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Pour les résultats de l'ensemble du marché, LivresHebdo fait le point là-dessus une fois par mois, mais faut être abonné et avoir le numéro (j'avoue que je ne le suis pas).
Un certain nombre d'éditeurs ne le sont pas non plus, vu le prix de l’abonnement !

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Alors c'est un autre registre - le manga - encore qu'ils ont quelques séries fantasy et non des moindres, mais ça montre bien aussi les difficultés des petites structures :

https://www.facebook.com/komikku/posts/10156498651621746?__tn__=K-R

Chères lectrices, chers lecteurs,

Comme vous avez pu le constater nous avons été obligés de mettre la production en hiatus un court instant pendant l'été 2019 et le début de cet automne, non pas par choix, mais plutôt contraints. Nous en sommes sincèrement désolés.
La réalité du marché français n'est pas si rose et nos choix éditoriaux osés, souvent salués, ne rencontrent pas toujours le succès escompté.
Mais par respect pour nos lecteurs et les auteurs, nous ne voulons interrompre aucune série. C'est un choix, mais vous devez savoir que ce choix nous met régulièrement dans une situation financière intenable.
Prenons par exemple la série Inspecteur Kurokôchi. Les lecteurs ne sont plus au rendez-vous et à peine 800 exemplaires ont été vendus pour les derniers tomes. Ce qui signifie que pour sortir un seul nouveau tome, la perte sèche est d'un peu plus de 2000 euros. Toutes les charges (achat du matériel auprès des ayants droit, traduction, correction, lettrage, impression, etc…) sont pour la plupart incompressibles.
Dans le contexte d'un marché ultra saturé, beaucoup de nos titres n'arrivent pas à rencontrer leur public. C'est par exemple le cas de quasiment toutes les séries de Nokuto Koike (Les oubliés, Firefly, Scary Town). Autres exemples : la série Dragon Seekers a terminé à environ 310 exemplaires vendus pour le dernier tome, La Petite Fille aux Allumettes a terminé à environ 600 exemplaires vendus pour le dernier tome, Le Chef de Nobunaga plafonne à 700 exemplaires sur ses derniers tomes, idem pour Monkey Peak, Les Petits Vélos atteint à peine les 500 exemplaires, les derniers tomes de Divci Valka plafonnent à 300 exemplaires et la liste pourrait encore être longue… Autant d'échecs qui multiplient d'autant les pertes sèches. C'est le jeu, un éditeur a toujours des titres qui portent son catalogue et d'autres qui ne fonctionnent pas. Nos choix sont ambitieux et tout est une question d'équilibre. Malheureusement, cet équilibre nous ne l'avions plus depuis quelques mois.

L'autre réalité du marché est qu'il y a une érosion quasi identique pour tout le monde entre les ventes du tome 1 et celles du tome 2, puis entre celles du tome 2 et celles du tome 3, etc. Des titres qui permettent de maintenir la maison d'édition sur les rails sont de moins en moins aptes à le faire. Ainsi un titre phare comme L'Enfant et le Maudit qui est à environ 16 000 exemplaires sur le tome 1 (un best-seller) se retrouve seulement avec 3400 exemplaires sur le dernier tome sorti en début d'année. Cette courbe d'érosion est la même pour la très grande majorité des titres et voir cette courbe s'inverser tient du miracle. C'est triste, mais c'est comme ça. Des rappels promo et marketing ou encore l'invitation des auteurs pour des séances de dédicace ne changent rien à cette diminution, seule la volumétrie peut légèrement grimper, mais le tracé de la courbe reste inchangé et le niveau d'érosion reste le même.

Nous sommes fiers de nos choix éditoriaux et nous sommes fiers d'introduire sur le marché de nouveaux auteurs pour essayer de le stimuler et tenter d'atteindre un public un peu plus large. Par exemple, L'Enfant et le Maudit était un pari. Et l'accueil a été au rendez-vous pour les deux premiers tomes. Ça nous motive et nous donne envie de continuer dans cette direction.

Nous n'avons pas eu de chance depuis le début de cette année. Nous sommes une toute petite équipe et cela peut devenir très vite chaotique si nous rencontrons des difficultés. Notre assistante communication a eu de lourds problèmes de santé et était sous le coup d'un arrêt maladie longue durée. Notre directeur éditorial a également connu des problèmes personnels, et nous avons rencontré des difficultés techniques avec notre compte twitter ce qui a laissé place à tout un tas de rumeurs alors que nous essayions de sortir la tête de l'eau.

Après tout ce qui a pu se dire, nous confirmons, encore, que nous n'interromprons aucune série. Mais vous l'avez compris, tout se joue (hélas) sur la sortie du tome 1 et sa rapidité d'écoulement. Si le titre ne décolle pas rapidement, la sanction des libraires et notamment des grandes chaînes est immédiate. Vu le volume de livres en France et les rayonnages qui ne sont pas extensibles, très rapidement certaines séries ne sont plus référencées et ça devient le cercle infernal : le livre ne se trouve plus en magasin, donc ne se voit pas, donc ne se vend pas. Les fans restants se tournent vers les sites de vente en ligne ou bien le commandent chez leur libraire indépendant qu'ils soutiennent, mais la série ne recrute plus de nouveaux lecteurs.

Par ailleurs, depuis 7 ans, nous avons fait le choix de soutenir les entreprises françaises. Tous nos ouvrages étaient imprimés en France et nous étions l'un des derniers à le faire. Le niveau des cotisations sociales de notre pays est élevé et les imprimeurs français n'arrivent plus à être compétitifs. Nous avons donc dû entamer des discussions avec des imprimeurs à l'étranger qui peuvent nous offrir le même niveau de qualité à de meilleurs tarifs. Les négociations ont pris du temps. Ainsi, comme la plupart de nos confrères, nos ouvrages seront dorénavant imprimés en majeure partie en Italie.

Pour aider vos éditeurs préférés, tentez de les soutenir en achetant vos nouvelles séries rapidement. Beaucoup se disent qu'ils attendront que la série soit terminée pour tout acheter, mais c'est la meilleure façon de pousser vers l'abîme une série originale qui aurait mérité d'avoir du succès. Après, nous sommes aussi des lecteurs et nous savons aussi bien que vous que les porte-monnaies ne sont pas extensibles. C'est justement cette saturation du marché qui pose un vrai souci…

Quoi qu'il en soit, sachez que nos sorties reprendront un rythme normal de parution dès cette fin du mois de novembre. Un planning de sorties et des annonces seront transmis très prochainement. Nous mettons tout en œuvre pour que vous puissiez rapidement retrouver la suite de vos séries préférées ainsi que de nouvelles séries qui nous aideront, on l'espère, à continuer d'avoir un catalogue éclectique et osé.

Merci de votre patience pendant ces quelques mois difficiles et merci à toutes celles et ceux qui nous soutiennent depuis 7 ans !

-L'équipe de Komikku

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Je suis 3 séries chez eux, The Ancient Magus Bride, Minuscule et Créatures fantastiques. Les deux premières je continue les yeux fermés car je suis vraiment fan. La dernière par contre j'ai arrêté après 2 tomes car j'ai été déçu.
Le marché du manga c'est une vrai folie, tant de nouveaux titres sortent, c'est souvent plusieurs nouvelles licences par mois, c'est très difficile de donner sa chance à pleins de titres si on en a déjà beaucoup en court.
J'essaye de plus en plus de m'attaquer à des one shot ou à des petites séries déjà finies au japon.
Maybe kindness is the real punk rock - Superman 2025

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L'enfant et le maudit et Magus Bride pour moi - et j'achète déjà sur le mode "recommandé", donc je ne peux pas faire beaucoup plus.
Une série qui me plaît, j'achète les tomes à la sortie, même si je n'ai pas le temps de les lire de suite - attendre, c'est un coup à avoir des tomes en rupture. Et malheureusement, certains titres très bons ne rencontrent pas leur public, je pense par exemple à Moonlight Act chez Kazé. Ils ont continué à éditer les tomes, et je crois avoir lu qu'à un moment il n'y avait que 200 ventes/tome.

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Quand je suis intéressé par une série, j'achète tome après tome mais c'est une habitude de vieux car il y a 20-25 ans les mangas étaient en rupture facilement du fait des tirages de certains titres "non-mainstream". RG Veda de chez Tonkam, par exemple.
Bon, il y avait 20-25 titres maximum par mois donc c'était facile de faire sa sélection et ses choix.

Après, un problème du marché du manga actuel c'est le nombre d'éditeurs.
Et un panel d'éditeur avec de très grosses différences d'historique et d'installation.

Plus il y a de monde, moins les catalogues respectifs ont de chance de récupérer des locomotives de ventes.

Et surtout, et cela pas grand monde en parle même si l'information n'est pas secrète pour un yen, les prix des achats de licences au Japon ont augmenté. Même si cela reste relativement abordable.

Il y a 20 ans, les éditeurs japonais demandaient beaucoup moins face à trois-quatre éditeurs. Maintenant, ils demandent surement plus à plus de concurrents internes.

De plus, les liens de plus de 20 ans entre les premiers français éditeurs de culture populaire japonaise et certains éditeurs japonais font que les grosses licences vendeuses tombent souvent chez des partenaires historiques ou anciens.

Par exemple, il suffit de regardait le nom du directeur éditorial de Kaze qui édite Promised Neverland Land. Ou l'actionnariat de certains éditeurs Français. Et puis, il y a une différence entre acheter des droits de diffusion à des Japonais et faire la même chose mais disposer de toutes leur logistique. Une compagne de pub solide (presse généraliste, affiche dans le métro, etc...) qui assure des ventes, cela demande des fonds et de la logistique. Plus qu'envoyer des SP à des blogueurs ou des youtubeurs.

Si il y a un élan pour faire du "manga à la française" chez certains éditeurs de moyens gabarit, c'est aussi des raisons économiques et d'accessibilité des matériaux. Et le droit Japonais, c'est… le droit Japonais. Et puis les éditeurs Japonais n'hésitent pas à "obliger" à acheter les droits de plusieurs titres, pour refiler trois truc moyens avec le titre désiré :o

C'est fini l'époque où on pouvait racheter pour une somme dérisoire un manga du shonen jump qui a eu droit à 10 ans de diffusion de l'adaptation animé sur le réseau hertzien. :|

D'ailleurs, je sais pas si une histoire à la Ki-oon pourrait se faire aujourd'hui (démarcher des mangakas "indépendants", augmenter sa réputation et ses fonds, récupérer une grosse franchise seinen (Darwin game), puis une grosse franchise shonen (Boku no academia,..).

Tout cela pour dire que Komikku font face à des difficultés démesurées et que leur choix éditorial sont en plus soumis à des contraintes qui vont au delà des compétences et de la motivation de leur équipe. :(

Au Japon, ils ont eu aussi ce genre de crise mais ils sont en train de transférer la pré-publication en numérique avec un système intégré aux réseaux sociaux. Et garder le physique pour des éditions complètes.

En France, ben je vais pas m'étendre parce les contraintes et le marché sont hyper différents.


(Désolé pour le pavé)

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Chez eux, je lis uniquement le manga "ARTE". Que la maison d'édition ait des difficultés, cela se comprend. Ce que je reproche, c'est que cela fait un an qu'on attend le tome 9 et qu'il n'y a strictement aucune communication. C'est assez agaçant.

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Après l'intervention de Benedick je suis allé voir mon coin manga (pas bien grand car j'ai repris cette année) je suis neuf titres avec assiduité (j'ai enlevé Créatures fantastiques que j'ai arrêté) et ça correspond à 7 éditeurs différents :o ça illustre bien l'éparpillement dont il parle.
Maybe kindness is the real punk rock - Superman 2025

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Autre chose, pour donner une (petite) clef sur la situation des éditeurs de manga,

Par ailleurs, depuis 7 ans, nous avons fait le choix de soutenir les entreprises françaises. Tous nos ouvrages étaient imprimés en France et nous étions l'un des derniers à le faire. Le niveau des cotisations sociales de notre pays est élevé et les imprimeurs français n'arrivent plus à être compétitifs. Nous avons donc dû entamer des discussions avec des imprimeurs à l'étranger qui peuvent nous offrir le même niveau de qualité à de meilleurs tarifs. Les négociations ont pris du temps. Ainsi, comme la plupart de nos confrères, nos ouvrages seront dorénavant imprimés en majeure partie en Italie.

A 8 euros le manga (prix de ceux de Komikku, mais c'est un prix standard du marché), les marges sont très faibles par rapport au autres média de BD (comics, franco-belge).

Contrairement à une idée reçue, fabriquer un manga physique coûte très cher, pas forcement beaucoup moins cher qu'un grand format couleur vendu 15-30 euros pour un nombre de pages équivalent ou inférieur sans sur-jaquette.

Une manga c'est pas un format poche en livre.

Les ajustements de feuillets, l'ajustement des cases, le rajout de la sur-jaquette en couleur, la qualité du papier pour supporter du noir et blanc (l'encre noir n'est pas forcement moins cher que les couleurs) et pas voir les dessin en transparence. Et d'autres contraintes...

Alors qu'on trouve des livres en poche en dos carré collé dégueulasse et imprimé en papier cigarette à plus de 10 euros.

Disons que le prix acceptée/acceptable dépend plus de la "noblesse du média" que des frais de production.

Pour ce qui est de l'impression en Italie, c'est un choix qui a été fait par l'essentiel des éditeurs.

Parce que les imprimeurs italiens ont investis dans du matériel spécifique et des compétences adaptées fin des années 90. En France, dans les années 90-2000, les imprimeurs ne voulaient/pouvaient pas investir dans du matériel adapté et recruter, en pensant que le marché n'étaient pas intéressant.

Par exemple, les français voulaient bien imprimé sur des machines adaptées aux livres de poches (les éditions merdiques J'ail u de l''époque) et les livraient à un sous-traitant qui rajoutaient les jaquettes par manutention !

Alors que les Italiens faisaient tout sur place en semi-automatisme avec des opérateurs qualifiés/formés. Et réduisaient les frais.

Tout cela pour dire, que pour avoir de beaux mangas comme ceux de Komikku, cela coûte de l'argent. Et qu'avec de faible marge, les volumes de ventes par tome demandent des seuils conséquents.

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Livre Hebdo a écrit :D'après GFK, le volume des ventes, qui se poursuivent principalement dans la grande distribution, les maisons de presse et sur Internet, continue d'être divisé de plus de moitié à un an d'intervalle.

Enregistrée dès la semaine du 16 mars par GFK, qui produit chaque semaine les palmarès des meilleures ventes de Livres Hebdo, la chute brutale des ventes de livres provoquée par la fermeture des librairies et des grandes surfaces culturelles s'est poursuivie au cours de la deuxième semaine de confinement.

Pour la semaine 13 (23-29 mars), les ventes en volume ont encore reculé de 6% par rapport à la semaine précédente, où elles s'inscrivaient déjà à -59%, indique GFK. Par rapport à la même semaine de 2019, la chute s'est également accentuée, à -55%, contre -54% une semaine plus tôt.

Reflétant un contexte où la quasi totalité des nouvelles parutions est interrompue, et où l'activité se poursuit essentiellement dans la grande distribution, les maisons de presse et sur Internet, les palmarès hebdomadaires des meilleures ventes connaissent très peu d'évolution.

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Vu sur le Monde : https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/05/14/edition-lignes-d-horizon-au-sortir-du-confinement_6039586_3260.html

Depuis le début du confinement, les ventes de livres sont en chute libre, en raison de la fermeture des librairies et des grandes surfaces culturelles. Selon le baromètre GfK pour Livres Hebdo, l’hécatombe s’est poursuivie lors de la semaine du 13 au 19 avril, avec une baisse des ventes de 64,9 % par rapport à la même semaine de 2019. A un an d’intervalle, les ventes en volume ont successivement décroché de 54 % la première semaine du confinement, 55 % la deuxième, 62 % la troisième et 59,6 % la quatrième. En valeur, la chute de l’activité a réduit le marché du livre à moins d’un tiers de son niveau de la troisième semaine d’avril 2019.

Sur le premier trimestre, les chiffres sont meilleurs, puisqu’ils ne prennent en compte que quinze jours de confinement, fin mars. Les ventes de livres ont plongé de 11 % en volume et de 10,5 % en euros courants au premier trimestre 2020 par rapport à la même période de l’année précédente, selon le baromètre Xerfi/I+C/Livres Hebdo.

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Je comprends mieux l'état pitoyable du rayon sf fantasy de ma petite Fnac. Ça m'avait étonnée, il était assez bien fourni avant. :huh:
C'est vraiment aberrant de raisonner comme ça...