Guillaume Fournier a écrit :Au passage, ça m'a donné envie de consulter le palmarès du prix Hugo et j'ai découvert avec étonnement que dans la catégorie romans, j'ai lu presque tous les titres lauréats des années 60-70, à peine la moitié de ceux des années 80 et quasiment aucun des années 90 à aujourd'hui, ça laisse rêveur.Du coup, je pense que je passerai sans trop de mal à côté du lauréat 2015

Oui, le palmarès récent est parfois décevant, surtout en catégorie roman. Est-ce bien nécessaire de coiffer Lois Mc Master Bujold de trois Hugos pour la même série ?
Harry Potter devait-il être récompensé ?
Morwenna a-t-il d'autres qualités que celle de brosser les fans dans le sens du poil ? Robert J. Sawyer est-il un écrivain ? A dire vrai, d'un strict point de vue de fan, je trouve souvent les nominations dans cette catégorie plus intéressantes que le résultat final. Par contre, pour les textes courts, je trouve que cela reste un bon indicateur de tendances et un partenaire de lecture fiable. Avec quelques déceptions, certes, mais avec un tas de découvertes percutantes aussi. Comme une espèce d'anthologie annuelle.Ceci dit, je pense qu'à l'heure actuelle, il y a un tas d'autres prix plus percutants. Le Nebula, bien sûr, reste de grande qualité, comme le Locus, mais le plus audacieux, le plus novateur, le plus original, celui qui me paraît le plus fiable au niveau qualitatif (c'est tout personnel), c'est le World Fantasy Award. Chose curieuse, c'est loin d'être toujours des œuvres de fantasy qui y raflent les couronnes. Mais les lauréats de ces dernières années montrent plusieurs choses : de la qualité, de l'audace et une volonté de choisir des textes puissants et en prise avec leur époque (
Osama,
Qui a peur de la mort ?,
Kafka sur le rivage,...) et/ou de véritables prodiges d'écriture (de Graham Joyce à Suzanna Clarke, en passant par Gene Wolfe).Cela n'enlève rien au retentissement des Hugos, à son aura et à son statut. C'est juste pour rappeler que, comme le dit Philip Sandifer dans son article, on trouvera toujours du beau, du bon, de quoi alimenter nos passions, des conseils de lecture pertinents (car un prix, c'est aussi ça : un conseil de lecture). J'ajoute donc que même si l'autre horrible nuke les Hugos comme il l'a promis, on aura toujours des institutions et des prix pour célébrer l'imaginaire comme il se doit. Et on réinventera un prix pour les fans, par les fans s'il le faut.