Je viens de finir
Vita Nostra et je crois que si je notais je serais allée jusqu'à 9. Clairement ma plus belle découverte fantasy depuis Kay (il y a deux ans). Le début est absolument déconcertant, au sens le plus positif du terme. J'ai été totalement convaincue par le personnage de Sacha, j'ai beaucoup apprécié la relation mère/fille, pas fréquente en fantasy, psychologiquement subtile, très émouvante à la fin. Celle de Kostia avec son père, également,
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l'homme s'avérant un avatar diabolique bien plus complexe qu'il n'y paraît au départ
Ce livre réunit à peu près tout ce que j'aime en fantasy : l'exploitation métaphysique et esthétique de la magie, poussée dans une exigence d'abstraction assez impressionnante dans la dernière partie. Le thème de la métamorphose est décliné dans ses implications formelles, mais aussi ontologiques, à travers le thème de l'identité, que vient à son tour enrichir une relecture très originale du roman d'apprentissage. L'ambiance russe contemporaine ne gâche rien.
J'ai été impressionnée par ce que font Marina et Serguei Datchenko en termes de transposition : le nominalisme, philosophique et scientifique, est admirablement intégré à "l'enseignement" de l'université de Torpa, et l'exigeant apprentissage (métaphore aussi, je suis tout à fait d'accord avec Gillossen, du passage à l'âge adulte) rejoint des thématiques de la psychanalyse (les méandres de l'inconscient, du rêve, l'Oedipe maternel), que S. Datchenko connaît à merveille. Le haut niveau de réflexion n'est cependant ni ennuyeux ni hermétique, rendu accessible par une véritable histoire, des relations intenses entre les personnages, et les auteurs arrivent à rendre très concrète
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l'idée que l'individu se dissout dans le symbolique, le textuel, puis l'univers lui-même, lisible en termes purement signifiants. La perspective du sujet fondu dans ce qu'il perçoit, puis ce qu'il perçoit intégré à son tour dans un vaste texte dont certains seulement peuvent lire et nommer le sens, est assez vertigineuse, rendue
, avec des descriptions remarquables, très visuelles, ressenties.
Le style est précis, poétique, sans effets inutile ni sècheresse "efficace".
La fin
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glisse du métaphysique au mystique, avec un vocabulaire quasi religieux assez troublant.
En effet, nombre d'interprétations sont ouvertes, mais n'est-ce pas toujours le cas avec les grands romans?