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Selon moi, la fantasy est, par excellence, la littérature de l'imaginaire. Je peux comprendre qu'elle ait produit des figures, des conventions et des thèmes récurrents, et un auteur imaginatif peut à n'en pas douter en tirer le meilleur parti, mais celui ou celle qui se contente de réutiliser dragons, elfes et prophéties sans idée nouvelle, comme un enfant qui sort ses Playmobils de la boîte, me semble trahir le potentiel vertigineux de ce genre de littérature.

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Je pense qu'il y a surtout un problème de flemmardise de la part du lecteur.Si cela fait 15 bouquins que tu lis du même type d'histoire plus ou moins pompées les unes sur les autres et que personne t'as mis un couteau sous la gorge...La zone de confort...

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Un autre cliché énervant. Les elfes sont bons, les orcs sont méchants. En fait ça va plus loin que ça. Une créature qui est belle et gracieuse sera forcément dans le camp du bien, et une espèce qui est moche sera forcément méchante. Je trouve ça un peu facile, en fait. J'ai moi même écrit une nouvelle avec des anges maléfiques et des démons plutôt sympathiques. Donc il faudrait peut être arrêter avec ça.

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Là je trouve que ce n'est plus vrai depuis un moment... On a les elfes noirs dans plusieurs univers qui sont assez débordant de sensualité et sont des artistes également (pourtant dans le camp du mal)Les nains ou les hobbits, toujours côté bien, ne sont pas vraiment considerés comme "beaux". Même dans des livres assez peu reconnus par la communauté des lecteurs on a les urgals qui sont plutôt bons dans Eragon. Des elfes bons comme mauvais dans "the witcher"Et je pense qu'on a même des orques sympathiques dans certains bouquins de salvatore mais je ne les ai pas encore lus. Bref, je comprends ce que tu veux dire mais il me semble qu'on évolue pas mal à ce niveau (d'ailleurs l'ange maléfique est une figure récurente, le premier d'entre eux étant Lucifer)

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J'aurais besoin d'aide : j'ai un interlocuteur pour "la fantasy" c'est le fantastique. Voilà son avis : Fantasy comme catégorie, c'est niet. C'est une classification anglo-saxonne qu'on emploie pas normalement, et avant que les commerçants ne s'intéressent à la chose, en français. [...]Ça fait moins joli dans les catalogues d'éditeur, moins hype dans les bibliothèques et moins trostylé pour les djeunz mais la fantasy, c'est le fantastique. La notion de "fantasme" disparaît en VF, mais c'est ce qu'on a de plus proche. On peut conserver, en revanche, cette notion pour les sous-genres qui n'ont jamais eu de trad. La fantasy comme tu l'entends, c'est le med fan. Or chez les anglo-saxons, la fantasy n'est pas nécessairement médiévale. Gaiman, Asimov, Herbert ou Zelazny sont classés dans la fantasy de l'autre côté de l'Atlantique. En France, Asimov, Zelazny ou Herbert on les retrouve dans les rayons SF (à juste titre ou pas : je vois pas vraiment en quoi Zelazny fait de la SCIENCE fiction). Gaiman, personne ne sait encore bien où le mettre :D. Je manque de mots pour lui répondre, mais je voudrais aussi votre avis sur cette diatribe.Pour préciser le contexte, on parle de créer une exposition sur le JDR et ses genres.

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En fait si on se rapproche des genres "classiques", la fantasy est plus proche du merveilleux que du fantastique. Je cite une grande encyclopédie libre présente sur internet."Le fantastique est un registre littéraire qui se caractérise par l’intrusion du surnaturel dans le cadre réaliste d'un récit. Selon le théoricien de la littérature Tzvetan Todorov (voir son essai Introduction à la littérature fantastique), le fantastique se distingue du merveilleux par l'hésitation qu'il produit entre le surnaturel et le naturel, le possible ou l'impossible et parfois entre le logique et l'illogique. Le merveilleux, au contraire, fait appel au surnaturel dans lequel, une fois acceptés les présupposés d'un monde magique, les choses se déroulent de manière presque normale et familière." https://fr.wikipedia.org/wiki/FantastiqueJ'avais commencé à écrire un truc, mais j'arrive pas à faire mieuxAprès c'est l'éternelle difficulté de mettre des oeuvres dans des cases, il y aura toujours des exemples et des contre exemples.

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Pour moi aussi, si on devait traduire le terme fantasy, on dirait merveilleux, pas fantastique. C'est vrai qu'à la base, le merveilleux est utilisé pour désigner un registre plutôt qu'un genre, mais bon, c'était aussi le cas du fantastique si je ne me trompe pas. Le merveilleux et le fantastique étaient déjà vu comme des choses distinctes avant que la fantasy anglo-saxonne ne s'en mêle. Donc, si c'est l'anglicisme qui gêne ton ami (parce que j'ai l'impression que c'est surtout ça son problème), il peut parler de merveilleux. C'est ce qu'a fait une prof de français que je connais quand elle a présenté sa liste de lecture fantasy à ses 6e : elle a appelé les romans des "romans merveilleux".Sans compter que le fantastique est quelque chose de très spécifique. Le surnaturel est censé être présenté tout du long comme du surnaturel, et il doit y avoir un doute sur le fait que ça se passe réellement ou pas. Souvent, ça fait peur. Par exemple, Le Horla ou la Vénus d'Ille sont du fantastique parce qu'on a un doute juqu'à la fin quand à savoir s'il y a un événement surnaturel ou si ce n'est que folie. A l'inverse, Harry Potter est de la fantasy (ou du merveilleux s'il faut vraiment un terme français) parce que une fois la surprise passée (et elle passe vite), la magie est acceptée comme un élément normal de l'univers.
La notion de "fantasme" disparaît en VF, mais c'est ce qu'on a de plus proche
Là, j'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre l'argument. C'est comme si je disais "la fantasy, c'est de la SF. On perd en technologie ce qu'on gagne en magie (pour simplifier), mais c'est ce qu'on a de plus proche". Ou comme si la personne qui a découvert les singes avaient dit "ce qu'on a de plus proche de cet animal dans la classification actuelle, c'est un homme, donc cet animal est un homme, pas besoin de créer une nouvelle catégorie".Je sais bien que trop de catégories tue les catégories, mais au bout d'un moment, on ne va pas laisser ensemble des choses qui ont plus de différences que de points communs. La fantasy dépasse beaucoup le cadre du fantastique. Je ne dis pas qu'ils n'ont rien en commun, mais àmha, ils sont assez différents pour justifier qu'ils ne soient pas confondus.

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A noter aussi, c'est que pour les Anglo-Saxons, le terme de fantasy recoupe les champs du merveilleux et du fantastique, alors que la "tradition française" en matière de littérature distingue ces deux genres.De plus, le fantastique a toujours pour cadre le monde réel, notre monde, ce qui n'est pas le cas de la fantasy (à partir du moment où une manifestation surnaturelle est considérée comme normale dans le monde où elle apparaît on bascule dans la fantasy).Et puis bon, le terme "médiéval fantastique" est un non-sens en français, puisque ce n'est pas du fantastique : l'inspiration médiévale est diluée, ce n'est pas historiquement cohérent (donc ce n'est pas le monde réel, tel qu'il a été), et les manifestations surnaturelles y sont la plupart du temps considérées comme faisant partie du monde.

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A noter aussi, c'est que pour les Anglo-Saxons, le terme de fantasy recoupe les champs du merveilleux et du fantastique, alors que la "tradition française" en matière de littérature distingue ces deux genres.
Depuis quelques années ce que nous nommons fantastique est devenu weird fiction pour distinguer le fantastique proprement dit de l'horreur.

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Mettre une étiquette est toujours difficile, mais c'est souvent nécessaire, le plus important est de garder à l'esprit qu'une oeuvre peut avoir plusieurs étiquettes, et surtout que cette étiquette peut changer en fonction du contexte, de la personne qui lui assigne cette étiquette, etc...

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Pour avoir fait des recherches sur le sujet, l'horreur appartient au genre du fantastique, et ce, depuis le début (à savoir le roman gothique). Et ce n'est pas le sujet, de toute façon. Les Anglo-Saxons peuvent bien créer 150 sous-genres que ça ne changerait pas mon propos : dans leur classification littéraire, fantasy = fantastique + merveilleux.Pinailler, c'est bien, mais c'est encore mieux quand c'est utile.

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Tiens, récemment on nous demandait en conférence si ce n'était pas gênant d'être enfermé dans un sous-genre et ne pas pouvoir espérer les ventes de littérature blanche.On leur a d'abord montré qu'on vendait beaucoup plus que la Blanche, mais surtout au fur et à mesure de la discussion, on a réalisé que quasiment tous les plus gros succès de l'édition au niveau mondial sont des romans de fantasy au sens large, justement.Le Seigneur des Anneaux ? Fantasy.Harry Potter ? Fantasy.Game of Thrones ? Fantasy.Le Petit Prince ? Fantasy.Alice au pays des merveilles ? Fantasy.Les Chroniques de Narnia ? Fantasy.Twilight ? Fantasy.Si on ne compte pas la Bible, le Coran et autres (même si d'aucuns pourraient dire que c'est de la fantasy), le premier roman qui n'appartient pas au genre est le Da Vinci Code de Dan Brown, loin, loin derrière les autres. Suivi par Fifty Shades of Grey, qui est une fanfiction de Twilight. Et Pierre Bottero vendait plus qu'un Goncourt moyen.Comme quoi, le premier cliché énervant en fantasy, c'est justement que la fantasy est une sous-littérature alors qu'elle soutient une grande partie de l'industrie du livre :o

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On leur a d'abord montré qu'on vendait beaucoup plus que la Blanche
Ah ben, ça, c'est valable surtout pour les auteurs les plus connus comme toi et quelques autres, ;) mais je ne pense pas que la grande majorité des auteurs publiés en SFF vendent forcément (bien) plus que le roman de Blanche moyen, si ? C'est quoi, autour de 800-1000 exemplaires en Blanche (je dis ça de tête, donc je peux tout à fait me tromper) ? Mais pas forcément moins du coup, donc le constat reste valable !

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Gillossen a écrit :
On leur a d'abord montré qu'on vendait beaucoup plus que la Blanche
Ah ben, ça, c'est valable surtout pour les auteurs les plus connus comme toi et quelques autres, ;) mais je ne pense pas que la grande majorité des auteurs publiés en SFF vendent forcément (bien) plus que le roman de Blanche moyen, si ? C'est quoi, autour de 800-1000 exemplaires en Blanche (je dis ça de tête, donc je peux tout à fait me tromper) ? Mais pas forcément moins du coup, donc le constat reste valable !
J'avais lu 300 à 450 pour un roman Gallimard non primé, mais faudrait que je retrouve les articles.