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par Milieuterrien
Elbakinien d'Argent
Ah là là quels régals ! (si l'on peut dire pour la Bouche...)Pour le renvoi de Sam, je me souviens être resté sur le postéant en méditant sur la façon dont Frodon se décidait si froidement, si gentiment, si cruellement... Pour moi rien que cette scène valait à Elijah toutes les louanges et il aurait mérité une nomination.... Voilà qu'ici on apprend comment cette scène est venue, grâce aux bienfaits de la maturation, et à la demande d'Elijah lui-même.. ! Yes.. ! La (les) première(s) version(s) étai(en)t intenses et saisissantes, mais c'est vrai qu'elles ne se démarquaient pas réellement des précédentes 'crises d'anneau' de Frodon. Et là, par un jeu d'acteur mûrement réfléchi, il a trouvé le moyen d'exprimer une emprise encore plus lourde, plus irrémédiable, et d'autant plus glaçante qu'elle intervient à l'épreuve d'un moment décisif.. en fait cette scène préfigure le dernier acte et la conquête 'définitive' de Frodon par l'anneau.. Quant à la Bouche, que nous connaissons de mieux en mieux à travers les spoilers successifs, je crois que nous ne sommes pas prêts de l'oublier.. Autant le dire, cette médiation est un festival.. Legolas comme à son habitude est plus rapidement dans le bain que ses compagnons, Aragorn se montre totalement attachant et humain dans sa façon de mésestimer d'abord l'adversaire sur son apparence, avant d'atterrir et s'apercevoir du désastre (on comprend mieux la réaction qui sera la sienne quelques secondes plus tard), Pippin est à nouvau un véritable coeur ambulant, et Merry, tout aussi ébranlé, garde cette touche d'auto-discipline tellement sienne... Quant à Gandalf, en dépit de tous ses efforts pour dominer la situation de son autorité, on voit bien qu'il est, de tous, le plus profondément atteint par cette irruption de ses pires cauchemars..Mais revenons à la Bouche.. ses lèvres, ses dents, son langage, on en avait déjà eu un aperçu. Mais nous avons cette fois une vue bien plus large de sa psychologie, et de cette cécité qui caractérise son comportement et trouble nos repères. Manifestement, elle est un redoutable messager, qui ne se contente pas de transmettre la voix de son maître, mais se montre à l'affût de chaque bribe d'information trahie par ses interlocuteurs et réagit.. au quart de tour (c'est le le cas de le dire..). C'est un euphémisme aussi de dire qu'elle s'exprime sans un mot de trop : même son rire est condensé ! Vraiment il faut entendre comment ce rire-là, d'un coup d'un seul, couvre de ridicule les ricanements incontinents des génies du mal de nos dessins animés.. Quant à la description donné par la Bouche de la fin de Frodon, elle applique lentement le fer rouge sur ses amis, et sur Gandalf en particulier.. Dieu sait que le cinéma a déjà amplement montré son savoir-faire dans ce domaine, le terrain était balisé et il aurait été grand-guignolesque d'en rajouter : mais là, tout est dans la suggestion.. La tristesse devient si envahissante que la Bouche elle-même paraît contaminée par la compassion.. Et malgré la monstruosité quasi-surréaliste du personnage, tout est à des années-lumière de tout ridicule..Chapeau bas..