Moi c'est surtout avec Jaworski que j'ai cette impression de « je suis trop beau quand j'écris donc je me regarde écrire et en rajoute des tonnes »muscardin a écrit :Alors ça y'est, j'ai lu le bouquin.Bon.Vous voulez ma première réaction ? Elle est à la mode de Golgoth : Il se sent pas pisser le Damasio.J'avoue, le petit mot de chez pas qui sur la 4ème de couverture m'a fait vraiment l'effet "prends-moi pour un con" : "Alain Damasio écrit peu, par exigence(...)" HA HA HA. Moi j'ai trouvé un conteur qui s'écoute parler et c'est terrible pour le conte. Sérieux, dans tous les passages descriptifs, on peut sabrer un tiers du texte sans problème ni pour la compréhension, ni même pour le style. Pour moi, c'est pas le tout d'être original, il faut que cela serve le conte. Exemples :Dommage. Pour les points positifs, je garderais : - la profondeur indiscutable de l'univers, finalement mal exploitée, peut être par désir de trop en faire ?- une maniabilité et une connaissance de la langue française tout à l'honneur de l'auteur.- Quant il y a un peu d'action, ça envoie du lourd. - Un style plaisant dans l'invention. 6/10 pour moi.► Afficher le texte
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Ces éléments ne servent peut-être pas le récit mais ça viens perturber ton expérience de lecture et je pense que c'était le but recherché. Avec ces petits codes (on peut également rajouter la numérotation ou certaines ellipses ) on se retrouve, en tant que lecteur, dans une lecture un peu différente des autres. Finalement un an après avoir lu la horde du contrevent, ce n'est pas l'histoire ni le style qui m'a marqué mais bien ce que j'ai ressenti pendant ma lecture et pour moi c'est assez rare et peut-être que ces petits artifices m'ont aidés à m'intégrer plus à cette histoire.muscardin a écrit :A quoi ça sert de donner un signe de ponctuation pour nommer les gens qui parlent ? Ca te trouerait le c...stylo d'écrire simplement le nom et la fonction du type en tête de paragraphe ?A quoi ça sert d'inventer un langage de ponctuation pour décrire le vent, puisque ça ne sert à rien dans le conte ? Quant Tolkien invente des langues pour ses races, elles servent le récit. Là, cela le plombe.
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J'ai lu tout récemment le livre d'Alain Damasio, après une longue incursion dans les sagas anglos-saxonnes.D'un côté il y a le 10/10 de votre site, la myriade de commentaires élogieux, ici et ailleurs, et... les non moins nombreux commentaires exaspérés sur la prose et la pose de l'auteur, ses procédés pour inscrire la narration dans un environnement déstabilisant. Les glyphes en lieu et place des noms de personnages en font évidemment partie, mais il y en a d'autre : Damasio travaille la langue comme un sculpteur le marbre, et c'est assez rare dans le paysage de l'imaginaire français pour être souligné. À quoi tient la singularité d'un auteur? À mon sens, croire qu'elle s'ancre dans l'originalité d'un scénario ou d'une idée est un leurre, et fourvoie bien souvent les auteurs sur des chemins artificiels et finalement peu satisfaisants pour le lecteur. Quelques signifiés (la mort, l'amour, la naissance) pour un nombre infini de signifiants, propre à celui qui les exprime, c'est déjà ainsi que Freud décrivait la constitution des rêves dans l'inconscient. On peut sans doute le transposer à l'élaboration consciente d'une oeuvre : peu importe la prétendue originalité du scénario (et d'ailleurs, encore faudrait-il définir l'originalité...), la singularité naît d'une voix. Une voix, un auteur. Et le moins qu'on puisse dire, que celle de Damasio est "forte en gueule", à l'instar de l'un de ses héros les plus charismatiques, Golgoth, en contrepoint duquel Sov apporte un ton apaisé, distancié, réflexif. Certains diront que l'histoire de Damasio est originale. Il me semble qu'elle est tout le contraire (et tant mieux).Damasio prend une situation élémentaire, à tous les sens du terme. Dépouillée, d'abord, ramenée à l'essentiel : vingt-trois personnages, hommes et femmes, tramés les uns aux autres pour survivre. Leurs peurs, leurs désirs, leurs regrets, leurs amitiés, leurs haines. Elémentaire aussi parce que la poétique de Damasio naît en grande partie d'un travail patient sur l'écoute du vent, de ses sonorités, ses champs lexicaux, ses possibilités. Mais plus on avance dans le roman, plus ce travail se diversifie : minéral, végétal, aquatique, sont explorés jusqu'à tordre la langue en une musique qui n'est qu'à lui _ Damasio. Ce travail vaut le 10/10, sans aucun doute, mais aussi toutes les exaspérations : paradoxalement, je pense qu'il faut accepter de ressentir ces émotions contraires à la lecture de la Horde. J'ai attaqué le livre défavorablement prévenue, et irritée par avance de la posture très française de l'écrivain se sentant obligé de "faire du style" pour gagner ses galons dans l'estime critique et lectorale. Et de fait, j'ai été agacée ; pas seulement au début, mais régulièrement, car il est vrai que Damasio a une fâcheuse tendance à s'écouter écrire, tout comme Jaworski du reste. Est-ce à dire que c'est un travers des auteurs doués? Si l'on considère qu'il faut déjà en être capable, peut-être. Car mieux vaut être irrité par un style que de tomber dans des scripts de séries télé efficacement scénarisés, sans aucune ambition littéraire, et sous la justification bien commode de faire "fluide". Si le style fluide consiste à aligner avec une banalité consternante les usages les plus éculés des noms et adjectifs communs, alors je préfère définitivement être agacée. Mais la poétique "exaspérante" n'est pas la seule qualité de Damasio : elle correspond à un univers, un propos, et à mon sens c'est ce qu'il y a de plus fort dans le roman. De ce point de vue, le chapitre X ("Le siphon") est l'une des meilleures chose que j'aie lue depuis longtemps en littérature française contemporaine, tous genres confondus. Damasio ne se contente pas de la psychologie post-adolescente qui constitue le fond de bien trop nombreux romans de fantasy, y compris prétendument adultes. Il met en scène l'être humain confronté à la peur de mourir, de passer à côté de sa vie ; il pense la filiation, l'héritage, la transmission (d'un père à un fils, d'une horde à une autre).Les relations érotiques entre les personnages sont traitées avec poésie et malgré tout sans détour. Combien d'auteurs de fantasy aujourd'hui sont capables de parler d'acte d'amour sans tomber dans une mièvrerie navrante ou une violence inutile? J'ai lu parfois que les personnages féminins de la Horde ramenaient la femme à un objet sexuel. Cela me semble faux : elles sont envisagées comme objet du désir des hommes, ce qui ne les empêche nullement de s'affirmer comme sujets pensant, et pensant vrai, avec force. Le personnage d'Oroshi est à ce titre l'un des plus bouleversants du livre.La Horde suscite des réactions contraires, des sentiments contraires ; il y a peut-être des longueurs inutiles, c'est vrai. Des maladresses, aussi, et un scénario trop souvent boiteux, émaillé de chemins qui ne mènent nulle part ( n'est-ce pas délibéré de la part de l'auteur?). Mais c'est un livre marquant ; je ne crois pas qu'on marche contre le vent de la même manière après l'avoir lu... Quand je l'ai refermé, je me suis dit que Damasio avait raison, que c'était cela qu'il fallait faire quand on voulait écrire : tracer un sillon, le creuser, encore et encore, y épuiser tout ce qu'on pouvait en tirer. S'approprier la langue pour en faire un élément constitutif de son univers. Encore une fois, bien peu en sont capables, vraiment capables.Il n'en reste pas moins que je regrette la posture de ceux qui encensent le livre avec ou pour avoir le sentiment "d'en être" : de ceux qui apprécient la littérature, le beau style, les oeuvres percutantes, qui ont souffert leurs 700 pages pour pouvoir crier au génie. C'est le problème de ce genre d'oeuvre : "to the happy few"? Flatter l'ego de son lectorat en tombant volontairement dans l'âpre, l'abscons, dictionnaire des synonymes le plus pointu brandi à tout-va, le "je-suis-agrégé-de-lettres", "j'ai-lu-Deleuze", etc... Même s'il peut en donner l'impression, le livre de Damasio vaut mieux que cela. Il recèle une force désarçonnante, qui prend bien souvent à la gorge. Pour ceux qui seraient rebutés par le style, persévérez. Cela vaut le détour. À mon avis.
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J'ai tenté de le relire.Et je n'adhère toujours pas.Oui, le style d'écriture est virtuose (mais pas "fluide", ce qui n’est pas nécessairement un mal), mais il me fait la même impression que certaines interprétations musicales (écoutez le Concours Reine Elisabeth si vous en avez l'occasion) : elles sont techniquement parfaites, mais ne (me) transmettent rien. Alors que d’autres, moins parfaites, peuvent m'arracher des larmes. Là, Damasio nous pond un parfait exercice de style, mais son monde me laisse toujours aussi indifférente.Et j'ai parfois l'impression qu'il se fout de ma gueule moque de moi.Sérieusement, "Fontaine..." ? J'ai failli expédier le bouquin à travers le salon (et je ne le reterminerai pas avant longtemps. Il tiendra compagnie à "Germinal".)En ce qui concerne la philo : j'ai lu ici que Damasio était "dans la mouvance" Deleuze. J'ai un fils doctorant en philosophie, et, si je ne me permettrai jamais d'expliquer Deleuze, j'ai "bouffé" (contrainte et forcée) des tas de cours et de conférences de ce philosophe en vidéo, et j'ai envie de dire que Deleuze, au moins, est clair, lui, même pour une béotienne dans mon genre.
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En fait, pour cela, j'ai déjà quatre enfants et ça me suffit amplement comme perturbations... :DCa se veut surement différent. Pour moi c'est juste lourd.mamath1234 a écrit :Ces éléments ne servent peut-être pas le récit mais ça viens perturber ton expérience de lecture et je pense que c'était le but recherché.
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Moi j'en ai que deux, la différence viens peut-être de la ^^Non sérieusement chaque avis se respecte, c'est ca qui est intéressant, si on aimait tous la même chose on aurait pas besoin d'un forum pour échanger nos points de vue.muscardin a écrit :En fait, pour cela, j'ai déjà quatre enfants et ça me suffit amplement comme perturbations... :DCa se veut surement différent. Pour moi c'est juste lourd.mamath1234 a écrit :Ces éléments ne servent peut-être pas le récit mais ça viens perturber ton expérience de lecture et je pense que c'était le but recherché.
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Bon je viens de finir le finir et je suis déçu de m'être spoiler la fin à cause du message de Anna un peu plus haut qui n'est même pas en spoiler
, Jusqu'a la fin j'ai cru que je m'étais pas spoiler mais en fait si... si un modérateur pouvait remédier à cela en m'étant en spoiler ce message pour éviter que ça arrive à d'autres ça serait cool.Sinon les 100 première pages ont été très dures j'avais peur que tout le livre soit comme ça mais au final il y a bien plus "d'action" que ce à quoi je m'attendais. Le style est quand-même lourd par moment mais il y a du très bon, difficile de trancher, va falloir laisser décanter tout ça.Ps: n'empêche on aimerait bien savoir les conséquences de la révélation finale sur le monde dans lequel les personnages évoluent.
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Comme c'est mon message qui est en cause, je me permets de répondre. Je pense que c'estqui t'a "spolié" la fin, Eloniel, et j'en suis désolée. Je pensais la formule suffisamment générale pour ne pas gâcher la fin du livre.Cela dit, j'ignore comment mettre un passage de message en "spoil" (à ma grande honte) ; j'ai cherché ici ou là, mais je n'ai rien trouvé à ce propos. Si quelqu'un peut m'éclairer, en mp par exemple pour ne pas polluer ce sujet, je suis preneuse... Cela m'évitera d'être maladroite à l'avenir...ah... on a posté en même temps, Eloniel... oui, la formule que tu cites est en effet sans doute trop explicite... avec mes excuses encore...
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Je le mets pour tout le monde, au cas où :Pour mettre un passage en spoiler, tu le surlignes et tu cliques sur l'icône en forme de bonhomme avec un bandeau sur les yeux (en tout cas la version navigateur PC est comme ça)Ca va automatiquement entourer ton texte des balises prévues pour caché le texte une fois ton message soumisSi tu parviens à le faire, fais le aussi sur le message qui précède le mien 
