Isabelle Cani : un antidote au syndrome de Peter PanLE MONDE DES LIVRES | 25.10.07 | 12h04 • Mis à jour le 25.10.07 | 12h04En savoir plus avant les autres, Le Monde.fr vous fait gagner du temps.Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offertsAugmentez la taille du texteDiminuez la taille du texteImprimez cet articleEnvoyez cet article par e-mailRecommandez cet articleCitez cet article sur votre blogClassez cet articleRéagissez à cet article Il y a ceux qui n'en ont jamais fini avec l'enfance. Ceux qui, dès qu'ils le peuvent, se réfugient dans les plaisirs du jeu et de la régression pour mieux se protéger contre la dureté du réel ou la peur de vieillir. Cette attitude, un psychologue américain l'a qualifiée de "syndrome de Peter Pan", en mémoire du héros de James Barrie, qui refusait obstinément de grandir.Pour réussir un livre qui plaise aux enfants autant qu'aux adultes, on peut, comme Barrie, jouer sur cette corde nostalgique. Mais on peut aussi faire tout à fait l'inverse : démythifier la représentation idéalisée de l'enfance et donner des clés pour avancer vers l'âge adulte.Tel est, selon Isabelle Cani, le choix de J. K. Rowling dans Harry Potter. D'après cette agrégée de lettres modernes, docteur en littérature comparée, Harry Potter est "l'anti-Peter Pan" par excellence : un viatique pour se détacher de l'enfance et progresser vers la maturité - d'où peut-être son retentissement mondial.Cela peut paraître paradoxal pour une oeuvre qui charme et ensorcelle, mais aux yeux d'Isabelle Cani, le vrai sujet de Harry Potter c'est... "le désenchantement". Quel lecteur pourrait prédire en effet, lorsqu'il découvre le petit sorcier aux pouvoirs magiques du premier tome, qu'il le retrouvera, près de 3 000 pages plus tard, en... (mais attention, ne dévoilons pas la fin). Disons simplement qu'il le retrouve en jeune homme quasi rangé, responsable, et convaincu que la sorcellerie ne résout pas les vrais problèmes.En sept tomes - et il en fallait bien sept pour aller au bout de ce cheminement mental -, Harry a compris que pour grandir, il faut accepter de "perdre plus que de trouver". Il n'a pas seulement perdu ses parents, James et Lilly, ou son parrain, Sirius Black, il a été déçu par l'homme qu'il admirait le plus, Dumbledore, il a vu disparaître des personnages secondaires qui incarnaient l'insouciance enfantine, tels Fred Weasley ou la chouette Hedwige qu'Hagrid lui avait offerte au début du premier tome. Enfin, il a mesuré pleinement les limites de la magie - laquelle, selon Isabelle Cani, correspond pour J. K. Rowling, aux "fantasmes d'une société de consommation" immature qui voudrait que "les choses se fassent toutes seules et les désirs se réalisent sans effort".Bref, au terme de ce long roman d'éducation, le lecteur aura compris que "le refus de grandir qui nous habite est sans doute le dernier ennemi à vaincre". En d'autres termes : vous souffrez du syndrome de Peter Pan ? Soignez-vous avec Harry Potter !
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Harry Potter, l'anti-Peter Pan ?