André-françois ruaud avait fait un long édito sur La Faquinade où il parlait justement de ça :
https://lafaquinade.wordpress.com/2015/ ... ois-ruaud/Petit extrait :
Je vais me faire plein d’amis, tiens, moi. Et je ne voudrais pas faire d’injustes généralités… mais disons-le tout de même franchement : je n’ai eu que des problèmes avec les imprimeurs français. Et je suis parti faire imprimer mes livres à l’étranger, n’allez pas croire que c’était pour de basses raisons d’économie — d’ailleurs, mon premier imprimeur étranger, un Espagnol, était aussi cher que les français. Mais lui, primo il avait un commercial ultra compétent, pas un vendeur de saucisses (la preuve : il est devenu mon « chef de fab » quelques années plus tard), et secundo il avait un réel savoir-faire. Du genre qui ne me sort pas que « les rabats c’est ‘achtement trop compliqué » (et trop coûteux) à faire ; du genre qui ne change pas ma chartre esthétique sans m’en parler (un imprimeur français nous glissa un jour d’horribles pages de garde en grosse carte blanche, comme ça, sans raison) ; du genre qui imprime bien sur le papier pour lequel j’ai payé (et pas sur un atroce bouffant verdâtre, comme me le fit un imprimeur français) ; du genre qui ne transforme pas les images en mauvaises photocopies ; du genre qui sait gérer les vernis sélectifs, qui sait faire des découpes, qui sait faire des ouvrages cartonnés avec tranchefil et signet, qui sait faire une rainure sur la couverture, qui gère des colles fines et invisibles et non de gros pâtés, qui cale les cahiers plutôt que des les assembler à l’arrache ; du genre qui fait un Bon à Tirer sur papier et même un Bon à Fabriquer… Enfin quoi, un imprimeur, un vrai. Avant d’aller chez cet Espagnol puis, à la vente de cette entreprise familiale et grâce aux recherches techniques de mon « chef de fab », de m’adresser à des imprimeurs tchèques etc. j’avais fait quoi ? Cinq ou six imprimeurs en France, avec tellement de galères, de mensonges, d’incompétences, des cartes trop fines, des papiers pas les bons, des images trop sombres, des dos plissés, des pages à l’envers… et toujours, toujours, la mauvaise foi et l’arrogance comme seuls interlocuteurs. Beaucoup de tristesse, tout ça. Alors que travailler avec mon « chef de fab » est un tel plaisir : son excitation à me présenter de nouvelles solutions techniques — et si l’on faisait une couverture comme ça ? Et tu as vu les nouveaux signets possibles ? Et regarde la jaquette allemande que j’ai prise à l’impression l’autre jour, si tu faisais quelque chose du même genre ? Nous cherchons d’autres papiers, d’autres découpes, d’autres cartonnages, on discute tranchefil, signet, coupe franche, bouffant, encres, toile, calque, fil de couture, embossage, gaufrage, fer à chaud… Tout simplement de quoi faire des livres : notre passion.