Dans le domaine de la fantasy, les budgets marketing sont rares; ce qui fait le succès d'un livre est donc sa visibilité dans les rayons, ce qu'on appelle la mise en place.
Je vois que vous avez déjà cité le message de Samantha Bailly, que je trouve très vrai - et logique, finalement. Les droits d'un auteur qui cartonne à l'étranger se chiffrent en dizaines de milliers d'euros, quand ce n'est pas plus pour des séries types GoT. Rajoutez à cela la traduction, et un éditeur qui publie un écrivain américain à succès aura déjà mis beaucoup d'argent sur la table. Par contre, comme c'est un système de copyright, il garde le produit de ses ventes.
Comparez ça avec un auteur français lambda. S'il est dans une petite maison, il n'a pas d'à-valoir ou bien 500€. S'il est dans une maison correcte, il a peut-être 1000 ou 2000€. S'il fait partie du top 10 des ventes françaises, il a entre 5000 et 10000€.
Mettez-vous un instant à la place de l'éditeur. D'un côté, il a une trilogie américaine qui lui a coûté 40 000€ de droits + 10000€ de traduction. De l'autre, il a une trilogie française qui lui a coûté 1000€ par tome. Laquelle peut-il se permettre de planter ? Laquelle mettra-t-il en avant ? Laquelle demandera-t-il aux représ de vendre ?
Bien sûr que la qualité de la production française peut être mise en cause, tout comme celle de la production américaine. On connaît tous des auteurs dont on n'aime pas les livres, et qui cartonnent. Inversement, on a tous des chouchous qui ne se vendent pas.
Et pour ceux qui doutent encore que la mise en place par l'éditeur fait tout (à condition que le livre ne soit pas trop mauvais), un exemple personnel.
Les Epées de Glace version Midgard, petite maison d'édition, faible à valoir, faible diffusion: 2000 ex (et c'était considéré comme un succès de ouf)
Les Epees de Glace vers Bragelonne: plus de 10 000 ex.
C'est le MÊME TEXTE, on ne peut donc pas dire qu'il y a soudain eu un bond qualitatif. Le bond était purement marketing (et merci à Brage pour ça

).
Autre exemple: mon premier roman, les Talons Hauts rapprochent les filles du ciel, un policier (donc pas fantasy, mais intéressant pour la discussion).
La Fnac Montparnasse adore et le met en présentoir: 228 exemplaires vendus dans cette seule FNAC en 2012.
La Fnac Italie ne le lit pas et le met sur table sans autre forme de procès: 14 exemplaires vendus dans cette seule FNAC en 2012.
Le même texte, avec simplement une différence de mise en place, fait du simple à plus du décuple (comment dit-on ? du vincuple ?).
Donc pour moi, la différence n'est pas due à la qualité des textes mais au traitement des éditeurs.
Bien sûr, vous avez pu lire des auteurs français et ne pas les aimer, peut-être n'avez-vous pas apprécié mes écrits par exemple, mais je suis sûr que ça arrive aussi avec des auteurs anglophones: surtout sur un site comme Elbakin, on commence à devenir exigeants dans nos lectures, et on en classe de plus en plus dans la catégorie "sympa sans plus".
Du coup, en effet je n'ai des coups de coeur que pour 5 ou 10% des livres que je lis en fantasy française... mais c'est pareil en fantasy anglophone
