Est-ce que tu as vu le double acrostiche dissimulé dans ce petit poème ?

Je n'avais pas vu la seconde acrostiche, et à tort ou à raison, j'y ai vu un mot de l'auteur plus que du narrateur. Sans doute à tort.

Clairement c'est une lecture qui va destabiliser ceux qui s'attendent à un Gagner la Guerre II. Ici plus rien à voir avec le roman de cape et d'épée Machiavellien, on a droit à un total détournement des romans de chevalerie et du cycle arthurien (dont on repèrera aisément les personnages majeurs, à la sauce Jaworski, Vaumacel = Lancelot, Ganelon = Arthur, Audéardes = Guenièvres, la Lissandière = la Dame du Lac, Cennargin = Merlin ). Le cadre change complètement, de même que le ton, beaucoup plus posé et contemplatif, où la magie joue un rôle à la fois plus important que dans Gagner la Guerre mais aussi plus subtil dans son exécution, et les thèmes parfois oniriques de la légende arthurienne se retrouvent directement dans la structure narrative.

C'est un point important à retenir, le Chevalier aux Epines me fait presque l'effet d'une littérature un peu expérimentale, avec ses différentes intrigues qui se poursuivent en parrallèle sur des lignes temporelles différentes et ses triples mises en abyme littéraire avec un roman dans un roman dans un roman. De l'aveu même de Jaworski, il a cherché à perdre son lecteur et à retranscrire chez lui un sentiment d'errance, comme le chevalier errant AEdan.

En tout cas le style est toujours grandiose, le worldbuilding très soigné et les personnages et les dialogues phénoménaux. Ce qui laisse surtout un goût amer c'est qu'on sent que le roman est une prélude aux évènements qui vont prendre place dans la suite de la saga et que l'histoire s'arrête là où tout va se mettre en branle, avec pas mal de personnages laissés à des sorts certes incertains mais bien en place pour faire tout exploser (Benvenuto, Aedan, Ferbasach, Claudas, le duc, Clarrissima, bref, les protagonistes majeurs de la grande guerre à venir), et des grands bouleversements qui se profilent.

J'attend donc impatiemment la suite, que ce soit celle du Vieux Royaume mais aussi le prochain roman de Jaworski qui sera la conclusion de sa saga Celtique.

Alors par contre pour répondre à quelques trucs dits par mes prédecesseurs:
-Le Drott est bel et bien Cecht, sa description physique correspond trait pour trait, de sa carrure de géant à son oeil à moitié fermé.
-Je n'ai toujours pas compris à quel personnage l'introduction du premier tome fait référence: la Lissandière?
-Si quelqu'un peut m'éclairer sur la révélation de la toute dernière page, je suis preneur.

La description de la tentative de fuite du chateau... Clairement une faute d'écriture, c'est long, ça tourne en rond avec les mêmes dialogues entre Vaumacel et Audéardes ("Ouin ouin, mon fils va te rattraper et tu perdras tout", "Non, je ne peux vous tuer, mon code me l'interdit", "Abandonne moi, mon fils arrive", "Je ne peux le faire"...) et les descriptions sont futiles sachant qu'on avait déjà eu une couche lors du chapitre sur Coel puis l'invasion du même castel...

l'insertion des passages du roman du Bel Eglantier, notamment !

Pour moi, le débat des dames est surtout un débat intérieur pour le Chevalier aux Epines afin de respecter ses engagements et le code chevaleresque qui l'anime

En sachant que l'inclusion du roman du Bel Eglantier m'a fait comprendre - et j'espère bien avoir compris - que le Chevalier aux Epines était le Bel Eglantier, ce récit par un narrateur un peu inconnu ne serait-il pas simplement une suite du Bel Eglantier prenant place dans un cadre réel et des évènements bien réels du Vieux Royaume mais avec un personnage "princial" fictif ?

Le chevalier aux épines n'est effectivement pas réel. C'est un roman écrit par un certain Jean-Philippe Jaworski dans lequel tout ou presque est inventé...

Plus sérieusement, je pense que ça fait partie du charme de ce récit d'avoir affaire à un narrateur (voire des narrateurs) auxquels on ne peut pas toujours faire confiance. On peut se demander si Lusinga n'a pas brodé pour détourner l'attention de Sassanos et s'évader de la prison où elle est retenue, à mon sens.

Mais surtout pourquoi confier à nouveau la Duchesse aux bons soins des prêtres ? Les justifications avancées me semblent très légères.

A mon sens, il y a plusieurs possibilités : je fais une inception de spoilers pour ceux qui veulent être curieux sans trop l'être :