Hop, déterrage de post passque je viens de finir le Graal de Fer !! ;)Alors déjà, il faut dire que je suis une fan de ce que Holdstock avait fait pour la
Forêt des Mythimages et j'ai été aboslument râvie de voir qu'il avait repris dans son récit toute une partie des choses qui m'avaient fascinée : le mystère des mythes, le mélange du rêve/croyance et de la réalité, son saupoudrage de magie dans un monde sauvage et sans âge, l'absence de notions manichéennes de Bien et de Mal, des frontières floues, des motivations qui le sont encore plus... L'aspect cruel des choses qui doivent être, les jeux d'énigmes, de pistes, de signes dont le sens nous échappent et qui pourtant créent la dynamique de l'histoire.J'ai la chance de ne pas me bloquer quand des symboles m'échappent, je me laisse emporter par le fil du récit et sa beauté (comme dans le
Voyage de Chihiro par exemple). Au contraite, j'aime ce qui est obscur et qui semble à la lisière de la compréhension instinctive, sans pour autant qu'on soit capable de l'exprimer, de l'expliquer en langage clair. (Je repensais aux reproches de Jason ou d'Urtha sur la manière "enigmatique" ou "menteuse" dont parle Merlin ou d'autres personnages "éclairés" : en fait, peut-être, il n'y a pas d'autres moyens de le faire car les implications, les chemins sont tortueux et complexes et ne peuvent être dits simplement. Tout comme le nom des choses, dans certaines croyances, donne un pouvoir à ceux qui les connaissent et les nomment, quand nous sommes dans l'univers des possibles et des lois du monde, y donner des noms, des mots, cela reviendrait à les figer, les confiner dans des cases qui ne comprendraient pas toute l'ampleur de leur puissance ou de leur sens. Houlala je m'enflamme !

)Bref, j'ai donc beaucoup aimé le Codex de Merlin pour son ambiance mystérieuse et sombre, et surtout pour cette visite tout à fait originale des vieux mythes européens qui se croisent et se séparent. La vision de Merlin est particulièrement intéressante et au contraire, son indécision, sa vision à la fois immense et partielle du monde sont tout à fait fascinantes. On ne peut pas à la fois voir loin et tout près. Pourtant c'est ce que Merlin passe son temps à faire, c'est de là que viennent ses hésitations et ses surprises... On a beau être un puissant enchanteur, peut-être même un reliquat de divinité ancienne, inscrit dans l'ordre du monde, on n'en devient pas pour autant omniscient et omnipotent. Cette "jeunesse" de Merlin (même s'il est déjà vieux !

) , cette interprétation de sa magie, colle tout à fait à l'image étrange et obscure que j'en avais. Et encore une fois, cette maestria de Holdstock à rassembler les mythes autour de grands thèmes, cela donne un corps phénoménal à ces 2 romans. (Ca me rappelle un peu, peut-être juste car la lecture est récente, les différents visages des
seidos, les saints, du
Royaume d'Epine et d'Os : plusieurs noms, plusieurs attributs pour une même puissance.)Sur la différence entre les 2 tomes, c'est peut-être juste que le 1er est plus épique (+ de combats + de gens impliqués) alors que le 2me est plus intimes, plus étranges et mystiques... Mais je n'ai pas vraiment senti de baisse de régime ! ;)Enfin voilà, j'aime vraiment beaucoup ce que fait cet auteur et l'ambiance qu'il réussit à mettre en place. (Et pourtant, en lisant le résumé de
Celtika, je vous avoue que je me suis esclaffée : la rencontre entre Merlin et Jason, ça me faisait un peu l'effet d'Alien vs Predator

)Ceci dit, c'est comme tout, j'imagine que s'il continue à produire dans ce domaine, peut-être que je finirais par me lasser du genre... Mais pour le moment, une fois la lecture finie, je me sens encore avide de ces rencontres qui semblent être réservées à un cercle d'initiés au grands mystères !

(Ha et pour le coup, à la fin du tome 2, je ne sens pas du tout le besoin de lire une éventuelle suite : ceci était l'histoire de la recherche des fils de Jason et la mise en place du futur de Merlin et c'est chose faite à la fin

Et je ne spoile pas, c'est écrit sur le dos du bouquin

)