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Nous nous égarâmes quelque peu... Tentons donc de recentrer le sujet...Bien... Est-il utile de faire mourir un personnage ? Ca permet un peu de nettoyer (c'est pas gentil). Mais il y a surtout un truc que je supporte pas, c'est ce que j'ai surnommé le "complexe de Patrocle" ;) Je m'explique : Le héros, pour une raison quelconque -généralement une affaire de fille, ou une affaire d'ego, ou les 2- se retire sous sa tente (dans son château, son vaisseau spatial, ses quartiers, au choix selon le contexte) et boude, en en voulant à la terre entière. Et à ce moment le meilleur ami du héros décide de le secouer un peu et va donc faire son boulot de héros à la place du héros, mais comme lui c'est que le copain du héros et pas le héros, ben il meurt :lol: (suis-je assez claire ?). Notre héros, fort dépité, sort alors de sa tente (son château, son vaisseau spatial, ses quartiers, au choix selon le contexte) et va casser la binette (zigouiller, ridiculiser, ratatiner, donner une leçon, au choix selon le contexte) à celui qui est responsable de la mort du copain du héros.Bien. Le Homère d'alors l'avait fait ( :lol: et moi je l'ai placée !!! Laissez là, par pitié). Comme Homère (pas le père de Bart, l'autre) n'a pas de descendant reconnu, les auteurs et scénaristes pompent son idée sans vergogne. Et j'en ai plus qu'assez de ces répétitions de Chichille faisant la tête, Patrocle se faisant trucider par Hector et Chichille trucidant Totor :angry: Parce que c'est la suite qui change dans les redites : Happy End ! alors que chez Homère, Chichille se faisait exploser le talon par Pâris ;) Voilà. Si la mort d'un perso peut apporter un plus à une histoire, relancer l'action, l'intérêt, ce genre de choses... C'est que du mauvais réchauffé de littérature ou de films de 3ème zones. :angry: Na !

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La mort est "naturelle", pourquoi n'aurait-elle pas sa place dans un roman ? Et surtout pourquoi vouloir lui chercher forcemment un intérêt... Un personnage se doit-il d'être immortel ?Les morts de personnages secondaires interviennent quand même assez fréquemment; elles sont présentes pour le suspens et pour la formation "psychologique" du héros ou encore fournissent un motif de quête (vive la vengeance !) pas cher, et puis elles rendent les personnages plus humains.La mort des persos principales est déjà bien plus rare et elle se présente quasi-systématiquement en fin de récit : un glorieux sacrifice, ou une ultime maladresse. Dans tous les cas, outre le procédé émotionnel, il y a tout simplement cloture du récit de façon apparemment définitive. Il faut bien en finir un jour...

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Inoui,jeudi 29 janvier 2004, 23:33 a écrit :La mort des persos principales est déjà bien plus rare et elle se présente quasi-systématiquement en fin de récit : un glorieux sacrifice, ou une ultime maladresse. Dans tous les cas, outre le procédé émotionnel, il y a tout simplement cloture du récit de façon apparemment définitive. Il faut bien en finir un jour...
En passant, bien que ce ne soit pas un roman mais une BD, je cite le contre-exemple parfait : Gorn. Tout débute avec la mort du héros en fait... ce qui n'est pas banal ! :)Quant à ramener toutes les morts de personnages à une copie de l'Illiade... :blink: :rolleyes:

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La mort dans un roman de fantasy parait une étape presque incontournable. Tout d'abord la mort fait partie de la vie il n'est donc pas surprenant que l'on y soit confronté à un moment ou à un autre, mais elle est surtout utile en tant que ressort scenaristique. Si les personnages affrontent mille et un dangers on peut finir par ne plus les sentir en danger. Ce n'est pas forcément un mal puisque l'on se retrouve dans la situation de type "mais comment vont-ils s'en sortir" qui peut être agréable à suivre, tout comme il n'est pas forcément mauvais de connaître le coupable d'un crime dès le début (les amateurs de Columbo comprendront de quoi je parle).Néanmoins on peut aussi apprécier de ressentir le frisson du "mais vont-ils s'en sortir", sans le "comment". On a alors affaire à un récit au final assez incertain. Quoiqu'en général la mort est alors le fait d'un personnage "secondaire". J'utilise les guillements parce que l'on peut difficilement qualifier de secondaire un personnage comme Boromir, sans parler de Gandalf, mais ce ne sont pas les personnages autour desquels tourne le récit. La mort du personnage central, si elle intervient, n'a lieu qu'à la fin de l'oeuvre, ce qui est somme toute logique puisque ce personnage est celui autour duquel tourne les évènements. Ainsi il n'est pas exclus que Rand dans la Roue du Temps ou bien Harry dans Harry Potter ne survivent pas à la fin de l'ultime opus des cycles les concernant.Ceci m'amène d'ailleurs à constater qu'il n'y a pas de personnage central dans le Trône de Fer. On pourrait éliminer n'importe lequel des personnages dont on suit le point de vue sans que l'histoire s'arrête.Par contre, dans le genre qui m'agace parfois, il y a le syndrome ou l'effet "Gandalf". A cause de ça je dois avouer que je n'ai pas été très touché par la mort de certains personnages, persuadé que je les verrais resurgir du coin de la rue pour filer à nouveau un coup de main au héros. Heureusement que ce n'est pas le cas dans tous les livres sinon cela deviendrait vite ennuyeux.

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Je suis d'accord dans l'ensemble avec ce que dit Herbefol... ;) (Et Herbefol, si tu aimes les intrigues à la Colombo, je te conseille chaudement la série des Juge Ti de Robert Van Gulik, des enquêtes dans la Chine Impériale absolument dépaysante et historique)Quand à l'intitulé de Brynhild, qui donne un nom à un effet de scénario, je le trouve parfaitement pertinent. Il ne s'agit pas de dire que ce qui a été fait une fois ne doit jamais être refait, mais disons que c'est comme une tournure de style, ça permet de nommer un enchaînement d'évènements successifs qui se répète. Et le complexe Patrocle, je trouve ça assez bien vu ! ;) (Disons que je ne le prends pas comme une critique du truc en lui-même, mais une simple description du genre : "Tiens Machin nous fait le coup de Patrocle" ! :mrgreen: )La mort comme source de tension :Pour revenir au sujet initial de la mort des personnages de romans (là je généralise volontairement), disons que quand des héros se retrouvent dans des situations critiques et dangeureuses (la guerre, les complots de cours, la lutte contre un dragon ou de manière générale contre le Mal), leur vie est menacée. Le fait que la mort puisse rester une éventualité, présente à nos esprits, ça crée un suspens, une tension qui peut être source d'intérêt pour le lecteur.Je prendrais un exemple tout bête : Séance d'E.T. avec mon petit frère de 5 ou 6 ans alors inquiet devant la lfeur qui dépérit et tous les scientifiques et militaires qui ont arrachés E.T. à sa gentille famille d'adoption s'écrit au milieu de la salle noire "Il va mourir E.T. ?" Et réponse d'un gamin plus grand au premier rang : "Mais non, il peut pas mourir, c'est le héros!". (Ce qui gâche quand même un peu tout l'effet, mais bon ! :P)Bref, si la bravoure, et pour reprendre un autre thème, si le sacrifice n'est pas fait devant un danger léthal, tout ce que peut faire le héros n'a aucun sens ; s'il ne risque rien, nous pouvons nous désintéresser facilement de la réussite ou de l'échec des actes de celui-ci (un peu comme un James Bond : nous savons tous qu'il va de toute manière réussir et s'en sortir avec brio, tout ce qui nous intéresse c'est comment et l'éventuelle beauté de la manière ! Mais au niveau du partage des émotions, nous n'avons à aucun moment "peur" pour lui... :P ). Sans compter que sans danger, sans caractère exceptionnel, les actes du héros n'ont pas la saveur que nous recherchons dans la littérature Fantasy.Le fait que la mort puisse être présente face au héros, le fait que nous ne sachions pas à l'avance sur qui elle va s'abbatre (encore qu'il ne fait pas bon souvent être le meilleur ami du héros, ou être black ou une blonde niaise dans certains films "faciles" :mrgreen: ), comme le dit Herbefol, ça fait un petit "frisson" ! ;)(Et la notion de bravoure est en effet liée à la notion de sacrifice qui donne de la valeur à la mort en elle-même)La mort comme source de "crédibilité" :Je le mets entre guillemets, parce que dans le domaine de la Fantasy, la crédibilité est toujours discutable ! :D. Mais disons simplement que par exemple, dans un pays en guerre, si la mort de quelques personnages n'intervient pas, cette guerre devient complètement impuissante et inutile, comme un décors faux et vide. (Imaginez Légende de Gemmel sans un mort ou deux ? La difficulté du siège perdrait complètement de sa tangibilité)La mort est en effet une réalité pour tous, et particulièrement dans des situations extrèmes telles qu'on en rencontre dans des aventures Fantasy ! ;) C'est donc "naturel" qu'elle apparaisse. Et comme on dit "Parfois les gens meurent" :mrgreen: La mort comme source de l'action :Comme le dit Inoui, la mort de certains personnages peut aussi alimenter l'action comme basiquement créer une envie de vengeance. Et là, on revient un peu aussi sur ce que l'on disait dans le sujet des héros orphelins ; à savoir que certaines morts peuvent aussi moduler la psychologie du personnages (et influencer ses choix, et donc l'action...)La mort comme une fin ? :PParce que souvent, savoir finir une histoire c'est un vrai talent (vous ne m'oterez pas de l'esprit que Jean-Christophe Grangé, auteur des Rivières pourpres, ne sait pas écrire une fin de roman ! :P). Et que dans un ultime sacrifice le héros meurt c'est quand même une sacrée fin ! :mrgreen: (D'ailleurs, un jour, je me laisserais bien tenter par un sujet sur la difficulté de savoir finir une histoire... Ou disons de la tentation de délayer à fond au lieu d'aller à l'essentiel ! :P)Il y a aussi les romans qui à la fin de l'intrigue en elle-même nous offre la mort du héro du genre "Et ils vécurent heureux et eurent plein d'enfants", comme le Seigneur des Anneaux (Enfin ils vécurent pas forcément heureux !!! :mrgreen: )

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Un ouvrage possiblement intéressant dans le débat...
http://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/2296013481r.jpg
LE MERVEILLEUX ET LA MORTDans "Le seigneur des anneaux" de J.R.R. TOLKIEN, "Peter Pan" de J.M. BARRIE"L'Histoire sans fin" de Michael ENDEViara TimtchevaCommunication socialeLITTÉRATURE ETUDES LITTÉRAIRES, CRITIQUES EUROPE Plus d'un conçoit le genre "merveilleux" comme étant destiné aux enfants, incompatible avec la souffrance et la mort. Pourtant, Tolkien dit pour le Seigneur des Anneaux: "J'ai produit un monstre : une aventure plutôt triste et terrifiante, ne convenant pas du tout aux enfants, et peut-être à personne" ; le Néant de l'Histoire sans fin s'inspire à la fois du nazisme et de la mort ; Peter Pan est l'un des personnages les plus poignants en littérature, et un trouble psychologique porte son nom. Cette étude interroge trois chefs-d'oeuvre du genre dans ses rapports complexes avec la mort, mais aussi avec l'amour.ISBN : 2-296-01348-1 • septembre 2006 • 136 pages version numérique (pdf image-texte) : 4 146 Ko Prix éditeur : 13 € / 85 FF
http://www.editions-harmattan.fr/index. ... e&no=22205

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Je ne suis pas du tout adepte de ce genre d'ouvrage analyseur de romans mais le thème de celui-ci est intéressant. C'est peut-être un peu réducteur de se limiter à 3 ouvrages mais enfin comme j'aime beaucoup les 3, je pense que je le feuillèterai à l'occasion.

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Moi non plus d'habitude j'aime pas trop ce genre d'ouvrages mais sur la mort et les relations amoureuses du merveilleux pourquoi pas car c'est vrai que c'est vraiment marquant dans certaines oeuvres...

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Ce livre peut être intéressant selon la manière dont il est abordée. S'il s'agit simplement de faire un mini cours où sont repris une liste d'exemple de morts dans les ouvrages du merveilleux, la démarche sera tout de suite moins intéressante! :)

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Cet ouvrage pourrait être intéressant en effet, j'aime beaucoup les 3 histoires dont il est question et le thème abordé est toujours intéressant. Mais c'est vrai que se limiter à ces 3 livres est peut-être réducteur, et ça dépend du sérieux et de l'approfondissement de cette analyse. Je verrai donc à l'occasion. Merci pour la référence en tout cas. :)

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bon je vais reprendre l'exemple d'un de mes personnage fétiche, Elric.
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Oui de temps en temps je pense que la mort est quelquechose de nécessaire à l'évolution des personnages. De plus parfois elle sert d'explication aux actions des personnages. D'accord en général les morts de ce type se situent au début du livre et ne tuent pas des personnages principaux toutefois dans l'exemple sus-cité ce n'est pas au début du livre et je pense que c'est en partie ce qui fait le charme de ce héros.Dans le type contre exmple à noter la BD Requiem Chevalier Vampire, qui commence aussi avec la mort du héros et son passage dans l'après vie.En règle général je suis friant de mort inattendu comme dans le trône de fer. Le premier tome m'a carrement scotché car pendant tout le temps je pensais à un sauvetage de dernière minute et pourrtant... (même maintenant que je suis au tome 8 francais secretement j'espère encore). Dans le cas du trône de fer je pense que c'est une des grandes forces de la saga qui justement peut nous surprendre à tout moment.

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Les deux principaux intérêts de la mort du personnage dans le récit de fantasy sont d'une part renforcer le côté tragique d'une scène, et d'autre part de rendre l'action générale et l'intrigue plus crédible. Ces explications ont été déjà évoquées mais j'aimerais développer un petit peu ces deux-là.En effet, faire mourir un personnage qu'on a appris à connaître au fil des pages, quel que soit le type de mort, ne peut laisser indifférent et renforce l'intérêt pour le récit. Le terme de sacrifice à l'histoire peut alors être employer. Dans le même sens, voir un groupe de héros braver tous les dangers et s'en sortir indemne m'amène à considérer l'histoire comme peu crédible et m'amène à m'en désintéresser ou au moins à moins m'y intéresser. Certes, la fantasy est la suspension de notre esprit cartésien et l'ouverture au merveilleux mais l'histoire doit suivre une certaine logique pour former un tout cohérent au xw yeux du lecteur. Sans mort importante on vire soit vers le conte de fée, et là il s'agit d'un choix délibéré en annonçant la couleur dés le début. Soit un récit qui se veut sérieux mais qui ne parvient pas à adopter un ton grave, voire tragique, et qui n'aboutit qu'à une suspension de la crédulité du lecteur. :)