Me permets de faire un copié-collé de la critique que j'ai mise sur le forum du
Web Francophone de Tim Burton. Je reprends parfois ce que dit
NeoSib. Attention : c'est assez long...

A la demande de
Witch, je précise que, bien sûr,
je risque de "spoiler" un peu (j'ai "balisé" la partie la plus "précise" de ma critique)...Après 3/4 mois d'attente suivant la sortie américaine,
Hellboy II sortait enfin cette semaine, et je suis allée le voir hier. Désolée de ne pas vous avoir fait ma critique avant, mais je suis un peu dans les choux en ce moment (angine, mal au crâne et tout le toutime) et j'avais du mal hier à organiser mes idées. D'ailleurs, le fait d'être malade m'a un peu gâché le film, mais bon...Alors, je suis très bon public et j'ai donc bien aimé, c'est très sympatoche. Mais, il y a un "mais", et cette sensation désagréable d'être un ch'tit peu déçue quand même. En fait, je me dis que je vais avoir besoin de le revoir pour apprendre à l'apprécier comme le premier. Car en fait, il y des plus et des moins sur ce film. Des "moins" que j'ai dû mal à définir vraiment, mais j'avais l'impression qu'il y avait un truc qui marchait pas.1ère donnée paradoxale : Guillermo s'est lâché sur ce film, c'est manifeste ! La galerie des monstres est foisonnante et impressionnante (le Marché aux Trolls est tout simplement magnifique) ; les petites légendes évoquées charment mon imagination (à l'image de celles du
Labyrinthe de Pan) ; les deux Elfes (le prince Nuada surtout) sont très réussis (j'y reviendrai)... On sent que Del Toro s'est approprié le matériel et a joué avec. Oui, mais le problème est que Hellboy, c'est avant tout Mike Mignola. Or si l'alchimie entre le dessinateur et le réalisateur était très réussie dans le 1er film, dans le 2ème en revanche on a du mal à voir où est passé Mignola. On perd un peu l'atmosphère de la BD que le 1er film avait très bien conservée.On se retrouve dès lors avec une histoire tirant sur une héroïc-fantasy, que j'apprécie, mais larguant au passant l'aspect "comics atypique". Ce qui est dommage, car le résultat est de fait un peu bâtard. J'aime beaucoup donc l'histoire autour des Elfes, les diverses créatures... On se dit que Del Toro sera parfait pour réaliser le
Hobbit ! Mais Hellboy lui-même perd un peu de sa "crédibilité" : imaginez-le dans le
Labyrinthe de Pan et vous aurez une petite idée... Car le personnage a un aspect physique automatiquement "cartoon", et il fait donc incongru au milieu des Elfes, des "petites souris" (qui a vu, comprendra)...C'était pourtant bien parti. On voit le Prince Nuada s'entraîner (très chouette scène), puis un métro passer derrière lui : on se croyait dans la salle obscure d'un château, pour se découvrir en fait sous Manhattan. Et c'est très bien amené : là, c'est le genre d'interaction qui fonctionne. Car Hellboy 1er du nom, c'était aussi un univers urbain où surgissait le fantastique, et cela paraissait naturel, bien foutu quoi ! Or dans sa suite, le mélange finit par se gripper.Points (très) positifs : tous les personnages sont excellents (Manning à part, peut-être : il est devenu le comique de service, ce qui est plus ou moins réussi). Le développement d'Abe (l'amphibien) est appréciable, quand on sait qu'il était un peu expédié dans le 1er film. Hellboy et sa douce moitié inflammable sont mignons tout plein (Ron Perlman étant, comme toujours, parfait : son "singe rouge" est une réussite en tout point). Côté nouveaux venus, nous avons Johann Krauss, une sorte de médium ectoplasmique allemand en scaphandrier : l'accent "teutonique" inhérent à ce genre de personnage est peut-être un peu ridicule, mais le bonhomme lui-même est intéressant (ses confrontations avec Hellboy sont amusantes) et on a envie de le revoir dans une suite pour en savoir plus sur lui.Et nous avons surtout le Prince Nuada. Sa soeur, Nuala, est jolie tout plein, mais un peu pâlichonne face à lui. Car voilà un personnage comme je les aime ! Charismatique, complexe, avec une classe digne d'un personnage comme lui. Luke Goss (qui faisait le mutant vampire Nomak dans Blade II du même Del Toro) joue très bien : il est expressif, subtil dans son jeu...
(là, p'tit SPOILER) ► Afficher le texte
Et surtout, Nuada n'est pas un méchant d'opérette, ni un Raspoutine en puissance : ce qu'il vise à faire est terrible, mais on comprend pourquoi il le fait. Il est la personnification d'une force magique, mystique et ancienne, que le monde moderne broie sans la moindre commisération. Il se révolte contre cela, un peu comme Ofélia (du Labyrinthe de Pan, toujours) se révolte contre un monde matérialiste et dangereux. Evidemment, mes comparaisons ne prennent pas en compte les tonalités des films, mais elles sont cohérentes si on étudie la façon qu'a Del Toro de concevoir son univers : on retrouve les mêmes préoccupations écologiques et le même besoin de rêve et de magie. Le combat final avec Hellboy est en cela une des bonnes surprises du film. Car la mort de Nuada a un goût amer : il avait entrepris une "croisade" (j'aime pas ce terme, surtout par ses connotations actuelles, mais bon...), qui nous semblait, malgré l'horreur qu'elle implique, juste et compréhensible, et sa défaite fait résonner un immense gâchis. Comme si Nuada et sa soeur étaient les derniers garants d'un monde ancestral, sans qui désormais on ne peut que sombrer dans l'Apocalypse (ce qui sera a priori le thème du 3ème film, car il y a de fortes allusions en ce sens...).
(fin SPOILER) Donc, vous l'aurez compris : j'aime Nuada. :wub:Il y a aussi un "Elémental", sorte de Dieu-monstre végétal. Esthétiquement réussi. Un personnage tragique qui participe à ce que le film a de plus intéressant (et a donc un rapport avec les buts de Nuada, ce dont je parlais dans mon "spoiler").Mon autre personnage fétiche : l'Ange de la Mort, beau, majestueux. On pense tout de suite à l'Homme Pâle (notamment à cause des "yeux"), mais il tient surtout du grand Pan, car ils ont la même grâce. Une grâce un peu "noueuse" (car ils sont vieux et n'ont plus toute leur beauté d'antan), mais aussi "immuable". Ils ont connu les débuts des temps et en verront la fin : ils ont conscience d'une certaine destinée, mais aussi du sentiment d'appartenir à un cycle (celui des choses qui sont, ont été et seront). Enfin... ça fait très philosophique ce que je vous sors, mais c'est aussi ce qui fait l'épaisseur de ces personnages. Malheureusement, l'Ange de la Mort ne fait littéralement que passer. Lui aussi, on aimerait le voir dans un 3ème film : il est trop beau pour n'avoir que 5 minutes à l'écran, c'est frustrant.Et c'est là aussi le problème : Del Toro réussit toujours ses personnages secondaires, surtout quand ils sont des créatures fantastiques (Nomak et son père dans
Blade II, les différentes créatures ainsi que Mercedes et le docteur dans
Le Labyrinthe de Pan, l'automate-tueur Kroenen du 1er
Hellboy...), mais on les voit trop peu dans
Hellboy II. La foule est quasi inexistante, alors qu'il y avait une vie dans le 1er : pas de population urbaine, ou si peu ; le peuple de Elfes est réduit à une vingtaine de représentants en arrière-plan qui disparaissent ensuite du film... Même Nuada n'a pas le temps qu'il mérite. Et je ne parle pas de sa soeur, un personnage tout aussi intéressant, mais trop fugitif pour obtenir une épaisseur. Ce qui est triste, car du coup sa petite histoire avec Abe ne nous touche pas assez.Côté émotion justement, je trouve que, quand même, ça fonctionne bien. Les préoccupations "domestiques" d'Hellboy sont bien menées, par exemple. L'humour présent est drôle (enfin, moi je riais facilement, même si la salle de ciné était un peu morte...). Il y a notamment une scène de beuverie fabuleuse ! :lol:En fait, tous les éléments fonctionnement individuellement, mais c'est le mélange qui prend mal (comme je disais plus haut). Et puis, il y a un défaut de rythme, quelques longueurs (absentes du 1er film)... C'est pour ça aussi que je me dis que je devrai revoir le film pour mieux apprécier l'ensemble (d'autant plus que la fièvre que j'avais ne m'aidait pas).Mais mon plus gros point noir reste la bande-son. Et c'est triste à dire, mais je suis déçue d'Elfman. Oui, oui, Danny de son prénom. La musique de Marco Beltrami dans le 1er film était bien mieux en adéquation avec l'univers. Là, on a l'impression qu'Elfman s'autocopie ou pire, se parodie. On pouvait déjà avoir cette sensation sur
Spiderman par ex, mais ce n'était pas gênant, car il avait réussi à coller à l'univers de l'homme-araignée. Dans
Hellboy II, on a l'impression qu'il hésite entre l'Armée des Ténèbres d'
Evil Dead et les envolées burtoniennes d'un
Edward aux mains d'argent : appliquez à un Diable rouge ronchon et à des Elfes, cela passe mal. Surtout les petits choeurs aux voix angéliques. Parfois, j'aurai aimé me passer de musique. Seule le thème du début (avec la "construction" du titre) est vraiment chouette.Le début justement (et j'en termine de ma looongue dissert, promis !

) est aussi une des bonnes surprises du films, même si cela aurait pu être mieux encore. Le film débute en 1955, on voit un tout jeune Hellboy (mignon tout plein) et le professeur Bloom qui lui raconte une histoire : celle de la couronne des Elfes et de l'Armée d'Or (chouettosse à ce propos, dans le genre mécaniques littéralement "incassables"). L'histoire en question est imagée par une séquence d'animation, où les personnages sont des pantins de bois. L'idée est amusante et sympathique. Mais ce sont des images de synthèse (du moins, je le crois, car cela se voit, je trouve) et j'aurai préféré une animation image par image : la séquence aurait alors été parfaite !
EDIT : Je me rappelle maintenant à quoi cela me faisait penser : au film
Le Fil de la Vie, qui met en scène des marionettes de bois et qui illustre très bien ce que j'aurai aimé voir dans cette séquence d'Hellboy.Voilou ! Comme vous voyez, ch'uis un peu mitigée, même si je peux affirmer avoir aimé le film. Il a un vrai propos qui nous touche directement, alors que le 1er parlait d'Apocalypse de manière trop "fantastique" pour nous inquiéter. Mais son mélange peu convaincant de différents univers, son manque de rythme (et sa musique) plombent un peu l'entrain et le spectacle attendu. Ceci dit, aucune raison de le bouder : vous aurez plaisir à voir ce film, même si je ne ferai pas partie de ceux qui affirment qu'il est meilleur que le 1er. Disons que cette suite a fait ressortir les défauts du précédent (qu’on ne voyait pas forcément avant), mais en possède d'autres qui l'interdisent d'être justement "mieux". Mais en transformant l'essai, le 3ème et dernier film prévu (s'il se fait) peut promettre d'être le meilleur des trois : tous les éléments posés en ce but l'affirment ! ^^PS : fiou... presque 2 heures pour tout écrire...

re-EDIT : balises "spoiler" enclenchées !