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Un petit zoom sur un Direct-to-DVD bientôt en France : Dredd de Pete Travis.Dans un avenir proche, les Etats-Unis ne sont plus qu’un immense désert irradié. Mega City One est une métropole tentaculaire rongée par le vice. La seule forme d’autorité restante est représentée par les juges, une police urbaine qui cumule toutes les fonctions : flic, juge et bourreau. Une nouvelle drogue se propage, la Slo-Mo, qui permet de percevoir la réalité au ralenti. Sa distribution est contrôlée par Ma-Ma, ancienne prostituée, devenue baronne de la drogue. Dredd, le juge ultime, va se voir assigner une mission dans les environs de la tour de Ma-Ma et va devoir s’y confronter.Un des cheval de bataille d'Hollywood ces dernières années, à part les suites à n'en plus finir, c'est bien les remake. Après celui, sympathique mais loin de son modèle, de Total Recall et avant le Robocop de Padhila, c'est le fameux Judge Dredd de 1995 avec Stallone qui y passe. Bien entendu, celui-ci n'était pas non plus un film impérissable, loin de là, et surtout, n'avait pas grand chose à voir avec l'atmosphère noire du comics original. Pour l'occasion, c'est le peu connu Pete Travis qui s'en charge.Et malheureusement, il n'y aura aucune sortie cinéma pour ce long-métrage vu la débâcle financière aux Etats-Unis, simplement un DVD en février. On pouvait logiquement s'attendre au pire.Place au jugement.Première impression, le long-métrage de Travis se débarrasse de toute sorte d'humour. Nous pénétrons dans le monde désespéré de Méga-City One au cours d'une introduction concise mais très bien ficelé. Gangs, meurtres, chaos et au milieu les Juges. Nous sommes déjà bien plus proches de l'ambiance bad-ass sans concession de l'oeuvre originale. Et cela ira crescendo tout du long. C'est ensuite l'arrivée du Juge Dredd à l'écran. Cette fois, c'est l'acteur Karl Urban qui s'y colle (alias Eomer dans le Seigneur des Anneaux). Monolithique, n'enlevant jamais son casque (très fidèle en ce sens au comics), usant et abusant de sa voix rocailleuse et profitant d'un charisme certain, l'acteur tire très bien son épingle du jeu et finis carrément par totalement et irrémédiablement supplanté Stallone. Urban est Dredd, beaucoup plus sérieux et beaucoup plus crédible en fait.Rapidement, on constate que le long-métrage de Travis se rapproche énormément de The Raid, avec lequel il a été très justement comparé. Coincés dans une barre d'immeuble de 200 étages, les deux juges, Dredd et Anderson, doivent faire face à un gagne entier armé jusqu'aux dents. Au lieu de combats rapprochés et au corps à corps, c'est gunfight sur gunfight. Bien moins répétitif et redondant que The Raid, Dredd s'avère très savamment dosé en action, on ne s'ennuie jamais et les scènes d'affrontement restent un plaisir du fait de la conjonction entre les tactiques employées par le juge Dredd et par la ténacité des assaillants. L'arme de service des Juges reste d'ailleurs une sacré attraction avec ses balles sélectionnables. Niveau réalisation, Travis filme très correctement ses acteurs et ses gunfights avec une ou deux séquences d'anthologie (les sulfateuses notamment). Bon, il est vrai aussi qu'il abuse des effets de ralentis avec ses séquences Slo-Mo (la drogue qui ralentit le cerveau du toxico), une fois ou deux ça va mais cinq fois, c'est simplement chiant.Outre ce grief, on peut reprocher au long-métrage de ne faire qu'effleurer l'univers de Méga-City. Contrairement au film de 1995, toute l'action a lieu en huit clos dans la tour. Ce qui s'avère un avantage au final et permet au film de miser sur le côté ultime du Juge au lieu de se perdre dans des intrigues fumeuses. L'autre bon point, c'est le Psi-Juge Anderson, un personnage vraiment intéressant et qui contraste avec l'inflexibilité de Dredd. Certes Olivia Thirlby n'est pas vraiment convaincante dans son jeu fade mais l'essentiel est sauf. Reste la méchante du film, interprétée par Lena Headey qui n'est jamais aussi géniale que quand elle joue les garces (Remember Cersei dans Game of Thrones).Immense surprise au final que ce Dredd, qui arrive totalement à surpasser le film original et à retrouver l'essence du comics, ou du moins s'en rapprocher beaucoup plus. Passionnant, bien foutu, brillamment interprété par un Karl Urban charismatique, Dredd mérite plus qu'un coup d'oeil. A recommander !