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La question ne m'avait pas effleurée, et je trouve que rien ne va dans ce sens dans le livre mais bon... comme elle le dit si justement, on ne contrôle pas l'imagination des lecteurs ! ^^

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Cela fait fort longtemps que je voulais me pencher sur ce livre, et enfin, au profit des vacances de noël, c'est fait.

J'aime bien, j'ai envie de connaître le second volume, ce qui dans l'absolu est plutôt bon signe, mais j'avais sans doute des attentes encore plus grandes, et au final je suis un peu dans le même été d'esprit que la personne suivante.

Lisbei a écrit :Je suis en train de lire le premier tome. J'aime assez : c'est incontestablement original, et pas mal écrit... je ne comprends pas trop pourquoi je ne suis pas enthousiaste. Je reviendrai quand je l'aurai fini :-D.

Le style j'aime bien. C'est prenant, c'est vivant, y compris le récit à la deuxième personne.

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Je comprends aussi l'intérêt que l'on a pour les thèmes. Ils sont assez proches des préoccupations du moment, principalement le rapport à la différence, voire, de manière nettement plus marginale, l'identité de genre, avec son personnage transgenre.

Le monde aussi est sympa. Original, bien construit, logique, intelligible, même si j'ai toujours un peu de mal quand des héros parcourent tout un univers à l'échelle planétaire comme s'ils allaient au village d'à côté.

Je suis juste passé à côté de l'histoire, qui n'a rien de sensationnel. Je trouve qu'il lui manque le côté immersif d'un ouvrage peut-être plus imparfait, voire plus populiste. Ca m'a fait l'effet d'un livre pour les critiques, justement programmé pour gagner le Hugo, qui cochait toutes les cases en termes d'innovation stylistique, de commentaire social et de progressisme (même si au final, je comprends qu'il s'est plutôt très bien vendu).

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Je me permets de rebondir sur le terme "qui coche les cases" :D
Je trouve qu'au contraire, le livre n'en coche pas et permet un regard intime, brutal, cynique et en même temps très poétique sur les notions de différence, de mise à l'écart et autre, qui représente des concepts (et malheureusement des violences) dans lesquels on peut se retrouver via la métaphore.

Le cycle de la Terre Fracturée est pour moi l'antithèse même d'un cahier des charges rempli pour surfer sur des problématiques, raison pour laquelle je le fais lire et le recommande.

Comme quoi, un livre (et un cycle) peut se vivre de manière totalement différente selon ses lecteurs ^^

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Tout pareil que Nephtys et j'ai trouvé l'ensemble très incarné pour ma part, pas du tout artificiel ou forcé. :) Mais effectivement on ne vibre pas tous de la même façon pour les mêmes choses et heureusement !

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Je ne pense pas que ce soit forcé. Je pense au contraire que c'est vraiment sincère et incarné. Le fait que l'auteure soit afro-américaine n'est pas anodin, puisqu'il s'agit de traiter du regard sur la différence et de populations instrumentalisées et déshumanisées. Il y a sans doute du vécu. Il est juste logique (et plutôt sain) qu'un livre qui traite des préjugés raciaux ait reçu un accueil favorable par les temps qui courent. Il coche les cases, ça ne veut pas dire que cela ait été fait à dessein, de manière cynique et calculée.

Je trouve juste l'histoire moins prenante que le style (qui ne m'a pas rebuté un seul instant, bien au contraire, c'est sans doute ce que j'ai le mieux aimé dans le livre), ou que le world-building. J'avais sans doute des attentes trop hautes, on avait tellement vanté ce livre. J'ai juste bien aimé, alors que je me préparais peut-être à être subjugué.

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Je suis dedans actuellement et je suis assez d'accord avec codotusylv. C'est franchement bien mais la réputation et l'attente font que je suis un poil déçu (ça me fait souvent ca avec les Hugo en général)Et effectivement en terme de word building c'est pas si dingue. Bon je suis loin d'avoir fini pour pouvoir me faire un avis définitif. En revanche la répression, le racisme, la torture et la violence perpétrées à l'encontre des orogenes enclenche une forte empathie et une tension dramatique qui fonctionne à plein chez moi. C'est émouvant, tout simplement.

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Idem de mon côté, j'ai voulu donner sa chance à ce triple prix Hugo, et l'entrée en matière est assez laborieuse. Je vais continuer au moins pour avoir une meilleure idée en bouclant le tome 1, en espérant que ça s'améliore.

La fin du premier tome permet de mieux apprécier la construction, plutôt habile. L'univers proposé est assez original, même s'il est parfois difficile de se représenter certains éléments. Certaines parties sont inégales, mais passé un début brouillon la lecture devient progressivement prenante, notamment par la psychologie des personnages. Un premier roman plaisant donc, mais pas un chef d'oeuvre.

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J'avais terminé cette trilogie en fin d'année dernière je crois, j'avais lu le tome 1 à sa sortie à l'époque, j'avais trouvé ça bien mais très impersonnel, les persos me laissaient froid. J'ai acheter les 2 suivants et tout relu d'une traite, et la mayonnaise a finalement pris. Ce cycle mérite les éloges et les prix glanés????.

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Un petit mot sur cette trilogie, lue récemment ici ;) !

Je n'ai fait aucune recherche sur l'autrice ou sur les conditions d'écriture, mais mon impression est qu'on est pour moi dans la phase finale de la digestion par la littérature des techniques de narration des séries TV ambitieuses !

Je m'explique : on a ici :
- des thèmes forts qui engagent le lecteur, qui arrivent très vite dans le premier tome ;
- une narration innovante (si tant est qu'on puisse encore l'être... ma première expérience de narration à la 2e personne, c'était une nouvelle de Sturgeon !) qui intrigue et accroche l'esprit ;
- une action qui avance vite, sur trois fronts, dans le premier tome, avec des révélations égrenées qui tiennent en haleine.
Et puis ensuite, on bascule dans la deuxième saison, pardon le deuxième tome et on laisse les personnages s'installer, et la situation pourrir un peu. Mais ce n'est pas grave, puisqu'on "tient" le lecteur, il est accro aux personnages et aux mystères de cette terre fracturée. L'action se réactive en fin de tome 2 pour annoncer le "vrai" thème, celui qui tient à coeur au showrunner, pardon à l'auteur... et le tome 3 ramène une dimension de suspense en créant des germes de conflits de loyauté pour le lecteur.

Ceci dit, mise à part cette structure efficace mais qui me semble très étudiée, il y a de très belles choses dans cette fantasy minérale, une vraie étrangeté par rapport à tout ce que j'ai déjà pu lire... et aussi des thèmes très humains, d'autres l'ont déjà évoqué.
Dernier point, j'ai été assez bousculé (comme d'autres) par la dureté du récit à certains moment : en particulier les différentes formes de "pertes" que les personnages rencontrent, qu'elles soient affectives ou physiques, m'ont semblé difficilement soutenables.

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Quelle lecture éprouvante ! C'est vraiment dur. Affreux, affreux, affreux. J'ai dû faire plusieurs pauses au début du premier tome, le temps d'encaisser toutes les horreurs qu'on voit, et je me suis demandé plusieurs fois si j'avais vraiment envie de continuer.

Et ensuite, j'ai dévoré la fin, et j'ai enchaîné sur les tomes 2 et 3 en quelques jours. Le monde de la terre fracturée est toujours aussi affreux (voire parfois pire) mais qu'est ce que c'est bien fait !

Je ne sais pas trop quoi rajouter aux éloges qui ont déjà été formulés sur ce fil. Voilà un récit qui m'a profondément émue, du début jusqu'à la fin, grandiose.

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J'ai enfin lu le volume 2, et je reste un peu sur ma faim (je suis le "codotusylv" des commentaires précédents).

C'est le classique second volume d'une trilogie, avec le monde qui se dévoile et l'action qui s'enlise. C'est le roman de fantasy assez classiques, avec ses moments d'attente...

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Comme dit plus tôt, c'est pas mal, mais ça n'a rien de subjugant.

En revanche, le récit secondaire avec la fille de l'héroïne est beaucoup plus captivant. Il est plus juste, plus original, il met aussi bien mal à l'aise. La construction psychologique de cette jeune fille que ses proches eux-mêmes considèrent comme un monstre est bien sentie. C'est cette histoire qui m'a tenu en haleine, plutôt que l'intrigue principale.

Re: Critique ! [La Cinquième saison - N.K. Jemisin]

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J'ai terminé la trilogie et je dois dire que j'ai adoré.

J'ai un faible pour les ambiances sombres et/ou de type "post-apo" ou approchant, donc ça aide forcément ce cycle (qui réunit les deux), et l'univers décrit ici fait partie des meilleurs du genre parmi ce que j'ai lu ces dernières années. On hésite entre SF, Fantasy, roman catastrophe et post-apo tout le long de l'histoire et c'est très prenant.

On devine assez vite le lien entre les personnages féminins du premier tome, mais ça n'empêche pas les moments vraiment plaisants quand on comprend comment certaines pièces du puzzle s'imbriquent.

L'histoire elle-même est excellente et les détails laissent entrevoir un travail de fond sur l'humanité, la signification de la vie et de son utilité, mais aussi sur le processus de construction émotionnelle au travers duquel les personnes passent au fil de leur vie. Un personnage en particulier va nous permettre de voir comment les événements d'une vie influencent notre vision du monde. Un autre nous permettra de suivre le développement psychologique d'une adolescente et comment la compréhension, l'acceptation ou le rejet des actes de ses parents deviennent des moteurs importants de ses propres actions et motivations. Ces deux personnages nous permettent d'ailleurs de voir que l'autrice s'est penchée sur de nombreux aspects que peut revêtir la parentalité.

J'aimerais aussi glisser un petit mot sur le style d'écriture. Jemisin confirme qu'elle est une autrice vraiment douée. Je ne sais pas si je restais sur une série de lectures à l'écriture quelconque depuis un moment, mais la qualité de la prose de cette trilogie l'a fait ressortir du lot. Non seulement les personnages sont bien rendus, les différentes échelles, de l'intime à l'épique, fonctionnent toutes parfaitement, mais ce sont aussi toutes les figures et effets que l'autrice déploie naturellement qui sont admirables (notons que j'ai lu la série en VO donc je ne sais pas si c'est bien rendu en VF même si j'ai peu de doutes que c'est bien le cas vu qu'une traductrice talentueuse a été choisie pour cette série).

Cela dit, la narration du premier tome ne plaira pas forcément à tout le monde. l'aspect puzzle dont je parlais plus haut restitue probablement assez bien ce qui se passe dans le tome 1. On a plein de petits bouts de récit, on voit vaguement comment certains s'attachent aux autres au début, mais petit à petit la grande histoire prend forme sous nos yeux. Et quand elle prend forme dans toute son ampleur... Wow ! Dans les tomes suivants, on est plus sur du connu avec des chapitres qui suivent chacun un personnage précis un peu comme un Trône de Fer l'a fait.

Je lis généralement les cycles en entier, d'une traite. Ici, cela m'a sans doute aidé à passer plus facilement le coup de mou que beaucoup décrivent au milieu de l'histoire.

Si je me risquais à mettre une note au cycle, je mettrais 8,5/10

Re: Critique ! [La Cinquième saison - N.K. Jemisin]

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Cela fait des années que j'hésite à découvrir cette trilogie qui me faisait à la fois envie pour ses thèmes et peur par sa complexité, et malheureusement, pour plusieurs raisons, je ne vais pas continuer ma lecture. Malgré un univers intéressant et unique en son genre, j'ai un peu de mal avec l'écriture de N.K. Jemisin. Et étrangement, ça n'a rien à voir avec la narration particulière (même si je dois l'avouer, j'ai eu un peu de mal avec les chapitres à la deuxième personne au départ). Non je crois que j'ai tout simplement beaucoup de mal à comprendre. Je vois les grandes lignes et j'arrive à bidouiller quelque chose dans ma tête, en ce qui concerne l'univers et l'histoire. Mais ce n'est pas tant un problème de compréhension parce que c'est de la SFF, car même avec des descriptions toutes bêtes, l'auteure utilise des termes un peu trop compliqués pour moi. Il suffit de lire l'annexe, censé expliquer les termes de l'univers, et finalement l'explication est tout aussi difficile à saisir que le terme inventé en lui-même. Alors, dans l'idée, ce n'est pas grave, mais j'ai simplement beaucoup de mal à comprendre, à imaginer son univers. Il me faudrait un dictionnaire rien que pour les descriptions. La ville de Lumen, par exemple, j'ai quelque chose de très flou en tête et lorsqu'il s'agit de géométrie, m'en parlez pas, on dirait des jouets pour enfants superposés mais juste en jolies pierres... :lol:

Mais voilà, l'univers s'annonçant intéressant, et arrivant à peu près à avancer sans souci et en comprenant à peu près ce que je lis, il y a un autre critère qui a mis un terme à ma lecture : la violence. Je comprends pleinement l'existence et l'importance de tels récits, pour dénoncer, pour mettre en lumière trop de choses qui se passent dans l'ombre ou qui sont balayées trop souvent par l'ignorance. Mais j'ai compris hier soir, en lisant une scène, que ça n'allait pas être possible.
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Et encore que, j'ai sûrement déjà lu pire, mais l'écriture de l'auteure si particulière, si incisive, ne laisse vraiment aucune place pour gérer cette violence mentalement. C'est servi tel quel et on ne peut que la voir en face. Et clairement, c'est trop dur.

Donc l'un dans l'autre, surtout avec l'exemple de la scène, je préfère couper court ma lecture. Sans ça, je pense sincèrement que même avec la complexité de l'écriture, j'aurais pu aller au moins au bout du tome 1. Les personnages étaient assez attachants, on ne peut qu'avoir de l'empathie pour ce qu'ils traversent et j'aurais vraiment aimé comprendre un peu mieux ce monde, le découvrir. Mais la violence est trop présente, qu'elle soit décrite ou juste sous-jacente.

C'est dommage, mais bon, je crois que je ne suis pas tout simplement la cible de ce roman. :/
« Le Seigneur Ogion est un grand mage. Il te fait beaucoup d’honneur en te formant. Mais demande-toi, mon enfant, si tout ce qu’il t’a enseigné ne se résume pas finalement à écouter ton cœur. » - Tehanu, Ursula K Le Guin