Je suis en train de le lire. Très bon ouvrage en effet, très satisfait de mon achat et de cette découverte (dont le système de magie fait penser au Nom du vent). Je m'interroge toutefois sur certains choix de traduction...
L'enluminure n'est pas une technique d'écriture, mais d'ornementation, donc le terme me semble inadéquat. De plus, l'enluminure est un travail intrinsèquement artisanal, fait main, très long, avec des pigments et de la peinture, ce qui ne colle pas à l'univers du roman qui a une dimension steampunk. Après tout, il est question de fonderies, d'industrialisation de la magie, et les lexiques sont décrits comme étant en métal, si bien que le terme enluminure me paraît inapproprié. J'aurais plutôt vu "gravure" ou "ciselure", voire un néologisme comme l'auteur l'a lui-même fait, par exemple la scriverie (pour adapter "scriving"), avec des objets enscrivés au lieu d'enluminés.
Dans le même esprit, j'ai buté quand Gregor revient dans son campo et que les gardes lui donnent du "fondateur" alors qu'il n'est pas celui qui a fondé la maison Candiano. Là aussi je trouvais que ça ne collait pas. J'ai alors regardé la version anglaise, et le terme employé est "founder". Je sais bien qu'il est polysémique en anglais, et qu'il peut se comprendre comme "fondateur", mais dans la mesure où le pouvoir des maisons marchandes repose sur les fonderies, j'aurais plutôt vu "fondeur" comme titre ou rang.
62
J'ai enchaîné le 1 et le 2 après avoir été conquis par la couverture Fr. Et j'en ressors avec un avis un peu plus modéré que la plupart sur ce fuseau.
Je me retrouve beaucoup dans ce qu'écrivait Merwin, mais pour moi, ca reste "bien fait" (pas de "tellement"). Oui, on peut y voir les codes du cyberpunk transposé en fantasy. Mais pour moi ca fait un peu gimmick, c'est bien exploité et ca sert bien l'histoire, mais je n'irais pas qualifier ca de meilleur système de magie.
J'ai plutôt vu ca comme une des cases à cocher que l'auteur s'est créé avant l'écriture de sa trilogie, tout comme la voleuse femme, une relation homosexuelle, un objet magique qui parle, une ville-personnage, etc. etc. (cf Merwin encore une fois ci-dessus). Après, l'auteur n'est pas un tâcheron, mais je ne trouve pas non plus qu'il transcende ce matériel de départ. Ca reste néanmoins très balisé comme approche.
J'en profite pour souligner un point qui m'a vraiment fait lever les yeux au ciel tout le long des deux volumes : les piques comiques / sarcastiques, qui arrivent pour moi à chaque fois comme des cheveux sur la soupe et ne m'ont vraiment fait sourire à aucun moment (ne parlons pas même de rire). J'ai trouvé ça artificiel au possible (alors même que niveau humour, je n'ai pas besoin de grand chose), dans le genre, une pincée de ca pour avoir un livre équilibré.
J'ai aussi trouvé que l'auteur avait tendance à en faire un peu trop (l'ennemi du bien).
* Il y a certaines longueurs inutiles pour moi, avec des passages qui, sans forcément ralentir le rythme (soutenu tout du long), n’amènent malgré tout pas grand chose à l'histoire.
* Au niveau des péripéties, avec certaines circonvolutions que l'auteur se crée pour le plaisir et qui ont plutôt pour conséquence de me faire sortir de la suspension d'incrédulité.
Tout ca mit bout à bout fait que c'est un cycle un peu grossier par certains aspects pour moi. Ce qui m'amène à la gestion de certaines thématiques. Encore une fois, je suis le premier a apprécié un livre de pur divertissement. Je n'ai pas nécessairement besoin de réflexion philosophiques en fantasy. Mais pour le coup, on ne peut pas dire que l'auteur soit subtil dans ses questionnements : l'esclavage et la liberté, le pouvoir, l'usage de la technologie... Je n'ai pas vraiment trouvé que ca stimulait la réflexion, on était plus dans le gavage d'idées prémâchées.
Bref, je me suis focalisé principalement sur les défauts que j'ai perçu. Ca reste néanmoins plus que lisible et j'ai passé un bon moment de lecture. J'ai préféré le 1 au 2 pour le moment, notamment car je trouve que la montée en puissance / surenchère de pouvoir des personnages commence à échapper à l'auteur sur la fin. Niveau note, ca donnerait un 6.5 suivi d'un 6 peut-être.
Merwin Tonnel a écrit :Mais on reste dans une structure et un style assez classique par rapport au reste de la production actuelle : la voleuse des bas-fonds, la ville-personnage avec ses quartiers riches et ses taudis, le ton un peu sarcastique à la mode en ce moment, la saveur italienne, etc. Le fait d'avoir un roman qui tourne principalement autour d'un concept peut même, ironiquement, me faire dire que c'est pas très original vu que c'est un peu l'argument du moment pour se faire voir (merci Sanderson...). Mais c'est tellement bien fait, pour une fois !
Je me retrouve beaucoup dans ce qu'écrivait Merwin, mais pour moi, ca reste "bien fait" (pas de "tellement"). Oui, on peut y voir les codes du cyberpunk transposé en fantasy. Mais pour moi ca fait un peu gimmick, c'est bien exploité et ca sert bien l'histoire, mais je n'irais pas qualifier ca de meilleur système de magie.
J'ai plutôt vu ca comme une des cases à cocher que l'auteur s'est créé avant l'écriture de sa trilogie, tout comme la voleuse femme, une relation homosexuelle, un objet magique qui parle, une ville-personnage, etc. etc. (cf Merwin encore une fois ci-dessus). Après, l'auteur n'est pas un tâcheron, mais je ne trouve pas non plus qu'il transcende ce matériel de départ. Ca reste néanmoins très balisé comme approche.
J'en profite pour souligner un point qui m'a vraiment fait lever les yeux au ciel tout le long des deux volumes : les piques comiques / sarcastiques, qui arrivent pour moi à chaque fois comme des cheveux sur la soupe et ne m'ont vraiment fait sourire à aucun moment (ne parlons pas même de rire). J'ai trouvé ça artificiel au possible (alors même que niveau humour, je n'ai pas besoin de grand chose), dans le genre, une pincée de ca pour avoir un livre équilibré.
J'ai aussi trouvé que l'auteur avait tendance à en faire un peu trop (l'ennemi du bien).
* Il y a certaines longueurs inutiles pour moi, avec des passages qui, sans forcément ralentir le rythme (soutenu tout du long), n’amènent malgré tout pas grand chose à l'histoire.
* Au niveau des péripéties, avec certaines circonvolutions que l'auteur se crée pour le plaisir et qui ont plutôt pour conséquence de me faire sortir de la suspension d'incrédulité.
Tout ca mit bout à bout fait que c'est un cycle un peu grossier par certains aspects pour moi. Ce qui m'amène à la gestion de certaines thématiques. Encore une fois, je suis le premier a apprécié un livre de pur divertissement. Je n'ai pas nécessairement besoin de réflexion philosophiques en fantasy. Mais pour le coup, on ne peut pas dire que l'auteur soit subtil dans ses questionnements : l'esclavage et la liberté, le pouvoir, l'usage de la technologie... Je n'ai pas vraiment trouvé que ca stimulait la réflexion, on était plus dans le gavage d'idées prémâchées.
Bref, je me suis focalisé principalement sur les défauts que j'ai perçu. Ca reste néanmoins plus que lisible et j'ai passé un bon moment de lecture. J'ai préféré le 1 au 2 pour le moment, notamment car je trouve que la montée en puissance / surenchère de pouvoir des personnages commence à échapper à l'auteur sur la fin. Niveau note, ca donnerait un 6.5 suivi d'un 6 peut-être.
67
Gillossen a écrit :Ah oui dis donc, c'est plutôt sec !
J'imagine un bandeau "un roman plus que lisible".
J'avais déjà écrit un tel pavé


Ostramus a écrit :L'enluminure n'est pas une technique d'écriture, mais d'ornementation, donc le terme me semble inadéquat. De plus, l'enluminure est un travail intrinsèquement artisanal, fait main, très long, avec des pigments et de la peinture, ce qui ne colle pas à l'univers du roman qui a une dimension steampunk. Après tout, il est question de fonderies, d'industrialisation de la magie, et les lexiques sont décrits comme étant en métal, si bien que le terme enluminure me paraît inapproprié. J'aurais plutôt vu "gravure" ou "ciselure", voire un néologisme comme l'auteur l'a lui-même fait, par exemple la scriverie (pour adapter "scriving"), avec des objets enscrivés au lieu d'enluminés.
Et je n'ai pas réagi à ca hier, mais je suis totalement d'accord avec toi sur ce point. Je trouve "enluminure" peu inspiré comme choix.
69
Le premier volume est de fait très accrocheur, le système de « magie » est lui aussi assez inventif et bien expliqué. On pense évidemment à Lynch ou à Sanderson (Fils-de-brume). Certains revirements sont plutôt habiles, d’autres sont plus prévisibles. Ne boudons pas notre plaisir, le spectacle est réussi, les personnages attachants et l’univers assez riche.
Toutefois si le roman se classe dans le haut du panier, comme un (très) bon divertissement, il est difficile d’en faire une œuvre fondatrice
, ou refondatrice. On a le sentiment d’une belle mécanique bien huilée, avec une action permanente, et répondant quand même bien aux attentes du public contemporain. Comme Luigi j’ai eu bien du mal à rigoler aux diverses piques caustiques, sur ce point Lynch y parvient mieux ; on a d’ailleurs parfois l’impression de voisiner le livre jeunesse dans certains dialogues. Bennett devrait, à mon sens, un peu privilégier une exploration plus immersive, descriptive, voire contemplative, plutôt que de nous embarquer tambour battant.
Enfin il lui manque un peu de densité, de complexité et de subtilité dans les questionnements pour dépasser la case du bon divertissement efficace. Bref, par rapport à d’autres cycles ambitieux, on reste un peu sur notre faim ; à moins de le prendre comme « une bonne pizza » (Peter Flannery)
?
Toutefois si le roman se classe dans le haut du panier, comme un (très) bon divertissement, il est difficile d’en faire une œuvre fondatrice

Enfin il lui manque un peu de densité, de complexité et de subtilité dans les questionnements pour dépasser la case du bon divertissement efficace. Bref, par rapport à d’autres cycles ambitieux, on reste un peu sur notre faim ; à moins de le prendre comme « une bonne pizza » (Peter Flannery)

77
Ostramus a écrit :Dans le même esprit, j'ai buté quand Gregor revient dans son campo et que les gardes lui donnent du "fondateur" alors qu'il n'est pas celui qui a fondé la maison Candiano. Là aussi je trouvais que ça ne collait pas. J'ai alors regardé la version anglaise, et le terme employé est "founder". Je sais bien qu'il est polysémique en anglais, et qu'il peut se comprendre comme "fondateur", mais dans la mesure où le pouvoir des maisons marchandes repose sur les fonderies, j'aurais plutôt vu "fondeur" comme titre ou rang.
Bonjour,
Fondateur est le titre honorifique donné à tous les maîtres de maison-marchande.
Le fondeur est un ouvrier.
Les fondateurs ne travaillent pas eux-mêmes les sceaux, les métaux et les enluminures.
C'est pour ça qu'on a tranché pour Fondateurs. Je crois me souvenir avoir demandé son avis à RJB sur ça et d'autres choix (mais ça remonte maintenant à 2 ou 3 ans).
C'est un roman qui nous a posé quelques soucis à la traduction.
Foundryside --> Creuset (pour le quartier)
Foundryside --> Interfonderies (pour la coopérative)
Scriving --> Enluminures
(Et le tome 2 nous a posé d'autres problèmes, pour les noms des fêtes religieuses, par exemple.)
Traduire c'est choisir. Et parfois traduire c'est "trahir", pour que ça sonne le mieux possible en français. On ne peut toujours sauver et le sens et la musique du texte. Je suis désolé si vous avez buté à cet endroit, j'aurais évidemment préféré que ça ne soit pas le cas. Dans l'ensemble cette traduction est louée pour son extrême fluidité et je la trouve très réussie.
GD
78
Bien le bonjour M. Dumay,
C'est très aimable de votre part d'avoir pris le temps d'apporter quelques éléments de réponse.
Toutefois, en se basant sur ce que vous dites, Grégor n'est ni le fondateur ni le maître de la maison marchande Dandolo, or il est nommé "Fondateur" par les gardes de son campo. De plus, vous dites que les fondateurs ne travaillent pas eux-mêmes les sceaux et les enlumineurs, or c'est inexact puisque Tribuno Candiano, maître de la maison marchande éponyme, était considéré comme le meilleur enlumineur de Tevanne et a conçu la Montagne, bâtiment truffé d'enluminures. Quant à Ofelia Dandolo, qui dirige sa propre maison, elle supervise certains travaux d'enluminures à la fonderie Vienzi dans le chapitre 23, sans compter ce qu'elle a fait de son fils. S'il n'est pas possible de la voir les travailler explicitement, tout laisse à penser qu'elle a en une connaissance approfondie. Et sans spolier, le fondateur de la maison Interfonderie est un enlumineur, tout comme ceux qui participent à sa création. En outre, dans le chapitre 4, quand Sancia parle à Clef, elle lui dit : "Un fondateur, ou un membre de sa famille." Ce qui voudrait dire qu'il y a une distinction entre le véritable fondateur d'une maison et ses descendants, si bien que Gregor, selon cette logique, ne devrait pas être appelle "fondateur".
Après, même si je fais de la tétracapilectomie, je saisis bien la difficulté et cela n'a pas vraiment altéré le plaisir de lecture. Comme vous le dites, ça reste réussi, et je doute qu'en dehors de rares esprits tatillons de mon genre, quelqu'un y trouve à redire. À titre d'exemple, j'ai plus été dérangé par le fait que le commanditaire du vol de la clé ait décidé de faire appel à Sancia alors qu'il a sous ses ordres un contingent de soldats maîtrisant la gravité et des armes surpuissante. J'avoue que je trouve pas d'explication à cela... Et par le deux ex machina vers la fin.
Mais bon, ce n'est pas parce que je mets le doigts sur ces points que je n'ai pas apprécié le livre, bien au contraire. À dire vrai, je suis un amateur mal averti de Fantasy et ce roman m'a beaucoup plu, à tel point que vous pouvez me compter parmi les prochains acquéreurs du tome suivant. Il faut reconnaître que tout ce qui touche aux hiérophantes est assez fascinant. Remerciez de ma part votre ami Apophis grâce à qui j'ai découvert cet ouvrage.
C'est très aimable de votre part d'avoir pris le temps d'apporter quelques éléments de réponse.
Toutefois, en se basant sur ce que vous dites, Grégor n'est ni le fondateur ni le maître de la maison marchande Dandolo, or il est nommé "Fondateur" par les gardes de son campo. De plus, vous dites que les fondateurs ne travaillent pas eux-mêmes les sceaux et les enlumineurs, or c'est inexact puisque Tribuno Candiano, maître de la maison marchande éponyme, était considéré comme le meilleur enlumineur de Tevanne et a conçu la Montagne, bâtiment truffé d'enluminures. Quant à Ofelia Dandolo, qui dirige sa propre maison, elle supervise certains travaux d'enluminures à la fonderie Vienzi dans le chapitre 23, sans compter ce qu'elle a fait de son fils. S'il n'est pas possible de la voir les travailler explicitement, tout laisse à penser qu'elle a en une connaissance approfondie. Et sans spolier, le fondateur de la maison Interfonderie est un enlumineur, tout comme ceux qui participent à sa création. En outre, dans le chapitre 4, quand Sancia parle à Clef, elle lui dit : "Un fondateur, ou un membre de sa famille." Ce qui voudrait dire qu'il y a une distinction entre le véritable fondateur d'une maison et ses descendants, si bien que Gregor, selon cette logique, ne devrait pas être appelle "fondateur".
Après, même si je fais de la tétracapilectomie, je saisis bien la difficulté et cela n'a pas vraiment altéré le plaisir de lecture. Comme vous le dites, ça reste réussi, et je doute qu'en dehors de rares esprits tatillons de mon genre, quelqu'un y trouve à redire. À titre d'exemple, j'ai plus été dérangé par le fait que le commanditaire du vol de la clé ait décidé de faire appel à Sancia alors qu'il a sous ses ordres un contingent de soldats maîtrisant la gravité et des armes surpuissante. J'avoue que je trouve pas d'explication à cela... Et par le deux ex machina vers la fin.
Mais bon, ce n'est pas parce que je mets le doigts sur ces points que je n'ai pas apprécié le livre, bien au contraire. À dire vrai, je suis un amateur mal averti de Fantasy et ce roman m'a beaucoup plu, à tel point que vous pouvez me compter parmi les prochains acquéreurs du tome suivant. Il faut reconnaître que tout ce qui touche aux hiérophantes est assez fascinant. Remerciez de ma part votre ami Apophis grâce à qui j'ai découvert cet ouvrage.
80
Ostramus a écrit :Après, même si je fais de la tétracapilectomie, je saisis bien la difficulté et cela n'a pas vraiment altéré le plaisir de lecture. Comme vous le dites, ça reste réussi, et je doute qu'en dehors de rares esprits tatillons de mon genre, quelqu'un y trouve à redire. À titre d'exemple, j'ai plus été dérangé par le fait que le commanditaire du vol de la clé ait décidé de faire appel à Sancia alors qu'il a sous ses ordres un contingent de soldats maîtrisant la gravité et des armes surpuissante. J'avoue que je trouve pas d'explication à cela... Et par le deux ex machina vers la fin.
Sans trop spoilier...
(En gros, parce que c'est un tout petit peu plus compliqué que ça...) Le pouvoir des enluminures ne fonctionne qu'à proximité des registres. Donc les pouvoirs de la maison "truc" ne fonctionne que sur le campo "truc".
Sancia ne souffre pas de cette "limitation", puisque son pouvoir est "en elle".
Quant au terme de fondateur, j'ai dû tous les lister/vérifier hier pour la première réimpression (on corrige toujours les coquilles quand on réimprime) et Gregor refuse le titre de fondateur, il reprend le garde et demande qu'on l'appelle capitaine. Rien ne m'a heurté (dans le sens : tout est cohérent avec le(s) choix qu'on a dû faire).
GD