Foradan a écrit :Tolkien est un auteur, aussi unique que le sont tous les autres, la variable, c'est le lecteur. S'il est "paresseux" (je reprends l'expression de Witch, et je la partage), s'il veut du vite lu vite digéré, s'il veut de l'epicness à chaque page et une guerre mondiale par chapitre, il y a simplement certains auteurs et certains livres qui ne sont pas pour lui.Certains auteurs et livres se dévoilent davantage avec des lecteurs curieux et exigeants, parfois, c'est simplement le format (VO, VF1/VF2) qui conditionne le parcours du lecteur, avec une impression de texte "compliqué à lire" (j'ai pas de vrai souvenir de Proust, mais je vois l'idée qui gênait Akallabeth).
Hum, pas vraiment d'accord avec cette partie. C'est ce genre de développement qui tend à mon sens à braquer nombre de personnes. On peut lire ce passage comme un "Tolkien, c'est pas donné à tout le monde d'y accéder. Ça exige un certain effort. Et si tu n'accroches pas, ben c'est que t'as pas le niveau coco." Pour te lire depuis longtemps Foradan, je sais très bien que ce n'est pas ce que tu exprimes hein, juste la manière dont je pense que ça peut être lu. Avec la Horde par exemple, on est pour moi clairement dans cet excès. Une vision élitiste de l'oeuvre qui vient flatter l'ego du lecteur qui se sent appartenir à une petite élite autoproclamée.Alors qu'au fond non, Tolkien, ça se lit comme du petit lait. Ça n'est pas franchement un ouvrage prise de tête. Belle du seigneur d'Albert Cohen, ça c'est prise de tête (je crois que j'ai décroché au bout de cinq pages, soit grosso merdo à la fin de la troisième phrase

).Quand je demande à mes proches qui n'ont pas accroché à la lecture du SDA ce qui les avait fait arrêter, le plus souvent revient un "trop de descriptions qui plombent le style". Et pour le coup, le format ne changera rien à la critique formulée.Sinon, sur l'approche critique d'un ouvrage, objet du podcast. Pour dire objectivement, c'est nul, il faut impérativement des arguments. Une personne qui dira "ben j'aime pas, jtrouve ça nul, ça ne me parle pas", on ne lui dira rien (encore que si, les afficionados ne tolèrent aucune critique). Elle exprime un ressenti. C'est sa liberté. Celui qui dit uniquement "c'est de la merde", il se prendra une volée de bois vert car alors, ceux qui auront aimé prendront la sentence pour une attaque personnelle. Car si untel juge tel livre nul, il assimile in fine les lecteurs à cette même nullité. Un mauvais livre pour de mauvais lecteurs en quelque sorte. C'est pour cela qu'il est préférable de respecter les formes en usant des "je trouve, je pense, j'estime, à mon sens, à mon avis, etc." (oui je sais, j'ai encore du boulot à ce niveau là, mais je me soigne

)Sur le plan de la maturité, je suis assez dubitatif. Autant je peux comprendre qu'on puisse ne pas aimer une histoire dont on lit la énième formulation, autant il me paraît généralement difficile de dire par exemple, c'est nul où y'a bien mieux (même si je le fais allègrement) car souvent ce "y'a bien mieux" correspondra au premier ouvrage avec ce type d'histoire qu'on aura apprécié. Forcément, les suivantes risquent d'apparaître fades si on s'est lassé du style. La première lecture d'un type devient le maître étalon, l'idéal-type qui permet de juger les autres oeuvres du même genre. Et ainsi, chacun aura son maître étalon qui sera forcément meilleur que celui du voisin pour mesurer la qualité d'un ouvrage.Car in fine, je pense que bien souvent, il serait bien d'avoir plusieurs critiques simultanées d'un même ouvrage (non pas celles qui viennent à la suite de la première formulée) chacune avec une approche différente. Car un même ouvrage pourrait être apprécié très différemment selon les attentes des lecteurs.