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Corum
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Elric
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Re-bonjour à tous !

Guigz a écrit :Merci pour ces résumés !

Je n'ai jamais lu aucun Moorcock et je me demandais justement si ça n'était pas trop tard pour moi étant donné mon parcours de lecture déjà installé. J'ai effectivement un peu peur du côté "daté" de l'écriture, mais ce n'est qu'une supposition de ma part.

Merci à toi !

Eloniel a écrit :Je suis dans le même cas que Guigzs j'ai peur d'un style d'écriture daté, manichéen et trop Sword and Sorcery (J'entends par la un style trop porte monstre Trésor). J'en ai déjà lu avec Conan et John Carter de Mars (oui je les ai tous lu...) même si ils ont chacun leur originalité. Mais j'ai peur que là ça arrive vraiment trop tard.

Alors je pense que le manichéisme n'est pas trop un problème de Moorcock. Si je ne dis pas de bêtise, à la base, les histoires d'Elric et compagnie portait sur un combat ordre/chaos justement pour sortir de la lutte bien/mal habituelle (notamment chez Tolkien). Ceci dit, c'est un peu dur de généraliser une critique sur l'ensemble de son œuvre, (par exemple, le premier cycle d'Hawkmoon tombe complètement dans un conflit des janti contre les maichanpabô) puisque certains livres ont été écrits pour des raisons purement alimentaire, d'autre avec un objectif littéraire affiché, et souvent c'est quelque part entre les deux, et régulièrement expérimental, et au final la qualité peut pas mal varier. Le coté foutraque de lire toute sa bibliographie comme un truc cohérent me plait, mais c'est normal que ça en rebute certains.

Le diptyque Von Bek, "Le Chien de guerre et la douleur du monde"/La cité des étoiles d'automne" sera ma prochaine lecture moorcockienne, donc je ne peut pas donner d'avis perso, mais de toute la biblio du bonhomme, ça revient souvent comme parmi ses plus belles réussite, et c'est visiblement validé par le taulier !

Sinon, difficile de ne pas vous conseiller le cycle d'Elric, dispo en omnibus (et souvent en bibli), qui d'une part est un classique de la fantasy, et d'autre part a été écrit entre 1961 et 1991, donc touche à plein de période de la carrière de l'écrivain. (je n'ait pas tout lu ceci dit, et mes lectures remontent) (si vous lisez le cycle, je vous conseille fortement l'ordre de parution, et non l'ordre chronologique interne)

Après, si tu veux plus de John Carter, Eloniel, le cycle du guerrier de Mars en est un... hommage appuyé (pas lu, donc je ne sais pas ce que ça vaut).

Évidemment, ne vous forcez pas à lire si ça ne vous intéresse pas ! La lecture doit avant tout être un plaisir :)

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Moorcock Bédéaste

Aujourd'hui, changement de médium ! En effet, si MM est surtout connu comme écrivain, ce n'est pas la seule corde à son arc : il est aussi un musicien reconnu. De plus, l'univers de la musique s'est parfois inspiré de son univers, comme le groupe Hawkwind avec son album The Chronicle of the Black Sword. Maaaaaaais... je n'y connait absolument rien en musique ! Donc je pose ça là, mais ne pourrai malheureusement pas en dire plus.

En revanche, j'ai toujours été un très grand lecteur de bande dessinées. Par chance, Moorcock a produit au cours de sa longue carrière un nombre (certes restreint) de BD, en tant que scénariste. D'ailleurs, un de ses premiers boulots a été de scénariser des comics pulps de cowboys. Bon, tout a été perdu et je doute de leur valeur littéraire, donc je ne parlerai pas de ces premières œuvres alimentaires.

Puisque l'université à repris, c'est fini les cycles de 800 pages lus en une semaine, mais on trouve toujours le temps pour une bonne bédé. Ainsi, je vais étendre mes "critique" à l'œuvre séquentielle de MM. Notez bien cependant, je ne parlerai a priori que des bédés pour lesquelles il a participé activement, et pas celles qui adaptent simplement ses romans ou s’inspirent de ses personnages. Si mon compte est bon, il a en tout scénarisé :

-The Adventures of Jerry Cornelius: The English Assassin, coscénarisé par M. John Harrison, et dessiné par Mal Dean et R. Glyn Jones, en 1969-70 dans International Times

-Elric: The Return to Melniboné avec Phillipe Druillet, qui est un bordel de publication où tout le monde accuse tout le monde de plagiat

-Conan the Barbarian #14-15 : A Sword Called Stormbringer / The Green Empress of Melniboné, dessiné par Barry Windsor-Smith et écrit par Roy Thomas d'après un synopsis de Michael Moorcock et James Cawthorn, en 1972

-Michael Moorcock's Multiverse, illustré par Walter Simonson, Mark Reeve et John Ridgway, en 1997-98

-Elric: The Making of a Sorcerer, dessiné par Walter Simonson entre 2004 et 2006

-Tom Strong #31-32 : The Black Blade of the Barbary Coast, dessiné par Jerry Ordway

-The Swords of Heaven, The Flowers of Hell, avec Howard Chaykin, sorti en 1979

-Blitz Kid, dessiné par Walter Simonson et paru en 2002 dans l'anthologie 9/11: The World's Finest Comic Book Writers and Artists Tell Stories To Remember (qui ne semble pas avoir de lien avec son œuvre fantasy)


Voilà, je pense ne pas en oublier. À plus ;)

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Crevure a écrit :Moorcock Bédéaste

Aujourd'hui, changement de médium ! En effet, si MM est surtout connu comme écrivain, ce n'est pas la seule corde à son arc : il est aussi un musicien reconnu. De plus, l'univers de la musique s'est parfois inspiré de son univers, comme le groupe Hawkwind avec son album The Chronicle of the Black Sword. Maaaaaaais... je n'y connait absolument rien en musique ! Donc je pose ça là, mais ne pourrai malheureusement pas en dire plus.

[...]

Voilà, je pense ne pas en oublier. À plus ;)

Quelques précisions supplémentaires dansce très bon article de Sylvadoc et Glaurung

Sur Hawkwind & Moorcock, les deux avaient déjà collaborés ensemble 10 ans avant avec Warrior on the edge of time. L'auteur est d'ailleurs monté sur scène avec le groupe à au moins deux reprises. Et c'était un peu plus qu'une inspiration, puisque sur Warrior..., il est crédité comme co-compositeur de 4 morceaux sur 11.
C'est le dernier album avec un certain Lemmy Kilmister à la basse, qui allait fonder peu de temps après Motörhead.

Hawkwind était un groupe... étrange, même pour les 70's, un genre de hard rock psychédélique, avec un saxophone, de la flûte, des danseuses sur scènes parfois aussi habillées que Flea à la fin des concerts des Red Hot... Warrior n'est pas un des sommets du groupe, mais reste un album intéressant.
Pour les curieux, quelques morceaux (versions tout public, je laisse les curieux chercher les vidéos live PG-13.:sifflote:):
- mon préféré, Urban guerilla, sur Doremi Fasol Lasido, avec une excellente section rytmique et ce sax dissonant, qui m'évoque un peu les Stooges 70's
- en live, ça pouvait ressembler à ça (Silver Machine), chanté par Lemmy.
- plus posé, Hurry on Sundown

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Merci de tes précisions, John Doe ! et ce petit article était intéressant !
C'est rassurant de savoir qu'on trouvera pour chaque sujet obscur quelqu'un qui s'y connaitra plus que nous.

Bon je dois bien confesser que j'ai du mal avec les musiques que tu propose... :sifflote: (après, ma culture musicale est très limité)

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Crevure a écrit :Merci de tes précisions, John Doe ! et ce petit article était intéressant !
C'est rassurant de savoir qu'on trouvera pour chaque sujet obscur quelqu'un qui s'y connaitra plus que nous.

Bon je dois bien confesser que j'ai du mal avec les musiques que tu propose... :sifflote: (après, ma culture musicale est très limité)

C'est très loin d'être mon groupe préféré de cette époque, mais j'aime bien quand même leurs premiers albums - plus pour l'ambiance que pour les morceaux en eux-mêmes (pour tout dire, à part les deux premiers liens, j'ai dû faire une petite recherche pour me rappeler des titres).

Pour en terminer avec cette parenthèse musicale, Moorcock a également travaillé avec le Blue Oyster Cult (le culte de l'huitre bleue dans la langue de Molière) au début des 80's avec Black Blade (titre melnibonéen au possible) et Veteran of the Psychic Wars, qui figurait sur le film d'animation Metal Hurlant.
Très bon groupe, avec un fameux duo de guitaristes. Les deux morceaux avec Moorcock sont dans une période de déclin du groupe, mais leurs premiers albums, et notamment Secret Treaties (Top 20 des 70's pour moi). on leur doit également Don't fear the reaper, qui a été utilisé en intro de l'adaptation 90's en mini séries du Fléau de Stephen King.:groupe:

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Conan the Barbarian #14-15 : A Sword Called Stormbringer / The Green Empress of Melniboné


Lu en Anglais, en ligne. La VF est sans aucun doute disponible dans les intégrales trouvables dans le commerce.

Les numéros 14 et 15 (mars et mai 1972) de la bédé Conan éditée par Marvel, scénarisée par Roy Thomas, dessinée par Barry Windsor-Smith et basée, bien sûr, sur le personnage créé par Robert E. Howard, ont été pitchés, à la demande de Roy Thomas, par Michael Moorcock et James Cawthorn. C'est un cross-over entre Conan et, comme le nom l'indique, Elric de Melniboné. (du point de vue d'Elric, l'histoire se passe quelque temps avant La cité qui rêve, mais je doute que qui que ce soit s'en soucie, la chronologie de ses histoire est bien chaotique)

Conan est envoyé par un sorcier trouver la cité de Yagala, venue d'un autre univers, ville-tombeau de Terhali, la Verte Impératrice de Melniboné. Bien qu'il l'ignore, il se trouve parti prenante d'un conflit qui opposera, évidemment, les forces de la Loi et du Chaos. Il sera rejoint dans sa quête par Elric le sorcier, venu dans le monde Hyborien pour retrouver lui aussi Yagala. Ensemble, ils devront faire face aux envoyés de Xiombarg, "Reine des Épées du Chaos", qui a juré de conquérir, ou alors de détruire, et Hyboria et Melniboné.

C'est... pas ouf, sans être nul non plus (à condition de remettre en contexte, sinon le poids des décennies se fait bien sentir). Vous noterez que Conan m'intéresse peu, je me pencherai surtout sur ce qui concerne Elric.

Ce dernier n'est pas vraiment à sa place ici. Les histoires de Conan manque un peu de subtilité pour Elric, qui y est bien plus héroïque qu'à l'accoutumée. De même, la mythologie de Moorcock s'adapte assez mal à l'âge hyborien : la plupart de ses dieux sont rangé dans le bien ou le mal, et perdent complêtement les dimensions plus pseudo-philosophique qu'ils pouvaient avoir.

On notera également le grand classique des cross-over, à savoir que les deux héros, en se rencontrant l'un l'autre, se mette immédiatement sur la gueule, puis après quelques pages (pendant lesquelles ils s'averera qu'il sont de force égale, pour contenter les fans), décide de parler, se rendent compte qu'il n'ont pas réellement de raison de se maraver, et joignent leur force. Ce n'est pas forcement horrible, mais ça met en exergue le coté convenu du truc.

D'autre part, la bédé est bourrée de faute, pour qui connait un minimum son Elric. Par exemple, son monde est nommé.. Melniboné, alors que non, ce n'est jamais qu'un pays. À un moment, Elric proclame que Melniboné "ne sert qu'Arioch du CHaos".. mais pas du tout. C'est assez bizarre.

Enfin, bien que le dessin soit assez agréable (mais vieillot), Windsor-Smith a basé son design d'Elric sur l'illustration de couverture d'un des roman par Jack Gaughan, avec un chapeau tout pointu parfaitement ridicule, ainsi qu'un choix de couleurs... particulier. (tapez "jack gaughan elric" sur google image) Résultat : le sombre empereur de Melniboné passe son temps déguiser en elfe du Père Noël.


Au final, une incursion plutôt raté pour Elric dans le monde la bande dessinée.

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Merci encore ! Don't fear the reaper est assez sympa, j’essaierai de me pencher un peu sur Blue Oyster Cult à l'occasion.

Sinon, tu connait un peu la carrière solo de Moorcock, hors collab ? Je doute qu'il ait eu de grand hit, mais il a fait des trucs écoutables, ou en tout cas que tu as déjà croisé ?

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J’aurai presque mis un an avant de m’y remettre, après la lecture franchement pénible de La Revanche de la Rose (qui reste pour moi le pire tome du cycle), mais j’ai enfin terminé le cycle d’Elric !

En définitive, je suis content d’avoir persévéré, car sur les trois derniers tomes du cycle, deux d’entre eux m’ont permis de retrouver ce que j’aime dans Elric.

Dans l’Épée Noire, on retrouve des histoires d’Elric sans bout de gras, dans la suite logique et stylistique de celles d’Elric le nécromancien. Le dosage entre la fantasy pulp et les thématiques développées par Moorcok trouve un bon point d’équilibre. Et enfin, les lignes bougent, le récit avance et les personnages, dont Elric, évoluent (Elric semble enfin remettre en question sa relation avec Stormbringer
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sa relation amoureuse avec Zarozinia, etc). Un tome très agréable.

Stormbringer passe à un niveau supérieur. Avec le recul c’est certainement mon livre préféré du cycle. Dans celui-ci, c’est peu de dire que l’intrigue avance enfin tambour battant. Elric évolue pour de bon, cessant de se lamenter romantiquement pour enfin faire des choix concernant son destin et celui de l’univers. La lutte entre ordre et chaos arrive à son paroxysme, nous offrant des visions cauchemardesques digne d’un mix entre des tableaux de Bosch, des planches hallucinatoires des humanoïdes associés et les horreurs de la chair d’un David Cronenberg. C’est jusqu’au-boutiste, parfois de manière étonnante
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jouant de page en page un récit d’apocalypse qui ose tout. Une des plus grandes réussites du cycle, à mon sens.

Enfin, nous avons Elric à la fin des temps, tome beaucoup plus anecdotique (pour ne pas dire arnaque, mais là c’est clairement l’éditeur qui est à mettre en cause). La nouvelle qui donne son titre au volume est sympathique, sorte de mise en abime métatextuelle, où des êtres blasés pouvant modeler leur univers à volonté mettent en scène un simulacre de quête de fantasy pour un Elric qui ne comprend pas qu’il se trouve dans une fiction de simple divertissement.
Cependant, le reste de volume est au mieux anecdotique. La palme revenant aux œuvres de jeunesse de Moorcock, présentées comme matrice d’Elric, mais que je n’ai absolument pas eu le courage de lire en entier (tant le niveau est bas). Un tome d’éditeur qui tire sur la corde pour gratter quelques euros de plus aux lecteurs.

En définitive, Elric restera pour moi un cycle en dent de scie, capable du meilleur (certainement une date dans le genre) comme du pire, car ayant été surexploité par son auteur (j’avoue avoir un souci avec Moorcock, qui s’est développé à mesure de ses avant-propos ; bien que j’essaie en général de séparer auteur et livre, mais je développerai peut-être cela une autre fois ;) ).

Avec le recul, la lecture de tous les tomes ne me semble pas nécessaire et je pense qu’il vaut réellement mieux privilégier une lecture dans l’ordre de parution (au moins partiellement) et non dans l’ordre narratif (tel qu’utilisé dorénavant par les éditeurs). Je regrette vraiment moi-même de ne pas avoir suivi l’ordre de parution (ne m’étant pas renseigné à ce niveau avant de commencer le cycle).

À ceux qui voudraient se lancer dans le cycle, je conseillerais donc l’ordre suivant (absolument subjectif ;) ) :

- Elric le nécromancien (tome 4)
(- Si vous êtes complétistes : La sorcière dormante (tome 5), j’ai personnellement trouvé ce tome très moyen et dispensable, mais j’admets que mon appréciation aurait peut-être été différente si je l’avais lu avant d’autres tomes.)
- L'épée noire (tome 7)
- Stormbringer (tome 8)

Puis passage en flashback :
- Elric des dragons (tome 1)
- Le Navigateur sur les mers du destin (tome 3), très bon tome au passage, selon moi.
- La Forteresse de la perle (tome 2), bien que s’insérant entre les deux tomes précédents, il me semble apporter une conclusion à rebours à l’histoire d’Elric
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D’autant que c’est l’un des derniers écrit par Moorcock.

Enfin, vous pouvez vraiment vous passer de ces deux tomes (ça n’engage que moi) :
- La Revanche de la Rose (tome 6), le pire à mon sens, vous l’aurez compris :D
- Elric à la fin des temps (tome 9), la première nouvelle à la limite, pour les complétistes.

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Crevure a écrit :Aujourd'hui, changement de médium ! En effet, si MM est surtout connu comme écrivain, ce n'est pas la seule corde à son arc : il est aussi un musicien reconnu. De plus, l'univers de la musique s'est parfois inspiré de son univers, comme le groupe Hawkwind avec son album The Chronicle of the Black Sword. Maaaaaaais... je n'y connait absolument rien en musique ! Donc je pose ça là, mais ne pourrai malheureusement pas en dire plus.

Ça tombe bien, Aléthia, Glaurung et moi, on s'apprête justement à vous en dire plus. Beaaaaaaucoup plus. :sifflote:

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Ha les omnibus on l'air bien chouette, dommage que j'ai demandé (et reçue) l'intégrale vf pour noël...


Saffron a écrit :Ça tombe bien, Aléthia, Glaurung et moi, on s'apprête justement à vous en dire plus. Beaaaaaaucoup plus. :sifflote:

ouuuuuh le teasing ! Je suis impatient !


Sans-Visage d'Angmar a écrit :(j’avoue avoir un souci avec Moorcock, qui s’est développé à mesure de ses avant-propos ; bien que j’essaie en général de séparer auteur et livre, mais je développerai peut-être cela une autre fois :wink:

Alors mois je serais très intéressé par un développement, le personnage m'a dans l'ensemble semblé assez sympathique, mais je ne m'y suis pas forcément plus penché que ça. Et j'ai elric en omnibus, dons les intros ont sauté. Qu'est-ce qui te déplait chez lui ?

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Crevure a écrit :Alors mois je serais très intéressé par un développement, le personnage m'a dans l'ensemble semblé assez sympathique, mais je ne m'y suis pas forcément plus penché que ça. Et j'ai elric en omnibus, dons les intros ont sauté. Qu'est-ce qui te déplait chez lui ?

En soi, le personnage me semble aussi bien sympathique (notamment comme représentant d’un pan de la contre-culture d’une époque).

Mais, pour résumer ce qui a fini par me gêner (notamment dans ses introductions, avant-propos, notes de fin d’ouvrage), je trouve que Moorcock fait preuve de condescendance (au mieux), voir de mépris (au pire) concernant le reste de la littérature de Fantasy.
N’hésitant pas à tomber dans les mêmes raccourcis faciles que les « moralistes » et « tenants du bon goût » qui attaquent le genre depuis des années (en gros, les 3/4 de livres de fantasy sont fascistes).
À la limite, je peux comprendre ce genre de pensée (la fantasy à papa est fasciste) de sa part, du fait qu’il vient de la contre-culture des 60s (mais ça me gène quand même et je trouve ça dommage pour quelqu’un qui aime le rock, le métal, etc (qui ont été accusés des mêmes choses, donc bon...)).
Par contre, le mépris vis-à-vis des autres productions littéraires du genre m’embête plus.

D’autant qu’il se double d’une espèce de fausse modestie de Moorcock, qui d’un côté dit que ses histoires sont de simples divertissements sans prétentions, et de l’autre affirme qu’il est l’un des très rares à avoir utilisé la psychanalyse et les doubles niveaux de lecture dans ses histoires.

À mon sens, soit il s’aveugle sur la production des autres, par condescendance. Soit il fait preuve de malhonnêteté intellectuelle. Car, pour moi, il est évident qu’énormément d’oeuvres de fantasy ont un double niveau de lecture et utilisent la symbolique.

Pour le citer, car il le résume très bien lui-même :

« La différence entre mes fictions et la plupart des autres fictions que je vois, c’est qu’il y a ce symbolisme inhérent à ces histoires et qu’il est plutôt consistant. Là où les autres œuvres… Le Trône de Fer est un excellent exemple, c’est une œuvre extrêmement bien faite. C’est une histoire impressionnante (…) mais c’est juste une histoire. » (Cela vient d’une interview vidéo, je met le lien ci-dessous ;) )

"Pour moi, c'est simple, la fantasy est devenue aussi fade que le reste du divertissement. Je comprends que Le Trône de Fer est différent. Il a ses dimensions politiques. (…) Mais au final, c'est un soap opera." Et cela vient d’ici ^^ : Michael-Moorcock-evoque-le-monde-et-la-fantasy-daujourdhui

« J’ai toujours éprouvé beaucoup de facilité avec la fantasy et je suppose qu’il est courant de faire peu de cas de ce que l’on réalise sans peine » de l’introduction d’Elric à la fin des Temps.

Et là j’ai parfois eu envie de dire : tu aurais peut-être dû te donner plus de peine sur certains ouvrages quand même ! :D

De base, j’ai du mal avec les auteurs qui oeuvrent dans un genre tout en le méprisant (donc ils seraient les seuls à produire les ouvrages digne d’intérêt du genre en question).
Néanmoins, soit, en général je suis capable de séparer œuvre et auteur (dans une certaine mesure).

Mais comme Moorcock revient régulièrement là-dessus dans ses introductions. Au final, je sais que sur la fin du cycle (notamment quand le niveau de qualité baissait à mon sens) j’avais du mal à ne pas être dans l’état d’esprit suivant : « Si le reste de la Fantasy c’est selon toi de la merde et que c’est si facile à faire, ben tu as intérêt à me le démontrer et à assurer derrière » :D
Et, sur un certain nombre de volumes (mais à ce niveau j’en ai parlé plus haut donc je ne vais pas revenir en détail là dessus), je trouve que ce n’est vraiment pas le cas (y compris sur le fameux second niveau de lecture, par forcément aussi profond que ça, en déplaise à Moorcock).
Et je trouve également que parfois les défauts de certains de ses livres découlent de cette suffisance et du mépris vis-à-vis du genre (quand il ne semble plus s’embêter à construire un univers cohérent, d’essayer d’y faire croire, de prendre le temps de le développer correctement ; ou quand il résout ses intrigues à coup de raccourcis et deus ex).

Moorcock est pour moi indéniablement un auteur important du genre. Il a renouvelé et apporté des choses essentielles. Mais je trouve aussi que la profondeur de ses récits est parfois surcotée. Et que certains de ses récits sont parfois à la limite de l’indigence. Et donc il m’agace un petit peu (mais j’avoue également qu’il est possible que cet agacement ait joué sur mon avis concernant certains des écrits de Moorcock) :D

Cela ne m’a pas empêché cependant d’adorer Stormbringer, alors que j’avais déjà cet avis sur le monsieur au moment où je l’ai lu.


La vidéo évoquée plus haut :
ITW Moorcock

Et pour finir, ce n’est que mon avis :D

579
Merci pour ce long retout, Sans-Visage ! Je suis honnêtement assez d'accord :D
Sans-Visage d'Angmar a écrit :D’autant qu’il se double d’une espèce de fausse modestie de Moorcock, qui d’un côté dit que ses histoires sont de simples divertissements sans prétentions, et de l’autre affirme qu’il est l’un des très rares à avoir utilisé la psychanalyse et les doubles niveaux de lecture dans ses histoires.

lol c'est un peu ça

Sans-Visage d'Angmar a écrit :À mon sens, soit il s’aveugle sur la production des autres, par condescendance. Soit il fait preuve de malhonnêteté intellectuelle.

Il lit très peu de fantasy je crois. D'ailleurs, il ne relie fameusement pas ses propres livres. Donc oui, son avis est souvent...un peu ignorant. ( Pour ses bouquins à lui aussi : par exemple son insistance sur le fait que le meilleur ordre de lecture pour les Elric est la chronologie interne, alors que l'ordre de publication est LARGEMENT reconnu comme supérieur..)


Sans-Visage d'Angmar a écrit :Et, sur un certain nombre de volumes (mais à ce niveau j’en ai parlé plus haut donc je ne vais pas revenir en détail là dessus), je trouve que ce n’est vraiment pas le cas (y compris sur le fameux second niveau de lecture, par forcément aussi profond que ça, en déplaise à Moorcock).

:lol:
Sans-Visage d'Angmar a écrit :Et je trouve également que parfois les défauts de certains de ses livres découlent de cette suffisance et du mépris vis-à-vis du genre (quand il ne semble plus s’embêter à construire un univers cohérent, d’essayer d’y faire croire, de prendre le temps de le développer correctement ; ou quand il résout ses intrigues à coup de raccourcis et deus ex).

Pas d'accord pour le coup, je trouve que les univers cohérents ne l'ont jamais intéresser. Au début, on est sur du pulp qui ne s'embarrasse pas de ce genre de truc, et sur la fin le manque de monde défini devient la texture même de certains bouquins. Je pense que demander un monde riche à un livre de Moorcock est un peu hors-propos (un point sur lequel sa réputation d'anti-tolkien est bien mérité, et on appréciera ou pas).

Pour contrebalancer un peu (mais je suis en grande partie du même avis), je noterai d'une part qu'il semble apprécier plus de fantasy qu'il ne laisse paraître, même s'il n'en lie que très peu : j'ai croiser un roman de Brandon Sanderson (jamais lu) dont la couv s’ornait d'une citation de lui ; d'autre part, sur d'autre de ses introduction, il semble bien plus réaliste quand aux richesse du bouquin (pour hawkmoon : "j'ai écrit ces romans dans l'espoir qu'ils aideraient les lecteurs à passer un bon moment sans qu'ils aient l'impression de perdre leur temps" ; ou pour erekose : "I am making no claims here for this particular book, which is essentially an escapist romance written in more innocent days")

Voilà ;)

580
Bon je réalise que ça fait déjà 6 mois depuis mon dernier message sur ce sujet ! Le temps passe vite mes aïeux. Entretemps mes lectures sont parties vers d'autres horizons, mais deux romans et quelques bédés ont leur place ici.

Le Pacte de Von Bek
Cette série est composée de deux romans, Le Chien de guerre et la douleur du monde (The War Hound and the World's Pain, 1981) et La Cité des Étoiles d'Automne (The City in the Autumn Stars, 1986). Un éditeur a demandé à Moorcock un nouveau bouquin, et lui voulant sortir un peu de la sword & sorcery, a écrit ces romans de fantasy historique.
Pour des raisons principalement de prix, je me suis tourné vers l'occaz pour ces bouquins (et je pense continuer pour tout ou partie du reste de la série), et j'ai ici pris la version pocket des année 90, dont la maquette me fascine. Je pense que tout le monde voit de quoi je parle, ce sont ces poches dont la couverture est surchargée de texte (avec notamment le début du romans), et qui ont une "deuxième couverture" qui reprend uniquement l'illustration (tronquée sur la première couv, et toujours réalisée par Woltjek Siudmak). J'aime bien cette manière de présenter les bouquins, et ici les couvs de Siudmak sont particulièrement réussies. À noter, le cycle est dans cette collection comptée en "dark fantasy" (comme... Lovecraft..?).
Ma lecture du premier tome remonte à plusieurs mois, et est assez floue, celle du second est plus récente.

Parlons rapidement des traductions : celle du premier livre est de Henry-Luc Planchat, et celle du second de Michel Michaud. Comme dit précédemment, je ne me souviens pas assez de ma lecture du premier romans pour parler de la trad ; mais pour le deuxième, bien que l'ensemble soit plutôt correct, j'ai noté pas mal de passages un peu durs à saisir, et je pense que la traduction est à mettre en tort, au moins en partie. Voici un extrait dont le flou vient clairement de cette dernière :

"Voulez-vous avoir la bonté, monsieur, de me dire où je suis et à qui j'ai l'honneur de parler ?
-Pas du tout, monsieur. Vous êtes actuellement[...]"

Ça... ne veut rien dire. Je suppose que le dialogue original devait être "Would you mind... -Not at all..." mais bon, pour quelqu'un qui ne peut pas "rétro-traduire", ça doit sonner vraiment bizarre.
Cet extrait est le seul que j'ai pensé à prendre en note, mais j'ai eu l'impression à plusieurs moments que la traduction obscurcissait le texte comme ça. Pour la suite, et à l'exception des Elric dont j'ai l’omnibus français, je resterai probablement sur la vo. (je verrai suivant les disponibilités des bouquins)

Le Chien de guerre et la douleur du monde

C’était en cette année, où la vogue de la cruauté exigeait non seulement la crucifixion des jeunes paysans mais également celle de leurs animaux domestiques, que je fis la connaissance de Lucifer et que je fus conduit en enfer ; car le prince des Ténèbres souhaitait conclure un marché avec moi.

L’histoire se passe en 1631, dans une Allemagne déchirée par la guerre, et raconte comment Ulrich, Graf von Bek, mercenaire sans foi ni loi, fus envoyé par Lucifer à la recherche du Saint Graal, le remède à la douleur du monde qui lui permettra de se réconcilier avec Dieu. Il parcourra la Mittelmarch, version fantasmagorique de notre monde, et une bonne partie de l’Europe, en rencontrant des peuples et personnages étranges, et parfois inquiétants.
Attention, le roman est assez sombre, et le héros a embrassé une vue cynique du monde et des gens. Il laissera notamment son acolyte violer une fille de 15 ans, ce qui est assez dérangeant sur le moment, et honnêtement n’apporte pas grand-chose au récit.
Le roman est aussi très court, 200 pages, donc tout semble aller assez vite après la rencontre avec Satan, on saute de rencontre en rencontre. La plupart du temps, Ulrich rencontre un personnage, qui lui dit d’aller quelque part rencontrer quelqu’un d’autre, et ça recommence, tout en étant poursuivi par des serviteurs de démons de l’enfer en guerre contre Lucifer.

Je dois avouer ne pas me souvenir de grand-chose… je ne sais pas trop quoi en penser. Je pense que je n’étais alors pas trop à ma lecture, mais je crois avoir plutôt apprécier. Dommage, le roman me semble assez riche.
J’aurais dû écrire cette critique plus tôt !

La Cité des Étoiles d'Automne

Nous vîmes là tous les rois et reines, empereurs et impératrices, et mêmes quelques dieux et déesses qui avaient habités l'histoires de la Terre, réunis en ce même endroit. Ils dansaient, raides et crispés par leur désir d'imposer au monde leurs rêves.

Pour ce second opus, nous suivrons le descendant d’Ulrich, Manfred, Ritter von Bek, fin 1793, alors qu’il fuit la France qui tombe dans la Terreur, après qu’il a pris part à la Révolution. Comme son ancêtre avant lui, il vivra maintes aventures rocambolesques, rencontrera Satan et partira en quête du Graal.

C’était bien chouette. Ce roman est bien plus long que le précédent, près de deux fois plus en fait, et peut donc se permettre de prendre beaucoup plus son temps. Ainsi, les 200 premières pages sont dénuées d’élément surnaturel, tandis que la seconde se passe entièrement dans la « Cité des Étoiles d’Automne », où abondent les merveilles, située dans la Mittelmarch. Alors que le premier roman se déroulait surtout en plein air, celui-ci se passe beaucoup dans des villes, que ce soit dans le monde réelle ou pas. Le rythme moins soutenu m’a plus permis de rentrer dans l’ambiance du récit, et j’ai adoré tant cette Europe disparu (et un peu romancé) que l'imagination débridée de la seconde moitié plus fantastique.
Le nouveau protagoniste est également très différent : Manfred a participé à plusieurs révolutions, et bien que sa dernière expérience en France lui ait laissé un goût amer, il reste un idéaliste dans l’âme. Il décide cependant de « prendre congé de la cause radical », et de s’occuper pour un temps de préoccupations plus égoïste. Comme Ulrich, ses voyages l’amèneront à rencontrer de nombreux personnages, de révolutionnaires naïfs à un renard anthropomorphe roi du crime. Néanmoins, à l’inverse de son ancêtre, il décide lui-même de sa destinée, ce qui rend à mon sens son histoire plus intéressante à suivre.

Parmi ses rencontres Saint-Odhran, truculent escroc qui deviendra son ami, et l’embarquera dans son arnaque la plus ambitieuse, et surtout Libussa, Comtesse de Crète, de qui il tombera éperdument amoureux. Lorsqu’ils se rencontrent, j’ai eu peur que Moorcock nous rejoue son grand classique du triste-soldat-désabusé rendu à la vie par l’enthousiasme et la jeunesse d’une femme-encore-jeune-mais-déjà-tellement-mature (on a eu le coup, dans ce que j’ai déjà lu, avec Elric et Zarozinia et entre Hawkmoon et Yisselda). Heureusement, leur relation deviendra vite plus subtile que ça.
On notera quand même que les (assez grosses) différences d’âge en faveur de l’homme dans ses différents couples semblent être une constante chez Moorcock. Ici, Mandred a quarante ans, Libussa vingt…

L’histoire se conclut de manière assez intéressante, avec un final très porté sur le symbolique (comme le premier volume d’ailleurs), assez ambitieux. L’ensemble du roman traite des raisons qui poussent les gens à imposer leurs visions au reste du monde, et à leur légitimité à le faire. Cela reste cependant en arrière-plan, derrière un solide récit d’aventure.
J’ai vraiment apprécié cette lecture, et elle m’a décidé à me replonger sérieusement dans les bouquins du bonhomme. Je suis actuellement en train de lire les aventures d’Erekosë.

Manfred, or the Gentleman Houri
Un troisième roman était à l’origine prévu, réutilisant une moitié, coupée de la version finale, de La Cité des Étoiles d'Automne. Cela aurait dû être une « fantasy orientale » portant sur « la sexualité et l’identité de genre »... En effet, la fin de la Cité laissait un héro qui partait pour remettre en cause les différences entre les sexes. En 1986, il rencontre et commence une longue amitié avec Andrea Dworkin, figure phare du féminisme étatsunien.
Moorcock aurait-il été la bonne personne pour traité de ce genre de sujet ? Probablement pas :lol: Mais je trouve vraiment dommage que ce livre n’ait pas vu le jour.

Von Bek, continuation
Par la suite, la famille des von Bek deviendra le cœur des récits de Moorcock consacrés au Multivers. Les trilogies Moonbeam Roads et War Amongst the Angels ont pour protagonistes des von Bek, et MM réécrira légèrement pas mal de ses romans antérieurs pour qu’ils aient un membre de la famille comme personnage principal.