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De mon point de vue de libraire, je trouve que la SF/fantasy young adult propose pas mal de chose unisexes, et la proportion de garçons dans ma clientèle n'est pas moindre par rapport aux filles.
Memento mori

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Puisque vous parlez de lecture en milieu scolaire et des élections présidentielles, pourquoi ne pas s’intéresser aux motivations politiques de ceux qui nous gouvernent ?En 2009, Sarkozy décore de la Légion d’honneur J.K. Rowling.Non parce qu’il a été sensible aux romans ou aux films, qu’il y a trouvé une valeur esthétique ou un élan narratif, mais parce qu’il a salué dans la saga Harry Potter « un univers initiatique qui permet au lecteur de se construire ». Un monde « porteur de valeurs » ayant « une vertu éducative avérée ».Argument ultime de cette reconnaissance, « redonner goût aux jeunes à la lecture et aussi à l’écriture ».Et d’en rajouter une couche avec l’histoire perso de l’auteure, mère célibataire au chômage, etc.Attention ! Cela n’évite pas au dit Sarko de se faire descendre et pas que par les admirateurs de la Princesse de Clèves… :duel:Dans le même temps, Obama proclame haut et fort que Game of Thrones est une de ses séries préférées.Il arrive même à obtenir l’exclusivité de visionner les épisodes en avant-première.Je cherche encore les vertus éducatives prônées par Cersei Lannister ou les valeurs défendues par Arya Stark…Il paraît que l’exemple vient toujours d’en haut. :ange:Valeurs, nous avons dit valeurs ? Alors que vaut une littérature telle que la Fantasy dans un pays comme le nôtre ?

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Je pense que ce genre d'article est, bien que pas foncièrement faux, plutot inutile car finalement, il s'adresse a un public qui connaît déjà tout cette argumentaire pour l'avoir sûrement déja employé (nous en l'occurrence) et non a ces personne concernée qui se foute bien de tout ces articles et ignore notre belle argumentation qui se révelera finalement inutile (dans la plupart des cas). Après, pour moi, il faudrait peut être abandonné l'idée de faire changer d'avis les snobs en tout genre ( bien que nous continuerons quand même par pur principe). Pourquoi tenté de ce faire accepté par un cercle de vieux type péteux que finalement, nous méprisont quasiment autant qu'eux le font a notre égard? J'ai plus l'impression que l'on essaye de se convaincre nous même de la légitimité de nos lectures qui est, somme toute, plutot imaginaire.

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C'est bizarre que ce soit au cartésianisme que l'on fait porter le chapeau du mépris pour les cultures de l'imaginaire.Moi j'évoquerais plutôt l'esprit paysan encore très présent en France et pas forcément que dans les zones rurales. Cet esprit paysan assez opposé à tout rêve et à tout imaginaire avec un seul impératif : la survie. Rêver ça n'aide pas à survivre. En littérature c'est une littérature avec un côté éducatif et édifiant,qui va expliquer la société, qui va permettre cette survie : autrement dit, le roman noir, très politisé. Et en plus le paysan est fasciné par le fait divers. Donc on comprend tout de suite pourquoi la littérature noire est la littérature dominante de la littérature populaire chez nous.Il y a aussi la tyrannie du "je".A l'école on fait des rédaction. Pendant très longtemps on demandait aux élèves de raconter un souvenir ou en tout cas de raconter quelque chose de personnel à la première personne. Ce n'est qu'à partir de la quatrième que l'on demandait de raconter autre chose pour faire la transition progressive vers la dissertation. Les choses ont heureusement changé depuis le début des années 2000 si j'en crois des amis profs. Mais ça a laissé des traces et si l'autofiction et les récit hyper-réalistes marchent bien en France, c'est parce que l'on a fait identifier des génération d'enfant avec leur seul environnement.

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Fabien Lyraud a écrit :A l'école on fait des rédaction. Pendant très longtemps on demandait aux élèves de raconter un souvenir ou en tout cas de raconter quelque chose de personnel à la première personne. Ce n'est qu'à partir de la quatrième que l'on demandait de raconter autre chose pour faire la transition progressive vers la dissertation. Les choses ont heureusement changé depuis le début des années 2000 si j'en crois des amis profs.
Je rejoins tes amis profs. J'étais à l'école dans les années 2000 et je n'ai jamais fait ça à l'école (sinon je m'en souviendrais parce que si j'avais dû raconter quelque chose de personnel, mon prof n'aurait jamais vu la couleur de ma rédaction). Il s'agissait plutôt de continuer un récit, écrire un monologue de théâtre sur un sujet donné, ce genre de trucs. D'ailleurs, au bac, l'épreuve ne s'appelle même pas "rédaction" mais "sujet d'invention".Perso je pense que si la fantasy est si décriée, c'est parce que 1. ça a l'air déconnecté de la réalité donc sans intérêt et invraisemblable (ce qui me fait rire parce que quand on voit certaines coïncidences dans des livres comme Oliver Twist, je me dis qu'il est plus vraisemblables de croire aux dragons :D )2. c'est vu comme un genre de divertissement alors que la France n'adoube du titre de littérature que ce qui est "intellectuel" (là encore c'est stupide, parce que des livres comme A la croisée des mondes offrent tout autant de réflexion que tout livre de littérature blanche, sinon plus)3. c'est vu comme un genre anglo-saxon et l'aculturation c'est le mal incarné (et on se moque bien de savoir si on a eu des précurseurs en France, parce que soit ça n'a aucun intérêt, soit c'est pas pareil parce que c'est de la littérature avant tout... hein Jules Verne?).

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Fabien Lyraud a écrit :C'est bizarre que ce soit au cartésianisme que l'on fait porter le chapeau du mépris pour les cultures de l'imaginaire.Moi j'évoquerais plutôt l'esprit paysan encore très présent en France et pas forcément que dans les zones rurales. Cet esprit paysan assez opposé à tout rêve et à tout imaginaire avec un seul impératif : la survie.
Ça m'a l'air d'entrer un peu dans la définition du "cartésianisme", non ? :P

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Fabien Lyraud a écrit :Moi j'évoquerais plutôt l'esprit paysan encore très présent en France et pas forcément que dans les zones rurales. Cet esprit paysan assez opposé à tout rêve et à tout imaginaire avec un seul impératif : la survie.
Tu veux parler de l'esprit paysan dont des auteurs comme George Sand, Henri Pourrat ou Paul Sébillot ont recueilli les contes, légendes et croyances par centaines au cours des deux derniers siècles ? :huh:Non, "l'esprit paysan" en France n'a aucun problème avec l'irrationnel, ni avec le rêve. Ce retard dans la reconnaissance critique de la fantasy vient au contraire à mon avis de la très forte influence de Paris et de Versailles dans la critique littéraire et le monde des lettres en général depuis la royauté absolue, et (donc) à la persistance d'une conception de la littérature où les genres "nobles" sont ceux qui reflètent la réalité. Au XVIIe siècle, le classicisme autorisait les sujets mythologiques, mais seulement dans une réécriture psychologisante où le merveilleux était réduit au minimum. Au XVIIIe siècle, les Lumières luttent contre les superstitions et le fanatisme (ce qui est très bien, mais les philosophes des Lumières ont voulu jeter les bébés fées avec l'eau du bain de l'obscurantisme ignorant). Au XIXe siècle, les romantiques rendent mieux justice à "l'imaginaire populaire" (notamment paysan), mais le réalisme et le naturalisme passent par là et ce sont eux qui l'emportent plus durablement dans la critique et, surtout, dans les programmes scolaires. Seul le fantastique y trouve sa place. Et encore, avec une image déformée par rapport à la réalité des goûts des écrivains de l'époque, parce que quand on lit certaines pages de Zola (dans Thérèse Raquin, par exemple), on voit qu'il n'avait aucun problème avec le fantastique, pas plus qu'un Maupassant.Au XXe siècle, il y a eu les surréalistes pour s'intéresser à l'irrationnel, mais là encore l'influence de ce courant littéraire n'a pas été dominante dans les décennies suivantes. Cela étant dit, les programmes scolaires ont bel et bien changé, et on y étudie régulièrement les mythes (en 6e-5e) et le fantastique (en 4e) mais aussi le roman d'aventure et les mondes imaginaires (en 5e).Au XXe siècle et maintenant, il y a aussi le réalisme magique qui brouille les frontières, mais ce n'est pas un genre très étudié au collège et au lycée à ma connaissance.

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u veux parler de l'esprit paysan dont des auteurs comme George Sand, Henri Pourrat ou Paul Sébillot ont recueilli les contes, légendes et croyances par centaines au cours des deux derniers siècles ?
Pas de cet esprit paysan là, mort au 19éme siècle. Mais celui d'après la première guerre mondiale. Où les veillées ne se faisaient plus guère. Et où le travail et la survie étaient devenus les deux moteurs. Vivant en Limousin je connais assez bien le problème. Cet esprit paysan qui est depuis valorisé par certains milieux conservateurs.

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Au XVIIe siècle, le classicisme autorisait les sujets mythologiques, mais seulement dans une réécriture psychologisante où le merveilleux était réduit au minimum.
Au début du XVIIéme siècle si j'en crois les cours d'histoire littéraire que j'ai eu à la fac, il semble qu'il y ait eu une mode du roman de merveilleux épique avec notamment des auteurs comme Gombertville et La Calprenède. Et aux alentours de 1650 ce courant disparaît complètement.Jean Marc Lofficier a repéré quelques romans avec des éléments de voyages extraordinaires aux XVIIIéme siècle qui peuvent se raccrocher autant à la fantasy qu'à la SF chez Tiphaigne de la Roche ou le chevalier de Mouy. Mais on est souvent entre Gulliver et Buroughs ( le Voyage en Terre Australe de Restif de la Bretonne qu'il faudra que je lise un jour).

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Je trouve ton initiative intéressante, mais peut'être les termes que tu emplois comme "discrimination" sont peut être un peu fort. Non pas qu'ils ne soit pas exact, mais en comparaison a certain autre type de mise a l'écart (comme a cause de la couleur de peau ou du sexe) ils risquent de faire un peu "hyperbolique". Je ne me rappelle pas personnellement avoir été attaqué pour mes lectures, mais si je me rappelle de quelque chose je saurais où aller témoigner. ;)