Pour les gens pressés :
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Regardez Community. Maintenant !
Pour les autres :J'ai pris quelques jours pour processer un peu la saison 2 de Community et me remettre de la situation de manque (viiite la saison 3), mais il est temps de donner mon avis après tout ce teasing inutile. Parce qu'effectivement c'est un de mes coups de cœur comique de l'année.Une des grandes surprises vient de l'évolution de la série. On part d'un postulat très classique pour une sitcom : un groupe de personnes très différentes, chacune avec un trait de caractère distinct, couvrant de préférence plusieurs catégories sociales qui vont découvrir au fur et à mesure des épisodes qu'ils sont amis en traversant les épreuves d'un
community college. Sauf que non.Certes, on peut voir ce déroulement dans les premiers épisodes (on va dire, grosso merdo, la première moitié de la saison 1) mais petit à petit, c'est quelque chose d'autres qui arrive.Ça commence petit, avec Abed, un des gars du groupe qui est un brin autiste et surtout féru de pop culture, notamment ciné et télé. S'enchaînent donc quelques références placées facilement, quelques blagues méta (des mises en abîme si vous voulez) puisqu'Abed est convaincu que le groupe suit les poncifs d'une sitcom et autres petits bonbons geeks que j'apprécie toujours mais pas forcément amenés avec beaucoup de subtilité.A côté de ça, on commence à vraiment accrocher aux personnages, aux duos Abed/Troy, Jeff/Annie ou encore Jeff/Britta et on rit franchement à pas mal de blagues. C'est très agréable mais pas forcément transcendant.Puis arrivent des épisodes comme Modern Warfare, et on entrevoit quelque chose. Une liberté totale dans le ton, dans le traitement du format, dans l'évolution des relations entre les personnages. Et surtout un vrai recul quant au genre. Et c'est à partir de ce moment-là que la série décolle vraiment, quand elle se rend compte qu'elle peut faire n'importe quoi tout en restant cohérente avec elle-même, parce que derrière ce délire, il y a du propos.La saison 2 est un exemple d'écriture et de construction thématique. Dans mon esprit, l'idée principale de cette saison c'est de confronter la réalité des relations humaines à la fantaisie d'une sitcom. Imaginez un peu qu'on coupe les rires enregistrés de Seinfeld : on obtient un groupe d'égoïstes qui n'ont commencé à traîner ensemble que parce qu'ils ne trouvaient pas mieux. Et surtout des égoïstes qui peuvent se faire du mal entre eux, parce que le choc des égos n'est jamais agréable. Et, en plus de ça, les épisodes très délirants s'enchaînent : animation en stop motion, films de zombies (le seul épisode "spécial" loupé, à mon avis), partie de D&D, parodie de Pulp Fiction/un autre film que je ne spoilerai pas, faux documentaire, western,... Et l'alternance avec des épisodes plus "normaux" permet de toujours garder cette cohérence et un pied dans la "réalité".En même temps, le recul sur le genre se fait de plus en plus présent et de plus en plus intelligent. Paradigms of Human Memory arrive en fin de saison et fait un condensé de tout ça : c'est un retour sur la thématique du "groupe toxique pour lui-même" et sur la volonté de Dan Harmon de presque faire "une sitcom sur les sitcoms". Ça en fait un excellent exemple de ce que propose Community en terme de qualité d'écriture, de blagues, de running gags, de callbacks (la série se permet même quelques flashforwards au cours de la saison, cf l'écran de contrôle du Robocop Abed ou le bandeau d'informations dans l'émission politique de Troy et Abed).L'épisode est en fait une parodie des épisodes clip shows (les successions de flashbacks pour passer en revue les moments marrants) sauf qu'il utilise des scènes de faux épisodes : Saint-Patrick, le groupe au Mexique, le groupe dans une maison hantée, le groupe fait du camping,... En première lecture, c'est déjà bien marrant, mais en dessous se cache aussi le regard amusé des épisodes obligés dans les sitcoms : épisode de fêtes (Halloween, Noël,...), situations vues et revues (le camping,...). C'est d'autant plus amusant que Community a profité des différentes fêtes pour faire ses épisodes les plus originaux, comme un pied de nez à ce passage obligatoire.La série profite aussi de l'épisode pour se moquer d'elle-même : la surabondance de blagues meta d'Abed (qui, en énervant le reste du groupe, se connecte avec l'autre thème... tout est lié

) qui retournent le cerveau de Troy façon Inception, le manque de relations entre Jeff et Shirley (un peu comme Phoebe et Chandler, sans le groupe on se demande s'ils seraient vraiment amis),...Enfin bref, je pars un peu dans tous les sens mais j'espère avoir été clair : avec cette saison 2, Community s'est vraiment hissée parmi les comédies les plus originales du moment (avec Archer notamment) et je suis très curieux de voir la saison 3. Espérons que Harmon ne se parodie pas lui-même en faisant des épisodes conceptuels juste pour faire des épisodes conceptuels. Je l'ai vu parler de faire un Rashomon et un truc genre Effet Papillon (ce serait pas le premier) donc j'espère qu'il saura intégrer ça aussi bien à l'univers de Community et à ses thématiques que l'épisode en stop motion où la technique est au service du récit (magnifique Abed !) et non pas là juste pour faire original.Et j'espère aussi qu'ils sauront quoi faire de Shirley parce que je les sens un peu empêtrés avec ce personnage, on dirait qu'ils savent pas quoi en faire ni quoi faire de son registre humoristique assez limité.J'ai seulement effleuré ce que propose la série, j'ai balancé plein d'idées dans tous les sens, je n'ai même pas pris la peine d'en faire un synopsis et de présenter les personnages (un tour sur wikipédia le fera mieux que moi) mais j'espère que j'aurais au moins convaincu une personne de regarder cette série !