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Aslan a écrit :C'est encore une fois la réponse de Marsan, pas celle de Bragelonne dont le silence est pointé du doigt par beaucoup.

Et si un boycott était un bon moyen de pression pour les obliger à réagir ?

Après tout, Elbakin.net est une communauté de lecteurs d'un genre qui compte un peu / beaucoup / passionnément (?) pour cet éditeur.

Donc pourquoi ne pas cesser les achats de livres physiques et d'ebooks, même si c'est problématique pour les auteurs et à terme potentiellement pour les salariés...

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Je ne suis pas étonné du manque/peu de réaction de la part de Bragelonne. La maison d'édition sait qu'on l'attend au tournant et que ça prochaine communication doit se faire à propos de cette affaire.
L'importance dans l'organigramme de Stéphane Marsan induit que ce n'est pas si simple que ça de prendre une décision. Il a un rôle central et particulièrement intriqué dans la boutique. Il a notamment une collection à son nom.
Je pense donc qu'ils doivent avoir des réunions en interne pour trouver un moyen de ressortir la tête haute.
Sachant qu'en parallèle, ils doivent potentiellement répondre à différentes autrices et auteurs, ayants-droit, partenaires, employé·es, ect. avec des contrats remis en question...

D'autre part, il y a une enquête, mais pour le moment, la seule plainte (Justice) a été faite par Stéphane Marsan. Je ne sais pas de quelle manière il est possible de le faire dégager. Il faut à minima une enquête interne ou je ne sais quoi pour permettre un licenciement (ou une autre "punition") pour faute grave afin d'éviter potentiellement un soucis avec les prud'hommes.
Si par exemple, il est comme un actionnaire, il doit y avoir possibilité de le dégager, mais il faut alors être en capacité financière de reprendre ses parts.

Ca se trouve, c'est déjà acté en interne depuis quelques jours, mais il reste de la paperasse administrative à réaliser pour rendre le tout effectif. Ce n'est pas le genre d'affaire où on souhaite une communication en bande-annonce.

Je reste d'avis que je serai particulièrement déçu de la part de la maison d'édition Bragelonne si aucune sanction n'était prise.
Pour moi, ce n'est pas une question de présomption d'innocence. A partir du moment, où tout le milieu se met tout d'un coup à avoir la langue déliée, c'est que le problème est réel. Que les actions de cette personne le sont. Il aura fallu cette douloureuse enquête pour libérer la voix/voie.

Je suis abasourdi par certaines personnes qui ont assumé leurs inactions complices, qui avait un pouvoir d'alerte ou pouvant avec des actions à l'encontre de Stéphane Marsan, qui se transforment maintenant en héraut.

Ensuite, je reviens sur le point de l'inaction de la Justice, tout ça. C'est particulièrement compliqué de juger car il faut une plainte puis la constitution de preuves qui est souvent difficile (et c'est alors d'autant plus difficile à vivre pour les victimes). Sans parler de la longueur du temps judiciaire (plusieurs années, le manque de moyen de date pas d'hier) avec souvent l'appel et ça peut aller jusqu'en cours de cassation.

De la part du monde "extérieur", mis à part dans le monde militant féministe et dans le domaine de la littérature de genre, Bragelonne, est-elle considérée comme une grosse maison d'édition ? A-t-elle la même reconnaissance du monde (des médias) que des maisons d'éditions de littérature "blanche" ? Ce que je veux dire par là, c'est que cela aurait été quelqu'un de chez Gallimard, je pense que cela aurait plus d'échos.
Est-ce que cela à voir aussi à ce que l'enquête vienne de Médiapart ? Que l'article soit payant n'est pas pour moi la question. Si c'était LeMonde qui avait fait l'enquête, cette dernière aurait-elle eu un écho plus important ?

D'autre part, je rappelle également qu'une autrice nord-américaine avait déjà accusé Stéphane Marsan, il y a quelques années (alors peut-être pas via un média journalistique), mais je n'ai pas souvenir que cela a eu beaucoup d'échos par chez nous.
Quand je vois le peu de soubresaut national de cette affaire, je me demande bien quelle influence, quelle remouds, elle peut créer à l'étranger (il me semble que mis à part Pierre Pevel, les gros titres de Bragelonne viennent d'auteur·trice étranger·e.).

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Publivore a écrit :
Aslan a écrit :C'est encore une fois la réponse de Marsan, pas celle de Bragelonne dont le silence est pointé du doigt par beaucoup.

Et si un boycott était un bon moyen de pression pour les obliger à réagir ?

Après tout, Elbakin.net est une communauté de lecteurs d'un genre qui compte un peu / beaucoup / passionnément (?) pour cet éditeur.

Donc pourquoi ne pas cesser les achats de livres physiques et d'ebooks, même si c'est problématique pour les auteurs et à terme potentiellement pour les salariés...

En ce qui concerne Elbakin.net, sur ce thème comme sur d'autres soulevés par ce sujet, comme tout le monde, l'équipe se pose beaucoup de questions et discute de beaucoup de choses en interne.

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Arckhangelos a écrit :J

Pour moi, ce n'est pas une question de présomption d'innocence. A partir du moment, où tout le milieu se met tout d'un coup à avoir la langue déliée, c'est que le problème est réel.

Ben absolument pas. Le silence, dans le milieu de l'édition, "à thème" ou pas, est assez assourdissant.

On en conclura ce qu'on veut.

Au jeu des devinettes, je ne sais pas ce que ça va donner : un brasier ou un feu de paille. Perso, je suis écoeuré et j'ai passé l'age de ces conneries.

On verra.

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Ethan Iktho a écrit :Ben absolument pas. Le silence, dans le milieu de l'édition, "à thème" ou pas, est assez assourdissant.

Le silence "dans le milieu de l'édition" ou "du milieu de l'édition" ?

Parce que dans le milieu de l'édition, y'a pas de silence, bien au contraire : on en parle beaucoup, tous les jours. Il y a plein de réflexions engagées à des niveaux très différents : salons, relations autrice-éditeur, etc. Plus une pétition sur change.org. Des blogueuses / blogueurs qui publient des billets sur le sujet, des listes de lectures où le King Kong Theorie de Virginie Despentes est en bonne place. Il y a des choses qui vont changer, ce ne sera peut-être pas une révolution copernicienne dans un premier temps, soyons réalistes, mais un mouvement de fond me semble bel et bien engagé. Et en fait, très honnêtement, ce changement de mentalité a commencé bien avant l'affaire présente.

Gilles Haéri, directeur général d'Albin Michel, a apporté son soutien à Marguerite Imbert en commentaire à l'article d'Actualitté. Marguerite, dont le courage n'est pas la moindre des qualités, a par ailleurs reçu d'autres messages de soutien, même s'ils ne sont pas publics. J'ai échangé quelques sms avec elle dans la soirée.

Le silence dans les médias généralistes est à juger à l'aune de la couverture des affaires Marilyn Manson & co. Il y en a tous les jours, et avec des "noms" bien plus connus que celui de Stéphane Marsan. Par ailleurs, comme il n'y pas d'action en justice de la part d'une des victimes pour ce que j'en sais, ça reste assez "anodin" (vous avez le droit de trouver cette remarque insupportable) comparé aux affaires de viol / agressions sexuelles sus-citées qui fleurissent tous les jours. Tous les jours.

Très honnêtement, je ne me sens pas capable de dire quelque chose d'intelligent sur tout ça et c'est bien pour ça que je m'étais abstenu de le faire jusqu'ici. Lionel Davoust a écrit un très beau billet sur son blog - en tout cas, moi je l'ai trouvé très beau. Et, cerise sur le gâteau, comme c'est moi qui publie le prochain roman de Marguerite chez Albin Michel, je n'avais pas envie d'intervenir.

Bref... je maintiens : il n'y a pas de silence dans le monde de l'édition (monde par ailleurs très féminin, où de nombreuses maisons sont dirigées par des femmes, ce qu'on peut difficilement dire du CAC40, par exemple) et il serait malhonnête de laisser penser que cette histoire a déjà fait pschitt.

GD

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J'appuie ce que dit Gilles : dans le milieu lui-même, on ne parle littéralement que de ça, et on en parlait déjà beaucoup avant. Je ne constate vraiment pas de silence ni d'indifférence. Pour ce qui est de prendre la parole publiquement, ça peut ne pas être simple pour différentes raisons. Quelqu'un faisait remarquer ailleurs que c'est délicat de se positionner quand on est salarié d'une maison concurrente de Bragelonne, par exemple. D'autres n'en parlent peut-être pas parce que ça remue des choses, parce que ça touche de trop près. Ou d'autres encore peuvent avoir besoin d'un minimum de recul avant de pouvoir parler -- j'ai vu aujourd'hui sur les réseaux une réaction de Manon Fargetton, elle-même autrice chez Bragelonne, qui a eu besoin d'un temps de réflexion et dont j'ai trouvé les mots très justes. Sans compter qu'il peut y avoir des réflexions en cours, des actions ou réactions qui prennent du temps. Rappelez-vous qu'il a fallu un an pour que l'article de Médiapart sorte après le premier papier à avoir abordé le sujet. Je ne pense pas non plus que ça restera sans effet ou retombera dans l'oubli.

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Mélanie Fazi a écrit :Quelqu'un faisait remarquer ailleurs que c'est délicat de se positionner quand on est salarié d'une maison concurrente de Bragelonne, par exemple.

Ce point-là me semble particulièrement pertinent. C'est clairement le truc qui "m'embête" le plus.
Car on peut légitiment penser que tu joues un coup de billard à trois bandes.

GD

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Bonjour à tout le monde.

J'arpente ce site depuis pas mal de temps maintenant, mais toujours en lecteur silencieux.

Depuis quelques années je suis passé de la case de lecteur à libraire et j'ai la chance d'avoir un rayon des littératures de l'imaginaire dont je suis fier.
Je souhaite garder cette fierté intacte et c'est pour ça que je me suis inscrit aujourd'hui.

J’ai pris la décision de n’avoir aucun ouvrage sur table ou en rayon des éditions Bragelonne durant l’intégralité du mois de Décembre, si Stéphane Marsan y travaille encore.
Cette décision sera publiée dans l’un des prochains Bifrost (si on me le permet).
Cet engagement peut parfaitement évoluer et se prolonger.
J’ai décidé pour l’instant d’effectuer ce boycott que durant ce mois symbolique, parce que je ne souhaite aucun mal ni aux différents auteurs et aux différentes autrices du catalogue ni aux nombreux et nombreuses employé.e.s qui y travaillent.
Merci à vous.