Oui, merci pour cette belle critique, elle aussi tant attendue

zedd a écrit :Assez d'accord avec Herbefol et Zaebas, c'est pas très "sport" de la part de l'éditeur.
D'ailleurs j'aimerais bien avoir une idée du nombre d'exemplaires vendus ainsi par l'auteur, par rapport au tirage...Je devais l'acheter moi-même chez mon libraire habituel, et je l'aurais fait si la date n'avait été décalée que de deux ou trois semaines, mais j'avoue qu'un mois et demi de moins, ça a eu raison de mon hésitation... :oMaintenant, un grand mois après, je tente de donner un avis sur cette Première branche avec un peu plus de recul et de développement que ma première version prévue (qui consistait à dire : "C'est très très bien. J'ai beaucoup aimé. Beaucoup de choses inattendues et surprenantes mais la qualité est là et le plaisir de la lecture aussi.")Je l'ai lu très vite dès que je l'ai reçu, mais, même si je le relirai volontiers en savourant plus, la force de ce roman est telle que je n'ai pas eu pour autant l'impression de passer à côté, alors que c'est parfois le cas quand je dévore en quelques heures des livres que j'ai attendus pendant des mois...Bon, déjà, les comparaisons sont quasi inévitables avec les deux précédents succès de Jean-Philippe Jaworski, mais je n’ai pas été déçue avec cette nouvelle œuvre – loin de là – même après l’attente. Contrairement à ce que j’ai pu lire dans certaines critiques, je n’ai pas eu l’impression d’être flouée et j’ai passé un excellent moment (tout en révisant un peu de vocabulaire, ce qui est toujours appréciable aussi

).
Même pas mort a un style et un ton très différents de
Gagner la guerre, avec une autre sorte de héros, une autre sorte de récit. Une tout autre construction narrative aussi ; comme Gillossen le souligne dans sa critique, c’est beaucoup moins linéaire que le précédent roman. Beaucoup plus dense également. Au début, avec le titre, je m'attendais à une aventure épique, puis plus mystique après la lecture du début, mais en fait l'atmosphère a été beaucoup plus onirique et poétique que prévu... ça m'apprendra à juger avant d'avoir fini :sifflote:Quant à comparer avec des nouvelles de
Janua Vera, j’imagine que c’est l’importance de la forêt et des thèmes associés (ah, les forêts celtes et leur inépuisable symbolisme

) qui m’ont inévitablement rappelé « Une offrande très précieuse » ou « Un amour dévorant », avec également une touffeur dans le style et dans l’atmosphère et d'autres aspects qui m’ont parfois fait penser à « Janua Vera ».Gillossen a parlé dans sa critique de la dimension profondément humaine des personnages (enfin, des personnages humains...), je suis tout à fait d'accord avec lui : par exemple, là où Benvenuto accrochait par sa gouaille, Bellovèse jeune m’a touchée par ses interrogations existentielles et sa recherche d’une place légitime quelque part, dans ce monde ou un autre. Le récit de son enfance permet aussi d’apprendre à connaître des personnages secondaires tout aussi bien dessinés, leurs doutes, leurs espoirs, leurs souhaits...L'histoire se déroule dans un contexte et une culture pas souvent évoqués en fantasy, je crois (pas de cette façon en tout cas, il me semble), pas forcément très connus, mais aucun problème pour entrer dans ce monde. On devine les recherches soignées, mais l'écriture est précise sans être documentaire, rien qui nuit à la fluidité de la lecture. Quelques soucis pour ma part pour se situer géographiquement, parce que des noms comme Bibracte ça me parlait un peu mais d’autres m’étaient inconnus (et pour le peu que je savais, je remercie mes cours sur les toponymes celtes, je le savais qu’un jour ça me servirait pour de vrai à quelque chose

). Mais ce n’est pas le genre de choses qui me gêne dans une première lecture, je me suis laissée emporter par les personnages et j’ai suivi le mouvement. On se fait vite à ces noms étrangers et à ces coutumes obscures, les références mythologiques sont introduites de façon à ce qu’on ne soit pas perdu sans pour autant nous assommer d’explications comme c’est parfois le cas chez certains… bref c’est bien fait quoi :lol:Quant à l’écriture du récit elle-même, même si c’est différent de son premier roman, ça reste du Jaworski (ce dont je ne vais pas me plaindre). Si vous avez lu
Janua Vera et pas aimé, vous pouvez peut-être passer votre chemin. De la même façon, si vous cherchez de l’action et du suspense, avec des péripéties et des rebondissements tous les chapitres, ce n’est pas ce qui ressort le plus de ce livre, en tout cas pas dans mon expérience.Certains passages sont surprenants, ils semblent partir dans une direction tout à fait inattendue... avec des passages où l’on finit par ne plus savoir ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, mais surtout par ne plus s’en soucier.J'ai trouvé que
Même pas mort donnait une certaine impression de maturité littéraire par rapport à
Gagner la guerre. Pourtant Jaworski a écrit d’autres choses avant et entre-temps, mais surtout dans le genre différent qu’est la nouvelle ; avec ce deuxième roman j’ai eu souvent une impression de maîtrise qui était visible mais moins éclatante dans le précédent, dans le style comme dans l'organisation du roman – je pense, par exemple, au rythme du récit que certains lecteurs critiquent dans
Gagner la guerre et qui ici reprend un peu le même schéma avec (me semble-t-il, mais il faudrait que je relise les deux) plus de succès, au sens où le ralentissement qui arrive à un moment donne moins l'impression d'une bulle fermée quasiment indépendante du déroulement des péripéties.Pour reprendre la remarque de Gillossen dans sa critique, ce premier tome n'est donc pas une claque ? Qu’importe. Je n’aime pas les claques, ça fait mal, je ne comprends pas cette obsession à appeler ainsi des œuvres qui marquent. Ce roman ne m’a pas frappée, il m’a saisie, pris la main et emportée très loin, dans un autre temps, sur des terres de rêves, de mythes et de sang.Zedd a parlé d’un travail d’orfèvre, et c’est vrai qu’on voit autant à l’œuvre le talent que le travail. Contrairement à lui, je ne suis pas déçue que ce ne soit pas le chef-d’œuvre que certains attendaient, ça laisse de la place à la progression... Et même si les deux branches suivantes ne sont qu’aussi bonnes que la première, ça restera déjà excellent, ce qui, personnellement, me va aussi.Bref, je ne suis pas fâchée d’avoir attendu pour un si beau résultat, surtout qu’il y a eu de quoi s’occuper entre-temps. Et pas gênée d’attendre un an pour la suite quand elle paraît si prometteuse. (et curieuse de voir comment Jaworski va utiliser le format de la trilogie)Ah et quand même une mention spéciale pour le prologue, qui est superbe. Magnifique. Une entrée en matière majestueuse qui donne assez de souffle pour trois tomes. Je ne suis pas une adepte de la lecture à voix haute ni des livres audio, très loin de là, mais je me suis retrouvée à le déclamer dans ma cuisine… apparemment je ne suis pas la seule si j’en crois la critique de Gillossen
