On pourrait continuer à l'infini et je pourrais te répondre que tes codes t'ont freiné jusqu'à la 400ème page avant de rejoindre ta lecture. Ou que tu as mis 400 pages pour apprendre les codes d'Erikson. Il y aurait moyen de tenir cette position

La lecture par codes est une grille de lecture qu'il m'a semblé intéressant de proposer ici. Comme toute grille de lecture, elle a ses zones d'ombres et ses points aveugles. Mais c'est un outil intéressant, je pense, qu'il était surtout utile de mettre en évidence ici pour expliquer la vision des œuvres comme "complexes" ou non. Elle s'adapte à plein de choses, et, surtout, peut être utilisée pour affiner sa perception des ventes, des succès, des faveurs du public, des habitudes de lecture,... Elle permet d'envisager autrement la dichotomie simplicité/complexité et évacue les problèmes de valeurs esthétiques (entre autres, le problème assez désagréable de la supériorité ou infériorité supposée, consciemment ou non, d'un des types de lecture sur l'autre).Bref, ce n'est qu'un outil, j'espère juste qu'il permet de voir ce débat (passionnant), d'un autre œil, avec une nouvelle perspective.L'autre point que je voudrais aborder (sans parler de codes cette fois-ci, promis) est qui est un des lièvres soulevés dans les dernières réponses, c'est celui des classiques.Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les classiques sont lus par des jeunes. La plupart des enquêtes montrent que, parmi les auteurs les plus aimés par les jeunes lecteurs (16-25 ans), figurent des noms comme Jules Verne, Dumas ou Maupassant. Peut-être est-ce parce qu'ils leur parlent toujours aujourd'hui, peut-être parce qu'ils les ont lu dans le cadre de leur programme scolaire, peut-être par hasard...Un autre point à soulever concernant les classiques, c'est un glissement de perception : autrefois, on considérait généralement UNE œuvre d'UN auteur particulier comme UN classique. De nos jours, c'est L'ENSEMBLE d'une œuvre d'un auteur qui est considérée comme classique. Les rééditions généralisées des œuvres des dits auteurs par les éditeurs contemporains et financièrement accessibles (les catalogues de Folio Classique ou de Libretto en sont une preuve vivante) ont, me semble-t-il, changé cette perception. Ce qui fait qu'en réalité, on est dans une situation paradoxale où les grands auteurs classiques n'ont jamais autant été lus, chiffres de vente à l'appui, et où les classiques eux-mêmes (je veux dire les livres classiques, les grandes œuvres dont on nous a rebattu les oreilles) sont moins lus, un décalage d'intérêt se produisant et les gens devenant plus intéressés par les œuvres moins connues des auteurs classiques.Dernier point sur ce sujet : la perception du "classique" change avec le temps qui passe. Hemingway, Kawabata ou Tolkien sont désormais perçus comme classiques, alors qu'ils étaient des auteurs contemporains ou avant-gardistes il y a 50 ans. Certains auteurs rentrent donc dans cette catégorie avec le temps (50 à 100 ans), d'autres en disparaissent. Qui fait encore aujourd'hui grand cas d'écrivains comme Frédéric Mistral ou Roger Martin du Gard, considérés comme des classiques incontournables quand moi j'étais étudiant, dans les années 80 ?