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Bonsoir, bonsoir

Cela fait très longtemps que je n'ai pas posté sur ce forum et pour cause, je ne lis plus beaucoup. Ou en tout cas, je ne lis plus beaucoup de bons livres.

J'ai commencé à lire en anglais, des œuvres de fantasy chinoise. Le style s'appelle Xianxia/Xuanhuan et se rapproche du wuxia ou romans de chevalerie avec des éléments magiques et martiaux.

Sauf que ce style de fantasy chinoise est très exagéré avec des personnages à la Dragon Ball Z (ou c'est peut être les personnages de Dragon Ball et de fantasy asiatique en général qui sont à la sauce xianxia).

Xianxia (simplified Chinese: 仙侠小说; traditional Chinese: 仙俠小說), is a type of Chinese martial arts novel genre developed from the wuxia genre that is heavily influenced by Taoism and Buddhism. It was first introduced in the Republic of China and became popular worldwide in the 21st century. Protagonists (usually) attempt to cultivate to immortality, seeking eternal life and the pinnacle of strength. Contrary to the wuxia genre, xianxia novels have more elements of fantasy, complete with magic, demons, ghosts and immortals.

Bon en général c'est très mal écrit et pour cause: le style est très populaire en chine et les auteurs sont payés pour produire à la chaîne, entre 5 à 7 chapitres de 1 300 mots anglais en moyenne par semaine.

Cela reprend toujours les mêmes codes et les histoires sont quasiment des copiés collés: un jeune homme (en général) n'a aucun talent pour cultiver la force spirituelle qui augmente avec l'aide de la méditation, de trésors ou de plantes médicinales ou encore de pilules traditionnelles... Il trouve un objet qui va l'aider à cultiver et va le transformer en personnage "overpowered" qui va écraser tous ses ennemis jusqu'à ce qu'il se frotte à plus fort que soi, pour s'entraîner encore plus et écraser ses nouveaux ennemis et encore et encore et encore... jusqu'à la fin des temps. Ses ennemis sont tous des psychopathes arrogants au possible et qui passent leur temps à sous-estimer le héros qui gardera le titre de "déchet" jusqu'à ce qu'il les écrase tous et passe à une autre location où il n'est pas connu et redevient un déchet...

Bon ça donne pas envie de lire, j'avoue. Il y a plein de problèmes pour une sensibilité occidentale avec ces histoires. Outre que ce soit toujours la même chose, il y a du sexisme (insidieux parce que les femmes peuvent cultiver comme les hommes mais sont soient de pures fées intouchables, soient des mégères vénales et jalouses de la beauté et du talent de celles qui réussissent mieux qu'elles), une apologie au viol (que ce soit l'homme qui commette le viol ou la femme ou même le personnage principal, c'est présenté comme quelque chose de banal), une apologie au meurtre (tous les problèmes sont réglés par la violence), les personnages sont uni-dimensionnels, le deus ex-machina est omniprésent, il y a des inconsistances tout le long avec l'intrigue et les éléments dévoilés qui contredisent ou rendent l'histoire ridicule, le personnage principal est un Gary Stue, il n'y a a pas de sous entendus de la part du narrateur: tout est expliqué...

Pourquoi je vous en parle alors?

- Parce que c'est un bon moyen de découvrir la mythologie chinoise et un moyen encore meilleur de comprendre la mentalité chinoise (en tout cas une partie) dans la réalité.
- Parce que vous pouvez découvrir que des principes d'écriture que vous pensiez complètement impossibles, improbables ou aberrants sont utilisés comme si de rien était de manière originale (pour un esprit occidental) et que ça marche.
- Parce que si les idées sont mal exploitées et que les œuvres sont au pire mal écrites au mieux médiocres, ce n'en sont pas moins des idées qui sont rarement vues ou explorées dans la fantasy occidentale et apportent des réponses inédites à certaines problématiques philosophiques.
- Parce que en passant outre le fait que c'est très mauvais, l'aspect combat, batailles et cultivation d'homme à dieu/immortel est fun.
- Si vous êtes un auteur de fantasy, cela peut vous donner de l'inspiration, si vous êtes un apprenti auteur, vous ferez des progrès énormes en apprenant sur le tas ce qu'il ne faut surtout pas faire lorsque l'on écrit.
- Parce que c'est une parcelle de la fantasy qui est de plus en plus populaire en occident et que c'est dommage de passer outre même si c'est mauvais.

Si vous êtes intéressés par la lecture de ce style de fantasy, j'ai sélectionné pour vous quelques titres qui sont plutôt bien écrits et ont beaucoup moins des problèmes que j'ai soulevé plus haut. Vous pouvez trouver ces œuvres gratuitement hébergés sur le net dans les différentes communautés spécialisées. Tout est en anglais.

- Reverend Insanity: l'histoire d'un cultivateur au talent médiocre qui s'est fait assassiné parce qu'il avait emprunté la voie démoniaque pour cultiver et retourne dans le passé dans son corps de jeune adolescent où il décide d'être encore plus pervers et méchant que dans sa vie précédente pour atteindre son but. Oui, le personnage principal est un méchant (et pas qu'un peu)

- Plundering the heavens: l'histoire d'un bandit de dix ans, jeune mortel dont le repaire a été exterminé et dont il est le seul survivant. Il décide de s'enrôler dans la secte (comprendre secte martiale ou l'on apprend des techniques et arcanes mystiques) de l'homme qui a annihiler son groupe de bandits pour apprendre à cultiver et se venger. Problème, il n'a aucun talent pour le mystique. Solution, il est très intelligent et vicieux.

- Tales of Herding Gods: l'histoire d'un jeune enfant abandonné qui est élevé dans un village coupé du monde par des "vieux" très étranges et très puissants.

- A Will Eternal: l'histoire d'un jeune homme qui a très peur de la mort après avoir perdu ses deux parents et qui décide de faire appel à un "immortel" grâce à un héritage familial qui a été offert à l'un de ses ancêtres par l'un d'eux afin qu'il lui apprenne à devenir lui aussi un immortel.

- Death Scripture ou Death Sutra: plutôt un wuxia pour le coup et plutôt bien écrit également avec une intrigue solide et une histoire intéressante. Un jeune adolescent assiste impuissant à la destruction de son clan. Après avoir réussi à cacher son identité, il s'enrôle dans la secte d'assassins qui a décimé son clan pour chercher vengeance. Ça peut ressembler dans le synopsis que j'ai fait à Plundering the heavens mais ce n'est pas du tout la même histoire, la même profondeur ou le même ton. J'irai même jusqu'à noter cette histoire 7.5/10.

Voilà, voilà. Bon je vous avoue que j'ai fait une overdose et que je recherche un bon roman épique et/ou politique dans le genre fantasy pour passer le temps. Heureusement, elbakin est là.

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J'en lis de temps en temps quand je n'ai pas le courage/temps de me lancer dans un vrai livre. Il y a plein d'avantages : par exemple, le scénario est tellement baclé et banal qu'on peut laisser l'histoire en plan pendant 6 mois, revenir et se remettre dans le bain en quelques secondes (à part pour les noms... je suis incapable de retenir les noms chinois et je confonds fréquemment les personnages)

En fait c'est un peu le fast food de la littérature. C'est sûr que ce n'est pas de la qualité, mais ça se lit vite et ça dépanne bien quand on n'a rien d'autre à se mettre sous la dent.


Le seul vrai point noir c'est que quand une histoire commence à être connue, l'auteur cherche souvent à la rentabiliser au maximum et la qualité descend. Par exemple, comme ils sont payés au nombre de mots, ils vont souvent faire dire deux ou trois fois la même chose par des personnages différents, du style "Oh mon dieu, c'est la technique légendaire du dragon à trois têtes !!!" "ah mais oui, c'est la technique légendaire du dragon à trois têtes, je ne l'avais encore jamais vue effectuée par quelqu'un de si jeune !" et "Comment un cultivateur du 3ème rang peut il utiliser la technique légendaire du dragon à trois têtes ? Il est beaucoup trop jeune !" => une soixantaine de mots pour une réaction qui aurait pu être résumée en quinze.

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C'est un style que je ne connaissais pas en roman mais uniquement en manhwa et effectivement c'est très, très prévisible.

Le plus intéressant que j'aie lu c'est l'histoire d'un vieil homme qui reçoit une seconde chance à sa mort et peut repartir de ses "10 ans"... L'intérêt, c'est qu'il garde ses souvenirs et utilise sa connaissance de l'histoire future pour se démarquer. Ca reste facile ; "oh, truc est malade mais on trouve jsutement le médicament dans 10 ans à cet endroit, je vais donc m'y rendre avant...." mais je me suis bien amusé en lisant.

Ceci dit, ça me semble vraiment particulier de transposer ce style en roman, je testerai par curiosité mais je ne pense pas que ça marchera réellement pour moi.

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Il semblerait que la majorité de la fantasy chinoise se publie en numérique plus pour contourner la censure d'Etat qu'autre chose. Là où la SF est encouragée par le gouvernement (surtout la hard SF en fait), la fantasy fait encore grincer des dents du côté du PC chinois.

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Très intéressant sur le plan sociologique. Je n'en avais jamais entendu parler, merci pour la découverte, je me pencherai à l'occasion sur quelques uns des titres que tu cites. :)

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Nirnaeth a écrit :En fait c'est un peu le fast food de la littérature. C'est sûr que ce n'est pas de la qualité, mais ça se lit vite et ça dépanne bien quand on n'a rien d'autre à se mettre sous la dent.

Comment fais-tu pour ne rien avoir à te mettre sous la dent ? J'ai une PAL plus haute que mon immeuble !

J'ai rarement goûté à ce type d'histoire, si ce n'est que j'ai lu quelques chapitres de Au bord de l'eau (très feuilletonesque) et "Le singe pèlerin", véritable monument dans la littérature chinoise (et qui a d'ailleurs beaucoup inspiré Dragon Ball).
Ça ne m'avait pas déplu mais sans doute parce qu'on touche là au haut du panier dans le genre. Mais c'est vrai que les pitchs de ces histoires sont parfois très surprenants et qu'ils prennent des directions inattendues.

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Fabien Lyraud a écrit :Il semblerait que la majorité de la fantasy chinoise se publie en numérique plus pour contourner la censure d'Etat qu'autre chose. Là où la SF est encouragée par le gouvernement (surtout la hard SF en fait), la fantasy fait encore grincer des dents du côté du PC chinois.

Source ?

Parce que j’ai pas vraiment le même son de cloche après une recherche d’au moins 2 minutes sur Google.

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Guigz a écrit :
Fabien Lyraud a écrit :Il semblerait que la majorité de la fantasy chinoise se publie en numérique plus pour contourner la censure d'Etat qu'autre chose. Là où la SF est encouragée par le gouvernement (surtout la hard SF en fait), la fantasy fait encore grincer des dents du côté du PC chinois.

Source ?

Parce que j’ai pas vraiment le même son de cloche après une recherche d’au moins 2 minutes sur Google.

J'avais lu ça quelque part il y a quelque mois. Je ne me souviens plus où.

L'article que tu cites parle de SF et pas de fantasy. La SF, elle est très développé en Chine et même encouragée. Mais pas la fantasy.

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Temliw a écrit :Ceci dit, ça me semble vraiment particulier de transposer ce style en roman, je testerai par curiosité mais je ne pense pas que ça marchera réellement pour moi.

C'est souvent l'inverse en fait, les romans sont transposés en manhua. En fait je connais très peu de manhua qui ne soient pas inspirés d'un roman. (au passage, manhua est le mot chinois. Il a donné manhwa en coréen et manga en japonais)

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Fabien Lyraud a écrit :
Guigz a écrit :
Fabien Lyraud a écrit :Il semblerait que la majorité de la fantasy chinoise se publie en numérique plus pour contourner la censure d'Etat qu'autre chose. Là où la SF est encouragée par le gouvernement (surtout la hard SF en fait), la fantasy fait encore grincer des dents du côté du PC chinois.

Source ?

Parce que j’ai pas vraiment le même son de cloche après une recherche d’au moins 2 minutes sur Google.

J'avais lu ça quelque part il y a quelque mois. Je ne me souviens plus où.

L'article que tu cites parle de SF et pas de fantasy. La SF, elle est très développé en Chine et même encouragée. Mais pas la fantasy.

Il se concentre sur la SF, certes, mais il introduit aussi la fantasy et son rapport avec la Chine.

C’est surtout que j’aimerai vraiment savoir sur quoi tu te bases pour dire que le gouvernement chinois valorise la SF et qu’il interdit la fantasy. L’article que je cite plus haut ne dit pas du tout qu’il y a une censure de genre, au contraire étant donné qu’il explique que les deux genres sont fortement ancrés dans la culture chinoise.

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Je serais également de l'avis de Guigz sur ce point.
Les Chinois sont très attachés à leur patrimoine culturel et la fantasy réexploitant mythes et légendes, traditions et idéologies séculaires, cela m'étonnerait que le genre soit écarté si facilement. Même la révolution culturelle n'a pas su déboulonner les préceptes qui font le fondement du pays et n'a fait que renforcer l'attachement au passé du peuple chinois.
Mais bon, vu la politique très tranchée du président en place, je ne serais pas non plus surpris qu'un fond de vérité sur la censure des œuvres fantasy les plus extrémistes soit véridique.

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Intéressant ça. En fantasy chinoise je ne connaissais que des trucs comme Tigre et Dragon, Detective Dee, les il était une fois en Chine, ou même l'anime chinois là the king avatar. Autrement dit pas grand chose.

C'est souvent l'inverse en fait, les romans sont transposés en manhua. En fait je connais très peu de manhua qui ne soient pas inspirés d'un roman. (au passage, manhua est le mot chinois. Il a donné manhwa en coréen et manga en japonais)

Les Manhwa sont arrivés avant les mangas ? Ah bon ?
Sinon il me semble qu'il y a pas mal de bonnes bd coréennes, et d'ailleurs, ça se rapproche très souvent du manga japonais, je pensais donc que en Corée c'était venu après.

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Greed Gobelin a écrit :Les Manhwa sont arrivés avant les mangas ? Ah bon ?

A vrai dire je ne sais pas trop lequel est arrivé en premier, mais le mot date de la fin du 18ème siècle et désignait des livres illustrés plutôt que des bandes dessinées à proprement parler.

Par contre je pense effectivement que le manga tel qu'on le connait aujourd'hui est né au Japon, probablement suite à l'influence des comics américains.

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J'ai commencé Library of heaven path :
Un peu répétitif mais le héros me fait pas mal penser aux personnages de jack Vance dans sa mentalité;
Un bibliothècaire se réincarne dans le corps d'un professeur d'art martiaux raté. Mais il a acquis la possibilité d'avoir une bibliothèque mentale dans laquelle il peut stocker toutes les information à partir non seulement de ses lectures mais aussi de ses observations. Ce qui lui permet de progresser très vite et d'acquérir de nouvelles compétences.