tout Sourire, Corabb et sa chance insolente, mais surtout cette foldingue d'Hellian ! Quel numéro celle-là :-)
Corollaire, le début de ce tome 7 prend tout son temps. Et comme je l'avais dit dans ma première critique, on ne comprend pas vraiment pourquoi Erikson s'évertue à introduire de nouveaux personnages à ce stade de son cycle. On est persuadé que ça y est, enfin, on connaît tout le monde, mais en fait non et c'est assez déstabilisant. On ne se figure pas forcément où il veut nous entraîner. Néanmoins,
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Yan Tovis, je peux te dire que tu vas l'adorer dans les prochains tomes, et ce n'est pas rien de le dire ! Quant à l'arc Masquerouge - Bivatt, certes il paraît accessoire et certes le dénouement en est assez inattendu, et c'est sans doute là que voulait nous amener l'auteur. Une guerre absurde entre deux peuples qui pourraient vivre en paix, et finalement une menace étrangère - les Barghasts - qui nettoie tout ça comme le poing d'un dieu. C'est brutal, c'est injuste, mais je pense que c'est le reflet d'une certaine réalité historique et anthropologique : in fine, le plus fort rase tout. J'avais plutôt bien aimé cet arc des Awls - Alênes la première fois, je l'ai encore plus apprécié cette fois-ci. D'autant qu'il pose des bases très intéressantes pour la suite. Qui était Masquerouge ? Pourquoi 2 K'Chains Che'Malle lui collaient-ils le train ? Deux questions capitales avant d'aborder le tome 9. Et ce final entre Onos T'oolan et Toc ! Là encore quelle cruauté de la part de l'auteur. Et le destin ne vas épargner ce pauvre Outil par la suite, c'est le moins qu'on puisse dire...
A mon avis, le plus gros travers de ce tome 7, c'est un manque de préparation du background de Letheras qui, rappelons-le, n'a eu que le tome 5 pour s'exposer, avec une opposition entre des Letheriis certes cyniques mais somme toute assez sympathiques pour ce qui est de leurs têtes de file
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(Tehol, Bugg, Brys, même Diskanar, Nisall et Kuru Qan, des persos singuliers et attachants)
et des Edurs qui ont tout abdiqué à un Empereur Fou et qui, au fil des tomes d'avant le 5 et durant le 6, se sont transformés en d'hideux conquérants sanguinaires (situation nettement plus nuancée dans le tome 5).
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Binadas est mort, Tomen et Uruth sont aux abois, Fear est en cavale, Trull en exil. Il ne reste plus personne de sympa chez les Tistes Edurs !!!
C'est le travers d'un univers aussi riche : parfois, la nuance a besoin d'un sérieux coup de truelle pour rééquilibrer les forces en présence. Du coup Erikson, pour rétablir la balance, n'a d'autres choix que de refaire de l'exposition et notamment d'introduire une foule d'ordures letheriies plus détestables les unes que les autres
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(Letur Anict, Tanal Yathvanar - la crevure ultime, toute la bande des patriotistes et du cénacle libératoire des marchands - désolé je ne me rappelle plus les noms anglais !)
histoire de ne pas faire passer le Edurs pour des salauds et les Letheriis pour les opprimés - in fine pour
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rendre la mission des Malazéens nettement plus complexe qu'envisagé initialement.
En résulte une première partie de roman qui se traîne un peu et qui, en effet, accumule les personnages pas forcément très sympathiques à suivre, quoique leurs jeux d'intrigue soient très habilement menés.
Mais en définitive, l'auteur joue beaucoup avec nos attentes au fil du cycle. Quand arrive le 7, on pense savoir comment les choses vont se passer, et en fait non, on se fait surprendre, parfois on se sent perdu et on ne pige pas là où il veut nous emmener, mais tout se met en place petit à petit, et l'exposition de la première partie laisse place à un véritable feu d'artifice dans la seconde. C'est vraiment un tome qui possède un rythme très particulier, plus encore que tous les autres. Et franchement, après cette seconde lecture, je serais ravi de m'en enquiller une troisième d'ici quelques mois - années, car il y a encore certains pans de l'intrigue que je n'ai pas complètement saisis. C'est dire la complexité du roman, et sa qualité amha :-)
Je serais curieux de connaître ton avis sur le tome 8, Guigz, lequel, pour le coup est l'un des plus clivants du cycle. Certains n'accrochent pas du tout. D'autres l'encensent, et c'est mon cas : pour moi il dépasse tous les autres. Pour te pousser à le lire, je peux te dire deux choses (tu peux lire les balises spoilers, pas de révélations majeures) :
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- Karsa Orlong est de nouveau de la partie, même si, mmh, tu verras !
- Et cette fois-ci il n'y a quasiment aucun nouveau personnage d'introduit par Erikson, on les connaît quasiment tous.