Un brin de controverse donc. Ce n'est pas une mauvaise chose d'autant plus que l'esprit de Noël régnant tout sera dit avec un grand sourire et beaucoup de bienveillance.

. Controverse n'est pas polémique et il me semble assez évident que nous ne réussirons pas à nous convaincre mutuellement mais nous pouvons en discuter avec plaisir et courtoisie

Mais trève de prolégomènes.

(je sens que ce message va être trèèèèèèès long !)
@ Pumila tout d'abord (à tout seigneur ...

) : je ne me sens pas l'âme d'une critique parce que justement j'ai le sentiment que tout ce que je dis (ou en l'occurrence écrit) ne se rapporte
qu'à mon ressenti personnel et non pas un sentiment universel provoqué par telle ou telle œuvre. Si j'ai donné une autre impression, c'est sans doute parce que je me suis exprimée rapidement et sans chercher particulièrement à faire de nuances. Je ne parlais
que pour moi et par rapport à ce que ce tome m'a inspiré
à moi Je me trouve souvent bien trop "me, myself and I" (si, si je connais mes défauts) et me voir dire que mon opinion n'est pas assez personnelle

c'est assez surprenant. Mais admettons, alors je vais personnaliser.

Tout d'abord je rappelle que je n'ai lu
que le premier tome et qu'il est donc inutile de me parler de la qualité de la saga en elle-même. Je pense qu'un premier tome se doit de donner envie de lire la suite et si ce n'est pas le cas, pas forcément évident de convaincre que ... "c'est mieux après"A propos de l'écriture de Hobb, j'ai indiqué que j'en appréciais la grande qualité parce que le style est riche, l'écriture est soignée et la langue riche et agréable. Donc sur ce point nous sommes d'accord. Tu y rajoutes
la très grande qualité des ses descriptions des attitudes et psychologie des personnages, une très grande facilité à décortiquer les sentiments "ordinaires"
Et bien cette qualité a du m'échapper ou Hobb a du forcer sur l'ordinaire (hips !), parce que pour ma part, en dehors de Verity dont j'ai pu apercevoir, sur la fin, le potentiel charismatique, et de Kettricken dont j'ai envie de connaitre l'avenir (parce qu'il parait mal barré) je n'ai pas vibré pour les personnages. J'ai été triste pour eux mais je n'ai pas vibré (pas de peur, pas d'anticipation). En y réfléchissant et en lisant la critique de Gillo, je me dis que c'est sans doute là que le bas blesse POUR MOI : nous découvrons tout
à travers les yeux de Fitz et il m'a semblé être particulièrement détaché des choses. Ou alors ce n'est pas un narrateur impliqué parce qu'il raconte ça trop longtemps après, je ne sais pas. Mais en tout cas, il n'a pas réussi à me faire sentir son attachement à ce qui l'entoure.
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quand il pense avoir perdu Nosy, quand il perd Smithy, quand Burrich l'ignore
à chaque fois je ne ressens pas sa peine tout comme je n'ai pas réussi à sentir la force de ses attachements. Elle m'a été décrite cette force mais désolée, je ne l'ai pas ressentie. Il est souvent dit que son jeune age excuse nombre de ses maladresses et pour ma part, ce n'est même pas cela que je lui reproche, je suis une lectrice indulgente avec les héros adolescents et je n'attends pas d'eux qu'ils soient parfaits ou qu'ils aient des réactions d'adultes aguerris à 13 ans (ça m'énerve d'ailleurs que ce reproche soit souvent fait aux les personnages qui ont un parcours initiatique en fantasy, comme si bon nombre des lecteurs avaient oublié combien c'est compliqué l'adolescence !! Autre débat

) Et bien justement j'aurais aimé que son ton soit aussi vif et animé que celui d'un ado, qu'il s'emballe, qu'il soit bouillonnant même si seulement de l'intérieur puisqu'il semble clair que c'est un introverti (j'ai pas dit inverti hein

) Mais en tout cas que le souvenir qu'il évoque soit ... passionné et passionnant. Comme je l'ai dit j'ai pensé à Foveau ( ou parfois au rythme du film l'Amant tellement moins appréciable que le bouquin parce qu'orienté uniquement sur l'initiation sexuelle) Oui voilà pour moi ce qui m'a manqué, c'est un souffle, un rythme, une tension qui permettrait de haleter avec lui quand
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il revient vers Burrich et Smithy à l'agonie
Bref ce que tu as ressenti pour Fitz avec et grâce au style de Hobb, cela correspond à ce que moi j'ai ressenti pour Phèdre avec le style de Carey : dans les deux cas pour moi pas de possibilité d'identification au personnage central et narrateur (je n'ai pas les inclinations d'une anguissette

) mais j'ai senti
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la texture des robes, les peines et les angoisses et aussi les ressentis des autres personnages. Joscelin, Hyacinthe, Anafiel et Alcuin ce qu'ils leur arrivent m'a touché
Ce que tu nommes "effets de manche grandiloquents" chez Carey tient plus pour moi d'un aspect romanesque (feuilletonnant si on veut être un peu péjoratif) mais au moins elle a réussi à m'embarquer bien avant la page 250 (et je parle de la VO, j'ai du coup beaucoup d'admiration pour les lecteurs en VF) En effet tu as sans doute raison, je suis passée à côté de quelque chose puisque je "sais" que j'aurais du m'attacher à Burrich, que j'aurais du être attendrie par
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la maladresse et la souffrance de Patience
mais bizarrement quand je n'accroche pas, ce n'est pas à moi que je le reproche mais à l'auteur

(oui je sais c'est facile) Pour ce qui est des comparaisons tu dis
Torak est quand même beaucoup plus basique, moins complexe et plus formaté qu'un Fitz. Quant à Lyra, l'approche est différente, mais là encore, pas du tout d'attachement particulier, ni de plaisir particulier à faire sa connaissance.
Effectivement Torak est assez basique mais le récit de Paver m'a donné
envie de savoir comment il allait s'en sortir, ce qui allait se passer. Et alors Lyra !!! pas de plaisir particulier pour toi

! Je te confirme nos goûts sont très différents

moi avec un plaisir enfantin j'ai carrément
désiré être cette petite fille, avoir un daemon et être pote avec un ours.Il est d'ailleurs fort probable que je lise
quand même au moins le 2ème tome de Hobb ne serait ce que pour savoir
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ce que c'est que cette histoire de loup
Pour l'alignement sur Feist, Eddings, j'ai simplement le sentiment qu'il y a beaucoup de styles possibles pour divertir le lecteur de fantasy et que la version "légère" de ces deux là me semblait avoir autant de légitimité que celle plus "intimiste"
à mon sens de Hobb. Et j'ai le sentiment (mais je peux me tromper et cela ne concerne sans doute pas trop les Elbakiniens) que la côte de Hobb dans le lectorat fantasy français est plus élevée que celle de Jordan et cela me semble déséquilibré. Mais cela ne veut pas dire que l'un est mieux que l'autre, pas de classement de ce genre dans mon esprit. Le petit côté Hobbmania (Robiiiiiiiin

) me fait sourire mais étant moi même assez "midinette" dans mon p'tit coeur, je ne condamne pas, ni ne méprise.
@ Belgarion : désolée je ne savais pas qu'il y avait déchainement sur Fitz et je n'ai pas cherché à participer à la curée, juste j'en parle parce que je viens de finir le bouquin
J'irai même plus loin, c'est un triat de caractère voulu par l'auteur de faire souffrir son héros et de ne pas elle-même le faire s'impliquer lui-même dans son destin. Elle semble apprécier de le voir balloté de malheur en malheur et de ne rien faire pour réagir efficacement. Ce sadomasochisme à l'égard de son personnage principal est quintuplé dans son nouveau cycle du soldat chamane qui est beaucoup plus lent dans la narration, mais où le héros est encore plus mou que Fitz si cela est possible. Ce défaut à lui seul peut ne pas faire accrocher à l'oeuvre et ça je le comprend.
Peut-être que le décorticage des sentiments ne me suffit pas. Je pourrais presque dire qu'il a un petit côté flaubertien, ce Fitz : on me décrit clairement et dans le détail ce qu'il lui arrive et ce qu'il ressent mais y'a pas, je n'arrive pas à m'attacher à lui, tout comme je n'ai jamais eu d'empathie pour Mme Bovary. Cela n'empêche que cela soit considéré comme un grand roman par beaucoup, je n'y trouve pas personnellement ce que je viens chercher en littérature et il en a été de même avec Assassin's apprentice. Comme dit quelqu'un (désolée je cherche pas qui

) tous les goûts sont dans la nature. Tu sembles dire que Hobb maltraite son héros, là encore c'est sans doute vrai mais tout est lissé, poli, bien propret. Toi qui as fini Carey (j'y reviens désolée) voilà pour moi une héroïne traitée sans retenue par son auteur (et par les autres

) mais y'a du feu dans tout ça !! Je ne demande pas à Fitz d'être aussi dans le "charnel" que Phèdre mais bon sang même quand
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il est malade, qu'il est malmené par Galen, qu'il est empoisonné par Kettricken
je ne
vis pas ce qu'il vit. Trop de distance tue pour moi la possibilité d'empathie. Et non je n'ai pas eu envie de frapper Regal parce que je n'ai pas réussi à sentir à quel point Fitz pouvait lui avoir envie de le frapper. Pour résumer, le récit "autobiographique" à la Fitz ne fonctionne pas avec moi, c'est tout. Et comme je le disais c'est pas bien grave hein,

je sens que vous êtes nombreux pour apprécier et tant mieux si chaque auteur trouve son public. Bon maintenant faut que j'en discute avec une personne qui m'est proche et qui m'a mis entre les mains mes premiers bouquins parce que je sais qu'elle aussi a adoré la saga hobbesque (comme la pomme tombe parfois loin du pommier

)
Edit au Troubadour
je viens de découvrir ton message alors que j'envoyais mon roman : Fitz c'est même pas qu'y m'énerve, c'est juste qu'il m'indiffère un peu, alors que tout le monde sait que je ne suis absolument pas indifférente à
Daniel Craig James Bond
