Coucou !J'avoue qu'au début, je ne me suis pas totalement prise à l'histoire, même si elle démarre sur des chapeaux de roue. Puis, peu à peu, j'ai réussi à rentrer dans ce monde maintenant chamboulé par la destruction de Windwir... Hormis une plume géniale, les personnages sont complexes, profonds, attachants. Ils ne sont pas manichéens, ils ont tous leurs vices, leurs défauts et leurs qualités, ainsi qu'une route à suivre. En cela, l'auteur ne cède pas à la facilité, comme beaucoup d'auteurs de fantasy le font aujourd'hui. Attention, je ne dis pas que c'est désagréable, qu'ils sont forcément nuls, mais je trouve ça un peu dommage. Je trouve que des personnages auxquels le lecteur peut s'identifier sont beaucoup plus intéressants, d'autant plus que toutes les facettes de leur personnalité ne nous sont pas révélés tout de suite. De plus, ils sont en constante évolution, comme Neb, qui, d'un tome à l'autre, a subi beaucoup de changements. Il n'y a pas énormément de points communs entre le Neb de
Lamentation et celui qu'il est devenu. Ce qui prouve un véritable travail sur les personnages de la part de l'auteur et peut-être, oui, une certaine virtuosité. Ce qui me plaît aussi énormément dans cette saga, c'est que Ken Scholes ne nous donne pas les clés tout de suite, mais au fur et à mesure, augmentant ainsi notre plaisir. Je n'ai pas encore lu le quatrième tome, mais j'ai hâte de voir quelles surprises il me réserve.

Allié à cela, un monde tout à fait plausible, complexe, qui, en bref, pourrait exister, s'il n'y avait pas la dimension magique. Je dis cela car parfois, les mondes manquent de profondeur, sont trop simples. Enfin, la dimension philosophique de ce roman est indéniable : il y a bien-sûr la religion, avec les différentes oppositions, entre celle du Machtvolk et celle des Androfranciens, qui pourrait faire penser aux problèmes que nous connaissons actuellement et qui ont toujours existé. Il y a en effet une incompréhension entre les deux camps qui existe depuis la nuit des temps et qui n'est toujours pas résolue. Il montre ainsi la beauté que peut avoir une religion, mais aussi ses travers, qui peut parfois pousser à des extrêmes, à une intolérance totale. J'ai trouvé ça très intéressant, de même qu'allier foi et connaissance, car les Androfranciens, s'ils vénèrent Pandro'Whym, leur créateur, sont aussi de véritables savants. Et paf, tous les préjugés comme quoi les croyants ne peuvent pas être rationnels sont balayés d'un coup. Et on voit également, dans ce livre, toute une réflexion sur la découverte, la vérité, ainsi que sur le pouvoir destructeur du savoir. Celui qui sait est puissant et parfois, il vaut mieux laisser certaines choses là où elles sont... Voilà, une saga qui m'a beaucoup plu ! :)Bravo à Ken Scholes et à l'auteur de cette critique assez pertinente.
