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par El Barad
Novice
Bien le bonjour.La dernière fois que j'ai fait la critique d'un film ici, ça devait être le Retour du Roi. Faut dire que la fantasy à l'écran, entre-temps, ça a pas toujours été ça et je suis toujours en convalescence depuis le... le... ah j'ai du mal à en parler. Le film... le Co... Conan là... Non, c'est trop dur... Passons à la critique de "The Wizard: A mostly well-rounded journey". Tout d'abord, un avertissement, je ne vais pas passer mon temps à chasser et cacher les spoilers. Si vous n'avez pas encore vu et voulez rester vierge de toute infos avant la projection, arrêtez de lire ceci. Tout de suite. Parce que voilà, Bilbo meurt à la fin. Vous aviez été prévenus.Je plaisante, je plaisante, c'est bien un Bilbo âgé que ce bon vieux Sir Ian Holm incarne au début de ce Hobb... Wizard, ainsi que dans la trilogie du Seigneur des Anneaux. Alors, le film. Côté technique, pas grand chose à commenter pour ma part. Je l'ai vu en 24fps et en bonne vieille 2D, sinon c'était en VF, ce qui était hors de question. Ceci dit, les effets spéciaux font dans le grandiose. Gollum est plus vrai que jamais, les trolls sont magnifi...quement horribles. Visuellement, on est du niveau de la première trilogie, avec quelques années de progrès en plus, l'effet de surprise/émerveillement en moins. Rien à redire, c'est du top Weta.L'histoire... c'est peut-être là que les Romains... enfin, les Gondoriens s'empoignent. Si j'ai globalement passé un bon moment et que les plus ou moins 2h40 de film m'en ont paru une seule, la narration a du bon et du mauvais (et du très mauvais?) Là où les modifications de l'histoire dans le Seigneur des Anneaux étaient souvent, soit franchement nécessaires à une adaptation filmique (Pardon, mon cher Tom, mais tu n'avais pas ta place sur grand écran. Dol-derry-désolé-do.) soit un brin anecdotiques (oui, bon, Arwen en lieu et place de Glorfindel c'était pas si anecdotique mais facilement oubliable, on dira. Ou en tout cas, nécessaire à resserrer une naration qui compte déjà un million de personnages.) Et bien dans The Hob... The Wizard, ils sentent nettement plus le faisandé. En parlant de faisandé, Radagast, justement. Non mais kesskispass? Un traineau tiré par des lapins? Et dire que ce bon Tom Bombadil, récemment trahi par votre serviteur entre parenthèses, aurait été écarté parce qu'il faisait trop... lala-youplaboum? Et puis non seulement le gaillard se ballade avec une fiente dans les cheveux sur son improbable véhicule, mais en plus, le voilà engagé dans une inutile, anti-épique, bon-dieu-mais-c'est-PJ-qui-bouffe-des-champignons-pas-clairs scène avec le Roi Sorcier. Ka-ching, woosh-woosh et vas-y que je te choure ta lame, stupide spectre. Si la scène se passe d'ailleurs si vite, c'est probablement pour ne laisser à personne le temps de réaliser que sans ses guêtres, et sans Anneau Unique sur le doigt de Radagast, ce bon vieux Roi Sorcier serait plutôt du genre immatériel, et surtout, invisible. M'enfin, au moins, PJ peut se permettre d'en remettre une couche avec un Saroumane plus anti-drogues que jamais. Et nous de nous dire que finalement, on se serait bien passé de rencontrer Radagast.Je ne vais pas jouer à analyser en détail chacun de ces ajouts/changements, mais on sent le team Jackson bien plus en roue libre et bien moins en mode respect du matériau d'origine que pour le SdA. Quel besoin de sortir Gandalf tel un lapin de traineau d'un chapeau pour briser un roc avec son bâton et changer les trolls en pierre? Si les changements précédents durant cette scène font sens, principalement parce que ce passage du livre, tel quel, ferait sans doute un peu ridicule sur grand écran, l'apparition théâtrale de Gandalf est vraiment superflue. Parce que pas la seule, surtout. Le Gandalf-surprise, c'est sympa, mais ça perd de sa saveur quand on en abuse. On a un peu l'impression qu'on essaie de nous refaire le coup de l'arrivée de Gandalf et des Rohirrims errants à Helm's Deep encore et encore, trop conscient d'avoir atteint là un sommet dans le genre scène épique qui vous met les poils de la nuque au garde-à-vous. Le hic, c'est que ça ne marche plus vraiment... The Wizard: a journey full of last minute saves. Y'a encore du négatif. Howard Shore semble en mode paresseux, et la plupart des thèmes musicaux sont repris du SdA. Alors je dis ok quand il nous rejoue le thème de la Comté dans les premières scènes. Ca marche comme un morceau d'accordéon pour introduire Paris dans un film. Convenu, mais parfait et fonctionnel. En trois secondes, nous revoilà dans la Comté. Ce qui d'ailleurs, permet à PJ de ne quasi rien montrer de la Comté, soit-dit-en-passant. 90% de cette partie se déroule chez Bilbo, en intérieur. Tant qu'à faire un film de près de trois heures, perso, j'aurai apprécié un brin de Comté période jeunesse de Bilbo... Mais bon, au moins, cette introduction est-elle plaisante et amusante. Les nains moins bouffons qu'on aurait pu le craindre en se souvenant des quelques dérapages de ce bon Gimli dans le SdA. Par contre, pour revenir à la musique, le recyclage d'autres thèmes issus du SdA est nettement moins opportun. Je pense surtout à la fuite des nains à travers Goblin-Town et à la confrontation Azog/Thorin. Le problème étant qu'aucune de ces scènes ne se montre à la hauteur des scènes d'action employant le même thème musical dans le SdA. Le film perd en puissance par comparaison forcée avec son aîné. Et c'est probablement là tout le problème de ce Wizard: A three-dimensional journey. Il est condamné à n'être que le petit frère bancal du SdA. En tout cas, ce premier épisode, qui ne peut que souffrir de la comparaison avec la Communauté de l'Anneau. Là où la Communauté bénéficiait d'un sens du rythme impeccable, celui-ci semble hésiter sans cesse entre la course et la marche. La course l'emportant bien trop souvent. Là où la Communauté introduisait un nombre insensé de personnages sans nuire à sa narration, celui-ci braque le projo sur Gandalf et Thorin et... un peu, Bilbo. Le reste joue la figuration (les nains) ou les caméos de stars (Gala, Sarou,...) Reste un bon film, truffé de très bons moments, qui ne peut que plaire au fan de Tolkien (du moins le type de fan qui ne tourne pas au vert dès que l'oeuvre originale est altérée à travers la transition au format filmique.) En vrac, je retiens des prestations d'acteurs tip-top, mention spéciale à Richard Armitage qui campe un formidable Thorin, prestation du niveau de celle de Viggo Mortensen, soyons fous. Un humour bien senti. La rencontre avec Gollum est des plus réussies, et la bataille de devinettes qui s'ensuit une merveille de tension grandissante, même quand on connaît son issue. Et puis surtout c'est la première fois où l'on sent Bilbo prendre de la substance. Brave mais peureux, et puis surtout un peu roublard. Aussi, mention spéciale au directeur de casting, engager George Lucas pour le rôle du Roi Gobelin tient du génie. Au final, on est assez heureux de retrouver la Terre du Milieu sur grand écran, c'est sûr. Mais avec un léger arrière-goût amer lorsqu'on se rend compte que cette trilogie-ci n'atteindra probablement pas les sommets de cette trilogie-là. A moins que... come on, Mr. PJ, surprise me.