#metoo dans l’édition :
Ensemble, mettons fin au harcèlement et aux agressions sexuelles !
« Nolite te bastardes carborundorum » [1]
Margaret Atwood
Le comportement inapproprié à l’égard des femmes de Stéphane Marsan, co-fondateur des Éditions Bragelonne, n’était un secret pour personne. Appuyée par des témoignages nombreux et concordants, l’enquête de Mediapart [2] a cependant eu le mérite de mettre au jour des faits qui, sans parler de qualification pénale, [3] relèvent à l’évidence d’une attitude systémique :
https://www.mediapart.fr/.../metoo-le-patron-d-une-maison...
Un trop long silence…
Certains ont demandé pourquoi les professionnels de l’imaginaire n’ont pas réagi plus tôt. C’est évident : le sexisme est systémique, et la parole des femmes est généralement mise en cause. Trop souvent, les hommes refusent de les croire, ou minimisent les agressions dont elles ont été victimes. On accuse celles qui témoignent de vouloir « se mettre en avant » – alors que dénoncer un harceleur ou un agresseur présente des risques –, et on accuse celles qui alertent d’exagérer ! Du coup, les femmes se taisent en public mais parlent entre elles, et tentent de se protéger comme elles le peuvent, tandis que les hommes, autour d’elles, continuent à demander « des preuves »... Quant aux victimes, surtout si elles sont jeunes et précaires, elles hésitent à dénoncer un homme bénéficiant d’une influence certaine. [4]
Soutenons les victimes !
Être victime de comportements inappropriés, de harcèlement ou d’agression sexuelle, c’est vivre des situations douloureuses ; c’est un traumatisme, sur le plan personnel et professionnel. Je veux donc dire aux victimes, celles qui ont témoigné, publiquement ou non, et celles qui n’ont pas encore parlé, que je les crois, que je suis solidaire, et que je serai à leurs côtés, avec d’autres, pour mettre fin à ce que nous avons supporté ou toléré trop longtemps. J’appelle aussi les hommes à apporter leur soutien à leurs consœurs. Quand la parole se libère, il ne peut y avoir de neutralité qui tienne.
Ensemble, changeons les choses !
Directrice artistique des Imaginales, éditrice, formatrice, conférencière, je ne suis pas décisionnaire dans tous les domaines professionnels où j’agis, mais je suis néanmoins persuadée que ma parole publique peut avoir de l’écho.
Après avoir écouté des dizaines d’autrices, dont des victimes qui m’ont contactée en privé, mais aussi des éditrices qui m’ont fait part de leur expérience de lutte contre le harcèlement sexuel, j’ai décidé, avec d’autres, de faire des propositions concrètes, fortes. Vous comprendrez que je réserve la primeur de ces propositions à l’équipe des Imaginales et à son directeur, mais dès qu’elles auront été discutées collectivement, améliorées, puis validées, nous ferons en sorte que tous les acteurs de l’imaginaire – maisons d’édition, festivals, invités – s’en emparent.
Sortir par le haut de ce moment difficile pour le monde des littératures de l’imaginaire est possible, à condition que les acteurs qui comptent dans la SF et la fantasy, dont les éditeurs, prennent leurs responsabilités. Pour ma part, je m’y engage.
Notes
[1] Ne laissez pas les salopards vous tyranniser !
[2] Des informations avaient déjà été publiées en 2020 sur les réseaux sociaux, et « France info » avait publié, il y a quelques mois une première enquête, mais sans citer de nom.
[3] Des hommes évoquent parfois la « présomption d’innocence ». Cette notion juridique concerne les juges et les avocats, et elle n’empêche nullement la presse, qui bénéficie d’un régime de liberté relevant de la loi de 1881, de faire un travail d’investigation dans l’intérêt du public.
[4] Stéphane Marsan est certes le président de la société Bragelonne, mais à ses côtés, il a un directeur général délégué et quatre administrateurs. Leur silence, s’il se prolongeait, nous interrogerait… Les entreprises concernées doivent agir !