

Coeurdechene a écrit :L'un des paris du roman est d'amener le lecteur à concevoir un univers connu et une période plutôt sombre de l'histoire comme le théâtre d'événements fantastiques. Partant de là, il n'y a qu'un pas pour inciter le lecteur à accepter l'existence des Elfes et de toute autre créature imaginaire (enfin, ça dépend pour qui…). Et surtout de concevoir que Tolkien puisse également devenir un personnage de fiction. C'est sans doute là la partie la plus ardue, car les puristes auront du mal à accepter certaines prises de position de la part de l'auteur. Car il faut bien sûr que le personnage vive. Et pour ma part, le pari est réussi. Christophe Lambert créé un univers cohérent, s'appuyant sur une documentation abondante et, notamment pour la création du personnage du Professeur, des extraits de lettres ou de manuscrits qui permettent de le faire vivre sans trahir l'original. D'ailleurs la démarche est plutôt intéressante car elle donne pour un temps la parole au Professeur face à des détracteurs de son travail, ce qui permet d'avoir sa vision (documentée par sa nombreuse correspondance) de ce qu'il créée à cette époque.En effet, au moment où l'histoire se déroule, Tolkien est en pleine rédaction du Livre III du Seigneur des Anneaux (en fait, la première partie de ce qui sera appelé Les Deux Tours). Du coup, le lecteur assiste d'une part à la création de l'œuvre à travers les yeux même de l'auteur (ce qui est assez plaisant) et en parallèle suit l'histoire principale sur fond de guerre du Pacifique.Si la mise en scène et le personnage du Professeur m'ont énormément plu, j'ai été en revanche un peu déçu par les Elfes.Ils sont distants et froids, plutôt anti-socials et relativement antipathique. Seul Cealendar, le métis, offre un caractère un peu intéressant au lecteur. Pour le reste, c'est assez lisse et au final, malgré l'aura de mystère dégagé par ce commando d'immortels, on regrette un peu leur présence. Lambert aurait sans doute pu jouer beaucoup plus sur les interactions entre les elfes et les hommes, mettre plus en avant le rôle du Professeur au sein de cette compagnie atypique. Et peut-être ne pas évacuer aussi vite l'utilisation de l'elfique comme moyen de communication entre les troupes. Il l'évoque rapidement puis passe à autre chose. Bref, ces elfes manquent un peu de matière.Pour le reste, l'ouvrage se lit agréablement. On passe un excellent moment auprès de ces hommes perdus dans l'enfer vert.Le curieux pourra ensuite réviser son histoire tandis que l'amoureux des Terres du Milieu suivra avec délice les pérégrination du Professeur et les nombreuses références à son œuvre qui émaillent le récit.C'est avant tout un ouvrage détente, à lire pour le plaisir. Mais on peut également y voir un autre niveau de lecture plus critique sur la société, la différence, le regard à l'autre et toutes les valeurs que l'on peut associer à l'humanité.Critique publiée sur http://www.biblioblog.fr/post/2010/11/2 ... he-Lambert
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