J'ai enfin pu lire la chronique de Gillossen. ( Ouaip, pour les romans où je suis certain de m'y plonger, je ne lis rien : ni chronique, ni 4ème de couverture, ni interview . J'ai peur pour mon indépendance d'esprit

). Je l'ai trouvé très juste. Je plussoie pour le « pur jus Niogret ». Si on a détesté ces autres romans (ce n'est pas mon cas), il vaut peut-être mieux passer son chemin pour celui-ci.J'ai adoré « Mordred » ! Probablement, parce que ça rentre en résonnance avec mon propre vécu de petit garçon, caché quelque part dans les tréfonds de ma caboche. Il est vrai que le récit paraîtra peut-être un peu artificiel pour certains. Cela ressemble plus à une tragédie lyrique qu'à un récit épique. Du coup, si on n'adhère pas, j'imagine que le style paraît un peu emprunté. Mais pas pour moi, ça m'a touché à 100%. C'est une histoire qui parle du passage à l'âge adulte et du souvenir de l'enfance à jamais vivant, mais à jamais mort. Cela m'a rappelé une phrase de Pagnol «
Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins.
Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. ». Ce qui est aussi génial, c'est son utilisation du cycle arthurien. Justine tait beaucoup de choses, elle ne dit jamais rien explicitement, platement. Elle ne choisit pas une seule version de la légende. Elle garde un flou. Du coup, le lecteur peut interpréter comme il le désire. Même la relation entre Arthur et Mordred n'est jamais étiquetée.
Zaebas a écrit :un récit intimiste où il ne se passe pas grand chose.
Tout à fait ! Mais ce n'est pas pour autant que cela ne s'apprécie pas. Ce n'est pas une histoire bourrée de retournements de situations. En effet, je crois qu'il faut savoir où on met les pieds. Mais le roman est beaucoup plus accessible qu'un « Gueule de truie ». L'intrigue présente, malgré tout, quelques attentes/mystères. Mais c'est clair que ce n'est pas cela qui envoute dans le roman.
Zaebas a écrit :On sonde les tréfonds de l'âme de Mordred, mais sans s'y attacher et encore moins s'y identifier.
Il y a quelque chose de distant chez Mordred, c'est vrai. Dans le sens qu'il réagit à sa façon : silence, parfois violence. Mais, je trouve qu'il incarne parfaitement les émotions que l'on est tous amenés à ressentir face à la vie. Un silence certes, mais comme une violence sourde. Un cri silencieux. :pUne petite phrase toute simple du roman :
« Il s'était endormi comme des années auparavant, lorsque fermer les yeux était encore gourmandise, que se noyer dans la nuit ne pouvait qu'être voyage tendre vers le lendemain. »