En ayant en tête les avis précédents j'ai attaqué ce premier tome sans a priori positif ou négatif. Force est de constater qu'au final j'ai beaucoup aimé le sang de 7 rois qui amorce un cycle de high fantasy française ambitieux et de qualité qui ne fait pas mentir la réclame élogieuse en quatrième de couverture.Autant commencer par ce qui a déjà été avancé dans les points négatifs. Je ne peux qu'abonder dans le sens de la critique et de certains avis. Ainsi, bien que le style d'écriture soit imagé et efficace, il n'évite pas l'écueil de certaines longueurs sources de langueur du lecteur; Certains passages, notamment au début, comportent des descriptions lourdes et un enchaînement quelque peu poussif qui ralentissent le rythme du récit. Dans le même sens, bien qu'il s'agisse d'un premier tome d'exposition de la situation des 7 royaumes dans un cycle qui en comportera 7, le début de l'intrigue est relativement lent et morne à mon sens. Le lecteur doit attendre près de 80 pages pour voir l''histoire prendre son essor et intégrer plus de liant. Le contraste est d'autant plus fort avec le début car le lecteur est brusquement plongé d'un récit linéaire de chasse à l'homme à une intrigue beaucoup plus vaste et ancienne dans un contexte agité de chasses aux sorcières avec une situation géopolitique explosive. Le procédé peut paraître brutal car on a un peu de mal à se situer, mais il est efficace et incite le lecteur à se plonger dans le sang des 7 rois. L'intrigue prend ainsi de l'ampleur en se référant à des évènements millénaires mystérieux et en mettant en avant la Garde, organisation secrète aux motivations et aux pouvoirs obscurs qui modifie drastiquement la donne de départ. L'évènement initial du vicomté de Hauteterre, à savoir l'enlèvement mystérieux de deux enfants, constitue la première pierre jetée du haut d'une falaise qui, en tombant, entraîne une multitude d'autres évènements qui formeront une avalanche. En parallèle la poursuite des ravisseurs d'enfant emmenée par le personnage principal, le sergent d'Orville prend une toute autre signification alors que la magie se fait de plus en plus présente. Cette montée en pression finement amenée tout en maintenant le lecteur dans l'ignorance des tenants et aboutissants constitue une vraie réussite de Regis Godyn qui parvient à nous surprendre et à nous intéresser tout en démontrant qu'il maîtrise parfaitement son sujet. L'auteur ne manque pas de trouvailles intéressantes et le récit fourmille de bonnes idées à l'instar des actions hautes en couleur d'Orville sur l'île du Goulet ou du système complexe de contrôle ou d'éradication du sang bleu selon les cas. :)J'ai aussi été marqué par les personnages principaux, certes encore peu nombreux mais qui bénéficient d'une réelle originalité, d'une dimension humaine qui les rend plus proches du lecteur tout en alimentant l'histoire. L'apparition tardive de Flora et de ses étranges pouvoirs apporte ainsi une touche de candeur dans un monde sombre où le cynisme d'un Lothar et le pragmatisme désabusé d'un Orville sont la règle. L'intervention de ce personnage féminin, alors que les femmes ont encore très rares dans ce livre, constitue une excellente trouvaille de l'auteur qui apporte de nouveaux questionnements pour les tomes suivants. Je serai curieux de voir par quels biais non dilatoires Regis Goddyn va pouvoir tenir un rythme élevé et une histoire cohérente sur 7 tomes; l'exercice n'est pas facile. Force est de constater cependant qu'après un début un peu difficile ce premier tome se révèle plein de promesses et réussit l'exploit pour un premier roman publié de se situer dans les très bonnes surprises françaises de cette année. La high fantasy n'est pas la spécialité des auteurs français, et les amateurs du genre, dont je fais partie, ne peuvent qu'être ravis de découvrir un nouveau cycle ambitieux dans cette branche de la fantasy. Rendez-vous à l'automne 2013 pour la suite!!
