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par owingketinketink
Elbakinien d'Argent
Bonjour.J'ai longtemps vécu dans une capitale où il n'y avait pas de librairie.Je vis aujourd'hui dans un petit coin de France où ce qui en tient lieu est un Hall de la Presse, librairie, papeterie avec un petit espace dédié aux livres en tous genres + une grande surface "culturelle".Je sais -quand même- ce qu'est une librairie physique et j'en ai quelques unes dans le coeur mais plutôt celui du souvenir.Alors ma librairie idéale : elle ressemble à une maison, à étages, balcons et terrasse ; elle a un porche auquel on accède par quelques marches et elle possède un jardin de ville qui la ceinture de tous côtés et où poussent quelques arbres vénérables sous lesquels lire le livre qu'on vient d'acquérir est possible. Une maison ancienne construite avec des matériaux dits nobles : pierre, briques, galets pourquoi pas. Disons pierre. Ses plafonds sont hauts, rosaces, corniches, cimaises en stuc. Ses sols sont en parquet massif ciré, recouverts ici et là de tapis. Son toît est de tuiles évidemment, et le nom de la librairie s'y lit via les tuiles colorées et vernissées savamment disposées.Chaque pièce possède sa propre cheminée. Le libraire projette d'en mettre aux normes quelques unes afin d'offrir de véritables flambées. Ici ou là, il a opté pour la sécurité et l'illusion du gaz. Ses escaliers sont en bois clairs, de l'orme de préférence, à l'exception d'un escalier hélicoïdal en fonte ouvragée qui divise le salon principal et conduit à une pièce orpheline donnant néanmoins sur terrasse et dont les murs sont peints de fresques. Les fenêtres sont hautes, en demi-cintre et nombre de pièces sont à jour traversant. Les bibliothèques sont anciennes, en bois mouluré, les parties basses ont des portes pleines, les parties haute plus étroites sont parfois dotées de portes vitrées, toutes comportent des tablettes à tirette qui permettent d'exposer des livres sur des chevalets ornementés, où d'y poser à plat un livre qu'on veut examiner grâce aux nombreuses loupes qui, ici ou là, traînent. Les bibliothèques sont hautes, le libraire accède aux rayonnages les plus hauts grâce à une échelle ici, là un escabeau ou escalier. Tous sont en bois et anciens, parfois dotés de roulettes.Dans toutes les pièces, un lustre de taille imposante en position centrale émerge d'une rosace, les autres éclairages sont indirects, appliques ici, lampes d'appoint là posées sur des petites tables, tables à jeu, consoles, somnos, tables de toilette, peu importe mais tout le mobilier doit être ancien. On trouve des scribans, bonheurs du jour, secrétaires. Ils ont des vocations diverses que l'on découvre au fil du temps.Chaque chambre de la maison a son univers que l'on retrouve dans les livres qu'elle recèle comme dans la décoration et les senteurs dégagés par les brûle-parfums.Outre les sièges dont beaucoup disposent de repose-pieds, on trouve des lits de repos garnis de coussins, plaids ou boutis anciens, parfois surmontés de ciel-de-lit pour mieux s'isoler derrière les rideaux.Le remonte-plat situé dans la cuisine (domaine réservé du libraire, on est chez lui quand même...) permet d'acheminer les plus lourds ouvrages vers les étages supérieurs. Le libraire se dit que la corvée de bois à venir en sera aussi facilitée.Alors, bien sûr, cette librairie pas plus que ce libraire n'existe.