Eh bien j'ai lu attentivement l'article de Bakker, mais je suis plus frustré ou insatisfait de ses idées qu'autre chose...

!Bon, même en tenant compte de la taille restreinte de l'article, je le trouve quand même trop simpliste par certains côtés.Voilà pèle-mêle mes réactions ::arrow: D'emblée, Bakker évoque deux explications à la question "pourquoi les gens lisent de la fantasy?" : ce serait fuir le monde ou alors ce serait pour, indirectement, réaliser des voeux (i.e. jouer avec l'idée d'être pourvu de capacités que l'on n'a pas). Mais dans la suite du texte, il ne traite que de la première explication, ce qui est dommage, l'autre étant aussi une très bonne piste, je trouve.

D'abord, je trouve insatisfaisant de dire que la Fantasy est un "produit" secondaire de la sécularisation (i.e. du monde moderne, des lumières, ect.). Même si ce n'est pas son propos ici, puisqu'il ne traite que de la fantasy moderne, cette thèse rend involontairement inexplicable les récits fantastiques que l'on trouve dans les divers récits mythologiques, ou même les contes et légendes variés que l'on trouve dans divers pays/cultures à l'époque prémoderne, et qui devaient pourtant avoir passablement de succès..., non?

Ce que je regrette le plus, c'est que Bakker me semble reprendre (sans la faire sienne, je concède) une constatation typique du 19e et du début du 20e siècle, à savoir que la science créerait un vide en rendant la religion plus ou moins "inutile". Il est d'ailleurs obligé de reconnaître qu'il y a une explosion des croyances, lorsqu'il parle de New Age....et je ne comprends pas comment il peut dire en même temps que le monde moderne serait "nihiliste"...il regorge plutôt de croyances à ce qu'il me semble!Une autre réflexion que je trouve étrange, c'est le fait qu'il met sur le même niveau la Bible et des romans de fantasy qui seraient des "suppléments nécessaires"

? D'ailleurs, ce qui me fait le plus tiquer, c'est l'opposition qu'il pose entre foi et raison que je trouve caricaturale, et qui date du 19e siècle, (OK, ce n'est qu'un détail accessoire mais ça m'a fait un peu grincer des dents tout de même..!)

En gros, je ne suis pas tellement d'accord avec sa thèse selon laquelle la fantasy serait un produit indirect du siècle des lumières...d'abord parce que c'est une définition par trop négative : on ne lirait de la fantasy que pour remplacer un vide au niveau de la
Weltanschauung (la conception du monde)? Je le trouve même un peu trop sérieux en pensant cela...j'aurais plus envie de parler du plaisir d'exercer son imagination, de la découverte....de la fantaisie, quoi! (on pourrai t parler d'évasion à la rigueur...mais la fuite? Je ne crois pas...enfin, j'espère!). Plaisir, imagination, découverte...ce sont des idées qui me semblent précéder et suivre le siècle des lumières....En étant un peu dur, je dirais que la principale qualité de cet article c'est de m'avoir fait réagir....mais je suis quand même content qu'on ait des articles vraiment réflexifs sur le phénomène de la Fantasy

....c'est un évenement trop rare pour le manquer!