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C'est plutôt long, et ça se passe au début, au tout début même. J'espère que vous apprécierez cette nouvelle exclusivité à sa juste valeur ! ;) :)
Okûn s’avança à pas lents dans l’allée centrale de la magnifique propriété de Dame Padhira. La lassitude des combats était imposante à son cœur, mais il n’avait pas envie d’y céder, et ce n’était pas pour cette raison qu’il ne se hâtait pas. Au contraire, les rares fois où il avait été déjà convié à rencontrer la jeune femme bien connue à la cour de l’Empereur, il avait apprécié plus que tout autre chose ce parcours de promenade. Bordé de magnifiques mimosas, aux troncs de plusieurs dizaines de pieds de haut, drus et sans le moindre nœud, leurs branches chargées d’abondantes perles de soleil à la nacre poudrée s’entrecroisaient admirablement en une voûte d’émeraude et d’or ô combien remarquable. Des jardiniers experts avaient assisté les arbres au fil des ans pour leur imposer ces courbes harmonieuses, mais leur façonnage n’était nullement perceptible à l’œil nu. Les lourdes bottes d’Okûn crissaient sur le sable parsemé de cristaux d’améthyste qui occupait l’allée en elle-même. Il s’agissait de l’entrée principale du domaine, mais il savait qu’il aurait pu faire le choix d’en emprunter une autre, plus discrète sans aucun doute. Toutefois, ce genre de considérations n’avait absolument aucune importance pour le jeune homme, alors que profiter du calme de la petite avenue beaucoup plus. La demeure de Dame Padhira n’était pas encore visible de là où il se tenait, et Okûn aurait presque pu se croire en pleine forêt, s’il n’y avait eu ce chemin et le parc trop bien dessinés. En tous les cas, il lui faudrait remercier la jeune femme pour son invitation. Bien qu’évidemment il l’eut acceptée par pure politesse, ce n’était décemment pas une raison pour se montrer discourtois. L’Empereur lui avait exposé tout cela des années auparavant. Il ne lui faudrait s’attacher qu’à lui seul. Okûn supportait ce qui était devenu pour lui une évidence sans difficulté. Il devait tellement à l’Empereur, comment aurait-il pu vouloir le décevoir en désobéissant ? De toutes les façons, le jeune homme pouvait toujours tomber dans l’abîme des plaisirs de la chair aussi souvent qu’il était tenté. Du moment que son engagement ne dépassait pas une nuit de débauche sauvage… Son existence guerrière ne lui laissait également guère de temps libre pour songer aux courtisanes et aux catins – les deux statuts ne se distinguaient pas dans son esprit, si ce n’était pour une question de rétribution, et surtout pas de fierté – qu’il pouvait mander à volonté. Il lui faudrait y penser pour ce soir. Aussi courte soit-elle, cette campagne dans les régions parmi les plus reculées de la Lune d’Or n’avait pas été reposante. Il avait besoin de délassement. Un repos que Dame Padhira ne lui proposerait pas, il le savait avec certitude, et ce n’était certes pas dans cet espoir qu’il avait accepté de se déplacer. Sa famille était suffisamment élevée dans la hiérarchie de la noblesse impériale pour qu’elle n’ait jamais eu besoin de vendre ses charmes autrement que pour son propre plaisir sans doute. Okûn ne savait que peu de choses sur elle. Si ce n’était qu’elle paraissait le considérer avec une certaine bienveillance. Ce qui en soit n’était pas désagréable s’avoua-t-il silencieusement, en comparaison à l’attitude revêche et fourbe de beaucoup à la Cour. Pleutres, plus que tout autre chose ! Aucun de ses ennemis, ouvertement déclarés ou non, n’avait jamais voulu relever le gant qu’il lui était arrivé de leur jeter à la figure. Et bien souvent, c’était l’Empereur lui-même qui faisait savoir que les duels d’honneur étaient interdits depuis son accession au trône. Que ce soit lui en personne qui intervenait n’apaisait généralement pas Okûn. Et il était alors préférable de ne pas croiser la route de ce jeune homme au sang perpétuellement bouillonnant. Certains auraient pourtant à le faire plus tard, lorsque qu’il monterait au sommet du volcan jusqu’à la Monastrie, afin de faire son rapport à son souverain. Une fois l’invitation de Dame Padhira remise en mains propres par l’une de ses dames de compagnie, du nom de Eglaeïnn, à peine était-il entrée en ville, Okûn s’était longuement interrogé, repoussant difficilement l’envie d’éperonner son cheval pour rallier aussitôt le Palais Impérial. Si cela n’avait été Padhira, c’était ce qu’il aurait fait. Mais il y avait toujours quelque chose dans ses mots qui le captivait, inévitablement. C’était donc pourquoi il avait décidé de passer lui rendre visite au préalable. Le jeune homme avait même abandonné sa monture une fois les grilles de la propriété franchies. Voilà qui allait mettre en rage les palefreniers qui risquaient d’être punis sans pour autant être les coupables, si jamais ils ne s’acquittaient pas de leur tâche. Okûn sourit à cette pensée. Ils allaient en effet avoir du mal à ramener son cheval aux écuries. Le jeune homme aurait presque été joyeux de sa balade. Cette fin d’après-midi était fraîche, mais ensoleillée. Il y avait eu une averse plus tôt dans la journée qui avait laissé le parc recouvert d’une résille d’argent scintillante de mille feux avant de devoir disparaître, lacérée par les flèches d’ambre qui faisaient pourtant sa beauté… Okûn se serait même surprit pour un peu à flâner, s’il n’y avait pas eu la contrainte du temps. Il lui fallait rentrer à la Monastrie avant la tombée de la nuit. Ce qui ne l’avait pas empêché de choisir la marche. Le jeune homme voulut tout à coup obliquer sur la gauche, droit à travers les planes étendues de pelouse fraîchement coupée afin de gagner une poignée de minutes, lorsqu’il aperçut une silhouette en contre-jour dans l’ombre d’un pavillon rond, niché au creux de l’une des rares courbes qui trouvaient grâce dans les jardins. Okûn ne se souvenait pas d’avoir déjà vu cet édifice de marbre en feu sous la lumière voilée piquée d’almandin de l’astre du jour. Mu par un réflexe guerrier, il se protégea les yeux d’un revers de main pour tenter de mieux observer la personne appuyée contre l’un des piliers soutenant la coiffe du pavillon, et reconnut alors Dame Padhira, seule. Réprimant un sursaut, il changea tout à fait de direction, la tête basse, grommelant contre son attitude. Il venait de se montrer défiant avant même de la rencontrer, arpentait ses pelouses tel un rustre qui n’aurait aucun respect, et n’avait pas pu se rendre chez un barbier convenable plus tôt dans la journée. Cette dernière pensée l’étonna de sa part. Ce n’était pas le genre de considération qui lui tenait à cœur. Mais tout cela ne l’avait pas pétrifié pour autant et il avait continué son chemin, préférant encore affronter directement les reproches de la jeune femme plutôt que de s’en retourner alors qu’elle était maintenant si proche. Il avançait donc avec de grandes enjambées, raidies néanmoins, voulant bomber le torse tout en rentrant la tête dans les épaules, et continuant de s’invectiver vertement, aussi sérieusement que s’il avait fauté sur le champ de bataille. Le jeune homme balançait toujours entre ses deux attitudes, assumer ses actes quels qu’ils fussent ou bien céder devant Padhira, quand la jeune femme se dressa bientôt pour de bon à quelques pas devant lui, tandis qu’elle avait descendu deux marches à sa rencontre. Saisi, Okûn s’arrêta pour la contempler. Elle était vêtue d’une longue robe de samit pourpre, qui coulait jusqu’à ses chevilles en épousant ses formes de façon visible, mais laissait ses épaules nues et découvrait par la même un délicat arrondi d’albâtre. La riche étoffe lamée d’or et d’argent miroitait d’éclairs fugaces à chacun de ses mouvements, rehaussant encore son teint lumineux. Son abondante chevelure sombre était relevée en une coiffe singulièrement élaborée au moyen d’anneaux de béryls, afin de mettre en valeur les traits doux de son visage où brillait un regard à la couleur changeante. Bien que Dame Padhira ne dédaignât pas se promener pieds nus dans son parc, elle avait pour l’occasion chaussé de souples sandales de cuir cousues de perles, qui tintaient joliment lorsqu’elle marchait. Toutefois, mieux valait ne pas courir si l’on ne voulait pas que le bruit devienne rapidement agaçant… Okûn était loin de songer à cela alors qu’il se remettait quelque peu de sa vision en s’inclinant face à la jeune femme, les deux poings fermés sur son cœur. « Dame Padhira… — Okûn-Tâ ! Je me disais bien que si vous veniez, vous passeriez par ici, lui répondit-elle d’une voix mélodieuse. Bienvenue en mon humble demeure. — Je n’ai reçu votre invitation qu’il y a peu, j’en suis désolé, choisit-il de s’excuser par ce biais, rechignant à exposer les faits répréhensibles qu’elle avait eu tout le temps d’observer. Il m’a donc fallu me dépêcher si je voulais que cette entrevue fusse possible dès aujourd’hui. — C’est ce que j’avais cru remarquer », fit la jeune femme, avec une pointe d’amusement glissant sur ses mots. Il se redressa degré par degré, un peu gauche, et ne put lire sur le visage de Padhira si celle-ci se moquait de lui simplement pour le jeu, ou le raillait catégoriquement. Elle s’était déjà rentournée au sommet des courts escaliers du pavillon. La jeune femme lui fit signe de la suivre, d’un geste courtois. S’asseyant autour d’une table de pierre, il l’imita en prenant place en face d’elle après qu’elle le lui ait civilement permis. Le jeune homme n’était pas très à l’aise dans ce cadre bucolique, sur lequel il reportait pourtant son regard faute de mieux pour tromper son léger trouble. Il avait pensé à du marbre, mais on avait en vérité fait usage de beaucoup d’ivoire, plus particulièrement à l’intérieur. Cela permettait d’obtenir une lumière laiteuse et agréable en toutes circonstances, alors que vue de l’extérieur, le marbre brûlait parfois les yeux des curieux, comme à cette heure. Même la table où ils étaient tous deux installés avaient été pourvue d’une couche d’ivoire, ciselé pour sa part de motifs de fleurs. Au creux d’une rose épanouie, reposait une théière de cristal, au col très étroit, encore fumante. Dame Padhira l’attrapa par la anse qu’elle avait fine et serpentine, et entreprit de servir Okûn, qui se redressa sur son siège, toujours quelque peu embarrassé. « Quelque chose ne va pas ? s’enquit alors son hôtesse, sa tasse encore à moitié vide. — Non, non, veuillez m’excusez. Je songeais tout à coup que vous n’aviez pas de domestiques avec vous, et je ne m’attendais pas… — C’est vous retrouver seul avec moi qui vous fait peur ? — Non, asséna clairement le jeune homme, se sentant brusquement rasséréné par son affirmation. Ce serait plutôt vous voir faire le service. » Elle lui sourit avec amabilité, visiblement pas froissée par la rudesse soudaine d’Okûn. Et finit ce qu’elle avait commencé, remplissant sa propre tasse. Puis, elle reprit le fil de la conversation, toujours de cette même voix aux accents harmonieux. « Cela vous choque-t-il tant ? Est-ce que vous jugeriez cette tâche dégradante par hasard ? — Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, s’expliqua tant bien que mal le jeune homme. Je n’ai absolument rien contre les gens de basse extraction, et je les considère sûrement mieux que beaucoup, si vous me permettez ce commentaire. C’est juste que… Chacun a sa place. » parut-il décréter. La jeune femme hocha lentement la tête en cachant sa moue de désaccord derrière sa tasse tandis qu’elle buvait une gorgée, imité en cela par Okûn, ne voulant pas demeurer sur ce silence. Elle ne tenait pas à le braquer contre elle, pas maintenant. Elle savait combien il pouvait s’en remettre aveuglément aux usages et à tout ce qui se rattachait à l’Empereur, mais il fallait qu’elle puisse le voir sans contrainte. C’est pour cela également qu’elle avait décidé de l’attendre dans le pavillon. Son intuition avait été limpide, et cela lui offrait à présent la possibilité d’être à l’abri de toute oreilles indiscrètes, et pas uniquement des regards. Beaucoup plus que s’ils s’étaient enfermés chez elle, sans compter qu’il y aurait eu immédiatement des persiflages parmi ses gens. Au moins, ils se tenaient là à la vue de tous, mais libérés de tous inconvénients à un entretien en tête à tête. « C’est délicieux, dit-il tout à coup, désignant le breuvage acajou qui dansait dans sa tasse. — Merci beaucoup, répondit Padhira avec une certaine chaleur. Il s’agit d’une infusion aux fruits rouges, rehaussée d’éclats de noix. Je suis ravie qu’elle soit à votre goût. — Vous savez bien que même dans le cas contraire, je vous aurais complimentée, rétorqua le jeune homme, faussement désabusé. — Et je l’aurais pris avec autant de plaisir ! rit-elle avec autant de franchise que lui. Puis, son petit menton reposant sur ses deux mains jointes, elle poursuivit, plus posée. J’ai entendu dire que vous aviez remporté un vif succès. — Tout à fait ! affirma avec une vigueur plus conforme à lui-même Okûn, non pas pour se vanter, mais bien parce que c’était là un sujet qu’il maîtrisait bien mieux. Mais ce ne fut pas facile. Nos ennemis nous ont longtemps fuis. Mais je ne veux pas embêter une Dame telle que vous avec des considérations de ce genre, se crut-il le devoir de lui proposer un échappatoire, qu’elle balaya d’un délicat revers de main. — Allons, cessez ces bêtises ! Nous ne sommes pas à la cour ! le morigéna-t-elle gentiment. Je… Je me suis fait du souci pour vous, se mordit-elle aussitôt la lèvre. — Ah ? s’étonna ouvertement le jeune homme, oubliant toutes les règles de dissimulation et de bonne tenue. Eh bien… Il ne fallait pas ! — Certains disaient que vous alliez vous perdre sur ces terres arides et qu’il était ridicule de donner la chasse à une poignée de paysans, indiqua-t-elle très vite. — Certains devraient dans ce cas se souvenir qu’il s’agit d’une décision impériale ! claqua la langue d’Okûn. Quoi qu’il en soit, les nouvelles se propagent toujours aussi vite, dirait-on ! — Si fait, acquiesça la jeune femme. Je présume que vous allez rendre compte de votre mission à l’Empereur sous peu. J’espère d’ailleurs que mon invitation ne vous a pas causé de difficultés pour cette raison, mentit-elle. — Pas le moins du monde ! l’imita son invité. Cependant, vous comprendrez que je ne peux en discuter librement avec vous. Il y a des choses qui sont réservées à l’intention de l’Empereur, déclama-t-il, exagérément solennel, mais très sérieux. — Mais bien entendu. Tout le monde sait cela, lui répondit Padhira avec un large sourire. — C’est exact. J’espère que vous me pardonnerez mon verbiage. Je sais que je suis facilement ennuyeux, murmura le jeune homme, mais sans pour autant en être peiné. Il savait bien ce qu’il était. — Mais non, mais non ! Savez-vous si vous allez repartir bientôt ? voulut-elle détourner la conversation. — Je dois dire que je n’en sais encore rien. — Pensez-vous en tous cas pouvoir me rendre à nouveau visite ? — Eh bien, je suppose que oui. En dehors de mes attributions, je n’ai pas grand monde à saluer une fois mes devoirs achevés, commenta sobrement le jeune homme, absolument pas contrarié par cela non plus. — Vous m’en voyez enchantée. Mais d’ici là, je serais peut-être partie à la campagne. Dans ma propriété de Tarsem. — On m’a déjà vanté la beauté de cette région. » Padhira lui adressa un autre sourire, infiniment bienveillant. C’était étrange. Il savait que l’Empereur le protégeait, mais cela n’avait pourtant rien à voir avec l’attitude de la jeune femme, quelque chose en lui le lui indiquait aussi limpidement qu’il savait comment tuer un adversaire d’un seul coup d’épée.

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...on peut dire qu'on est gâté aujourd'hui, un extrait d'Archi, un extrait de Shalkedror!!! C'est la fête! :D Je suis encore une fois admirative devant les descriptions (tout le monde va croire que je m'attache beaucoup à ça et pourtant ce n'est pas ce qui m'intéresse le + dans la lecture mais je les trouve souvent maladroites donc quand il y en a des biens, je le souligne.)! Il y a peut-être quelques expressions un peu maladroites (et encore c'est pas le mot, je suis tatillone, le prend pas mal ;) ) perdues au milieu de ce très bon extrait mais c'est prometteur...je commence à radoter moi :lol: Thys

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Excellent ! Une rencontre vraiment bien mise en scène ! Le cadre si paisible, les tensions sous-jacentes qui le sont beaucoup moins... Okûn qui récite sa leçon mais parait être déjà désabusé... Dame Padhira qui a l'air très jolie... :p Lisez-le !!!

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mais j'étais passé à côté de tout ça ! Très intéressant ! Les extraits sont très bons rien que d'un point de vue littéraire (descriptions, évocation, dialogues, équilibre général) mais il faudrait lire l'histoire entière pour vraiment juger ! ;) Bon alors je repart au début du sujet de ce pas pour en savoir plus...:)

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Ah là là mais comment c'est possible des décors pareils ! Et des costumes pareils ! Outre les qualités littéraires indéniables, ce qui m'a plus c'est l'utilisation de tous les métaux possibles qu'ils soient précieux ou moins pour décrire non seulement la matière elle-même mais des éléments naturels comme la pluie, les arbres, etc ... La richesse du décor est donc aussi réhaussée de la richesse du style ! Sinon, le dialogue est très bien mais comme le dit bob, il faudrait qu'on connaisse l'intrigue un peu mieux ! :)

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Voilà qui est bien prometteur. Et quelle chance nous avons d'avoir des apperçus d'un travail en cours, c'est un peu comme lever un coin de rideau avant une pièce de théatre, la sensation de voler un instant de création. Mais il y a une question qui me tarraude, vous faites comment pour travailler à deux? C'est un truc qui m'a toujours fasciné en littérature. Vous écrivez chacun un chapitre à tour de rôle? Ou c'est plus un échange de vues? Je suis curieux.

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Non, ce n'est pas un chapitre chacun. Du moins, pas pour le moment ! :) En fait, par exemple, si j'ai une idée, je la soumets à Corinne. Si elle approuve, je la développe, et après, je lui propose la scène qui en a découlé, et ainsi de suite, pour ce qui est de la phase " écriture " proprement dite.

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De retour à Shalkedror après une campagne de conquêtes retentissante par-delà les océans, Okûn se sent bien vite mal à l'aise au milieu des festivités les plus diverses. Tenté de rejoindre Dame Padhira loin de la capitale impériale, loin des célébrations jugées futiles, il faut l'intervention de l'Empereur en personne pour le retenir et lui faire abandonner ce projet. Mais devant la lassitude de plus en plus marquée du jeune homme, celui-ci paraît comprendre son trouble et lui propose une discrète tournée d'inspection des provinces de l'île. Sa première étape conduit Okûn chez le gouverneur Urikishi Delidhara, patriarche de la Maison de la Grue. Les deux hommes sympathisent, et alors que le jeune général commence à éprouver des remords devant la tâche peu avouable confiée par l'Empereur juste avant son départ, un événement imprévu vient détourner son attention. Non loin de là, au Temple de la Grue, un jeune combattant arrivé le matin même a décrété qu'il ne quitterait pas les lieux tant qu'il n'aurait pu rencontrer le maître de l'Ecole, réputée pour son Art de la Lance. Depuis l'aube, il envoie un à un les disciples présents mordre la poussière...Lorsque Okûn et son hôte parviennent enfin à la salle d'entraînement, il ne faut que peu de temps avant que la véritable identité du jeune homme ne soit révélée aux yeux de tous : il s'agit du propre fils de Urikishi Delidhara, banni par son père des années auparavant et revenu le défier pour prendre sa succession...
Le jeune homme ne s'était pas attendu à cela, mais affronter Okûn était une perspective tout aussi fascinante que mettre son père au défi. Preuve de sa suffisance, il effectua quelques moulinets d'une main avec sa lance. Puis se mit en garde, sans paraître toutefois véritablement prêt à parer à toute attaque. Okûn, pour sa part, l'avait rejoint sur l'aire de combat, le sabre de bois qu'il avait choisi à la main droite, impassible. « Je ne sais pas pour quelle raison vous avez accepté de m'affronter à la place de mon père, mais vous devriez avoir honte ! le toisa le fils disparu et désormais revenu. Et vous aussi, décidément, vous êtes présomptueux. Vous munir d'une épée ! Que croyez-vous accomplir ? Votre allonge est ridicule, vous ne pourrez même pas m'approcher ! Je ne vous laisserai pas faire ! »Le jeune général de l'Empire ne répondit pas. Peu à peu, leurs visages se figèrent, leurs muscles se tendirent, leurs volontés se bandèrent. Il n'y avait pas un souffle dissonant entre eux. Les élèves de l'Ecole de la Grue, devenus maintenant simples spectateurs encerclant les deux combattants, profitaient de cette leçon improvisée de toute leur âme. Les disciples les plus entraînés pouvaient percevoir nettement le Kârilma des deux combattants. Celui du fils de leur maître crépitait, débordant d'excitation. Celui d'Okûn, au contraire, depuis qu'il avait déposé Eschâton pour s'emparer d'un humble sabre de bois, avait recouvré une lueur plus claire, plus vive. Il emplissait la salle du Temple comme le souffle de l'océan sur une plage. Le duel se conclurait en un seul assaut, car Okûn ne pourrait souffrir bien longtemps aucune passe d'arme prolongée. Il ne pouvait en être autrement. Solidement arqué sur ses jambes aux cuisses puissantes, le fils de Urikishi Delidhara, était en position de force, mais aussi d'attente. Sa lance pointée droit sur son adversaire, il se sentait plein du désir ardent de le vaincre. Chacun était conscient que de graves blessures étaient envisageables. Bien que leurs armes ne fussent que de bois, ils ne portaient nulle protection, et Okûn savait bien que violents pouvaient être les coups. Tout se décida en un instant. Le jeune général s'éleva soudain dans les airs au prix d'un bond prodigieux le hissant à plus de six pieds de haut. Ramenant sitôt prise son impulsion ses jambes au plus près de son torse, il n'y avait que son bras droit pour être tendu au-dessus de sa tête, son sabre dans le prolongement le plus parfait, concentrant les fluides de son Kârilma pour le rabattre à pleine puissance sur son adversaire. « Le Vol de l'Epervier ! »L'héritier de la Maison de la Grue sourit instinctivement quant tous les autres se récriaient dans la salle. Okûn faisait appel à l'une des techniques qui l'avaient rendu célèbre avant même ses succès militaires. « Cela ne marchera pas à mes dépens ! Je vais briser les ailes de votre épervier ! » s'écria-t-il Aussi vif qu'une anguille, comme animé d'une vie propre, le bâton de son adversaire frappa Okûn sur l'épaule d'un mouvement en arc de cercle, brisant net le coup qu'il avait amorcé. Le jeune homme aurait dû retomber lourdement, son élan réduit à néant. Et le fils de Urikishi Delidhara de rire de sa parade. Mais le sabre de bois avait disparu !« Sur votre droite ! » lui signifia Okûn en serrant les dents.Son adversaire n'eut pas le temps de réaliser la portée de ces quelques mots. Trop rapide pour l'immense majorité de l'assistance au souffle court, Okûn avait fait passer son sabre d'une main à l'autre dans son dos ! Le fils de son hôte, qui n'avait absolument pas anticipé cette manoeuvre, fut pris à revers par ce coup d'une puissance inouïe alors que l'épervier retombait en piquée. Tandis que le jeune général touchait à nouveau les lambris du parquet de la pointe des pieds, lui avait été repoussé à des mètres de là. La marque du sabre de bois était cuisante sur son visage. Du sang perlait de son oreille droite... Tous demeuraient figés dans le silence. On n'avait pas même remarqué l'épaule démise d'Okûn, et son bras qui pendait lamentablement, comme devenu plus long que l'autre. Mais...« En vérité, l'épervier n'a pas que son bec, il ne faut jamais oublier qu'il peut attaquer avec ses serres, le maître de la Maison de la Grue éleva-t-il alors la voix. Je vous remercie pour cette démonstration, Okûn-Ta. Qu'on vienne lui dispenser les soins qui lui sont dûs ! » réclama-t-il en tapant vivement des mains.Le jeune général secoua la tête. « Je peux m'en acquitter seul », murmura-t-il, cherchant des yeux Eschâton. On lui présenta son épée de ténèbres qu'il avait laissé de côté, et l'avoir auprès de lui endormait déjà sa douleur. Quiconque avait voulu s'approcher d'elle, lame noire dans son fourreau d'argent, avait perçu que ce n'était pas là chose à faire... Le maître en personne avait abandonné la place confortable qu'il occupait pour observer le duel de l'un des Sept Piliers. Les yeux fermés, le contact de la poignée d'Eschâton comme de la glace sur une brûlure, Okûn voulait penser qu'il pouvait retrouver le ton plaisant de la conversation qu'il avait eu avec son hôte dans ses précieux jardins d'hiver. « Puissiez-vous me pardonner pour votre fils. Il est seulement sonné. Mais je ne voudrais pas que cette défaite le plonge dans l'affliction. - Allons, que vos pensées ne soient pas ainsi dérangées. Mon fils ne l'était plus après ses années d'exil. J'ai l'audace de croire qu'un peu plus de modestie me le ramènera. Il a voulu bien faire, mon coeur lui a déjà ouvert à nouveau les portes de notre demeure."

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Dis-donc les instants avant le combats sont rudement tendus, et c'est très bien rendu dans le texte, on sent la tension et on n'attend qu'une chose c'est qu'elle se libère et que le combat commence, bravo!Par contre j'ai un petit doute sur cette comparaison "comme le souffle de l'océan sur une plage" mais c'est personnel.Bon comme l'autre fois j'avais parlé de quelques maladresses et que je n'avais pas précisé, cette fois je vais le faire, et tout le monde va voir que je suis vraiment tatillone :wink: , si ça t'ennerve que je fasse ça dis-le Gillo, et je rocommencerais +, juré :) Donc voilà, ce que j'appelle les petites maladresses c'est des trucs qui me surprennent dans le style à la lecture, par exemple : "car Okûn ne pourrait souffrir bien longtemps aucune passe d'arme prolongée" il y a 2 négations dans cette phrase, une seule suffit, pas la peine de mettre "aucune" s'il y a déjà "ne" ...je suis chiante hein?Mais je doit bien avouer que dans cet extrait c'est la seule que j'ai trouvé, chapô!Par contre ce passage là "« Sur votre droite ! » lui signifia Okûn en serrant les dents. Son adversaire n'eut pas le temps de réaliser la portée de ces quelques mots. Trop rapide pour l'immense majorité de l'assistance au souffle court, Okûn avait fait ..." est excellent, il est plein de tension comme avant le combat, et très rapide!J'adore cette phrase aussi "On lui présenta son épée de ténèbres qu'il avait laissé de côté, et l'avoir auprès de lui endormait déjà sa douleur", je la trouve très belle.Merci pour ce nouvel extrait!Thys

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Le Kârilma hein ? Intéressant...:)Tu m'as déjà dit que tu étais le seul auteur de ce passage, et je te dis bravo, car certaines des petites maladresses de style que j'avais notées ici et là dans certains de tes plus anciens écrits sont ici absentes. Thys, je pense que tu as raison de relever ne serait ce que la plus infime faute, je suis sûr que Gillossen cherche à rendre sa production la plus parfaite possible :wink: L'ensemble est, je trouve, fortement japonisant, avec le duel et ses figures, les techniques de combat, les rites sociaux, l'empereur, la Grue...Le style est maîtrisé, la montée de la tension est très bien dosée, avec une résolution rapide et brutale, un tempo parfait. Les dialogues sont adaptés, et les sentiments, notamment ceux du jeune fils, transparaissent naturellement et avec force. :)Comment travaille tu pour écrire un tel roman ? Tu dis que tu as passé un an en préparation avant d'empoigner la plume, comment as tu organisé ce temps ? As tu créé en premier lieu le monde et sa géographie (ah oui c'est la Terre pardon ! ) puis le système politico-social, puis l'histoire que tu allais raconter, puis enfin les personnages qui pourraient l'incarner et la faire vivre le mieux ? Ou dans un ordre différent, ou avec un influence de chaque phase sur les autres, comme je l'imagine ?Je pense que tu es vraiment sur une bonne voie, bravo et surtout ne t'arrête pas ! :)

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Ah oui, dis-donc! Le Kârilma j'ai oublié d'en parler, sans doute une donnée cruciale sur le monde, sur l'apprentissage du combat sans doute, ainsi que sur les combats eux-mêmes...est-ce que c'est une aura classique ou un truc + en rapport avec la puissance ou l'énergie style chevaliers du zodiaque? (désolée si la référence ne conrrespond pas vraiment :wink: )Et pour le reste aussi je suis bien d'accord avec toi Bob.Thys

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Le Kârilma hein ? Intéressant...:)Tu m'as déjà dit que tu étais le seul auteur de ce passage, et je te dis bravo, car certaines des petites maladresses de style que j'avais notées ici et là dans certains de tes plus anciens écrits sont ici absentes. Thys, je pense que tu as raison de relever ne serait ce que la plus infime faute, je suis sûr que Gillossen cherche à rendre sa production la plus parfaite possible :wink: L'ensemble est, je trouve, fortement japonisant, avec le duel et ses figures, les techniques de combat, les rites sociaux, l'empereur, la Grue...Le style est maîtrisé, la montée de la tension est très bien dosée, avec une résolution rapide et brutale, un tempo parfait. Les dialogues sont adaptés, et les sentiments, notamment ceux du jeune fils, transparaissent naturellement et avec force. :)Comment travaille tu pour écrire un tel roman ? Tu dis que tu as passé un an en préparation avant d'empoigner la plume, comment as tu organisé ce temps ? As tu créé en premier lieu le monde et sa géographie (ah oui c'est la Terre pardon ! ) puis le système politico-social, puis l'histoire que tu allais raconter, puis enfin les personnages qui pourraient l'incarner et la faire vivre le mieux ? Ou dans un ordre différent, ou avec un influence de chaque phase sur les autres, comme je l'imagine ?Je pense que tu es vraiment sur une bonne voie, bravo et surtout ne t'arrête pas ! :)
En fait, les idées de base et la trame de départ liant Okûn et Eschâton vienne de Corinne. :) Les personnages et l'histoire ont toujours priorité sur le cadre lui-même. Les personnages influent sur l'histoire, plus que le contraire en tous cas, pour ce qui est de la phase mise en place. Je ne sais pas si je suis assez clair... :)

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Ah oui, dis-donc! Le Kârilma j'ai oublié d'en parler, sans doute une donnée cruciale sur le monde, sur l'apprentissage du combat sans doute, ainsi que sur les combats eux-mêmes...est-ce que c'est une aura classique ou un truc + en rapport avec la puissance ou l'énergie style chevaliers du zodiaque? (désolée si la référence ne conrrespond pas vraiment :wink: )Et pour le reste aussi je suis bien d'accord avec toi Bob.Thys
Les Chevaliers du Zodiaque ? 8O Il faut que je lise cet extrait, moi ! :)

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Ah oui, dis-donc! Le Kârilma j'ai oublié d'en parler, sans doute une donnée cruciale sur le monde, sur l'apprentissage du combat sans doute, ainsi que sur les combats eux-mêmes...est-ce que c'est une aura classique ou un truc + en rapport avec la puissance ou l'énergie style chevaliers du zodiaque? (désolée si la référence ne conrrespond pas vraiment :wink: )Et pour le reste aussi je suis bien d'accord avec toi Bob.Thys
C'est plus en rapport avec la préparation du combat que l'affrontement en tant que tel... :)

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Héhé !Comme je le disais, j'adore cet extrait quoique trop court. La description du combat est fort bien maitrisée et les deux protagonistes ont la classe. Je ne trouve pas que Gillo en dise trop.Ce à quoi je n'accroche pas sont les annonces des attaques. Je ne sais pas, je trouve ça assez ridicule, ça me fait penser à Dragon Ball ou aux chevaliers du zodiaque justement. Mais en même temps, ça me fait penser à Jordan et son "mettre l'épée au fourreau" ou autres techniques aux titres fort beaux d'ailleurs ! :) D'ailleurs, on y voit l'école de la Grue, à quand celle du Héron ???? :lol: En plus, moi je sais quelle relation entretient Okun avec son épée ! :) Enfin, en partie au moins. :) Et c'est cool ! :P

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Moi au contraire je trouve cette comparaison très appropriée ! En effet, le souffle de l'ocean est assez puissant mais est progressif, ce n'esst pas une rafale. De plus, la vague sur la plage revient, de façon continue, et inteluctable, tout comme la puissance de l'épée qui est à ce moment apaisée mais puissante et qui ne se tarira pas. voilà ce que je pense. :)

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Pourquoi ça ? Désolé d'y revenir avec du retard, mais cette remarque m'avait échappé.
Ben, c'est vrai qu'elle dit bien ce qu'elle veut dire mais je la trouve un peu cliché cette comparaison...pas taper hein :wink: Ceci dit, éviter à tout prix tout ce qui pourrait avoir l'air de clichés n'est pas une bonne solution et ça fait aussi courrir le risque de passer à côté d'images très parlantes...donc, à la réflexion, je trouve ma remarque pas très pertinente :roll: :D Thys

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Moi je trouve que les annonces des attaques ça peut tout à fait se défendre dans un contexte différent d'un habituel moyen-âge occidental, où ça ne se faisait pas trop...mais ici, avec l'ambiance japonisante, c'est passé comme tout à fait naturel je trouve. :)Enfin moi ça m'a pas choqué...