Merci pour cette recension du Voyageur en noir qui m'a permis de découvrir l'existence de cet ouvrage.

La figure inspiratrice de Lord Dunsany a été pour moi la plus évidente, avec ce mélange de poésie et de douce ironie.
J'ai retrouvé un John Brunner familier, rationaliste, mais aussi une autre facette de l'auteur, mélancolique. Le mélange donne une teinte tout en nuances au livre.

Je ne parlerai pas d'affrontement entre le chaos et l'ordre au sens d'un conflit entre deux principes aussi éminents l'un que l'autre. Brunner a à l'esprit un principe de vérité qui régit aussi bien la connaissance - et qui est contrarié par la superstition - que la justice - qui s'oppose ici à la violence et l'exploitation. Ces deux "péchés", fruits de l'orgueil, sont sanctionnés par notre protagoniste par sa formule récurrente. Mais la quête du voyageur est aussi celle d'un désenchantement dont la dernière nouvelle donne la clé.

Dans ses ouvrages de SF Brunner déplore les mêmes travers de l'humanité et ses protagonistes sont des prophètes qui mettent en garde leurs contemporains. Dans le Voyageur en noir, il n'y a pas de prophétie à proclamer mais une oeuvre à accomplir et dans cette réalisation nécessaire une perte à accepter.

Ce livre mérite d'être tenu pour un classique indémodable.
Merci encore pour cette découverte