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J’ouvre un peu ce sujet par boutade, donc il a peut-être vocation à rejoindre le topic sur les clichés.Depuis quelques temps on brocarde gentiment une tendance de la fantasy affectueusement nommée « fantasy à capuche ».Mais qu’est-ce finalement au-delà de la multiplication gremlinesques des hoodies ?1) un affreux tic des composeurs de couvertures ?2) une mode passagère ?3) un sous-genre en soi ?Malgré toutes mes idées, j'avoue ne pas savoir par où commencer, mais comme je sais qu'on en a déjà discuté dans divers topics...PS: intitulé du topic assez moisi, si quelqu'un a mieux je suis preneur... si le topic n'est pas transféré ailleurs évidemment ! ;)

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J'ai l'impression que c'est vraiment une nouvelle mode.Bon, pour parler comme une néophyte qui n'y connaît rien : pendant des années, la "mode" en fantasy ça a été la fantasy magique, impliquant une prophétie, un élu, et des pouvoirs magiques. Donc un super monde, un super système de magie, des elfes, des nains (qui a dit "tiens, des gens qui ont copié Tolkien !" ?), mais parfois une psychologie des personnages brinquebalante.Maintenant, la nouvelle mode semble être un monde moins complexe (souvent une ville : Scott Lynch, Bousquet, Weeks...) mais trés sombre (Aercombrie par exemple, encor eBousquet, dans la misère (peut être est ce par rapport à la crise ?)), avec une guilde qui contrôle tout et bien sûr, des assassins à capuche.En gros, aprés avoir copié Tolkien, on s'inspire de l'auteur dont Albéric a parlé dans l'autre topic mais dont j'ai oublié le nom :)

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Fritz Lieber :)D'ailleurs je n'ai jamais lut le cycle des épées... un grand classique parait-il. C'est le prochain cycle que je lirai une fois terminé le cycle de Dune (que je viens à peine de commencer donc il ya le temps). Oui je suis dans les grands classique...Sinon comme pour la bit lit, ce genre de "mode" ça me passe largement au dessus de la tête. Je laisse les lecteurs compulsif amateur de nouveautés faire le travail d’écrémage, et je me contente de lire essentiellement ce qui a fait ses preuves dans le temps.

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Il n'est pas sur que la flopée de livre concernés s'inspirent tous de Fritz Lieber. A mon avis, la plupart sont dans l'un des trois cas suivant:- Le coté fantasy à capuche est un détail qui est incommensurable à ce qui fait la force de l’œuvre.- Le livre est écrit en réaction à la mode précédente (imitation Tolkien etc...) et l'auteur croit ainsi être un innovateur génial alors qu'il ne fait que suivre la nouvelle tendance.- L'auteur est tellement embourbé dans les tendances commerciales qu'il ne se rend même pas compte qu'il écrit selon des poncifs.Ce qui serait marrant, ça serait d'essayer d'anticiper la mode qui viendra après celle-la, même si on a peu de chance d'y arriver: qui eut dit que tant d'année après le cycle des épée ou même l'assassin royal (qui appartiennent clairement à la première catégorie vu leur originalité dans leur contextes de sortie) on aurait une telle flopée de cynisme, d'humour noir satirique et d'assassins?D'ailleurs, je me demande si statistiquement, conjointement à un certain effet de mode, on ne peut pas y voir tout simplement un rééquilibrage de la diversité des approches des univers? Après avoir eu une grande majorité d'aventures ayant lieu en partie "dehors", on s'urbanise un peu plus et on reste dans les villes (un lien avec l'urbanisation qui va toujours plus loin dans nos propres sociétés)?Bref, que de question, mais je ne sais si la qualité des œuvres de fantasy capuche justifie qu'on s'y casse la tête, finalement.

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Cacher son visage avec une capuche me semble assez stupide de la part d'un assassin. Pour que la capuche puisse masquer le visage, ou faire que le visage soit dans l'ombre et peu visible, il faut qu'elle retombe un peu sur le visage. Mais dans ce cas-là, on aura peut-être un assassin dont les traits seront difficiles à reconnaitre, mais surtout qui ne verra rien vers le haut ou sur les côtés, un peu comme s'il avait des oeillères : pas très malin pour quelqu'un qui doit surveiller autour de lui pour chercher à ne pas se faire repérer. Sans compter le fait que s'il doit se battre, la capuche risque de le gêner pour suivre les mouvements de son adversaire.Il ferait bien mieux de porter un masque ou une cagoule ! Evidemment, c'est moins porteur pour le cliché côté "le vent soulève ma grande cape à capuche et me donne un air ténébreux et mystérieux".Je penche donc pour "un affreux tic des composeurs de couvertures" qui n'ont pas réfléchi au réalisme du personnage.

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Eh oui ! La fantasy à capuche, c'est vieux comme Robin Hood.Qui lui-même est probablement plus vieux que Robin de Loxley ou que le mystérieux Robehod jeté en prison pour non paiement d'une amende en 1228. R. Holdstock ne s'y est pas trompé, en l'intégrant dans la forêt des Mythagos sous le nom de "capuchard". Aux origines, il y a peut-être un dieu celte qui pratiquait parfois l'embrouille, le Dagda irlandais (et ses hypostases continentales), connu pour son manteau qui rendait invisible.(Tiens, on se demande qui a repris ce mythe… ;) )

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alana chantelune a écrit :Y'a pas que les héros de fantasy pour qui la capuche est à la mode ... :mrgreen:
Dans certains de nos quartiers (ghettos?) c'est à la mode depuis des années...

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- La fantasy a capuche est un sous domaine de la sword and sorcery.- Nous avons des héros voleurs ou assassins qui luttent contre le système. Ils viennent souvent d'ailleurs en aide aux pauvres. Il s'agit ni plus ni moins d'un engagement politique d'auteurs contre le néolibéralisme.- On évite le piège de l'angélisme. les héros ne sont pas présentables mais les méchants sont encore pire.

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pour ne pas polluer le topic sur les Mensonges de Locke Lamora je repasse ici,
outre Les Salauds Gentilshommes et L’Ange de la Nuit citons :- le cycle Assassini de Grimwood- la trilogie Farlander de Buchanan- la Trilogie de l’Ombre de Sprunk- le Baiser de Rasoir de Roman Polansky- le Don Benevuto de Jean-Philippe Jaworski- le cycle des Sept Lames de David Chandler- le cycle de l’Empire Brisé de Mark Lawrence- The Emperor's Knife de Marzakis Williams...Les capuchards (Sarmarte copyright) ont encore quelques beaux jours devant eux ! ;)
led a écrit :Heureusement que je fais pas la liste de la fantasy sans capuche car j'aurai pas assez de 10 pages ....je peux faire 50 listes bidons de fantasy: de la fantasy avec le percheron du coin, de la fantasy chevaleresque, de la fantasy sans héroïne...Au delà de ces comparaisons tirés par les cheveux et bidonnes, je trouve que c'est un faux débat: peu importe que l'Homme à capuche soit présent ou pas, mais ce qui m'importe c'est la qualité de l’œuvre : or pour moi, on trouve autant de daubes dans la fantasy capuchiennes que sans.
"peu importe que l'Homme à capuche soit présent ou pas, mais ce qui m'importe c'est la qualité de l’œuvre "tout est dans tout, rien est dans rien et tout chose est égale par ailleurs... on va trop faire avancer le schmilblick."or pour moi, on trouve autant de daubes dans la fantasy capuchiennes que sans."Personne n'a écrit que la fantasy à capuche était par nature top moumoute ou top moisie... :huh:On n'empêche personne d'écrire des bouquins de fantasy avec des voleurs et des assassins.On note juste qu'après Waylander et Fitz Cavalerie, ils sont beaucoup plus présents depuis quelques temps.Il faudrait mieux lire les interventions des uns et des autres avant de s'embarquer dans un procès d'intention."je trouve que c'est un faux débat"c'est le droit de certains d'y voir un faux débat, mais c'est aussi le droit des autres d'y en voir un..."Au delà de ces comparaisons tirés par les cheveux et bidonnes"Mettre à la poubelle les points communs et les points comparables de moult titres au nom d'un bon sens littéraire...... c'est quand même un tantinet léger comme argumentation, voire de mauvaise foi non ?edit: désolé pour le mouvement d'humeur, j'ai envoyé le message avant la modification de led qui a atténué le ton de son intervention2ème edit: si led ne croit à la mode de la fantasy à capuche, Jean-Philippe Jaworski lui y croit... ;)
LF : Benvenuto est un assassin et on voit de plus en plus ce genre de "héros" dans la fantasy (Brent Weeks, etc…)... Pensez-vous que ce phénomène est une mode ? Et a-t-elle un sens dans notre société ?J.-P. Jaworski : Ce phénomène est certainement une mode. Mon éditeur, André-François Ruaud, l'appelle la crapule fantasy. C'est sans doute un révélateur de l'évolution des mentalités. La déchristianisation, la dissolution des idéologies et même, en Europe, des identités nationales, sans parler des complexes nés des guerres de décolonisation ou des grandes crises de civilisation provoquées par les guerres mondiales : tous ces facteurs ont profondément modifié la conception que l'on se fait du héros. Les chevaliers blancs sont ringardisés. De nos jours, même les super-héros sont fatigués et ambigus. Dans ce contexte, des personnages louches ou criminels traduisent peut-être mieux l'amertume et le cynisme de nos sociétés en proie au doute.

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Miroir a écrit :Maintenant, la nouvelle mode semble être un monde moins complexe (souvent une ville : Scott Lynch, Bousquet, Weeks...)
Moins vaste ne veut pas dire moins complexe. Ciudalia, la ville du Gagner la Guerre de Jaworski est bien plus complexe qu'un certain royaume dans lequel les soldats sont l'acier qui s'oppose à l'acier et l'empereur celui qui s'oppose à la magie... Non non, pas de nom :DEnsuite, je me demande si ce ne sont pas les jeux vidéos qui ont inspiré cette mode? Thief et Assassin's Creed peut-être?

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@ Atanaheim
Ensuite, je me demande si ce ne sont pas les jeux vidéos qui ont inspiré cette mode? Thief et Assassin's Creed peut-être?
Pour le visuel des couvertures, c'est fort probable, pour le fond j'y crois nettement moins...Néanmoins quand les manuscrits arrivent dans les maisons d'édition, il est fort possible qu'on se dise que ces jeux cartonnant chez un certain public, des romans avec un voleur ou un assassin puissent mieux se vendre que d'autres.Un petit coup de pouce marketing qui offrirait une deuxième jeunesse au sous-genre ? Possible...

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La sword and sorcery s'est construite autour de personnages luttant contre une société corrompue. La fantasy à capuche va plus loin. Ici ceux qui lutte contre la corruption sont des criminels, signe que la société est devenue tellement corrompue qu'ils sont finalement les seuls à se dresser contre la corruption. Les criminels sont des héros et leurs ennemis sont encore pire. Il suffit de voir contre qui Locke Lamora monte ces arnaques, des aristocrates à l'allure bien lisse mais qui sont de vrais pourritures. Bref on est pas loin de Robin des Bois ou d'Arsène Lupin, même si la plupart de nos capuchard ne vont pas jusqu'à donner une part aux pauvres. Finalement nous avons des personnages qui sont des purs produits de la corruption et qui sont les seuls à pouvoir lutter contre elle. C'est assez symptomatique d'une société gangrennée par les puissances de l'argent et l'idéologie libérale, où l'on ne croit plus à grand chose et où les héros traditionnels sont perçus comme des complices du système. Pour lutter contre ce système il faut donc des gens qui n'ont rien à perdre : des criminels.Je suis donc surpris de ne pas trouver cette idée dans les space opera récent en SF, d'ailleurs et voir ce développer une SF d'aventure autour de personnages de criminels.

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J'ai tout de même un peu de mal à ne pas y voir une "mode" : il suffit de faire la liste des couvertures ou des synopsis qui immanquablement mettent en scène un assassin/voleur au visage dissimulé. Ce n'est pas une question de qualité, mais de formule.

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Je ne pense pas que cette dimension-là soit présente, ou autre chose que gadget, dans la plupart des romans du genre à ranger dans la catégorie "passable" (pour être gentil). :)

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@ Bald
Il n'est pas sur que la flopée de livre concernés s'inspirent tous de Fritz Leiber.
C’est le grand classique qui a posé les bases du genre dans les années 1940 et qui n’a pas pris beaucoup de rides.Si seulement plus d’ouvrage s’en inspirait plus franchement !
Le coté fantasy à capuche est un détail qui est incommensurable à ce qui fait la force de l’œuvre.
Oui et non : le côté fantasy à capuche fait grandement partie de la force de l’œuvre quand c’est bien fait.
Le livre est écrit en réaction à la mode précédente (imitation Tolkien etc...) et l'auteur croit ainsi être un innovateur génial alors qu'il ne fait que suivre la nouvelle tendance.L'auteur est tellement embourbé dans les tendances commerciales qu'il ne se rend même pas compte qu'il écrit selon des poncifs.
Parfois la limite est floue entre les 2 cas de figure, mais on repère assez vite les fumistes qui rebondissent sur tout ce qui est à la mode (Paolini je te vois !)
qui eut dit que tant d'année après le cycle des épée ou même l'assassin royal (qui appartiennent clairement à la première catégorie vu leur originalité dans leur contextes de sortie) on aurait une telle flopée de cynisme, d'humour noir satirique et d'assassins ?
C’est peut-être un phénomène naturel :Après des décennies de space-opéra bien propres sur eux, la crise des seventies a accouché du cyberpunk cynique et noir.Peut-être qu’avec des décennies de high fantasy bien propre sur elle, la crise des années 2000 a accouché d’un fantasy à crapule toute aussi cynique et toute aussi noir.
Après avoir eu une grande majorité d'aventures ayant lieu en partie "dehors", on s'urbanise un peu plus et on reste dans les villes (un lien avec l'urbanisation qui va toujours plus loin dans nos propres sociétés) ?
C’est vraiment pas con comme réflexion tant semble parfois artificielle les descriptions des espaces naturels…Autant s’inspirer de ce qu’on connaît et faire de la fantasy à cadre urbain@ Eldermê
Cacher son visage avec une capuche me semble assez stupide de la part d'un assassin. Il ferait bien mieux de porter un masque ou une cagoule ! Evidemment, c'est moins porteur pour le cliché côté "le vent soulève ma grande cape à capuche et me donne un air ténébreux et mystérieux".
Pas seulement de la part des assassins : les chevaliers du zodiaque dans Saint Seiya Omega et les Cosmocats en cavale avaient l’air super discret tous seuls avec leurs long manteaux à capuche en traversant les place de villages animées…@ alana chantelunelol : Œil de Faucon je présume ? ^_^@ SarmateBien vu les références à Robin Hood et Dagda ! :)Bien choisi le gentil sobriquet de capuchards. ;)@ Fabien Lyraud
La fantasy a capuche est un sous domaine de la sword and sorcery.
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On évite le piège de l'angélisme. Les héros ne sont pas présentables mais les méchants sont encore pire.
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Nous avons des héros voleurs ou assassins qui luttent contre le système.
A démontrer par l’exemple peut-être SVP ?
Ils viennent souvent d'ailleurs en aide aux pauvres.
A démontrer par l’exemple peut-être SVP ?Locke Lamora se fait passer abusivement pour un bienfaiteur des pauvres, mais il est clair effectivement qu'il choisit comme victimes des notables qui n'ont aucune leçon à recevoir question magouilles et corruption.
C'est assez symptomatique d'une société gangrenée par les puissances de l'argent et l'idéologie libérale, où l'on ne croit plus à grand chose et où les héros traditionnels sont perçus comme des complices du système.
On s’éloigne du sujet, mais j’avais adoré The Authority qui luttait contre le vilain le plus puissant et le plus terrifiant de l’histoire du comic : le Système représenté par l’hydre du G8 !
Il s'agit ni plus ni moins d'un engagement politique d'auteurs contre le néolibéralisme.
Comme Gillossen je pense que cette dimension n’apparaît pas dans une bonne partie des titres estampillés « fantasy à capuche »Donc je n’irai pas jusque là, mais parfois il y a de quoi se poser des questions...Par contre j’avais écrit dans un autre topic :
« A la réflexion, je trouve assez symptomatique que la figure la plus populaire de la culture anglo-saxonne (Robin Hood ndt) soit un héros qui vole les riches pour donner aux pauvres pour s’opposer à des riches qui volent les pauvres…… alors qu’on prône un libéralisme (néo/ultra)libérale mortifère très tolérant avec l’accroissement des inégalités et des pauvretés : Robin des bois ne serait-il qu’un vil criminel socialo-communiste ? »

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Tiens ben... Fritz Leiber à propos de ses deux personnages fétiches dans la préface de "Les épées de Lankhmar":"Dans le monde des légendes, je ne vois en fait que Robin des bois qui s'approche d'eux, même si les miens s'avèrent souvent de sacrés loups sauvages..."La boucle est bouclée ^^.

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Le trope "In the Hood" de TV Tropes résume pas mal le procédé, quand il est employé ponctuellement. Quant à savoir s'il s'agit d'un sous-genre en soi, je pense que ça peut en participer, mais ze capuche en soi iz not inof.En revanche, j'ai une théorie sur la Cause de la capuche. C'est parce que le parapluie fait soit trop comédie musicale, soit trop film d'espionnage (si le parapluie est bulgare).Accessoirement, le parapluie, du moins dans son modèle traditionnel, occupe une main, ce qui n'est pas pratique pour manier des armes lourdes du type épée double (imaginez par exemple la couverture du "Prince écorché" avec un parapluie à la place de la capuche : impossible de tenir l'épée !). D'où le plus grand succès de la capuche.Notons aussi que la plupart des capuches de fantasy sont truquées : elles restent toujours bien courbées autour de la tête, et ne se plaquent jamais sur les tempes ou le cou des héros en mode "chien mouillé". Moi j'y arrive jamais avec mon K-way. VDM.