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Gagner la Guerre.C'est qu'il vous embarque dans ses bagages ce ruffian de Benvenuto. J'ai été particulièrement emballé par les périples et péripéties du sieur Gesufal.Ce qui accroche c'est d'abord la maîtrise de cette narration à la première personne dans un langage familier mais finement recherché et ouvragé, qui sait se renouveler (les répétitions de termes ou de tournures sont rares). Par ailleurs la palette du vocabulaire usité est d'une variété assez étonnante, voire époustouflante. Et pour chaque gamme de cette palette la richesse, la profondeur, du langage des termes et mots utilisés sont proprement fascinantes. Je ne suis pas un "gros" lecteur, je n'ai pas d'expérience littéraire particulière, pourtant j'ose penser que cette oeuvre de Jean-Philippe Jaworski est de haute volée littéraire.L'équilibre qu'il réussit à trouver mêlant un vocabulaire vulgaire (mais qui ne l'ai jamais en fait) assez poussé mais tout autant des formes recherchées dans ses descriptions est tout bonnement bluffant. Pour ma part ce qui me fait m'attacher à ce narrateur qu'est Gesufal Benvenuto c'est bien cette propension à l'usage de l'humour noire pour narrer des faits absolument atroces, ignobles ou abominables (faits qui peuvent très bien être une réalité du passé, du présent et du futur). Et l'ignominie se boit comme du petit lait avec un guide comme Don Benvenuto. On en redemande, et il le sait le bougre.Pour résumer mon sentiment, ce livre est un régal et atteint des sommets dans sa forme et sa narration. Sur le fond on plonge dans des intrigues de pouvoir et très urbaines et je dois avouer, n'en étant pas forcément amateur, que je me suis laissé littéralement embarqué et grisé. J'ai particulièrement aimé le "détour" dans l'intérieur des terres car c'est plus à ce moment que l'auteur nous fait ressentir la profondeur d'un monde (son monde), au sens géographique, sa richesse potentielle et sa variété. Et là il a touché une corde sensible et j'aurais aimé qu'il m'entraîne plus loin dans ces vieux royaumes. Bien sûr c'est là que l'imaginaire personnel prend le relais.Du bel ouvrage donc. Il faut maintenant que je m'attèle à Janua Vera avec un plaisir anticipé. Notamment celui de lire de la fantasy en VO-français :)En contrepoint, ou en complément, mon épouse a aussi lu Gagner le Guerre, si elle reconnaît, en dévoreuse de livre tout styles confondus, le travail d'orfèvre et de virtuose de l'auteur elle trouve le récit trop "masculin". Elle fait d'ailleurs le même reproche à Tolkien. Et je comprends tout à fait son analyse, son sentiment.

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Je suis en train de le relire, et mise à part l'intrigue désormais connue, cela reste une excellente lecture de part l'art du conteur qui y est déployé.Je me souviens à la première lecture avoir prié à la fin de chaque chapitre pour que l'auteur ait réussi a conserver ce niveau jusqu'au bout, vu l'ampleur du bouquin... et l'avoir mille fois béni arrivé au point final du roman - et en plus le monsieur se permet une chute finale comme pour conclure une nouvelle !Certains passages sont particulièrement jouissifs
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Le lecteur devient par instants spectateur de moments vraiment dégueulasses.Jean-Philippe Jaworski semble aimer particulièrement dans l'Histoire - la grande, la vraie, la nôtre - tout ce que les manuelsscolaires ont soigneusement passé sous silence ou édulcoré : le pathétique, le grotesque, la perversité, le sordide, l'inavouable, toutes ces zones d'ombres de l'humain.C'est pourquoi j'espère le voir un jour aborder le roman historique pour savourer des restitutions couillues sans la langue de bois des émasculateurs de tout poil.J'aurai une interrogation sur Gagne la guerre : pourquoi avoir introduit chaque début de chapitre par une citation "d'un auteur de notre monde", au lieu d'inventer (à la manière de "Dune" par exemple) des citations des gens du Vieux Royaume ? Le narrateur ne se présente-t-il pas comme étant l'auteur du livre ?

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Gillossen a écrit :Je ne sais plus si on l'avait dit, mais Gagner la Guerre arrive chez Folio en février ! :)
Dommage ce sera un peu tard pour gagner des fans dans le Tournoi, pour Don Benvenuto... :DEn tous cas courez chez Folio dès février si vous n'avez pas encore plongez dans ce récit de Gesufal... pour ma part Janua Vera est acheté, chez Folio, et devrait sous peu être entamé.

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Je crois que je vais craquer...Surtout vu le prix, pour un coffret de ce standing, il est moins cher que bien d'autres manuels de JdR... C'est à pleurer.
"Il n'existe rien au-dessus du métier de bibliothécaire" Terry Pratchett

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Moi aussi j'ai "craqué" pour ces vieux royaumes... A la lecture des nombreux avis positifs et souhaitant sortir un peu de ma routine de la bibliothèque interdite, je me suis lancé avec "Gagner la guerre", acheté en même temps que "La horde du contrevent". Ce jour là j'avais eu le nez creux... :DJ'ai adoré, pour des tas de raisons, mais surtout pour la facilité avec laquelle j'ai pu entrer dans la peau de Don Benvenuto, avec toute la douleur que ça implique parfois... Ce sentiment permanent d'être à mi chemin entre le dindon de la farce et le charcutier devant la dinde, et surtout, surtout, la sensation d'être détrempé et glacé à chaque passage pluvieux. La sensation qui me reste aprés la lecture c'est l'humidité: Don Jaworski excelle dans la description des aléas climatiques, je n'avais jamais connu ça! Pour Janua Vera, j'ai beaucoup aimé aussi, et le "Conte de Suzette" m'a vraiment laissé sur le derrière... Un chef d'oeuvre plein de tristesse et de mélancolie, comme j'aime... Bref, du grand, j'ai sauté sur l'occasion et acheté les versions limitées signées par l'auteur, je vais même peut être me prendre la réedition de Janua Vera car je n'ai acheté que le folio au début... :(

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Je viens de finir Janua Vera. Avec plaisir j'ai retrouvé Benvenuto Gesufal et ce style caractéristique. Mais j'ai aussi beaucoup apprécié la mise en relief du Vieux Royaume par la diversité des récits, diversité géographique, des personnages de leur milieu, parfois du style d'écriture. Et ce qui me fascine chez cet auteur c'est la richesse et la précision de son vocabulaire, la fluidité de ces récits, la composition si bien équilibrée de ses phrases... de la littérature, de l'érudition, l'oeuvre d'un conteur. L'imaginaire de Jean-Philippe Jaworski, au travers de ces récits mettant en lumière diverses contrées et peuples du Vieux Royaume, est riche et foisonnant et servit par un artiste de la plume. Le Vieux Royaume reste pourtant encore mystérieux, il y a encore tant à découvrir, à explorer, à trouver prétexte pour nous offrir le plaisir d'autres lectures de qualité .Un livre à lire donc, et à savourer. ;)

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Merci pour cette intervention très intéressante. Les propos de l'auteur confirment tout le bien que l'on peut penser de lui à la lecture de ces chefs d'oeuvre.J'aime bien son allusion au "bric à brac qui fait un monde Fantasy" :)Les notes sur le style, la construction des phrases et la documentation très poussée font sentir l'immense travail derrière la fluidité de lecture et l'équilibre de l'écriture.Le Vieux Royaume semble-t-il restera avec ses mystères elfiques... j'ai hâte de découvrir ce qu'il aura imaginé d'original, de nouveau et de différent, toujours conçu avec cette qualité qui ravit le lecteur.

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Excellente interview, toujours passionnant de lire cet auteur!!! :)Par contre, quelqu'un a compris à quoi il fait allusion:"je me suis dit, pour rééquilibrer, il faut qu’il y ait autant de fond derrière les elfes que derrières les sociétés humaines. Et cela m’a demandé beaucoup de travail parce que j’ai dû cacher des choses. Il y a un critique qui l’a vu. Il y a quelque chose qui est présent, caché dans le roman."

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Joie :DPas encore tout lu mais j'interprète cette phrase comme une manière de sous-entendre qu'il en a gardé beaucoup sous le coude concernant les elfes, que tout un back-ground, a été créé mais pas forcément utilisé (un futur roman/une future nouvelle? ) alors qu'il s'agit de quelque chose d'essentiel dans le fonctionnement/l'histoire du Vieux Royaume.

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Acheté Janua Vera par hasard, Je viens de terminer la nouvelle de Don Benvenuto. Je suis sous le charme et fort heureux d'apprendre le passage en poche de gagner la guerre car le livre est indisponible partout.

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@ Foradan : Une interview passionnante, merci pour le lien ! :) Ce livre a vraiment demandé un boulot colossal, je ne sais pas combien de temps il y a mis... mais ça en valait la peine !@ Duarcan : Comment ça indisponible ? Moi qui compte l'offrir (encore) à une amie ! Il y a déjà une date pour la sortie en poche ? *relit les messages précédents* Chez Folio en février... mh... c'est bien, mais trop tard pour moi, je vais essayer de dégoter un exemplaire grand format...

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Tybalt a écrit :@ Duarcan : Comment ça indisponible ? Moi qui compte l'offrir (encore) à une amie ! Il y a déjà une date pour la sortie en poche ? *relit les messages précédents* Chez Folio en février... mh... c'est bien, mais trop tard pour moi, je vais essayer de dégoter un exemplaire grand format...
Certainement en cours de réimpression...Quoiqu'il en soit il y en a un chez priceminister à prix correct, mais les frais de port internationaux, (habitant en suisse), m'ont pour ma part refroidi.

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Ys a écrit :"je me suis dit, pour rééquilibrer, il faut qu’il y ait autant de fond derrière les elfes que derrières les sociétés humaines. Et cela m’a demandé beaucoup de travail parce que j’ai dû cacher des choses. Il y a un critique qui l’a vu. Il y a quelque chose qui est présent, caché dans le roman."
Apparemment, c'est un gros truc, mais j'avoue que je ne sais pas de quoi il s'agit, et je ne me suis pas replongé dans le livre pour chercher ;)