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S'ren a écrit :J'ignorais que les ventes poches pouvaient peser dans votre CR par livre, puisque c'est souvent un autre éditeur qui publie le format poche. Sans rentrer dans le confidentiel, vous récupérez donc aussi une rentrée sur chaque livre vendu en poche parmi votre catalogue ?

Oui c'est exactement ça.
Pour chaque livre que nous cédons en poche, nous demandons une avance qui pour moitié revient à l'auteur (sur son relevé, donc en amortissement de sa propre avance). Si l'avance est couverte, il y a des droits supplémentaires qui sont de nouveau partagés entre l'auteur et l'éditeur.
Malheureusement il y a des livres que nous n'arrivons pas à céder en poche.

GD

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Sujet et discussions très intéressantes même si certains détails sont un peu durs à comprendre pour un novice comme moi.
Je suis quand même toujours impressionné quand j'entends dans quelque secteur que ce soit qu'on vend à perte dans un premier temps. La prise de risque me paraît énorme, surtout dans un secteur comme l'édition qui aujourd'hui souffre.
Partout, j'entends que les gens se sont remis à lire pendant les confinements, que les libraires ont beaucoup travaillé en sortie de crise... Est-ce vrai d'une part et si oui, en paie-t-on les conséquences aujourd'hui ?
Mais surtout merci pour vos réponses, c'est très instructif !
Expert ès calamités
"Nous adorons tous les histoires. Nous vivons pour elles" Comme un diamant dans ma mémoire GG Kay

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terriblius69 a écrit :Partout, j'entends que les gens se sont remis à lire pendant les confinements, que les libraires ont beaucoup travaillé en sortie de crise... Est-ce vrai d'une part et si oui, en paie-t-on les conséquences aujourd'hui ?

En lançant le débat librairie commerce essentiel / non essentiel, le premier confinement a débouché sur un mois de juin 2020 totalement dément en terme de CA/rattrapage. Donc paradoxalement 2020 a été une bonne année pour la librairie et une mauvaise année pour le livre en GSA (grandes surfaces alimentaires). Ça a été une année très difficile pour les petits titres et les titres mid-list, de ce que j'ai pu observer. On a une concentration bien de notre époque, les best-sellers se vendent toujours plus (voir le score du Goncourt de 2020), la mid-list et les petites ventes se vendent toujours moins.

La crise a eu divers impacts sur les lecteurs, plus de commandes, plus de click and collect, plus de numérique. Et si j'en crois certains libraires qui le déplorent moins de "conseil".

Les phénomènes (hors-Goncourt) se lancent sur les réseaux sociaux ou en télé (ou sont liés à des films/série télé - il n'y a qu'à voir l'effondrement total des ventes sur Trône de fer depuis que la série a pris fin et les ventes du Sorceleur depuis que la série a démarré) ; l'impact publicités print, publicités radio semble en grande diminution. Il faut dire qu'en mettant le même budget (et surtout moins) sur les RS, on peut avoir des campagnes massives et surtout très ciblées.

Tout ça change, mais je pense que la crise a juste accéléré / révélé des mouvements / changements qui étaient en cours bien avant.

GD

724
Gilles Dumay a écrit :Oui c'est exactement ça.
Pour chaque livre que nous cédons en poche, nous demandons une avance qui pour moitié revient à l'auteur (sur son relevé, donc en amortissement de sa propre avance). Si l'avance est couverte, il y a des droits supplémentaires qui sont de nouveau partagés entre l'auteur et l'éditeur.
Malheureusement il y a des livres que nous n'arrivons pas à céder en poche.

GD

Et donc l'achat des droits en poche se fait aussi à perte pour l'éditeur poche, avant d'être couverte petit à petit par les ventes...
Ce sont des détails très intéressant sur le milieu du livre, merci beaucoup Gilles! :) Surtout pour la comptable que je suis, j'avoue :P

@Terriblius : je me doutais que la premier confinement avait eu un impact sur les lectures, mais je ne savais pas que l'engouement s'était poursuivi juste après.
J'espère surtout que cette hausse probable des prix ne va pas devenir une menace pour les libraires indépendant :(
"Libre à vous d'aller lire autre chose de plus franc du collier" La Cité de soie et d'Acier, de Mike, Louise et Linda Carey

"Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents" La Horde du contrevent, Alain Damasio

725
PixieLudi le dirait mieux que moi, elle bosse en librairie spé. Mais pour avoir ses retours en direct à la maison chaque soir, elle rentre claquée. Depuis leur réouverture en novembre dernier à la fin du faux confinement et leur passage en commerce "essentiel", c'est comme s'ils étaient restés bloqués au mois de décembre. Comprendre qu'ils font un chiffre de malade chaque semaine.
Leur CA 2020 a réussi à être positif par rapport à 2019 et il a été déjà dépassé depuis plusieurs semaines sur 2021 qui promet d'être une année exceptionnelle vu que décembre n'est pas encore là...
Ceci dit, les ruptures, réimp et manquant se font déjà sentir et cela peut avoir un impact et modérer le succès de cette fin d'année.
En attendant, si le CA augmente, ils ne sont pas forcément gagnants car c'est dû en partie à une forte augmentation des demandes et du passage, ce qui fait qu'ils ont dû augmenter leur offre et que les factures ont grossies en proportion. L'équilibre reste donc délicat et relativement instable.
"Il n'existe rien au-dessus du métier de bibliothécaire" Terry Pratchett

727
Bien sûr, les grosses locomotives comme les sorties récentes de Werber et Stephen King fonctionnent très bien. Mais au sein de notre rayon Imaginaire, je vois décoller la nouvelle édition du Silmarillion, et nos coups de coeurs récents ou non ont toujours le vent en poupe.

Je confirme par ailleurs ce que dit CdC : chez nous on est en train de se demander comment ce sera en pleine période de Noël alors qu'on a déjà plus de monde que d'habitude.
Memento mori

728
On avait effectivement déjà parlé dans un autre sujet de la concentration des ventes, le quasi record du Goncourt (le 2e plus vendu de l'histoire de tête) et cette importance des adaptations, de l'univers qu'on peut développer sur d'autres médias.
J'avais déploré le manque d'ouverture d'esprit des gens. Après, il ne faut pas que j'oublie que même en marge du secteur, je suis dans le circuit. Et que plus jeune, j'étais comme la plupart des gens, j'achetais ce qui était en présentation, que j'avais découvert sur d'autres supports... Je n'allais pas chercher des titres qui se démarquaient et que je faisais attention niveau portefeuille alors qu'avec la médiathèque, cela lire des livres que je n'aurais pas acheté.

Peut-être que si les prix remontent et pénurie il y a sur certains titres, cela va freiner cette "frénésie" d'achats et faire revenir certains à la médiathèque. Parce que nous, on est loin d'avoir retrouvé notre activité d'avant Covid et encore plus depuis le pass sanitaire où on a bcp de lecteurs (des gros en plus) qui ne reviennent plus.
Le contraste avec vos retours en librairie est saisissant. Je ne pensais pas que l'impact était encore si fort aujourd'hui.

Pour en revenir au prix, il est clair que la hausse des matières premières ne profitera qu'à un petit maillon de la chaîne du livre et si spéculation il y a, ce seront les spéculateurs qui s'en mettront plein les poches.
L'éditeur, lui, va compenser le coût de fabrication plus important, surement rogner encore ses marges si possible et le libraire, va vendre plus cher un livre qu'il aura acheté plus cher.
Je schématise mais je ne pense pas être loin de la vérité...
L'articulation poche/grand format, c'est aussi très intéressant, je vous recommande les podcasts où des éditeurs étaient invités, j'avais appris beaucoup de choses.
Expert ès calamités
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729
terriblius69 a écrit :L'éditeur, lui, va compenser le coût de fabrication plus important, surement rogner encore ses marges si possible et le libraire, va vendre plus cher un livre qu'il aura acheté plus cher.

Je me permets de préciser qu'en France, suite à la loi Lang de 1981 c'est l'éditeur qui fixe ses tarifs pour un livre ; aucun libraire ou commerçant n'a le droit de modifier ceci - mis à part pratiquer une remise de maximum 5%, applicable de suite ou par le biais d'une carte de fidélité.
Memento mori

730
Selon l'institut allemand GFK, la science-fiction a progressé en France (en CA) de 51% en octobre 2021 par rapport à octobre 2020, la fantasy stagne en CA, recule très légèrement en volume.
Les deux plus grosses ventes imaginaires du mois d'octobre sont Bernard Werber en grand format et Stephen King en poche.

GD

731
Kaellis a écrit :
terriblius69 a écrit :L'éditeur, lui, va compenser le coût de fabrication plus important, surement rogner encore ses marges si possible et le libraire, va vendre plus cher un livre qu'il aura acheté plus cher.

Je me permets de préciser qu'en France, suite à la loi Lang de 1981 c'est l'éditeur qui fixe ses tarifs pour un livre ; aucun libraire ou commerçant n'a le droit de modifier ceci - mis à part pratiquer une remise de maximum 5%, applicable de suite ou par le biais d'une carte de fidélité.

Oui, je sais. Il y a sans doute méprise sur ce que je voulais dire. On pourrait croire en tant que lecteur que si on achète un livre plus cher, le libraire allait aussi augmenter sa part alors que non. Si le prix du livre augmente de 1 euro, le libraire va l'acheter 1 euros de plus et le vendre 1 de plus. Opération blanche pour lui. Enfin, j'imagine.

Sinon, espérons que la série de la Roue du Temps remette un peu en valeur la fantasy. Ces chiffres confirment mon impression, que sans une locomotive pour le tirer, le genre souffre.
Et puis, c'est perso mais l'affaire Bragelonne/Marsan a sûrement fait du mal. Si ne serait-ce qu'un lecteur(rice) sur 10 les a boycotté, ça fait mal. Et puis, à part le Sorceleur qui doit bcp les aider, je ne vois pas de sortie marquante chez eux depuis quelques temps...
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732
terriblius69 a écrit :Et puis, à part le Sorceleur qui doit bcp les aider, je ne vois pas de sortie marquante chez eux depuis quelques temps...

Il y a des sorties marquantes chez eux ces derniers temps, mais plutôt en SF qu'en Fantasy (où on pourrait tout de même citer la nouvelle trilogie d'Abercrombie), notamment Projet dernière chance d'Andy Weir ou Aurora de Kim Stanley Robinson.

733
bonjour,
Je n'ai pas relu les messages depuis le début, alors je vais poser une question peut être déjà traitée, je m'en excuse.
je suis un lecteur sur liseuse depuis six ans , par confort de lecture, pour raison de stockage, d’approvisionnement (j'habite en campagne) et bien sur de prix.
Quand je vois un poche moins cher qu'un numérisé, je m'interroge? Quand sur une sortie grand format le numérisé est quelques euros moins cher seulement...?
Donc quel est le prix de revient réel d'un numérisé par rapport à un papier, ou le prix de revient d'une numérisation d'un ouvrage papier.
Je ne fréquente donc plus beaucoup les librairies, lieus où, hormis les spécialisées dans les grandes villes, un amateur de fantasy est souvent dédaigné.
Donc pour en revenir a ma question quel peut être le prix de revient du numérisé, peu impacté à priori par la hausse des matières premières?

734
patcho a écrit :Donc quel est le prix de revient réel d'un numérisé par rapport à un papier, ou le prix de revient d'une numérisation d'un ouvrage papier.

De mon point de vue (d'éditeur) le prix de revient réel d'un numérisé ça ne veut rien dire.
Il y a tous les coûts de l'exploitation d'un livre (ou d'un texte, disons plutôt) sous toutes ses formes : droits, fabrication (papier et numérique), corrections, illustration, etc.
Et tous les recettes que ce ce livre/texte rapporte sous ses différentes incarnations ou dématérialisations: ventes, cessions (poche, traduction, cinéma, BD, audiolivre, etc).
Donc mettre d'un côté l'édition papier et de l'autre le numérique, ça n'a pas de sens pour l'éditeur que je suis.
Les dépenses vont dans le même sac, le compte d'exploitation du titre Truc par Bidulchose.

Par ailleurs, certains auteurs et certains agents nous imposent que l'édition poche soit au même prix que le numérique, ou moins chère, ou parfois beaucoup moins chère (ce que je refuse systématiquement). Souvent c'est le prix en 0,99 au-dessus de celui de l'édition poche qui prévaut, puisque l'éditeur en France ne peut fixer que des prix en ,49 et ,99.

GD

735
Donc mettre d'un côté l'édition papier et de l'autre le numérique, ça n'a pas de sens pour l'éditeur que je suis.]

Je comprends, c'est logique. Mais, est ce qu'un éditeur, en 2021 pourrai ne faire que du numérique? Ou est ce que cela n'aurait aucun intérêt, financier bien sur?

736
Il me semble qu'il y a quelques éditeurs qui ne font que du numérique. Mais ce sont des micro-éditeurs (qui ne font sans doute cette activité qu'en complément d'un métier "alimentaire").

737
terriblius69 a écrit :Sinon, espérons que la série de la Roue du Temps remette un peu en valeur la fantasy. Ces chiffres confirment mon impression, que sans une locomotive pour le tirer, le genre souffre.

Il me semble que cet effet locomotive est très surestimé. Les gens qui achètent occasionnellement de la fantasy/SF parce qu'une série dérivée est diffusée n'achètent pas d'autres titres du même genre.


Quant au prix du papier en lui-même, les causes sont multiples :
- l'augmentation de la consommation asiatiques de produits d'hygiène (papier toilette, couches jetables... etc)
- la substitution des emballages plastiques à usage unique et couverts jetables par des dérivés bois (papier, cartons...)
- le coût des carburants, qui augmente ceux du transports, mais pousse aussi les particuliers à se tourner vers d'autres ressources pour se chauffer, comme le bois.
- la désorganisation des chaînes logistiques, qui a vu le prix du transport, notamment, par conteneurs, s'envoler.
- le confinement suite à la pandémie a incité les gens à bricoler chez eux, et augmenté la demande de bois à cet usage
- les États-Unis ont augmenté les droits de douane sur le bois canadien, ce qui a entraîné une hausse des exportations de bois scandinave vers les États-Unis.

Si les 3 derniers sont conjoncturels, les 3 premiers facteurs sont structurels, ce qui signifie qu'à moyen terme le prix du papier ne baissera guère, et qu'à long terme il continuera d'augmenter.

738
Strannik a écrit :
terriblius69 a écrit :Sinon, espérons que la série de la Roue du Temps remette un peu en valeur la fantasy. Ces chiffres confirment mon impression, que sans une locomotive pour le tirer, le genre souffre.

Il me semble que cet effet locomotive est très surestimé. Les gens qui achètent occasionnellement de la fantasy/SF parce qu'une série dérivée est diffusée n'achètent pas d'autres titres du même genre.


Quant au prix du papier en lui-même, les causes sont multiples :
- l'augmentation de la consommation asiatiques de produits d'hygiène (papier toilette, couches jetables... etc)
- la substitution des emballages plastiques à usage unique et couverts jetables par des dérivés bois (papier, cartons...)
- le coût des carburants, qui augmente ceux du transports, mais pousse aussi les particuliers à se tourner vers d'autres ressources pour se chauffer, comme le bois.
- la désorganisation des chaînes logistiques, qui a vu le prix du transport, notamment, par conteneurs, s'envoler.
- le confinement suite à la pandémie a incité les gens à bricoler chez eux, et augmenté la demande de bois à cet usage
- les États-Unis ont augmenté les droits de douane sur le bois canadien, ce qui a entraîné une hausse des exportations de bois scandinave vers les États-Unis.

Si les 3 derniers sont conjoncturels, les 3 premiers facteurs sont structurels, ce qui signifie qu'à moyen terme le prix du papier ne baissera guère, et qu'à long terme il continuera d'augmenter.

Ah oui, je sais bien mais bon, malgré tout, mieux vaut un titre qui marche bien que pas de titres du tout. Ça ne bouleversera pas le genre mais bon, si on arrive à accrocher un lecteur puis deux...

Pour en revenir au prix des livres, justement, avec cette hausse du prix du papier qui risque de se poursuivre, ne serait-il pas intéressant de séparer les dépenses et les recettes numérique/papier (même si je comprends que ce soit compliqué avec l'exemple des frais de traduction qui pèsent autant sur les 2 formats) pour mieux se rendre compte de l'intérêt de chaque ?
Expert ès calamités
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Strannik a écrit :Quant au prix du papier en lui-même, les causes sont multiples :
- l'augmentation de la consommation asiatiques de produits d'hygiène (papier toilette, couches jetables... etc)
- la substitution des emballages plastiques à usage unique et couverts jetables par des dérivés bois (papier, cartons...)
- le coût des carburants, qui augmente ceux du transports, mais pousse aussi les particuliers à se tourner vers d'autres ressources pour se chauffer, comme le bois.
- la désorganisation des chaînes logistiques, qui a vu le prix du transport, notamment, par conteneurs, s'envoler.
- le confinement suite à la pandémie a incité les gens à bricoler chez eux, et augmenté la demande de bois à cet usage
- les États-Unis ont augmenté les droits de douane sur le bois canadien, ce qui a entraîné une hausse des exportations de bois scandinave vers les États-Unis.

Et tu peux rajouter à cette liste les divers incendies qui chaque année depuis 4-5 ans détruisent des hectares de forêt réservée à l'exploitation pour la pâte à papier ainsi que l'incendie qui a détruit une ou deux usines au Portugal (principal approvisionneur européen) et en Chine (principal approvisionneur mondial).

Concernant le numérique, la question m'intéresse aussi car j'ai toujours du mal à comprendre les prix relativement exhaustifs à l'achat alors que le travail est moindre sur le texte.
A priori, les corrections et mise en page ont déjà été faites pour la sortie papier, il n'y a pas de coût d'impression et ni de gestion de distributeur. Je ne comprends donc pas qu'on arrive à trouver des livres numériques à seulement quelques euros moins chers que le grand format papier (dans ce cas, autant acheter le papier).
C'est peut-être tout bête, mais j'ai un blocage là-dessus.

Et sinon, merci beaucoup Gilles pour toutes les explications et les éclaircissements, c'est très instructif et je pense qu'il faut vraiment être dans le métier pour avoir une vue globale de tout ça.
"Il n'existe rien au-dessus du métier de bibliothécaire" Terry Pratchett

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Coeurdechene a écrit :Concernant le numérique, la question m'intéresse aussi car j'ai toujours du mal à comprendre les prix relativement exhaustifs à l'achat alors que le travail est moindre sur le texte.
A priori, les corrections et mise en page ont déjà été faites pour la sortie papier, il n'y a pas de coût d'impression et ni de gestion de distributeur. Je ne comprends donc pas qu'on arrive à trouver des livres numériques à seulement quelques euros moins chers que le grand format papier (dans ce cas, autant acheter le papier).
C'est peut-être tout bête, mais j'ai un blocage là-dessus.

Le prix du numérique c'est un choix politique, dans le sens politique commerciale.
Chez Albin Michel, comme dans la plupart des groupes, c'est 70% du prix du papier jusqu'au passage en poche.
Puis prix du poche, ou supérieur ou inférieur au poche selon négociations préalables avec les ayant-droits.
Quand je suis arrivé chez Albin j'ai proposé une politique différente pour Albin Michel Imaginaire, appuyé en cela par l'expert numérique maison qui est David Queffélec : 50 à 60% du prix du papier et pas de DRM. On a choisi une autre technologie de protection le watermarking.
Ça a été accepté en haut-lieu au terme d'une longue bataille à fleurets mouchetés, très cordiale et avec le recul assez rigolote, mais bataille quand même car ça représente une petite brèche dans la politique numérique du groupe. S'en est suivi toute une série de batailles avec les agents où il faut user de pédagogie pour expliquer sa politique commerciale atypique. Et parfois pour chaque contrat.
Aujourd'hui, je suis surpris par les ventes numériques de certains des titres Albin Michel Imaginaire où j'arrive à des proportions de 20 voire 30% de ventes en numérique.
Pour moi il y a un espèce de prix numérique idéal/maximal qui serait de 12,99 en première exploitation, 7,99 en seconde exploitation (après passage en poche). Parfois je n'y arrive pas, comme c'est le cas sur Émissaires des morts qui a une trop forte pagination.

Tout ce que je veux dire par là, c'est que c'est une histoire d'équilibre commercial à trouver entre l'exploitation grand format et l'exploitation numérique, puis entre l'exploitation poche et l'exploitation numérique.

(Par ailleurs, je ne lis quasiment qu'en numérique. Et j'ai commencé à me débarrasser de beaucoup de livres papier pour, en termes de volume, les remplacer par des BDs dont je suis un très gros acheteur/consommateur.)

GD