Et hop, la critique de Daredevil sur Mad Movies.com :"DAREDEVIL(DAREDEVIL)USA - 2002 - 102 minutesRéalisé par : Mark Steven JohnsonProducteur : New Regency / Horseshoe Bay / Kevin Feige / Becki Cross TrujilloScénario : Mark Steven JohnsonPhoto : Ericson CoreMusique : Graeme RevellEffets spéciaux : Avec : Ben Affleck, Jennifer Garner, Colin Farrell, Michael Clarke DuncanCritique de film par Blunt le 21.03.2003Fallait bien que ça arrive. Après 4 ans de réussites plus ou moins éclatantes dans les transpositions de leurs BD phares sur le grand écran, qui nous avaient amenées à penser que la malédiction des adaptations de comics moisies était enfin levée, Marvel Films vient de prendre son premier gadin artistique avec Daredevil. Autant dire que le plantage ne fait pas franchement plaisir et qu’on aurait préféré qu’un tel personnage reçoive un meilleur traitement.La raison du plantage tient en un mot (enfin, trois) : Mark Steven Johnson. Le bonhomme (qui s’est auparavant rendu coupable des scénarios de Jack Frost et des Grincheux, déjà ça inspire confiance), s’est autoproclamé « fan ultime de tout l’univers » du comics. Bien. A la vision du film, on se dit que la notion de fan ultime est décidément bien galvaudée. Car presque rien dans le film ne respecte le matériau originel. Daredevil lui-même le premier, ici transformé en un vulgaire vigilante, un ersatz du Punisher qui n’éprouve aucun remords à balancer un violeur acquitté par la justice sous les rails du métro, avec one-liner à l’appui. Outre le fait que cette scène va totalement à l’encontre du personnage tel que le présente la BD (toujours soucieux de la moralité de ses actions), elle occulte en plus totalement le côté juriste du héros. Le film ne présente en effet qu’une scène montrant Murdock exerçant sa profession et, en le faisant perdre puis exécuter sa propre justice par la suite, le transforme en plus en pauvre avocat pouilleux, incapable de faire condamner un truand de bas étage. Sans compter que pour un type censé garder une identité secrète, il a affreusement tendance à faire usage de ses pouvoirs devant une foule de monde. Les autres persos ne sont pas logés à meilleure enseigne. Elektra aurait pu porter un autre nom tellement c’est pas Elektra (à moins que l’on considère que Frank Miller aussi a crée une grecque au look de New-Yorkaise qui se transforme soudainement en justicière) et le Caïd, à l’origine un gangster machiavélique et manipulateur, passe ici pour un sous Al Capone, dont on se demande bien pourquoi tout le monde le craint tellement il à l’air d’un gentil nounours. A ce stade là, les fans s’arrachent déjà les cheveux. C’est sans compter sur l’arrivée de Bullseye. Censé être l’assassin le plus redoutable du monde, on nous le présente en train de faire usage de ses pouvoirs…. pour jouer aux fléchettes dans un bar. Le fan se met à ce moment un flingue dans la bouche, et pressera la détente quand il découvrira que ce tueur qui ne rate jamais sa cible manque SYSTEMATIQUEMENT son coup dès qu’il est en face de Daredevil. Et pour parachever le tout, on oubliera pas de mentionner la liaison DD/Elektra qui, de relation complexe et passionnée dans le comics, devient ici une amourette de comédie romantique à la Julia Roberts, avec baiser langoureux sous la pluie et scène d’amour au coin du feu sur fond de ballade sirupeuse. Seuls Foggy Nelson et Ben Urich ne perdent rien au passage, mais ces deux personnages sont tellement sous-utilisés qu’ils ne parviennent guère à relever le niveau. Il n’est donc pas surprenant qu’avec si peu à défendre, aucun des interprètes ne soient particulièrement brillants, et si Ben Affleck parvient quand même à sauver la face, Colin Farrel enfonce encore plus son personnage dans les abîmes du ridicule. Son jeu se limite à rouler des yeux et tirer la langue en prenant un air de dingue, ce qui fait alors de Bullseye le méchant de comic-book le plus foireux depuis Tommy Lee Jones dans Batman Forever. Bref, on aurait préféré que Johnson fasse usage de son statut de fan pour nous proposer une caractérisation des personnages plus en phase avec ce qu’ils sont véritablement. Au lieu de ça, il faudra se contenter de name-dropping, le film étant saupoudré de personnages nommés Kirby, Quesada, Romita, Mack, Miller ou Bendis, dont Johnson doit sûrement penser qu’il est l’égal.Si encore ce n’était que ça, le film pourrait à la rigueur se laisser regarder (après tout, « adapter c’est trahir », et Peter Jackson dans un genre différent nous a bien prouvé que s’éloigner du matériau qu’on adapte n’est pas forcément une mauvaise chose). Mais le film est encore plus plombé par un rythme malhabile et une durée beaucoup trop courte, qui fait se télescoper en une petite heure et demie deux histoires relatant les origines des héros, un réseau de relations complexes, deux méchants et une flopée de personnages secondaires. Autant dire que pas un seul de ces éléments n’est développé comme il le faudrait, et qu’aucun enjeu dramatique satisfaisant ne parvient à émerger. Le spectateur à sans arrêt l’impression que tout arrive trop vite. On passe ainsi en 5 minutes de la mort du père d’Elektra à sa transformation en guerrière ninja puis à son combat contre Daredevil, sans que rien ne relie correctement ces trois évènements. Encore plus grave, le film ne possède aucune personnalité, le réal se contentant de pomper d’autres cinéastes plus talentueux pour le look de son film. L’ambiance générale sombre (enfin l’ambiance pas nécessairement, la photo illisible oui) évoque The Crow, les bonds de 50 mètres que fait DD entre les buildings (là aussi en complète contradiction avec le comics) rappellent Spider-man. Comble du comble, il va même jusqu'à pomper sur un cinéaste, mais dans un comics, Bullseye tuant le père d’Elektra avec l’arme de Daredevil étant tout droit tiré du story-arc Guardian Devil de Kevin Smith (le caméo de ce dernier serait-il une façon pour Johnson de s’excuser ?) . Quant aux scènes d’action, elles ne rappellent rien, elles sont justes brouillonnes, mal filmées, répétitives et trop courtes (en gros, le schéma est : trois mandales, une pirouette et hop, fini au bout de 2 minutes), bref on ne ressent à aucun moment l’impression de voir le comics prendre vie sous nos yeux, comme on a pu l’avoir devant Spidey, Blade II ou dans une moindre mesure X-men. Et par charité, on oubliera sciemment de mentionner l’immonde choix d’illustrer les ¾ des scènes par de la musique de djeunz afin de faire hype, musique bien entendue pourrie et qui va faire vieillir le film très vite (n’empêche, NERD sur la première apparition du Caïd….wadafuck ??).Le pire dans tout ça, c’est que le film n’est pas totalement mauvais. Ici et là, on trouvera une bonne idée (Daredevil est forcé de dormir dans un caisson d’isolation sonore et est vulnérable aux sons puissants, la restitution à l’écran de son sens radar), une scène sympa (Bullseye empalant Elektra avec son saï, la pointe de l’arme soulevant le dos du costume comme chez Miller, ou encore la scène de fin) et un ou deux plans magnifiques et vraiment comic-books. Mais ces éléments, loin de tirer le film vers le haut ne font que contribuer à la déception, en ce qu’ils laissent entrevoir ce que le film aurait pu être. En l’état, ils ne font que contraster brutalement avec le reste et font ressortir encore plus là médiocrité de l’ensemble, donnant ainsi une belle impression de gâchis. Alors certes, il est clair que le film a fait l’objet d’un bon vieux remontage de la part de la Fox, le montage original dépassant les deux heures. Mais si un director’s cut est à même de corriger les problèmes de rythme dont souffrent le film en l’état, qu’il nous soit permis de penser que la caractérisation foireuse, les dialogues plats et les scènes d’actions pas jouissives resteront en l’état. Ne reste donc plus qu’a espérer que l’inévitable suite et le spin-off sur Elektra soit placées entre des mains un peu plus compétentes et a attendre bien gentiment les sorties très prochaines de X-Men 2 et Hulk pour nous prendre à nouveau des bons comic-book movies dans la poire. En attendant, on rangera Daredevil au rayon « occasion manquée » et on ira se relire Born Again en versant une petite larme.Note : 2/6"On attendra le passage sur canal+, je pense !
