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Posté : mar. 3 juil. 2018 06:54
par lambertine
Je suis du genre "je ne visualise pas, je ressens".Quelquefois (rarement) j'imagine un acteur jouant le rôle d'un personnage (Brad Pitt en Achille -avant la sortie du film, hein, ma fille en Porenn, ou la fille qui joue Sarah dans Section de Recherche en Agnès - des Lames du Cardinal). Mais ça s'arrête là.

Posté : mar. 3 juil. 2018 09:49
par Faith
Pour ce qui est des auberges, moi aussi elles ont tendance à toutes se ressembler mais surtout au niveau des sensations. J'ai souvent une image assez floue avec deux-trois éléments constants (la cheminée, le comptoir, l'escalier pour les étages) et je rajoute des choses en fonction des descriptions mais ce qui revient toujours c'est la sensation de chaleur , de bien être, de pouvoir se reposer aprés une longue journée de voyage. Et c'st comme ça pour tous les lieux, j'ai plus des sensations que des images. Ou alors elles sont assez floues.Les bateaux aussi se ressemblent un peu tous, ils ne sont pas forcément noirs comme le Black Pearl mais ils ont tous la même silhouette, surtout dans les Aventuriers de la mer.Pour ce qui est des persos, la couverture en général m'influence beaucoup (notamment L'Assassin Royal où j'ai d'ailleurs énormément de mal à visualiser le Fou, alors que Vérité ressemble à un professeur d'histoire que j'ai eu au collége, me demandez pas pourquoi, je sais pas)C'est vrai que j'aurais plus tendance à visualiser des personnages sous les traits de gens que je connais ou j'ai connu plutôt que d'acteurs.

Posté : mar. 3 juil. 2018 19:44
par Kaisa Serafina
C'est en y réfléchissant que je me rends compte que j'ai en fait du mal à "véritablement" visualiser les décors et les personnages… j'y avais jamais vraiment fait attention ! donc on va dire Team je ressent les choses.Sinon, comme d'autres, les adaptations ciné/télé et les couvertures/illustrations influent sur ce que j'ai dans la tête au moment de la lecture.

Posté : mer. 4 juil. 2018 00:02
par Arckhangelos
Je prends pas trop la couverture comme support, plus comme une note d'intention qui me donne l’ambiance dans laquelle, je dois graviter.Je visualise à fond. Je serais par exemple capable de dessiner (enfin faire un plan parce que je suis nul en dessin) des auberges pour reprendre cet exemple, celle dans laquelle Kvothe raconte son histoire ou à côté de son école, là où il fait des représentations musicales, ou celle des parents d'Egwene, bien longtemps après la lecture du livre. Et elles sont toutes fondamentalement différentes avec des angles de caméras, bien différenciés. Sur beaucoup de bouquins comme ça, je pourrais faire des plans de bâtiment ou de pièce tels que je me les ai imaginé. Pas sûr par contre, que les plans correspondent aux descriptions du livre.Chaque lieu a un côté unique. Même les bibliothèques par exemple, je me les imagine souvent de la même manière mais avec quelques détails différents comme la couleur du bois des menuiseries/tables, l'entrée, le découpage des rangées, la hauteur des bibliothèques, l'ambiance, la luminosité... Plus de soucis pour intégrer les caractéristiques des personnages : le(s) héro(s) quelque soit leur race/sexe/âge, je m’identifie très facilement et c'est comme s'ils vivaient avec un masque sur leur visage et qu'importe le point de vue narratif.De manière globale, je ne m'accroche pas trop aux descriptions brossées par l'auteur. Et je n'ai pas forcément une apparence fixe d'un personnage, elle peut évoluer au cours du récit comme s'il prenait corps au fil de l'eau et se remodelait en fonction de mon affection que je lui porte.En ce qui concerne les adaptations visuelles (série, film, BD), c'est vrai qu'elles ont tendance à fixer des éléments complètement imaginés. Ça faisait partie des raisons pour lesquelles je ne souhaitait pas aller voir Harry Potter au ciné par exemple. Néanmoins, je n'ai pas eu de mal à conserver les originaux après avoir été pollué par les images du film lors de ma lecture des derniers tomes. Dès que j'étais dedans, j'en ai fait abstraction.Par contre, je ne sais pas comment mon esprit fonctionnerait si j'avais découvert Harry Potter en film avant les bouquins.

Posté : mer. 4 juil. 2018 08:39
par Kaellis
Pareil que pour Arckhangelos, je visualise très bien les paysages et les lieux, par contre les personnages restent flous, et le peu de représentation que je m'en fais varie en fonction de mon humeur ou des passages où ils apparaissent dans les romans. En fait, je me rends compte que j'imagine très bien leurs habits, mais jamais leur visage :o

Posté : ven. 24 août 2018 22:09
par Kik
J'ai repensé à cette discussion après avoir vu ceci...M SimonettiEffectivement, nous ne sommes pas tous égaux pour ce qui est de recréer un monde palpable d'après nos lectures !J'étais plutôt bon en dessin lorsque j'étais enfant. Je n'ai pas poursuivi dans cette voie. Mais si j'avais connu de telles "évocations" rien qu'en lisant, je me serais accroché !Alors que pour beaucoup d'entre nous, on se limite à des "décors" tels que "ça monte, il y a des arbres et il fait chaud", penser que quelqu'un puisse parcourir des pavés de 600 pages ou plus en voyant surgir à volonté de telles images à chaque fois que change quelque peu l'exposition, ça me laisse admiratif... et un peu jaloux. :rouge: J'aimerais bien lire un livre avec le regard de Marc Simonetti ! :rolleyes:Et la question que je me pose est : Est-ce qu'un artiste de son calibre ne "voit" pas d'avantage et mieux que l'auteur lui-même ? Bien sûr, chacun aura sa propre version. Ce serait intéressant que des auteurs nous fassent partager leur expérience sur la vision initiale de leur propre univers et le retour transformé, via le regard d'un autre, qui finit par devenir image publique et quasi-officielle.

Posté : ven. 24 août 2018 23:13
par Bazukhalan
Me concernat j'aime aussi visualiser à fond le roman que je lis, je veux être totalement immergé surtout dans les scènes épiques. Mais c'est pas évident selon les romans, j'ai eu du mal avec certains passage de la trilogie des Fils-de-brumes. Du coup j'ai bien apprécié les illustrations contenues dans les archives de Roshar, c'est sur cette base que j'ai imaginé cet univers. Et je me dis que çà au ciné ou en dessin animé ce serait pas mal !

Posté : sam. 25 août 2018 13:14
par Arckhangelos
Le média n'est pas le même, donc Marc Simonetti, s'il s'inspire d'une scène, devra combler un vide. Il y a une multitude de détails que l'auteur ne va pas écrire pour éviter une lourdeur au récit d'autant plus que l'illustration est une image figée. Ce qui est rarement le cas pour un récit où il y a sans cesse une progression. Même dans la description d'une scène, l'auteur va donner les éléments au fur et à mesure de son regard. L'illustrateur peut briser cette élaboration minutieuse en présentant une image globale où il est possible que notre regard ne suive pas la même progression.D'autre part, le but de l'illustration sur un livre, c'est de faire du figuratif, de donner envie au lecteur d'acheter le livre, pas forcément de montrer le vrai. Exemple simple, les illustrations de Didier Graffet autour des aventures de Druss de David Gemmell. Les couvertures présentent la hache Snaga. Hors dans les romans, elle est présentée comme une hache-papillon, ce qui est loin d'être le cas sur la couverture.

Posté : lun. 27 août 2018 13:18
par Gillossen
Kik a écrit :Et la question que je me pose est : Est-ce qu'un artiste de son calibre ne "voit" pas d'avantage et mieux que l'auteur lui-même ? Bien sûr, chacun aura sa propre version. Ce serait intéressant que des auteurs nous fassent partager leur expérience sur la vision initiale de leur propre univers et le retour transformé, via le regard d'un autre, qui finit par devenir image publique et quasi-officielle.
Je ne pense pas qu'un illustrateur, même particulièrement doué, voit "mieux" que l'auteur lui-même ce que celui-ci a en tête (ou celle-ci). Personnellement par exemple, je suis très visuel quand j'écris, ce sont souvent des images qui surgissent dans ma tête, mais jamais des images en mode illustration. Plutôt un rendu "photos" pour les paysages, des visages... Typiquement, je ne voyais pas vraiment mon héroïne comme ça pour l'Empire du Léopard (je ne m'en suis pas caché, c'est Karen Gillan :mrgreen:) et puis finalement je suis très content de ce que Pierre Droal a fait. C'est un autre regard, une interprétation différente, qui, j'imagine, est en partie façonnée par le parcours de l'artiste et ses propres références. :)

Posté : lun. 27 août 2018 21:33
par wizardine
Alors moi pour visualiser je suis une quiche; à la lecture de ce fil je me sens moins seul. Ca s'arrête pas au roman d'ailleurs; je suis vraiment nulle pour invoquer des images dans ma tête, elles restent toujours floues. Moi aussi je jalouse un peu les gens qui peuvent invoquer des images détaillées dans leur tête.Du coup, les images des films/illustrations alimentent mon univers visuel, en particulier si je les ai vues avant de lire le livre.Mais en même temps, truc curieux, j'arrive quand même à être déçue des fois par les adaptations. Genre, je serais absolument incapable de vous dire comment je voyais Jon Snow dans ma tête, mais je peux vous assurer que c'était pas avec la tête de Kit Harington. :sifflote: Peut-être parce que moi aussi, ce qui compte n'est pas tant la tête du personnage que ce qu'il dégage, et que Kit Harington n'avait pas la même aura que celle que je ressentais avec le livre?
Et la question que je me pose est : Est-ce qu'un artiste de son calibre ne "voit" pas d'avantage et mieux que l'auteur lui-même ? Bien sûr, chacun aura sa propre version. Ce serait intéressant que des auteurs nous fassent partager leur expérience sur la vision initiale de leur propre univers et le retour transformé, via le regard d'un autre, qui finit par devenir image publique et quasi-officielle.
Oui et non.Comme je le disais, je visualise très mal (et je vous raconte pas l'enfer que c'est quand je dois décrire un lieu ou une scène de combat...). Du coup, dans un sens, oui, un illustrateur visualisera mieux que moi ma propre oeuvre, et peut-être même que les lecteurs aussi.Par contre, il ne visualisera pas la même chose que moi. Parce que même si mon cerveau n'arrive pas à sortir l'image, elle doit quand même exister inconsciemment, et si ça ne correspond pas à mon idée, je le verrais.J'ai remarqué ça en créant mes personnages en sims (oui, quand on ne sait pas dessiner mais qu'on veut quand même s'aider à visualiser un peu, on fait comme on peut). Je n'avais souvent aucune idée de ce que je veux, alors je tâtonne à base de "non, je ne le voyais pas comme ça", jusqu'à obtenir quelque chose qui ressemble à l'image mentale que j'aurais eu si j'en étais capable. En fait, c'est un peu comme ne pas réussir à exprimer son idée : l'idée est bien là, mais on n'arrive pas à la sortir. C'est pareil, mais avec des images : elles existent mais j'arrive pas à les visualiser (ça a un sens, ce que je raconte?)Donc même si la capacité visualisante (ouais, j'invente des mots) de l'illustrateur est supérieure, je ne pense pas qu'il voit mieux l'oeuvre que l'auteur lui-même, puisqu'il la voit forcément différemment.

Posté : mer. 29 août 2018 11:43
par Cu Chulainn
Cela faisait longtemps que je n'étais pas venu par ici en tant que contributeur, mais ce sujet m'a attiré!Parce que je pense que c'est une question essentielle pour tout lecteur de fantasy.La fantasy est quand même extrêmement visuelle: paysages, monuments, architecture, tenues, armes et armures, sont des composantes essentielles d'un univers de fantasy. Ils vont en dire long, et faire beaucoup pour caractériser l'ambiance et l'identité d'un univers.Pour moi ledit univers est toujours un personnage extrêmement important, sinon le plus important, d'une histoire de fantasy. Même si les personnages sont léchés, même si l'intrigue est géniale, je n'accrocherai pas ou difficilement à un récit de fantasy si je ne "sens" pas qu'il y a un univers bien caractérisé derrière.Et je trouve effectivement que beaucoup de romans "oublient" un peu cet aspect et son importance. Je n'accroche pas à Gemmel pour cette raison par exemple.Ce manque de références visuelles, de descriptions, d'importance accordée à l'univers matériekl autour des personnages, fait qu'on se retrouve à remplir les cases vides avec des visuels préconçus et qui sont bien souvent archétypaux voire clichés.Pourquoi les films du SDA nous ont tant marqué? Pour le jeu exceptionnel d'E Wood? Pour le scénario qu'on connaissait déjà par coeur? Ce film a un visuel extrêmement travaillé. Mettez des armures en carton pate, des épées bling bling bling bien kitsches, des décors fades et random, même avec les mêmes arcteurs, même avec les mêmes scénaristes et réalisateurs, m'est avis qu'on aurait bien plus vite oublié la chose.Moi aussi j'imagine TOUJOURS les auberges de la même manière: un comptoir avec un gros barbu qui essuie ses verres ou ses chope, une ambiance médiévalo-pub, une cheminée dans un coin, un plafond en bois et hop...Le héros: Rand dans la Roue du Temps, le héros d'un monde sans dieu dont je n'ai même pas retenu le nom, Garion dans la Belgariade, et tant d'autres... pour moi physiquement ce sont des clones... et non, je n'ai pas apprécié plus que ça ces œuvres censées êtres des classiques pour cette raison.Et c'est pareil pour pas mal de trucs en fait. Généralement, les bouquins auxquels j'accroche sont ceux qui me font réellement sortir de ces archétypes, ou qui les subliment (je pense pas que l'originalité soit le problème: un archétype peut être très prenant si il est convenablement manié... genre l'auberge peut avoir l'ambiance qu'on lui imagine, mais avoir un caractère et une identité propre (avec des détails, des éléments qui vont faire que ce sera pas la même auberge que les autres... dans ma tête, c'est le cas pour l'auberge de Kvothe dans le nom du vent). L'exemple le plus flagrant, c'est le Vieux royaume, de Jaworski.... Vous avez lu la nouvelle sur les nains et les gnomes dans "le sentiment du fer"? C'est ultra classique mais quesce que j'ai pris mon pied (comme c'est à chaque fois le cas avec cet auteur).Pourtant il en fait pas des tartines au niveau description (parfois je serais pas contre des romans naturalistes de fantasy...), mais on sent qu'il y a un véritable univers derrière, avec moult références et éléments visuels qui le caractérisent, et du coup il a pas besoin d'en faire des tonnes: je vois sans soucis, et encore aujourd'hui des années après la lecture, les paysages, les têtes des personnages, les équipements, les décors.Et c'est pareil pour les autres écrits de cet auteur: dans "au service des dames", de Janua Vera, il décrit de nouveau un contexte médiéval fantastique extrêmement classique, presque historique, mais le château de la dame là, je l'ai parfaitement en tête et il ne ressemble à aucun autre château qui m'a jamais été donné de "voir" dans un bouquin de fantasy... alors qu'il le décrit à peine!Mais on sent qu'il y a un univers riche, fouillé, qui fait appel à des éléments visuels qui servent de catalyseur à notre imagination et ouvrent une porte vers une véritable représentation cinématographique.Les références à l'Histoire posent également un contexte et une ambiance qui font appel à des tas d'éléménts présents dans notre imaginaire.Dans la plupart des oeuvres de fantasy, on se contente de nous brosser un contexte vaguement médiévalo-Renaissance finalement assez flou...Et mine de rien, l'appel à l'Histoire, à ses clichés, ses fantasmes et ses "réalités" est essentiel en fantasy (puisqu'on parle d'un genre qui se déroule à 80% dans des univers au niveau social, technologique,économique et politique inspirés par des périodes antérieures à la nôtre). Là encore, peu importe qu'il soit original pourvu qu'il soit bien caractérisé et personnalisé (quelques termes ne suffisent pas).Exemple qui m'a bien déçu: quand j'ai commencé à lire "Un monde sans dieux" certains mots comme "thanes" et les noms des clans m'avaient amené à commencer à m'imaginer un univers typé basé sur les cultures anglo saxonnes du Haut Moyen Age (ce qui a été peu fait finalement depuis les rohirims, et étant passionné par cette période, c'est ce qui m'avait attiré vers ce bouquin). Mais rapidement, on s'aperçoit qu'on à affaire à un énième avatar de ce monde "médiévalisant" flou où on retrouve féodalité, pouvoir central fort, cités de pierre très étendues, armures lourde et chevalerie....etc. Pas du tout ce que j'avais imaginé à la base.Et pourtant un contexte "classique" peut être hyper immersif et prenant (après tout, c'est avec ces univers dit "classiques" qu'on s'est mis à aimer la fantasy... enfin moi en tous cas, et ces ambiances me manquent souvent). Honnêtement, pour citer encore un exemple: les bouquins de "The Witcher" ne m'ont vraiment pas emballé (encore que certaines nouvelles sont plutôt sympathiques) justement parce qu'on a très peu de descriptions ou d'évocations qui caractérisent l'univers.Et regardez à quel point le jeu video a sublimé cet univers, ce personnage, ces histoires! Encore une fois, le visuel a une importance extrême en fantasy.Du coup, comme souvent, le style de l'auteur et ses priorités jouent énormément.
Est-ce qu'un artiste de son calibre ne "voit" pas d'avantage et mieux que l'auteur lui-même ?
Les artistes qui illustrent des univers fixent en effet parfois bien mieux un univers visuellement que l'auteur, en effet, j'en suis convaincu.Que serait la Terre du Milieu sans John Howe et Alan Lee?Par contre, ils se concentrent sur un moment M ou un lieu, personnage particulier d'une histoire/ d'un univers.Mais quand on lit un roman, on change perpétuellement de situation et on a pas le temps de s'attarder à imaginer tous les détails d'un costume, d'un personnage, d'un paysage....etc. Et ce sont bien les détails qui font la richesse d'un visuel.C'est le style et l'univers que l'auteur met en place qui vont faire qu'il va arriver à faire passer des ambiances et des visuels très détaillés en quelques lignes: avec un texte très évocateur, il fera appel à tout notre imaginaire "en sommeil" qui va nous brosser un tableau marquant d'une situation.Très souvent, les bouquins de fantasy que j'ai tenté de lire ou que j'ai lu me sont tombés des mains parce que je n'y retrouvais pas cette puissance d'évocation.Merci à ceux qui ont le courage de lire mon long post.

Posté : mer. 29 août 2018 13:38
par Erkekjetter
Je fais partie de la team "je ne vois rien"... je fonctionne surtout au ressenti.En fait, cette capacité à évoquer/créer ces "vues", c'est ce qu'on appelle l'imagerie mentale. Et nous ne sommes pas tous égaux dans ce domaine. Quand j'étais étudiante en psycho, j'ai passé le test VVIQ, qui permet de se faire une idée des capacités en imagerie mentale. Bon, j'ai eu un score tout pourri, bien sûr, parce que les seules images que j'arrivais à visualiser, eh bien ce sont surtout des lieux que je connais très bien, alors que d'autres parvenaient très bien à "voir" la montagne qui était décrite dans un petit texte.De fait, j'aurai tendance à penser que l'importance du "visuel" dépend pour beaucoup de cette capacité. Ca ne veut pas dire qu'une description ne sert à rien quand on ne visualise pas (je suis tout aussi lasse des univers médiévalisants "lambda"), mais plutôt que cette faculté à se créer des images oriente d'une certaine manière la perception qu'on a d'une lecture : on en retire tout pas tout à fait la même chose, puisque ça passe par des "canaux" différents.

Posté : mer. 29 août 2018 19:53
par wizardine
@Cu Chulainn moi c'est tout l'inverse, quand les descriptions sont trop détaillées je pique du nez. Je dis pas que les descriptions servent à rien, et bien sûr j'aime les univers fouillés; mais pour moi la richesse d'un univers n'est pas forcément lié à sa richesse visuelle. Et surtout, j'ai déjà lâché des livres que beaucoup ont aimé parce que j'en pouvais plus des descriptions ou trop de détails sur l'univers (genre Le Seigneur des Anneaux; alors que j'adore les films, j'ai jamais réussi à finir les livres... pas taper, s'il-vous-plaît, pas taper).Après, c'est cool, comme ça il y en a pour tous les goûts.

Posté : mer. 29 août 2018 21:41
par dragonnia
Même si je pense utiliser plutôt bien le canal visuel, je ne pense pas que ce soit le seul possible pour aborder la fantasy.Et contrairement à toi, Cu Chulainn, je n'ai eu aucun problème pour plonger dans les romans de Gemmell et pour visualiser ou me représenter les situations décrites. J'en garde certaines scènes bien vivantes en mémoire.

Posté : jeu. 30 août 2018 12:38
par Cu Chulainn
je n'ai eu aucun problème pour plonger dans les romans de Gemmell et pour visualiser ou me représenter les situations décrites. J'en garde certaines scènes bien vivantes en mémoire.
Moi aussi, mais je n'ai pas accroché, parce que j'ai trouvé son univers (celui de Druss) totalement Random... et oubliable.
je ne pense pas que ce soit le seul possible pour aborder la fantasy.
Je n'ai pas dit que c'était le seul, mais qu'il était essentiel.
quand les descriptions sont trop détaillées je pique du nez.
Justement, ce ne sont pas des tartines de descriptions que j'attend (encore que ça me dérange pas forcément si c'est bien écrit... d'ailleurs, j'ai souvent plus de plaisir, en fantasy, à lire des suppléments de jeux de rôles (certains univers de JDR sont vraiment denses et hyper fouillés, bien plus que la plupart des univers de fantasy qui n'ont été conçu que comme une trame pour une histoire... moi j'aime bien quand l'histoire ne sert qu'à illustrer l'univers, ce qui est pour moi le cas de Tolkien) mais une écriture suffisamment évocatrice pour caractériser un univers et une ambiance.Jaworski est à mon goût un très bon exemple: il n'est pas spécialement descriptif, et pourtant son univers, bien que très classique, reste vraiment en mémoire. Il a déjà d'excellentes idées à la base (et son univers est un contexte de JDR à la base... mais il arrive également à poser un univers très riche dans Rois du Monde) mais en plus il arrive à les faire passer de façon très efficace par son écriture.Eddings et Gemmel, j'ai pas dépassé 100 ou 200 pages, et j'ai vraiment trouvé ça d'un ennui... (mais c'est mon avis qui n'engage que moi).Tolkien c'est un peu spécial: c'est un poseur d'ambiance. On sent qu'il s'est fait plaisir à nous dérouler son univers sous les yeux. Rarement j'ai trouvé un auteur qui restitue aussi bien des ambiances... je "sens" encore certaines ambiances du SDA quand j'y pense. La Communauté de l'Anneau reste la partie du SDA que je préfère et de loin, et en particulier la première partie (jusqu'à la Lorien en fait) quand vraiment le voyage et la découverte de l'univers est au coeur de l'histoire (j'apprécie moins quand ça tourne à l'épopée au style un peu ampoulé... Aragorn arrête de m'être sympathique quand il se met à se la ramener grand seigneur libérateur dans les Deux Tours).Pour moi c'est le principal intérêt de proposer des univers "alternatifs" où l'on repense certains concepts, métaphysiques (le bien, le mal, la mort, la vie, l'amour, les vaches) ou non, où l'ont repense des cultures, des sociétés, des organisations politique.

Posté : jeu. 30 août 2018 14:12
par Kik
Eh bien, je retiens qu’il n’y a pas que les lecteurs qui visualisent plus ou moins bien. Celles et ceux qui écrivent aussi, en apparence et ceci indépendamment de leur notoriété. Ce serait un bon sujet à aborder dans un épisode de Procrastination… Ceci-dit, ce doit être ardu d’arriver à rendre une scène que l’on a du mal à voir soi-même ! Bon courage ! :)Donc un écrivain qui visualise bien son propre univers serait potentiellement plus apte à le transmettre ?Idéalement il devrait avoir cette rencontre entre l’émetteur et le récepteur. Dans la chanson par exemple, j’accroche plus aux scenarii évocateurs d’images qu’aux chansons engagées abstraites. Mais il y a, en dépit de tout, une dimension purement musicale qui peut me faire adhérer parfois à l’inverse de mes propensions. Cette musique existe aussi dans la littérature avec son côté hypnotique comme dans le Nom du Vent par exemple. Une musique que ne ressentent pas forcément tous les amateurs de Fantasy sur les mêmes œuvres. Va-t’en comprendre ? :(Un auteur qui a réussi à envoûter son lectorat, n’aura pas trop à se soucier des images qu’il suscite. Ça ira ensemble à partir de ce moment-là. Presque logiquement. Et c’est vrai que ça n’a rien à voir parfois avec la quantité ni même la qualité des descriptions.
Cu Chulainn a écrit :j'aime bien quand l'histoire ne sert qu'à illustrer l'univers
Pas tout à fait d'accord. Il y a une interaction harmonieuse à trouver entre univers, scénario et personnages. Le lecteur a le droit, en plus de s’immerger dans un environnement riche et évocateur, avec des personnages forts, de pouvoir visualiser aussi des actions. Un des reproches que l’on peut faire au Nom du Vent, c’est qu’il ne s’y passe pas grand-chose.Pour revenir à la visualisation, c’est le même processus concernant les illustrateurs. Marc Simonetti nous fait voyager avec son propre imaginaire. Non seulement il propose sa propre version de l’histoire mais il ajoute son grain de sel magique. Je suis d’accord qu’il ne fait que son job pour allécher le chaland potentiel que nous sommes et qu’il fixe un instantané qui est différent de la dynamique de l’auteur et du lecteur.Cela ne nous dit pas ce qu’il voit lorsqu’il parcourt un texte à titre privé. Impossible qu’à chaque page ou chaque scène surgissent des images aussi fortes que ce qui nous est connu de lui ! Sinon ce don pourrait se révéler un peu trop envahissant. Au point de ne pouvoir lire le menu d’un restaurant sans éprouver de haut-le-cœur par exemple. :wacko:Je ne pense pas que les illustrateurs voient mieux en permanence de manière absolue, mais ils se situent forcément au-dessus de la moyenne. Il faudrait que ceux qui parcourent le forum postent leur avis sur ce sujet. Et que plus d’écrivains le fassent aussi.

Posté : jeu. 30 août 2018 19:25
par dragonnia
Cu Chulainn a écrit :Je n'ai pas dit que c'était le seul, mais qu'il était essentiel.
Il est essentiel pour toi, j'ai bien compris.Malgré tout, je me demande si c'est vraiment essentiel pour tout le monde. Et pour les aveugles, comment cela se passe-t-il ?Personnellement, si je fonctionne en partie sur le canal visuel, il y a aussi les ressentis des mouvements, bref le canal kinesthésique.

Posté : jeu. 30 août 2018 20:00
par wizardine
j'aime bien quand l'histoire ne sert qu'à illustrer l'univers
C'est drôle parce que moi c'est tout l'inverse. Ces romans m'ennuient.Comme Kik, je pense que les meilleurs romans sont ceux qui allient tout : univers, histoire et personnages. Après, je pense qu'on a tous nos préférences pour l'une ou l'autre composante (par exemple, je peux pardonne que l'univers et l'histoire soient clichés si j'accroche aux personnages).
Pour moi c'est le principal intérêt de proposer des univers "alternatifs" où l'on repense certains concepts, métaphysiques (le bien, le mal, la mort, la vie, l'amour, les vaches) ou non, où l'ont repense des cultures, des sociétés, des organisations politique.
Mais est-ce qu'on a besoin de quelque chose de très visuel pour ça? Je veux dire, je n'associe pas du tout "concept" et "visuel" moi...
Ceci-dit, ce doit être ardu d’arriver à rendre une scène que l’on a du mal à voir soi-même ! Bon courage !
Oui et non. Quand il s'agit de descriptions de lieux ou de personnages pas super importants mais que je me sens obligée de faire pour le côté "visuel", c'est galère. Mais sinon, je m'en sors en réfléchissant à l'effet que je veux produire sur le lecteur, l'ambiance à créer. Et alors soit j'obtiens une description assez conséquente, soit je mets que des détails évocateurs qui permettent de se représenter direct le lieu ou le personnage, alors que je ne les décris presque pas.Après, ça crée des situations drôles, du genre une amie à qui j'ai fait lire un texte qui voulait plus de détails, et moi qui me demandais comment je pouvais en mettre plus sans être chiante (l'amie en question étant super visuelle). :sifflote:(c'était la minute je vous raconte ma vie)

Posté : ven. 31 août 2018 13:13
par Gillossen
J'en reviens une seconde à Gemmell et Eddings, parce qu'il me semble que de toute façon, ils n'ont jamais cherché l'un comme l'autre à "plonger" le lecteur dans leurs univers. Eddings notamment s'en fiche royalement, il n'y en a chez lui que pour les dialogues et les interactions entre persos. :)

Posté : ven. 31 août 2018 13:28
par Kaellis
Et pourtant, je pense que c'est avec la Belgariade que j'ai visualisé le plus les paysages et personnages - peut-être parce que j'étais plus jeune, avec une imagination qui galopait plus vite que maintenant ^^