Pour donner deux exemples d'éléments pouvant être considérés comme Deus Ex dans Les Portes de la Maison des Morts :
-La Silanda qui se retrouve sur la rivière que doit traverser Coltaine et qui emporte quelques réfugiés et blessés à Aren.
-Mastard, le familier de l'oncle de Crokus, qui se révèle être un Solipris et qui arrive à ouvrir la porte de la maison des morts.
Concernant le premier, c'est certes improbable mais pas impossible dans la logique de l'univers (avec le voyage par Garenne). C'est un heureux hasard, un code de récit (mais la réalité n'en est également pas dénuée des ces heureux hasards, convenons-en).
Mais surtout, est-ce un raccourci pour dénouer un nœud scénaristique ? En fait, non. Cela a finalement peu d'impact sur l'intrigue, dans le sens où Coltaine et son convoi n'ont pas droit à un sauvetage miraculeux, au contraire. Il me semble donc que cela concerne un aspect mineure des évènements et permet avant tout à Erikson de faire en sorte que les personnages se rencontrent.
Le même schéma s'applique pour Mastard. D'une part, Erikson pose quelques indices dès le début du roman, pour nous préparer au fait que ce familier est plus qu'il n'y paraît. Ensuite, dans la logique de l'univers, ça ne semble pas totalement improbable que l'oncle de Crokus, un mage, ait eu un démon solipris comme familier.
Le fait que se soit lui qui ouvre la porte de la maison des morts. Pour le coup, on peut plus discuter le fait que cela permet à l'auteur de sortir d'une impasse où il s'est fourré.
Cependant, ce qui a précédé et ce qui suit dans le roman me semble nous amener à ressentir que l'ouverture de cette porte n'est pas si importante, que ce n'est pas le fond de ce voyage dans l'azath. Que ce n'est finalement qu'une péripétie de plus (un ravin que nos héros doivent passer). Que les sens et les enjeux de tout ce passage sont ailleurs :
- Dans le terrible paradoxe où se retrouve Mappo. Il est dans le lieu où il pourrait définitivement mener à bien sa tâche vis-à-vis d'Icarium. Cela lui est désormais totalement intolérable du fait de son amitié avec ce dernier. Mais cela pourrait détruire l'azath, voir pire. Le fait de se retrouver dos au mur (sans mauvais jeu de mot
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) l'oblige à prendre conscience de sa situation et à faire des choix.
- Violain, dont j'ai eu la sensation durant tout ce périple qu'il serait celui pour lequel s'ouvrirait la porte (donc une grosse surprise pour moi quand ce ne fut pas le cas). Le fait qu'elle ne s'ouvre pas pour lui renforçant les réflexions qui l'anime durant la traversée de l'azath : les hommes (et lui en particulier) sont infimes et dérisoires face à ces luttes de dieux qui se perdent dans l'abime du temps et face à leurs enjeux.
- Enfin, cela confère une réelle logique aux azaths. Il n'ouvre pas leurs portes sans raison. Ici, il leur faut un nouveau gardien pour remplacer celui qui est mort, ce que Mastard est capable de devenir. Cela construit donc cet élément de l'univers.
Bon je ne nie pas qu'il y a de l'interprétation subjective là-dedans
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Mais à mon sens il n'y a donc pas de paresse ou constat d’échec dans l'utilisation de ces deux DEA.
Et si la suite parvient en plus à justifier certains de ces éléments, leur conférer une logique supplémentaire, là je serai bouche bée.
Mais à ce niveau, je vais attendre de juger sur pièces
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