521
C'est dommage que cet univers ne soit pas plus connu de tous et du lectorat sf-fantasy. La faute probable à la complexité du monde avec son approche très philosophique. Je suis seulement au début de l'histoire, et c'est une lecture difficile bien que très prenante. Je lui trouve des défauts, mais l'ensemble se classe chez moi au même niveau que les cycles majeurs les plus célèbres, et s'écarte du lot par son traitement de la question religieuse, généralement à peine effleurée en fantasy et souvent de la même façon.
L'absence de traduction pour la quadrilogie qui suit n'est pas vraiment surprenante mais frustrante comme toujours!

522
C'était génial !
J'ai rarement vu un univers aussi dense, rempli de possibilités et particulier que celui d'Autrefois les ténèbres. Le tome 1 a littéralement fondu alors que je m'attendais à le voir durer plus longtemps.
Pour moi, les vacances sont finies mais les tomes suivants ne perdent rien pour attendre.

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Reste juste à attendre la troisième partie de sa saga 2nde Apocalypse, en 2 ou 3 tomes, si ce n'est plus.
Vu que c'était le projet dès le départ.
En espérant aussi qu'il ait un suivis éditeur, lors de la conception (j'ai survolé les tréfonds du forum Westeros, ainsi que Reddit, il y a du drama derrière The Great Ordeal et The Unholy Consult).

Et j'ai toujours été bluffé par les détails croustillants qu'il offre à la fin de chaque saga, et que l'on retrouve dans le glossaire final (The Thousandfold Thought et The Hunholy Consult)
Et aussi, c'est cool qu'en début de chaque tome il y ait un résumé des tomes précédents. et pas un résumé d'un paragraphe, mais des pages et des pages !

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La première tentative de lecture d'Autrefois les Ténèbres, lors de la sortie poche, fut un échec. Après une centaine de pages, j'ai abandonné, un peu penaude et très secouée de ce livre que je voulais comprendre mais sans m'en sentir capable pour le moment.
Début août, rangement de bibliothèque, je retrouve ce premier tome et décide de m'y remettre. Cette fois-ci, j'arrive jusqu'au bout et j'en garde un sentiment de violence.
Violence parce que le bras de fer avec l'ouvrage ne souffrait d'aucun répit. L'écriture est belle, la traduction d'une grande qualité et les dialogues et confrontations sont ciselés avec une force peu commune. J'étais en guerre pour lire ce livre, pas contre l'ouvrage mais contre moi-même comme lors d'une exploit physique ou d'une séance de sport où, si l'on abandonne, ce n'est pas à cause du terrain mais de nous-même.

Les chapitres sont complexes, les noms ont quelque chose de rugueux, d'insaisissable et peinent à se retenir mais lorsqu'on les relit, on comprend de qu'ils sont, qui ils sont tellement l'auteur maîtrise son univers.

Les personnages, et c'est un autre coup de maître, ne sont pas là pour qu'on s'y accroche par l'empathie. Kellhus me sidère pour ce qu'il représente et ce que cela demande de maîtrise d'écriture, de scénario, de psychologie et de philosophie. Ca donne le tournis, c'est presque indescriptible...
Si je devrais avoir un préféré, ce serait Cnaür parce qu'il représente tout ce que je déteste lire d'habitude. Proyas et Conphas tirent également leur épingle du jeu...

Enfin, les femmes...C'est peut-être par elles que le choix du manque d'empathie montre ses limites. Leur donner des fonctions se réduisant au corps et à la chair va tout à fait avec le ton du roman, elles ont également de bons moments et des dialogues très beaux, mais parfois c'était juste trop tellement je pouvais me sentir dédaigneuse à leur égard.

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Et puis, la Foi. Le face à face entre Akka et
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m'a fait dresser les cheveux sur la tête tellement il est porteur de beaucoup de choses et de l'opposition de deux sortes de Foi
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ainsi que ce que cela signifie d'être blessé dans nos croyances.
L'engouement décrit pour la Guerre Sainte est également hypnotique. Bakker semble bien plus à l'aise pour les sentiments collectifs que les sentiments individuels d'ailleurs...

En refermant le livre je me demandais si j'allais en rester là pour ce cycle, être fière de ma petite bataille personnelle et puis voilà. A la rédaction de la critique, je suis prête à reprendre les armes finalement...

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Gillossen a écrit :Ah, super !
Dans mon top 3 des séries que j'aimerais voir reprises en France.

Si seulement :'(
A chaque remontée de topic, j'ai un petit espoir...

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Ils en sont où dans l'édition? :)

J'avais tenté le premier tome il y a 2 ans je pense. J'avais adoré puis j'ai eu des semaines sans beaucoup de temps et je n'ai pas eu le courage de le terminer (mauvais timing). Je réessaierai peut-être, je pense qu'à l'instar d'Erikson, c'est un cycle qui sort de l'ordinaire et je suis curieux.

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Première série finie en France en 3 tomes mais plus éditée il me semble ? (je crois que les tomes poches commencent à être en rupture).
Seconde série achevée en 4 tomes en VO mais rien d'annoncé en France et Pocket m'avait répondu qu'ils laissaient tomber la série.
Troisième série annoncée mais pas commencée.

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Sachant quand même que la première série se suffit bien à elle-même. La deuxième série est excellente, très différente (plus "fantasy" avec plus de races différentes et de magie), mais se perd peut-être un peu dans des effets stylistiques un peu lourd (il y a des passages vraiment hyper cryptiques là où c'est pas forcément nécessaire). Je garde une préférence pour la première trilogie, même si il y a des scènes très marquantes dans la deuxième.

La dernière série n'est pour l'instant que dans les plans de l'auteur. Je ne suis même pas sûr qu'il ait un éditeur.

Nepthys, comme toi, j'avais pas du tout accroché au premier tome à la lecture en VF poche il y a plusieurs années. C'est très rare que je relise des livres, surtout s'ils m'ont moyennement plu, mais j'ai quand même fait l'effort de relire le premier tome (en VO cette fois-ci) et j'ai adoré. Depuis, le deuxième tome fait partie de mes romans préférés en fantasy, je trouve que c'est le point culminant de l’œuvre de Bakker (un peu comme A Storm of Swords ou Memories of Ice pour GRRM et Erikson) avec des batailles bibliques et une dramaturgie poussée au maximum. Le tome 3 m'avait plus fait l'effet d'un épilogue à ce tome, d'ailleurs.

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Justement, Merwin, j'hésitais à essayer le tome 2 en vo :)
D'habitude je marche beaucoup sur l'affect, dans mes lectures, mais là que je sais que l'empathie n'est pas à prendre en compte par rapport aux personnages, peut-être que lire en anglais va me permettre de me concentrer sur autre chose que sur ce que je sais ne pas trouver :P
Du coup, d'hésitante, j'ai désormais plus qu'envie de me pencher sur la suite !
Surtout que même si l'on parle de difficultés, il y a quand même une fluidité à la lecture de bien présente...

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J'ai l'impression d'être arrivé au terme d'un cheminement avec Bakker. Le mariage de la Fantasy avec la philosophie me parle vraiment beaucoup. Il ne s'agit pas seulement de citations marquantes que l'on pourrait localiser dans cette oeuvre dense s'il en est, mais plutôt d'une révérence devant l'ensemble. Cet auteur m'a mis à genou. Je crois ne jamais avoir pris autant mon pied depuis Eco. La Dark Fantasy s'avère, grâce à Bakker, un terrain de pur plaisir littéraire.
Aujourd'hui, je me dois de goûter le travail d'Erikson. Il me coûte de mettre les deux auteurs en compétition. Tant que le cycle ne sera pas entièrement traduit, ma préférence ira naturellement vers Le Prince du néant qui, de toute façon, restera un monument (un monolythe). Je fais donc parti de ceux qui rêvent d'une traduction du reste des écrits de cet auteur.
Bakker résume, à mes yeux, l'exigence que peut revêtir un texte. Plus il est difficile d'accès, plus grande sera la satisfaction de s'y être intéressé. Cette oeuvre fait partie de celle qui font grandir le lecteur.
C'est aujourd'hui mon numéro un, et cela n'est même pas négociable.

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C’est sûr niveau réflexion c’est pas Terry Goodkind :sifflote:
Après je ne suis pas sûr de la corrélation avec la difficulté. Je suis allé au bout d’Anatèm mais je n’ai pas eu de satisfaction particulière. Bon il est très clivant et certains le considèrent comme un chef d’œuvre. Par contre typiquement le genre d’œuvre qui peut s’épanouir après une seconde lecture.

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Oui, je comprends la portée de cette objection. Anatèm a été une bouffée d'air face à une bien frileuse production littéraire. Diaspora m'a posé bien plus de difficultés. J'espère être en mesure d'en apprécier la richesse, un jour, lorsque je serai devenu suffisamment armé pour tenter l'aventure d'une relecture.

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Assez d'accord avec vous deux. La corrélation ne se vérifie pas toujours, même si une certaine exigence (de forme ou de fond) autorise quand même une discrimination intéressante. Anatèm ouvre franchement des perspectives théoriques stimulantes mais son écriture "scientifique" le rend un peu bancal à mon sens, il ne parvient pas au niveau d'un Dan Simmons sur le plan du souffle. L'avantage manifeste de Bakker (bien qu'on compare des oeuvres "rangés" différemment) c'est que sa "complexité" est "immanente" au récit, la philosophie infuse le récit. Et pour lire également Erikson en ce moment, Bakker a un certain avantage dans la formule et dans le resserrement de l'intrigue (chez Erikson même passé 4000 pages on reste parfois trop paumés). Il évite à la fois l'étalage artificiel de considérations philosophiques tout en ne sacrifiant pas au "divertissement" qui peut souvent marquer la Fantasy. En ceci je dirai, avec Cobra-laineux, qu'il pose un jalon dans la Fantasy, sa complexité n'est point gratuite, elle sert l'oeuvre. J'aimerai tellement pouvoir lire sa deuxième trilogie...

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Nakor a écrit :Et pour lire également Erikson en ce moment, Bakker a un certain avantage dans la formule et dans le resserrement de l'intrigue (chez Erikson même passé 4000 pages on reste parfois trop paumés). Il évite à la fois l'étalage artificiel de considérations philosophiques tout en ne sacrifiant pas au "divertissement" qui peut souvent marquer la Fantasy. En ceci je dirai, avec Cobra-laineux, qu'il pose un jalon dans la Fantasy, sa complexité n'est point gratuite, elle sert l'oeuvre. J'aimerai tellement pouvoir lire sa deuxième trilogie...

C'est marrant, parce que je pense que tu n'aurais pas forcément le même avis en ayant lu la deuxième série. Bakker y est beaucoup plus dense, beaucoup plus opaque, au détriment du rythme, du déroulement de l'intrigue et parfois même de la compréhension de l'histoire. Ça reste de très haute volée, mais je trouve qu'il perd justement ce qui faisait la grande force de la première trilogie : une intrigue qui avance tambour battant avec beaucoup de substance derrière.

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Je viens de découvrir cet auteur par hasard, ça à l'air d'être du très bon. J'attendrais avec impatience une reprise du cycle en vf et sinon je craquerais pour l'ebook.

Un autre série que pourrait ressusciter Leha ? ^^