Brynhild,samedi 28 février 2004, 17:04 a écrit :Remarquez, ce pourrait être un exercice littéraire intéressant : réécrire un livre qui est dans un mode dans l'autre mode

C'est pas si idiot comme idée...
D'ailleurs, ma prof de français de 4ème et 3ème (oui, c'était la même) nous a fait faire cet exercice, bon, pas sur des livres, mais sur de nouvelles (souvent de Poe) c'était, en effet, intéressant en effet.
Il semble évident que la narration à la première personne est subjective : l'histoire est vue par les yeux du narrateur, donc, forcément, les sympathies et antipathies du narrateur se répercuteront sur la façon dont le lecteur appréhende l'histoire. Mais on peut aller plus loin : peut on envisager ( certains l'ont fait ) que le récit soit, non seulement subjectif, mais mensonger ? Que le narrateur ( fictif ) dissimule sciemment des faits, ou en transforme d'autres à son avantage ? Tout en nous rendant compte que tout cela reste de la fiction !
Nous n'avons pas (du moins, je n'ai pas) dit que le narrateur pouvait nous fournir une version sciemment mensongère des faits, mais seulement, que, comme tout le monde, le héros qui racontera une histoire avec son strict point de vue aura forcément une manière de voir les choses qui lui sera, disons plus favorable que celle de son adversaire... En effet, la plupart des gens sont toujours persuadés d'avoir raison au sortir d'un conflit, alors que leur deux points de vue sont opposés sur un point. Il y en a souvent un qui a tort, et si celui-là est le héros, il nous livrera SA version des faits, érronée, certes, mais pas mensongère dans le sens où il est SÛR d'avoir raison. Quant à transformer des faits, tout le monde le fait, comme le signale souvent Pratchett avec ironie (les Gnomes, La Mort (disque-monde) les miracles (de bons présages) etc... ou l'on oublie ce qui ne nous plaît pas. Comme Pratchett le dit, ce doit être dans Mortimer, le Bon sens a souvent raison des cinq autres. Certes, nous ne parlons pas de la même modification, là, la raison a plus tendance à effacer un fait qu'à le modifier, mais la différence est mince.En bref, si le héros nous ment, c'est souvent aussi à soit même qu'il ment, et ne le fait donc pas sciemment.@+Gordianus