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Après avoir découvert qu'un de mes auteurs fétiches de bande dessinée était mort récemment, ouvrir une discussion à son sujet m'a paru être une bonne idée.Dider Comès (né Dieter Herman Comès) est un auteur de BD belge né en 1942 et mort en 2013 d'une pneumonie. Pour pour des dates plus précises, le classique : page wikipédia sur ComèsLes présentations sont faites, il est temps de parler dessin et univers :)Comès a un trait assez reconnaissable, avec des visages allongés et une lumière travaillée en "tache d"huile". La plupart de ses œuvres sont en noir et blanc. Attention ! Pas de gris ! On parle du noir et blanc à la Pratt : lignes continues, masses de noir et respirations du blanc.
Un exemple avec un ex-libris de La Belette, la BD avec laquelle j'ai découvert ComèsJ'ai un faible pour ce type de dessin, je suis une mordue de Pratt et Comès se situe dans le même type d'univers : des histoires oniriques où le rêve, la transe et la réalité s'entrelacent. Les personnages de Comès sont souvent étranges et même déviants. Les "normaux" se retrouvent perdus dans un monde rural peuplé de vieilles croyances, de corbeaux cloués et de poupées de cire. La femme est à l'image de ces croyances : c'est une une magicienne qui connait les secrets de la nature et des anciens cultes.J'ai découvert Comès presque par erreur. En vacances chez une grand-tante dans les Alpes, j'avais épuisé ma provision de livres et je n'en trouvais aucun à mon goût dans les étagères du chalet. Je suis alors tombée sur une grande BD, plus épaisse que la moyenne, avec une couverture énigmatique où flottaient trois mots :ComèsLa BeletteCurieuse et en fringale de lecture, j'ai dévoré le bouquin. J'étais sans doute un peu jeune par rapport à l'âge recommandé mais cette BD m'a laissé un souvenir merveilleux et lorsque je suis tombée sur Silence dans mon CDI, je n'ai pas hésité une seconde :lol:Pour finir, la bibliographie des albums de l'artiste (pour les périodiques et plus de précisions, le lien plus haut est toujours là ;)):-Ergün l'errant : Le Dieu vivant, Rossel (Belgique) et Dargaud (France), 1974 Le Maître des ténèbres, Casterman, 1981-Silence , Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1980-L'Ombre du corbeau, Le Lombard, coll. « Histoires et Légendes », 1981-La Belette, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1983-Eva, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1985-L'Arbre-Cœur, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1988-Iris, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1991-La Maison où rêvent les arbres, Casterman, coll. « Les romans (A SUIVRE) », 1995-Les Larmes du tigre, Casterman, 2000-Dix de Der, Casterman, 2006A noter que Comès a été prépublié, notamment dans (A SUIVRE) (où figuraient également, entre autres, Tardi, Schuiten et Pratt).Connaissez-vous Comès ? Qu'avez-vous lu de lui ? Qu'en pensez-vous ?La discussion est ouverte :)

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Belle présentation !!!Qui tombe bien, étant donné que je viens de découvrir Comès pas plus tard que la semaine passée, sans avoir eu le temps de vérifier si un sujet lui était spécifiquement consacré sur ce forum.J'ai commencé par La maison où rêvent les arbres, que j'ai beaucoup aimé. J'apprécie dans les dessins de Comès la même chose que toi... et aussi le fait que, du coup, son art "sort du lot", si je puis dire.Puis j'ai lu Les larmes du tigre, aussi beau mais que j'ai trouvé moins abouti. Il y avait vraiment un goût de trop peu, de trop simple !!Enfin, j'ai déniché Silence d'occasion en librairie. Je compte le lire assez vite, vu que j'en attends beaucoup. Silence, tu l'as lu en version noir et blanc ou bien ton CDI avait la version colorisée en deux tomes ?D'après ce que 'j'ai pu voir, il ont l'air de rééditer Comès, non ? Dans la même librairie, j'ai cru voir une édition très récente de L'ombre du corbeau..

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Découvert par la Belette, j'ai enchainé avec Silence (en version noir et blanc je n'ai jamais lu la version colorisée) J'aime beaucoup La Maison où rêvent les arbres et j'ai l'Arbre-coeur qui m'attend depuis un moment. Comès pour moi c'est la magie du trait simple et percutant. Peu de décors, peu de fioritures, des visages presque caricaturaux mais des dessins qui servent tellement l'intrigue. Des ambiances sombres et une sorte de désespoir inguérissable. Et effectivement il a longtemps été présenté comme l'héritier de Pratt. A mon sens il lui manque la capacité évocatrice d'ailleurs lointains qui fait la puissance des livres-voyages de Pratt. Mais comme tu le dis Naudhiz Comès, c'est plus un dessinateur du terroir. Le Berry et sa magie en somme. Moins exotique mais tout aussi dérangeant. Je comprends ce que tu dis sur "trop de simplicité" Santino. C'est pour moi à la fois la force de Comès et son point faible. Les histoires peuvent sans doute paraitre cousues de fil blanc mais il a la sagesse de les raconter en tout sobriété sans essayer d'en rajouter à coté pour essayer de distraire le lecteur sur la simplicité de l'histoire. Ca peut ne pas plaire. :)En tout cas merci pour le sujet Naudhiz ;)

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Oui, en fait, c'est seulement les Larmes du tigre que j'ai trouvé bancal.La simplicité, en dehors de cet ouvrage, elle me plaît bien chez Comès. La maison où rêvent les arbres était très réussi, je trouve : l'histoire était bouclée, il n'y avait pas besoin d'en faire plus ; il n'y avait le nombre de cases idéal, ni trop ni pas assez. Alors que les Larmes... c'est comme une nouvelle dont la chute fonctionne mal; cela donne une oeuvre un peu bancale. J'éprouve d'autant plus d'impatience à lire le reste ! Surtout Silence :-)

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Rhaa, Comès, c'est très bien, un noir et blanc magnifique, un trait simple et puissant (avec autant de noir, on ne peut pas appeler ça la ligne claire, est-ce qu'on pourrait parler de "ligne sombre" ?) une tonalité souvent mélancolique et parfois sensuelle, et toujours cet attachement aux personnages décalés, sensibles, blessés. Silence reste mon album préféré. Avec un nain badass, longtemps avant Tyrion Lannister ! "Et nous irons à Valparaiso, où d'autres laisseront leur peau..."

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Guillaume Fournier a écrit :Avec un nain badass, longtemps avant Tyrion Lannister ! "Et nous irons à Valparaiso, où d'autres laisseront leur peau..."
Ouiiii c'est de lui dont j'avais parlé dans le Chaudron aux Citations et j'espère que cela a donné envie de découvrir cette BD parce qu'effectivement il entre dans la catégorie "petit mais ..." :) Ligne sombre c'est une excellente idée ;)

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Witch a écrit :Des ambiances sombres et une sorte de désespoir inguérissable.
Je crois que c'est précisement cette ambiance qui fait que j'adore cet auteur. Et puis sa simplicité est celle du conte : simple... Au premier abord. J'aime cet aspect épuré qui cache tellement de légendes, de réflexions et d'enseignements...@ Sentino : J'ai lu Comès en noir et blanc, mais la couleur apporte peut-être quelque chose... Un soupçon de délicatesse, mais à voir. Si les couleur s'imposent trop, est-ce que ça ne risque pas de casser l'esthétique du dessin ?En tout cas concernant la comparaison avec Pratt, je n'ai jamais trouvé que la rêverie voyageuse de Corto ou l'exotisme de Sandokan manquaient... A mon sens, ce sont deux visions très différentes du monde, sans que l'une soit meilleure que l'autre :) J'aime autant l'ambiance glauque de Comès que les voyages vénitiens de Corto.

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Bonsoir et merci pr l'ouverture du sujet parce que...Comès, c'est un de mes chouchous. J'ai d'ailleurs voué un quasi culte à Casterman, à l'époque de "A suivre". Quelques uns de mes auteurs préférés figuraient ds cette revue / collection. Et cela m'amène au noir et blanc. J'ai détesté quand Casterman a réédité tout un tas de titres en couleur. Pratt*, Comès,... Souvenez-vous : Le Gd Pvr du Chninkel en couleurs. Pr moi, c'était sacrilège, hérésie et tutti quanti. (*Pratt, il faisait les deux et quelles sont belles ses aquarelles.)Demeure persuadée que c'était bassement commercial (pourquoi, ça sonne comme un pléonasme?). Genre auteurs qu'il fallait remettre au goût du public du jour et faire connaître. Titres phares qui risquaient de ne plus l'être. Allez, on va ripoliner le tout parce que la BD en N&B, c'est comme la télé sans couleurs. Ben, non, c'est pas. C'est pas nécessairement une valeur ajoutée la couleur... Surtout quand l'auteur a décidé d'abandonner la couleur pour le noir et blanc.Et Comès, s'il n'allait pas jusqu'à fabriquer ses encres noires, il les "trafiquait, bidouillait" façon artisan d'art pr obtenir ses noirs profonds. Il y avait dc une intention.Dixit Schuiten à la mort de Comès: "Dernièrement, alors que je l’interrogeais sur la façon dont il arrivait à des noirs aussi profonds et aussi parfaits dans ses planches, il me disait avec un sourire en coin qu’il accumulait ses vieilles bouteilles d’encre comme ses bons crus. Avec le temps, leur densité lui permettait d’obtenir cette profondeur. Ce souci de perfection révélait ses qualités de grand artisan, de maître incontestable du noir et blanc." Bon, heureusement, Casterman édite tjrs Comès en N&B. Vous m'avez fait peur. :o Je viens de vérifier sur leur site.Parce que, qd même, comment je fais moi, qd mes alboums tombent en pages détachées. :( :pleure:En revanche, où qu'elle est passée La Belette? La Vengeance?Du coup, j'ai découvert ceci :http://bd.casterman.com/docs/Events/1345/DP%20Comès.pdfDossier de presse qui contient qqs visuels. En noir et blanc. Rien que.http://beauxartsliege.be/A-L-OMBRE-DU-SILENCEArchives (année 2012) du musée des Beaux-Arts de Liège.
Santino a dit : D'après ce que 'j'ai pu voir, il ont l'air de rééditer Comès, non ? Dans la même librairie, j'ai cru voir une édition très récente de L'ombre du corbeau..
2012 donc.J'ai rencontré Comès avec Silence puis ce fut La Belette et j'ai lu ensuite La maison où rêvent les arbres et L'Arbre-Cœur. Jamais lu aucun des titres référant au thème de la guerre. Et j'ai raté Les larmes du tigre. Pr ce dernier, suis à peu près certaine qu'il ferait mon bonheur. Peux me tromper. "Il faut liiiiire" comme dirait l'autre.Je dors assise. Dc à + tard pr la suite.-----Qqs jours plus tard. 13.09.13Me suis souvenue que les éditions scolaires s'y sont mises : http://www.classiquesetcontemporains.fr ... e-dessineeOn y trouve Comès avec Silence notamment. Ne connais pas cette édition. Mauvais souvenir d'une autre édition BD réduite à un format poche. Résultat : on ne voyait pas gd chose, difficilement exploitable.Ici, format 24*11. Pas la gloire donc. Mais 6€ environ.Prquoi je signale? Me semble être un signe des temps. Pas nouveau non plus, le signe... Comès reconnu comme classique par l'Educ. Nat.Bon, moi, ça ne me fait pas frémir plus que ça. Mais quand même...

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Il n'y a pas que Comès, j'ai trouvé dans mon CDI des éditions "collège" (avec les pages d'exos et de contexte pour analyse) de Tardi (quelques Adèle Blanc-Sec et Adieu Brindavoine )Il semble que l'Education Nationale reconnaisse enfin la BD comme autre chose que des gamineries, c'est plutôt chouette non ? Même si le format est un peu petit à mon goût... J'imagine Schuitten à cette taille, on ne verrait pas grand-chose :huh:Pour ce qui est de la couleur, je suis d'accord que c'est une ineptie de coloriser des oeuvres originellement crées en N&B. Par contre j'aime beaucoup les éditions de Corto Maltese avec une sorte de "cahier" au début, qui présente des aquarelles de Pratt, tout simplement splendides. Je ne sais pas si Comès a également été aquarelliste (en plus de ses talents d'affineur d'encre noire ;) ) mais si c'est le cas, ce type d'édition serai la bienvenue :)