J’ai été bien surpris de trouver « Les Seigneurs de Bohen » sur les rayons d’une bibliothèque municipale. Alors qu’il s’agit d’un ouvrage récent de cette année. Du coup, comme j’avais suivi un peu le débat divergeant qu’il y a ici (hors spoilers bien sûr), je me suis dit que c’était l’occasion de me faire ma propre opinion. Je ne dis pas que ma lecture ne s’en est pas trouvée quelque peu orientée, mais heureusement sans que cela ne nuise à mon plaisir. D’abord, cette histoire de Dark Fantasy. Je ne suis pas un familier du genre, mais il suffit d’écouter l’interview pour voir que ce n’est pas une invention de l’éditeur, puisque l’auteure revendique cette influence pour son roman. J’ai l’impression d’avoir déjà lu des passages aussi crus ailleurs et que pour le coup, ici, ils ne se justifient pas forcément. Dans cette histoire de chute d’un empire, il y a autant de force voire plus dans ce qui n’est que survolé comme
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la folie et la solitude de l’impératrice par exemple. Maintenant, la façon dont elle disparaît, c’est peut-être la note sombre qui va justifier l’appellation…
Ensuite, on parle de Young Adult. Là encore je ne suis pas spécialiste. Les romances pourquoi pas, en dépit du contexte. Les exemples de personnes qui se rapprochent au milieu des pires dangers, c’est quand même une constante dans la littérature ou au cinéma. Le fait ensuite que
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tous les couples sur lesquels l’auteure s’attarde soient homosexuels, c’est son choix. Mais on a parfois plus l’impression de se promener au milieu du Marais qu’à l’échelle d’un empire-continent.
Et rien pour contrebalancer. Un moment, j’ai espéré un peu de « diversité » avec
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Wens, Irina et Nochka…
Bon, passerait encore le fait que l’on glisse entre les différents épisodes de ces romances. Mais ceux-ci reviennent un peu trop fréquemment au détriment de l’intrigue.

À savoir maintenant si celle-ci ne souffre pas trop pour devenir incohérente aux yeux de certains. L’auteure tente bien de démontrer en tous cas que le personnage de Maeve est traversé d’incertitudes.
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Oui, elle a tué plusieurs fois et plutôt facilement avec son sortilège un peu fantasmagorique qui rappelle celui de la Reine des Neiges, oui, elle donne l’impression de donner la priorité à sa libido ; malgré tout le personnage suit une lente évolution au milieu de ses contradictions, semble accomplir sa quête avant de se tourner vers un autre horizon.
Qu’elle prenne le contre-pied d’une multitude de héros de basse extraction qui vont se découvrir une âme noble et altruiste à la fin de leurs épreuves, cela ne me dérange pas. Au contraire. S’il y a incohérence, elle ne vient pas pour moi du comportement des personnages (à part leur propension tout-terrain à la drague). Alors, tous ces flots de magie que l’on n’explique pas ? Toutes ces questions sans réponse ? Par exemple
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que deviennent les Golems une fois que les insurgés ont trouvé un accord avec les mercenaires ?
Est-ce que tout cela est gênant ? :huh:Cela pourrait l’être si l’ensemble n’était pas aussi bien emporté. Sans doute l’auteure s’est-elle laissé embarquer elle-même par son propre récit, mais elle arrive à attirer le lecteur à sa suite. C’est très bien écrit avec des mots simples, des phrases claires mais évocatrices. On voit surgir les images (même celles qui nous agacent) sans avoir à se prendre la tête ou à devoir relire un paragraphe. S’il y a un consensus sur ce qui est maîtrisé, c’est sans conteste le style.Alors, si au bout du compte je reste mitigé, peut-être pas prêt à lire une suite mais ayant aimé globalement le roman malgré ses défauts (je l’ai lu en trois jours, plutôt un bon signe), je comprends qu’il puisse diviser la communauté des lecteurs.